lundi 24 mars 2014

Mon salon du livre...

Je vais vous la faire courte parce qu'il est impossible de résumer de façon exhaustive une telle journée (et c'est tant mieux). Alors en vrac et en résumé, mon salon a consisté à :



Récupérer sur le stand des éditions du Rouergue un badge que je vais porter à longueur de journée.








Avoir, en compagnie de Stephie et Noukette, une jolie discussion avec Antoine Dole à propos de son dernier roman jeunesse que nous n'avions pas épargné sur nos blogs et qui a pris la chose avec plus ou moins de philosophie (mais aussi beaucoup d'humour, ce qui est le principal).







Trouver chez Gründ un parfait petit livre pour Charlotte et y rencontrer la charmante Caroline.









M'asseoir quelques minutes à coté d'Angela Morelli et repartir avec une bien belle dédicace pour "Jérôme chouchou".









Faire un détour le stand de la région Picardie pour saluer les éditions de la Gouttière et Isabelle de Liroli qui m'a promis de m'amener dans la semaine son nouveau recueil d'Haïkus dédicacé pour pépette n°2.








Dénicher le tout petit stand de Monsieur Toussaint Louverture et échanger avec lui à propos de Mailman et de la collection La belle colère (Dieu me déteste).










être fasciné par le travail de Nicolas Lacombe, le seul illustrateur qui réalise ses albums entièrement au scotch. Il faut le voir pour le croire mais la dédicace ci-contre a été faite uniquement avec du scotch et un cutter.
(Ses albums sont publiés par Balivernes)







Aller comme tous les ans faire un coucou à mon éditeur chouchou et découvrir le regard plein d'esprit et de finesse porté par une attachée de presse sur les blogs et leur "utilité" (Anne-Charlotte, encore merci pour la pertinence et l'intelligence de votre discours).




Passer un moment avec Stephie et recevoir un colis "Mille et un Frasques" qui, comment l'avouer simplement, m'a enchanté à tout point de vue. Et non, je ne vous dirais pas ce qu'il y avait sous ces papiers cadeau mais sachez que :
1) sa réputation de grande prêtresse des premiers mardis coquins n'est pas usurpée.
2) il y avait dans le lot un livre mystère !


Croiser plus ou moins longtemps Aifelle, Laurie et Sophie et constater une fois de plus que les blogueuses sont toutes plus gentilles les unes que les autres.

Et comment ne pas finir ce très court compte rendu sans remercier ma chère Noukette, avec laquelle j'ai arpenté en long et en large les allées du salon et qui a, comme d'habitude, été une partenaire idéale. Pour ne rien gâcher, on a fait ensemble de belles trouvailles et vous pensez bien que l'on va se concocter quelques lectures communes dans les semaines qui viennent.





dimanche 23 mars 2014

Les bonnes gens - Laird Hunt

1911. Ginny est une vieille femme blanche au service de Lucious Wilson depuis des années. Elle se rappelle qu’avant d’arriver dans l’Indiana, elle fut mariée à Linus Lancaster, un petit cousin de sa mère. Un homme qui l’emmena au fin fond du Kentucky, dans une ferme surnommée « le paradis ». Elle s’y installa au début des années 1850 alors qu’elle n’avait que 14 ans. Dans ce « paradis », Linus exploitait sans vergogne des porcs et quelques esclaves, les premiers étant bien mieux traités que les seconds. Parmi eux deux sœurs, Zinnia et Cleome, à peine plus âgées que Ginny. Deux sœurs qui formèrent sa seule compagnie et qui, le jour où le maître alla les rejoindre dans leur lit, devinrent d’abord des ennemis, puis des souffres douleur. Se mettant au diapason de son terrible époux, Ginny se transforma peu à peu en monstre de cruauté. Mais lorsque le règne du tyran s’acheva dans le sang, les esclaves endossèrent les habits du bourreau et les rôles s’inversèrent…

Il se dégage de l’écriture de Laird Hunt une impression de puissance assez exceptionnelle. Une grande maîtrise de la narration aussi. L’enchevêtrement des époques, la sincérité des différentes voix qui s’expriment, la violence, à la fois suggérée et terriblement réelle, tout cela donne un texte aussi riche qu’hypnotisant.

