La pétillante Framboise m’avait prévenu en me l’offrant, si je n’aimais pas SON roman chouchou, je devais me taire pour ne pas faire souffrir son petit cœur tout mou. Ce billet est donc la preuve que j’ai apprécié le voyage dans l’univers si particulier de Carole Martinez.
Les avis à propos de ce livre sont en large majorité dithyrambiques. En général ça me refroidit. Et puis j’avais déjà lu une fois cette auteure,
certes en BD, mais je n’avais été que très moyennement emballé, c’est rien de le dire. Alors forcément, j’y suis allé un peu à reculons, surtout que c’est un pavé et que les pavés et moi ça fait deux. Mais bon, impossible de snober un cadeau de Framboise. Et puis avec les vacances de Noël, j’étais certain d’avoir la disponibilité d’esprit et le temps nécessaire pour lui accorder l’attention qu'il mérite. Donc je me suis lancé, sans rien connaître de l’histoire, sans me poser de questions et sans lire la 4ème de couv.
En fait, je ne sais pas comment parler de ce roman. C’est une saga familiale, une fresque, un roman fleuve, l’histoire d’une lignée de femmes possédant un don lié à une boîte mystérieuse. Mais c’est aussi tellement plus ! C’est une danse à trois temps, un voyage en trois étapes de l’Andalousie au Maghreb.
J’ai parfois pensé au soleil des Scorta à cause de l’aridité du décor, de la chaleur étouffante, du destin familial douloureux se déployant sur des décennies. J’y ai vu beaucoup de poésie, une imagination débordante, une écriture sensible et belle, pleine de retenue, de souffle et de respiration. J’ai vu l’amour sans borne de l’auteur pour ses personnages féminins et j’ai apprécié leur singularité, la richesse de leurs caractères. J’ai vu l’intrusion du fantastique et étrangement, cela ne m’a pas gêné. Sans doute parce que cette intrusion par petites touches est proche du réalisme magique sud américain que j’aime tant (l’épisode du moulin en est sans doute l’exemple le plus typique). Il y aurait tant d’autres choses à dire mais je veux rester au niveau de mon simple ressenti de lecture et ne pas rentrer dans l’exégèse. Mes deux petits bémols ? J’ai trouvé que le sort réservé aux hommes (lâches, stupides, bornés, défaillants, etc.), certes réaliste, manquait parfois de nuance. Et j’ai ressenti quelques longueurs dans la seconde partie avec les anarchistes. Mais bon, il faut bien que je pinaille un peu.
Le cœur cousu, c’est une histoire foisonnante, à la construction ambitieuse révélant un sens aigu de la narration. Je suis sorti totalement bluffé de ce premier roman aussi maîtrisé qu’audacieux. Un roman merveilleux, dans tous les sens du terme.
Un grand merci Framboise, je comprends parfaitement pourquoi ce livre t’est si cher. Et je suis touché que tu aies eu envie de partager avec moi.
Le cœur cousu de Carole Martinez. Folio, 2009.
440 pages. 9,20 euros.
Le billet de Framboise