Pour cinquante euros par mois, Lucille loue une caravane sur
le terrain d’Anatole, en bord de plage, entre Gravelines et Calais. Après avoir
claqué la porte de l’éducation nationale pour œuvrer avec une ONG auprès des
migrants, l’ex-enseignante ne sait plus comment occuper ses journées depuis le
démantèlement de la jungle. Anatole vit quant à lui dans un mobile home, juste
à côté de la caravane de Lucille et d’une baraque à frite inutilisée depuis des années.
Chasseur passionné, le vieil homme bricole des oiseaux en bois en attendant l’ouverture
de la saison. A ces deux-là vient bientôt s’ajouter Loïk, repris de justice au
caractère insaisissable et au cœur gros comme ça. Un drôle de trio, bancal,
cabossé, à la fois complémentaire et dysfonctionnel. Bien sûr ça va mal
tourner, mais quand la violence affleure,
les relations humaines en sortent parfois renforcées.
Un vrai plaisir de
retourner sur les plages du nord avec Pascal Dessaint. J’y ai retrouvé le
décor, l’ambiance et même quelques personnages de l’excellent « Le chemins’arrêtera-là ». J’ai également retrouvé son art de mêler l’âpreté à une certaine forme de douceur, sa capacité à parler sans jugement des invisibles, des
laissés-pour-compte qui vivotent comme ils peuvent et font avec les moyens du
bord. Ceux pour qui, « dans l’ascenseur social, il n’y a qu’un bouton pour
le sous-sol ». Face à la mer, l'horizon est sous leur yeux au quotidien et pourtant il n'ouvre aucun champ de possibles. Cet horizon qui leur manque, et qui donne son joli titre titre au roman, c'est la perspective d'un avenir sans ligne de force, sans ambitions ni buts particuliers.
Un très beau roman noir et social qui, malgré les apparences, déborde de tendresse.
Un très beau roman noir et social qui, malgré les apparences, déborde de tendresse.
L’horizon qui nous manque de Pascal Dessaint. Rivages, 2019. 220
pages. 19,00 euros.