L’inversement des rôles, le passage des victimes en bourreaux, relève quelque part de la métaphysique. La quatrième de couverture parle de « partition sans fin de la redoutable réversibilité du mal » et je crois que c’est exactement de cela qu’il s’agit. La vengeance se fait sans aucun plaisir et sans véritable haine, elle découle simplement d’une forme d’évidence. Une obsession douloureuse à laquelle Zinnia et Cleome ne peuvent se soustraire. Une obsession que finalement Ginny trouve logique. Et le lecteur de plonger avec fascination et dégoût au cœur de l’abomination.

Un roman d’une rare intensité dont on ne ressort pas indemne. Tout ce que j'aime !


Les bonnes gens de Laird Hunt. Actes sud, 2014. 245 pages. 20,80 euros.

Une lecture commune que j'ai le plaisir de partager avec Valérie.






vendredi 21 mars 2014

Dieu me déteste d’Hollis Seamon

Encore un bouquin sur des gamins cancéreux. A croire que c’est devenu une mode. Perso, ça fait mon troisième après « Nos étoiles contraires » et la BD « Boule à zéro ». Heureusement, à  chaque fois la qualité était au rendez-vous et ce « Dieu me déteste » ne dérogera pas à la règle. C’est pourtant sacrément casse-gueule comme thématique. Si on veut faire pleurer dans les chaumières, rien de plus facile. Mais si on choisit d’être davantage dans la finesse, d’amener un regard décalé sans nier l’aspect dramatique de la situation, les choses se compliquent.

Le narrateur se prénomme Richard, il aura bientôt 18 ans et il est cloîtré dans le service des soins palliatifs de l’hôpital Hilltop, à New York. Quand on rentre aux soins palliatifs, c’est qu’il n’y a plus rien à faire. Trente jours maximum avant de « tirer le rideau ». Richard se sait condamné mais il va ruer dans les brancards. Parce qu’avant d’être un malade en fin de vie, c’est surtout un ado. Un ado qui voudrait profiter au maximum du peu de temps qui lui reste, quitte à foutre un sacré merdier dans un service d’habitude si policé. Pas qu'il soit un perturbateur né, loin de là. C'est juste qu’il ne supporte pas le carcan irrespirable dans lequel on l’enferme. Et puis il voudrait aussi se rapprocher de Sylvie, la patiente de la chambre 302. Sylvie a 15 ans. Une vraie complicité les unit, et un peu plus que ça même. Sylvie, elle est comme lui, elle veut choper tous les jours qui lui restent comme une acharnée. Et ensemble, ils vont tout faire pour mener à bien la mission amoureuse qu’ils rêvent de voir aboutir…

« Dieu me déteste » est la chronique impertinente d’un gamin indocile et pétillant, drôle et lucide. Un gamin qui souffre, et pas qu’un peu, mais je trouve que la maladie n’est pas le sujet principal. Leur vraie guerre, Richard et Sylvie la mènent contre des adultes surprotecteurs et rabat-joie. Parce que même si le corps les lâche, il leur reste suffisamment d’énergie et de vitalité pour chercher à assouvir ce désir qui les titille. Il y a dans leur comportement une sorte d’acharnement, et leur obstination relève d’une urgence bien compréhensible. Mais les obstacles qui se dressent devant eux sont innombrables. Heureusement, ils vont aussi trouver quelques complices bienveillants comme l’oncle Phil, la grand-mère de Richard ou quelques membres du personnel hospitalier. L’intérêt du roman tient d’ailleurs pour beaucoup dans la richesse des personnages secondaires qui gravitent autour de nos tourtereaux.  

Ça peut sembler étrange mais on ressort revigoré d’une telle lecture. Je ne peux pas nier que j'ai eu la gorge serrée par moments mais au final, j'ai trouvé que ces Roméo et Juliette modernes nous offraient une sacrée leçon de vie. Une belle leçon d'optimisme aussi. Et ce n'est pas du luxe par les temps qui courent.


