Un premier roman qui rappelle de façon effroyable la terrible disette qui frappa la population rurale de Finlande en 1867. Chassés de chez eux par le manque de vivres, les paysans affluèrent vers les villes dans l’espoir d’y trouver refuge et nourriture pendant que les politiques, impuissants, assistaient au désastre en pensant, non sans cynisme, que « peut-être que le destin de ce peuple, c’est de se battre pour son existence et de s’endurcir. »
A travers le parcours de Marja et de ses enfants, Aki Ollikainen touche à l’universel. Son texte est une ode à la survie, à la détermination de l’être humain face à une situation désespérée. L’écriture possède une force d’évocation saisissante, elle dit avec puissance la neige, la glace, les ventres vides, les paysages silencieux baignés par le soleil hivernal. Elle dit la folie et la mort qui rôdent autour de chacun et elle montre les effets hallucinogènes de la faim, les rêves délirants et enfiévrés venant terrasser les corps et les esprits épuisés. Le tout avec une certaine poésie mais sans esthétisation excessive, sans se perdre dans des descriptions où le romantisme viendrait prendre le pas sur la réalité la plus insupportable.
Un roman qui dérange, fascine et interroge sur notre capacité à rester debout et à continuer notre route malgré les épreuves. Il subsiste au final une note d'espoir, un rayon de lumière au cœur de ce sombre tableau. Pour souligner que les sacrifices ne sont jamais tout à fait vains, que la vie se poursuit envers et contre tout.
La Faim blanche d'Aki Ollikainen. Editions Héloïse d'Ormesson, 2016. 152 pages. 16,00 euros.