Rhaaaaaaaa ! L’adaptation d’un roman de Marcus Malte en BD ! Avant même de commencer, la certitude que ça va gratter et piquer très fort. La certitude aussi que tout ne va pas nous tomber tout cuit dans le bec, qu’une certaine complexité narrative sera de mise avant que les fils se rejoignent et tissent un canevas sans fausse maille. Et puis le plaisir de savoir qu’il n’y aura pas de happy end parce que chez Marcus, les histoires d’amour finissent mal en général, et parce que chez lui, noir rime toujours avec tristesse et désespoir.
Cerise sur le gâteau, la mise en images de Pierre-Marie Gomont, talentueux dessinateur découvert avec l’excellentissime Rouge Karma, est d’une beauté époustouflante. Personne ne pouvait mieux que lui restituer l’atmosphère poisseuse d’un récit tendu comme un arc. Ses cases sans cadre aux aquarelles d’une rare expressivité, ses couleurs soigneusement associées pour souligner la différence entre le présent et les nombreux flash-backs, ce découpage au cordeau, ce mélange permanent de douceur, de nervosité à fleur de peau et de violence contenue… tout simplement magistral !
Un polar qui dépote et vous marque au fer rouge. C’est simple, l’association Mallte-Gomont vaut à mes yeux celle de Tardi et Manchette. Et franchement, je ne peux pas faire de plus beau compliment.
Les nuits de Saturne de Pierre-Henry Gomont, d’après Marcus Malte. Sarbacane, 2015. 168 pages. 22,50 euros.