Dieu me déteste d’Hollis Seamon. La belle colère, 2014. 285 pages. 19,00 euros.

Une lecture commune que je partage avec Karine, Liliba, Noukette et Stephie.


Les avis de Clara et La Sardine.





jeudi 20 mars 2014

Mon second livre mystère - ????????

Voila. J’ai reçu et lu mon second livre mystère. Dévoré même. Facile, il était du genre maigrichon. Mais bon, c’est pas la taille qui compte, heureusement. Face la bête, recouverte en bonne et due forme, je me suis senti moins déstabilisé que la première fois. Peut-être parce que je commence à devenir un vieux briscard de l’exercice. Mais surtout,  je n’ai pas eu envie de me poser la moindre question. Juste profiter du plaisir de me lancer dans un livre choisi pour moi par quelqu’un qui me connait très bien. Parce que l’expéditrice n’était pas mystérieuse, elle. Et pour le coup, je n’avais aucune inquiétude, juste la certitude que ça allait me plaire.

L’histoire se passe à Bruxelles. Enfin, les histoires. Deux histoires à priori sans rapport. Celle de Thomas et Marie, des tourtereaux fauchés qui vivent dans un taudis loué par un affreux marchand de sommeil. Marie est très malade, alitée en permanence. Le couple doit partager son appartement avec des jumeaux albanais et deux familles, les Varoum et les d'Anchuso, dans une promiscuité totale. Les temps sont durs, le loyer n’est plus payé depuis des lustres et l’expulsion les guette. En parallèle on suit Serge, un chômeur un peu glandeur qui va perdre son ami Toni dans des circonstances effroyables dès les premières pages. Par la suite, Serge va s’improviser plombier et rencontrer Louise. Une divine surprise à laquelle il n’était à l’évidence pas préparé.

Les  chapitres présentent tour à tour les pérégrinations de Serge et la situation catastrophique de Thomas et Marie. Aucun lien entre ces différents personnages à première vue, jusqu’au moment où l’on comprend que c’est Thomas qui raconte l’histoire de Serge (je ne sais pas si j’explique les choses clairement mais dans le livre, c’est limpide). A partir de là, le roman prend une autre dimension, belle et tragique. C’est parfaitement amené, j’avoue que je n’ai rien vu venir.

Je suppose que l’auteur est belge, pas seulement parce que ça se passe à Bruxelles mais parce que son vocabulaire ne laisse pas planer d’ambiguïté (qui d’autre qu’un belge écrirait « septante » ! ). Je parierais sur un homme car l’écriture me semble très masculine (même si je serais bien incapable de définir précisément ce qu’est une écriture masculine). En tout cas c’est une écriture à la fois orale et travaillée, fluide et imagée comme j’aime.

Le ton est pessimiste sans être désespéré. Il relève plutôt d’une certaine forme de réalisme. Le regard porté sur le monde, les gens, la vie, n’est pas des plus joyeux mais je l’ai trouvé d’une grande lucidité. Surtout, ce roman nous raconte une magnifique histoire d’amour. Pure et forcément triste aussi. Une histoire sans cynisme, d’une sincérité bouleversante. Une histoire qui m'a énormément plu et a essoré mon petit cœur de pierre.

Finalement, c’est ce que j’adore avec les livres mystère. On m’embarque sur un terrain où je ne serais jamais allé moi-même. Bien sûr, je peux me dire que j’ai eu de la chance et que je suis à chaque fois bien tombé. Mais ce serait oublier à quel point les livres qui m’ont été adressé ont été choisis avec soin. Mes expéditrices ne se sont pas trompées et je les remercie pour la pertinence de leur choix. Et si la première souhaitait garder l’anonymat, ce n’est pas le cas de la seconde alors, ma très chère Noukette, permets-moi de t’adresser un grand merci et de te faire une tonne de bisous. Tu m’as en quelque sorte rendu la monnaie de ma pièce, et rien ne pouvait me faire plus plaisir.

