Ramon Hill a tout pour être heureux. Auteur de best-sellers,
une épouse charmante, deux enfants, un niveau de vie plus que respectable…
« Mais Ramon Hill, 37 ans, écrivain promis à toujours plus de succès
littéraires et père de famille comblé, c’est du flan. » Parce que Ramon
est en plein passage à vide. Incapable d’aligner trois mots pour faire avancer
son nouveau manuscrit et incapable de gérer la crise qui secoue son couple. En
désespoir de cause, madame organise une virée dans la maison secondaire de ses
parents perdue en pleine cambrousse. L’occasion de se retrouver tous les deux
sans les gosses et de recoller les morceaux. Arrivés sur place, les choses
semblent prendre la bonne direction. Mais leur isolement met en lumière les failles de chacun et n’apaise en rien la
situation. Et quand Ramon s’électrocute en voulant réparer une prise de
courant, tout déraille…
Il serait scandaleux d’en dire plus tant cette histoire
enchaîne les surprises inattendues.
Sachez juste que l’on a affaire à du noir très serré, très amer, sans le
moindre gramme de sucre. Adapté du roman éponyme de Joseph Incardona, ce huis-clos
oppressant est cruel et immoral. Peu à
peu l’amertume laisse sa place à l’acidité et il reste en bouche un arrière
goût de bile difficile à avaler.
J’avais découvert le noir et blanc puissant de Sylvain Escallon
avec « Les Zombies n’existent pas ».Il confirme ici l’étendue de son
talent, notamment cette facilité à mettre en scène une atmosphère tendue où le
sordide côtoie une certaine forme de légèreté.
J’enrage de ne pouvoir vous en dire davantage, notamment
pourquoi j’ai adoré le personnage de Ramon et son attitude de fieffé salopard
très politiquement incorrect. Et pour ceux qui connaissent l’histoire, je
précise juste qu’il ne faut y voir en aucun cas une quelconque solidarité
masculine… Un album qui ne plaira clairement pas à tout le monde tellement il
gratte, mais vous aurez compris que pour moi, c’est une réussite totale !
220 volts de Sylvain Escallon. Sarbacane,
2015. 140 pages. 22,00 euros.