Il aurait pu m’agacer prodigieusement cet album. Il aurait dû même, tant parfois il frôle le gnangnan. Mais ça n’a pas été le cas. Ça se joue à trois fois rien. Ça se joue à une ambiance légère et bon enfant, à un dessin tout en rondeur aux couleurs pastel pleines de douceur, à des personnages attachants, à des dialogues savoureux, à des situations vraiment drôles, à un chien gauchiste qui ne ne fait ses besoins que sur le Figaro, jamais sur Libé ou Charlie Hebdo, à une maladie contagieuse qui offre de vrais moments de poésie, à des flics au grand cœur que l’on punit pour leur excès d’humanité, etc. Ça se joue à des détails qui s’additionnent et forment un tout. Bien sûr, ce n’est pas l’album du siècle. Bien sûr j’ai connu Zidrou plus mordant ou plus émouvant. Mais cet album, je l’ai refermé un sourire niais aux lèvres, avec l’impression d’avoir passé quelques minutes dans une bulle douillette et protectrice, loin de la folie du monde.
Conclusion, c’est pas grand-chose mais ça fait du bien, comme dirait le géant Raymond Carver (c’est le titre d’une de ses plus belles nouvelles, dans le recueil « Les vitamines du bonheur » - oui, je sais, je m’écarte du sujet, mais quand je peux citer Carver, toutes les excuses sont bonnes). Et par les temps qui courent, alors que tout nous ramène à une actualité et un quotidien anxiogènes, il n’y a vraiment pas de mal à se faire du bien.
Les promeneurs sous la lune de Zidrou et Mai Egurza. Rue de Sèvres, 2015. 70 pages. 14,00 euros.
Les avis de Mo', Noukette et Titou.