En attendant, à l’heure qu’il est, je ne connais toujours pas le titre et l’auteur de ce roman… Je reviendrai lever le voile ce soir.

Edit de 18h00 :


Voila, j'ai déshabillé mon livre mystère. C'était "Quatrième étage" de Nicolas Ancion, un auteur dont je n'avais jamais entendu parler auparavant. Une bien belle découverte ! Noukette, je suis partant pour découvrir d'autres titres de ce belge talentueux, si tu veux m'accompagner ce sera évidemment avec plaisir.






mercredi 19 mars 2014

Mamette T6 : Les papillons - Nob

Mamette fête ses 84 ans. En cadeau elle reçoit un « ordonnateur », une box « internette » et un appareil photo « radioactif ». Sa petite fille, avant de s’expatrier à Londres, vient lui donner des cours d’informatique : transférer les photos, les poster sur son mur… tout ça c’est du chinois pour Mamette. La vieille dame se lance aussi dans le yoga avec ses copines, histoire de se relaxer un peu. Et puis sa mémoire lui joue des tours. Elle oublie des mots, elle ne sait plus où elle range ses affaires. Mamette se doute que quelque chose cloche. Surtout, elle se dit qu’en perdant la mémoire elle risque d’oublier son Jacques !

Un sixième album plus grave que les précédents. Mamette grandit encore, elle sent davantage le poids des ans. Son choupinet de fils s’inquiète de la voir décliner physiquement et moralement. Un album qui, sous couvert de perte d’autonomie, laisse une large place à la nostalgie. Mais entendons-nous, si le propos est plus sérieux, l’humour reste bien présent, tout comme la fraîcheur et la gourmandise qui caractérisent cette adorable grand-mère. Finalement, Nob a trouvé une façon intelligente de se renouveler. Sans rien forcer, en déroulant de nouvelles thématiques avec une parfaite évidence. Et puis la dernière page, magnifique de douceur, remet les choses en perspective et rappelle que cette série reste avant tout un hymne à la vie.

Pourquoi le nier, une fois encore je sors enchanté de ce rendez-vous avec Mamette, cette mamy que, décidément, j’aime d’amour. Oui, j’adore Mamette et Bukowski, c’est le grand écart mais je n’y peux rien, ces deux-là sont un peu mon Yin et mon yang.


Mamette T6 : Les papillons de Nob. Glénat, 2014. 48 pages. 10,00 euros.




mardi 18 mars 2014

Ma tempête de neige - Thomas Scotto

C’est un père de 19 ans qui parle à son enfant. Un enfant pas encore né mais auquel il raconte son coup de foudre avec Katell, la maman.
Leur première fois.
Le test de grossesse (« Les deux barres sur le test. J’ai poussé un cri, mais un truc indéfinissable de rage et de plaisir. A partir de là, je voulais que tout le monde le sache. […] Que tout le monde sache que t’étais pas un accident »).
La première échographie (« En revenant je crois que j’ai chialé […] des larmes dégoupillées pour l’explosion, des larmes d’un bruit assourdissant. […] Rien à voir avec la tristesse. Ne crois pas. Mais plutôt… avec Katell… c’était là qu’on changeait vraiment. Sur la quatre voie et dans nos vies »).
L’annonce aux amis et à la famille.
L’avenir...

Un monologue qui semble sortir d’une traite. Pas une plainte non, ni une crainte. Une certitude plutôt : « Je voulais un enfant ». « Ça ne m’a même pas fait peur comme désir. Je pourrais trouver que je suis inconscient. Que c’est une vraie connerie, la pire de toute ma vie et que je vais foutre mes études en l’air. En fait, non… je crois que j’ai de la chance. D’avoir confiance en moi, c’est une chance ». La conclusion ne pouvait que s’imposer d’elle-même, limpide : « On y est. Tu vas arriver. Tu vas naître. Et tu vois comme t’es attendu… tu vois, t’es attendu. »   

C’est beau parce que c’est à la fois sincère et naïf. C’est beau parce que ce n’est pas du tout cucul. Bien sûr ce ne sera pas un long fleuve tranquille et au fond, il se doute que ce bébé va aussi lui faire vivre quelques moments difficiles (écrit celui qui vient de passer une nuit quasi blanche à cause d’une vilaine poussée dentaire). Mais je retiendrai avant tout de ce texte sa justesse de ton. Un cri d’amour, un cri du cœur pas dégoulinant pour deux ronds, une sorte de soliloque nécessaire, pour s’affirmer et se rassurer. Un superbe petit roman, vraiment.

