Une atmosphère étrange se dégage des nouvelles de Frédérique Martin. Elle dépeint une société effrayante où les libertés individuelles ont été sacrifiées au nom d’une cause collective particulièrement liberticide. Pouvoir des médias, marchandisation à outrance, répression du féminisme aboutissant à l’interdiction de l’espace public aux femmes, sa vision d’un futur pas forcément très lointain interpelle et inquiète.
Je découvre avec ce recueil une plume à la fois élégante et directe au charme incontestable. Quelques bémols pour chipoter : certaines nouvelles, plus classiques, apparaissent un peu « fades », notamment celle du mariage (déjà vu cent fois le coup du témoin qui se tape la mariée) et celle du déménagement. Mais pour le reste, impossible de nier la cohérence d’un recueil où apparaît une anticipation qui n’a malheureusement rien de délirant et pourrait représenter un avenir proche des plus déprimants. Et puis impossible de bouder son plaisir devant une auteure française aussi à l'aise dans l'exercice de la nouvelle, un genre que j'adore et qui est bien trop peu considéré sous nos contrées.
J’envisage de te vendre (j’y pense de plus en plus) de Frédérique Martin. Belfond, 2016. 220 pages. 17,50 euros.
Une nouvelle lecture commune que j'ai le plaisir de partager avec Noukette.
L'avis de Saxaoul