Envie de faire une pause dans la rentrée littéraire et de
replonger dans la littérature américaine bien grasse que j’aime tant. Celle qui
ne prend pas de gant, qui met en scène quelques rednecks incontrôlables et bien
barrés jurant comme des charretiers. Toujours drôle, vulgaire, sans fioriture
et dans une forme d’outrance qui, si on l’accepte, est jubilatoire.
Je vous le concède, cette couverture est digne d’un SAS.
Mais Joe R. Lansdale ne boxe pas du tout dans la même catégorie que feu Gérard
de Villiers et c’est tant mieux. Et puis cette édition grand format est
aujourd’hui épuisée et le roman a été réédité en Folio avec une couverture un
poil moins « aguichante » (quoique).
Bon je suis un fan absolu de Leonard et Hap, l’irrésistible
duo de Joe R. Lansdale mais je ne vais pas vous la faire à l’envers et je
vais reconnaître que ce roman est le moins convaincant de la série. Le scénario
tient sur un post-it et les deux loustics ne m’ont pas semblé aussi pétaradants
que d’habitude. Alors si vous voulez découvrir la verve de Lansdale, je vous
conseille de commencer avec "L’arbre à bouteilles" et "Le mambo des deux ours".
Vous y découvrirez deux drôles de zigotos vivant au fin fond de l’East Texas.
Hap le blanc hétéro qui joue à chaque fois le rôle du narrateur et Léonard, son
meilleur pote, noir et homosexuel dans une région du sud profond où les
mentalités n’ont guère évolué depuis la guerre de sécession. Ces deux-là ont le
chic pour s’embarquer dans des galères pas possible dont ils se sortent à
chaque fois miraculeusement. Ce sont aussi de sacrés bagarreurs qui n’hésitent pas à
utiliser des armes à feu quand le besoin s’en fait sentir.
Ici, ils vont faire face à la Dixie Mafia, une organisation
criminelle raciste qui gère d’une main de fer un juteux trafic de drogue.
Grosses bastons, crânes explosés à coup de fusil et blagues potaches rythment
le récit. Une mécanique bien huilée où les dialogues sont toujours aussi
savoureux. Pourtant, il manque un petit quelque chose, j’ai ressenti une légère
impression de déjà-vu, de ronronnement dont aucune véritable surprise n’émerge.
Je me suis bien marré, je ne vais pas le nier et la langue imagée de Joe R.
Lansdale déménage toujours autant mais il y a une évidente baisse de régime sur
ce titre. Pas grave, je retenterai ma chance avec " Diable rouge ",
le dernier opus de la série sorti cette année et qui vient tout juste de rejoindre ma
pal.
Vanilla Ride de Joe R. Lansdale. Outside, 2010. 280 pages.
19,90 euros.
Extraits
« Cette piste est aussi froide que la chatte d’un cadavre de bonne sœur. »
« Ce shérif du dimanche se la jouait gros dur et donnait l’impression de pouvoir se servir du trou du cul d’un éléphant comme placard à chaussures tout en s’arrangeant pour que l’éléphant aime ça. »
« Le connard s’évanouit encore plus vite qu’un octogénaire asthmatique en train de baiser un mouton dans une grange poussiéreuse en plein cagnard. »
« Je me retrouvai dans une cellule mal éclairée en compagnie d’un type trapu aux cheveux gras et aux muscles couverts de tatouages. Sa façon de me regarder me donnait l’impression d’être une côtelette de porc avec un anus. »
« Ce shérif du dimanche se la jouait gros dur et donnait l’impression de pouvoir se servir du trou du cul d’un éléphant comme placard à chaussures tout en s’arrangeant pour que l’éléphant aime ça. »
« Le connard s’évanouit encore plus vite qu’un octogénaire asthmatique en train de baiser un mouton dans une grange poussiéreuse en plein cagnard. »
« Je me retrouvai dans une cellule mal éclairée en compagnie d’un type trapu aux cheveux gras et aux muscles couverts de tatouages. Sa façon de me regarder me donnait l’impression d’être une côtelette de porc avec un anus. »