Ma tempête de neige de Thomas Scotto. Actes sud junior, 2014. 58 pages. 9,00 euros. A partir de 14 ans.


Une nouvelle pépite dénichée avec mon incontournable complice Noukette. Ça fait un certain temps que l’on vous parle de textes courts et percutants (Depuis qu'on a déménagé / Candy / Une preuve d'amour / A copier 100 fois). L'idée d'un petit rendez-vous régulier est donc venue d'elle-même. Au gré de nos trouvailles, nous essayerons de vous dénicher des petits romans jeunesse que les ados auront envie de se passer de main en main... et que les adultes n'auront de cesse de vouloir leur piquer...! Ma tempête de neige inaugure de bien belle façon ce nouveau rendez-vous...! 



lundi 17 mars 2014

Les lectures de Charlotte (3) : Oseras-tu chatouiller le loup ? - Emiri Hayashi

Chatouiller le loup, glisser une enveloppe dans la boîte aux lettres, arroser la plante, secouer un arbre, lancer un ballon, caresser le chat… Charlotte a adoré faire tout ça.

Le principe est simple. Une question, une action à effectuer et on soulève un petit rabat pour découvrir le résultat de cette action. Les rabats se lèvent à l’horizontale ou à la verticale selon les situations et la surprise est au rendez-vous à chaque fois sans que jamais la lassitude ne s’installe. Les dessins sont mignons comme tout et le petit format permet à bébé de manipuler le livre tout seul. Un bémol quand même, les rabats sont un peu fragiles. Heureusement, Charlotte n’est que douceur (comme son père) et tourne les pages avec précaution, mais je connais quelques grosses brutes qui auraient vite fait de transformer les volets à soulever en confettis.

Interactif et ludique, ce premier titre de la nouvelle collection « Coucou caché » est surtout très addictif. Arrivé à la maison il y a peu, il est devenu le livre préféré de bébé Charlotte aux cotés des petits imagiers sonores de Gallimard, c’est dire !


Oseras-tu chatouiller le loup ? d’Emiri Hayashi. Tourbillon, 2014. 20 pages. 10,50 euros. A partir de 12 mois.

L'avis de Mya Rosa











samedi 15 mars 2014

Les gouffres - Antoine Choplin

Quatre nouvelles dans ce recueil. Dans la première, deux hommes marchent vers l’océan. Autour d’eux, le silence et la désolation. Devant eux, la terre s’est ouverte par endroits. Des gouffres vertigineux qui leur tendent les bras et qu’ils vont tenter de contourner. La seconde met en scène Wagram, employé de « La fabrique » dont le job consiste à éviter que le cours des choses ne s’arrête. La 3ème se passe dans un camp. Trois prisonniers mal en point veulent rendre un dernier hommage à une mathématicienne de génie. Dans la dernière, on suit un homme poussant un orgue de barbarie dans les rues d’une ville déserte. Arrivé sur la place centrale, il va tourner la manivelle et commencer à jouer. Pour qui ? Pour quoi ?

Étrange recueil, traversé par une certaine forme d’angoisse. L’univers décrit est déshumanisé, irréel. Partout la solitude. Des personnages qui errent, sans véritable but. Pour moi, c’est l’absurdité du monde qu’Antoine Choplin veut souligner. Des hommes fragiles, vulnérables, dépassés, perdus. Mais aussi des hommes solidaires, unis dans les pires moments par un fil aussi invisible qu’indestructible. Une fraternité, certes peu démonstrative, mais qui tient en de petits riens. Une main sur un bras ou sur une épaule, un geste discret et réconfortant.

Pour autant, je ne ressors pas emballé de ce recueil. Il y a comme un goût de trop peu. Dans la nouvelle éponyme, j’aurais bien accompagné plus longtemps les deux personnages, dignes de Beckett. Pareil pour le dernier texte, j’aurais aimé rester davantage avec le joueur d’orgue. Et puis je n’ai pas retrouvé la magnifique écriture de Choplin, sa petite musique susurrée comme dans un souffle dans « La nuit tombée » et « Le radeau ». A tel point que je me demande si ces nouvelles ne sont pas des œuvres de jeunesse tant elles me semblent « inabouties ». Bref, même si j’ai passé un agréable moment, ce n’est pas un coup de cœur, loin de là.

Les gouffres d’Antoine Choplin. La fosse aux ours, 2014. 132 pages. 16 euros.


Une lecture commune que je partage avec Leiloona et Noukette.






jeudi 13 mars 2014

Des entrées pour le salon du livre à gagner



Comme beaucoup de copinautes, j'ai la chance de pouvoir vous offrir 5 entrées pour le salon du livre qui ouvre ses portes la semaine prochaine. Vous avez jusqu'à demain minuit pour vous manifester dans les commentaires de ce billet. Je ferai le tirage au sort samedi matin.

Personnellement, je serai sur la salon le samedi toute la journée. Je n'ai pas de programme précis en dehors de déambuler dans les allées à la recherche de belles surprises livresques. J'irai aussi rendre visite à mes éditeurs chouchous et je me plierai sans doute à l'exercice de la dédicace avec quelques auteurs de BD.

Peut-être aurais-je le plaisir de croiser certain(e)s d'entre vous comme ce fut le cas l'an dernier. Qui sait ?


mercredi 12 mars 2014

Le Horla - Guillaume Sorel et Maupassant

Dans Le Horla, Maupassant raconte, sous forme de journal, les hallucinations d’un homme persuadé qu’une présence maléfique veut prendre possession de son corps et de son esprit. Un être surnaturel imposant à sa victime sa propre volonté et absorbant peu à peu son énergie vitale. Une nouvelle vraiment flippante dont je garde un souvenir très précis des années après l’avoir lue.

Guillaume Sorel n’a pas choisi de faire une adaptation à l’identique. D’ailleurs il déclarait récemment qu’ « une bonne adaptation est une trahison ». Si certains monologues sont bien des passages du texte source, exit  le journal. Le narrateur est accompagné d’un chat (inexistant à l’origine) auquel il confie ses tourments et ses états d’âme. Il y a aussi une vraie ambiguïté quant au mal qui frappe la victime. Chez Maupassant, il ne fait aucun doute que l’homme souffre d’un trouble du système nerveux et bascule dans la folie. Dans la BD, le problème ne vient pas forcément de sa santé mentale mais il pourrait bien avoir des causes réellement surnaturelles. En tout cas rien n’est clairement tranché je trouve. Ce qui est certain c’est qu’il vit dans une grande solitude, dans un isolement qui va peu à peu accentuer le sentiment de terreur l’envahissant chaque jour davantage.       

Le dessin, c’est pas un scoop, est une tuerie totale. Je dis que ce n’est pas scoop parce que Sorel est un des plus talentueux dessinateurs actuels. Il y a dans cet album des planches incroyables, de véritables tableaux. Et le plus fort c’est que l’esthétisme reste constamment au service du récit, jamais il ne tombe dans la démonstration gratuite. Couleurs, décors, ambiance oppressante à la lueur des bougies, tout est parfaitement travaillé.

J’ai beaucoup aimé la façon dont Sorel s’est approprié le texte d’origine pour mieux le triturer avec ses propres références, finalement beaucoup plus fantastiques que psychanalytiques. Une adaptation à la fois fidèle et personnelle, visuellement somptueuse.



Le Horla de Guillaume Sorel. Rue de Sèvres, 2014. 64 pages. 15,00 euros.

Une lecture commune que j'ai le plaisir de partager avec Leiloona, Noukette et Stephie. Quel trio !

L'avis de Paikanne