vendredi 20 septembre 2013

Ernest et Rebecca T5 : L’école des bêtises

Rebecca va mieux. Depuis que ses défenses immunitaires se sont renforcées, le microbe Ernest, son meilleur copain, a disparu. Mais alors qu’elle retourne à l’école, l’affreux « virus-zombie » de la grippe fait des ravages dans la cour de récré. Fièvre, vomissements, fébrilité, les enfants tombent comme des mouches. Heureusement pour Rebecca, Ernest continue de veiller sur elle. Si la grippe lui cherche des noises, elle trouvera à qui parler !

Toujours aussi trognonne, cette gamine pétillante me fait fondre. Elle n’a pourtant pas la vie facile entre sa santé fragile, sa sœur Coralie en pleine crise d’adolescence et la difficile séparation de ses parents. En plus dans ce nouveau volume, son grand-père chéri, pépé bestiole, se retrouve à l’hôpital. Pas mal d’inquiétude et quelques larmes versées mais la bonne humeur et la joie de vivre finissent pas l’emporter. En courtes scénettes, les auteurs dressent avec bonheur le quotidien d’une petite fille attachante en diable.

Je suis totalement fan de cette série depuis ses débuts mais j’ai quand même ressenti un petit coup de moins bien sur ce tome. Moins de poésie et d’humour, un intérêt moindre pour l’histoire et surtout une certaine frustration tant beaucoup de questions restent en suspens : qui est le mystérieux correspondant virtuel de Coralie ? Comment va évoluer la santé de Pépé  bestiole ? Je serai évidemment au rendez-vous du prochain album parce que j’adore Ernest et Rebecca mais j’espère que ce tome de « transition » ne restera qu’une parenthèse un peu moyenne dans un ensemble de grande qualité. En même temps je ne suis pas spécialement inquiet. Avec Guillaume Bianco au scénario, le destin de Rebecca est entre de bonnes mains.


Ernest et Rebecca T5 : L’école des bêtises. Le Lombard, 2013. 46 pages. 10,60 euros. A partir de 7-8 ans.

Mon avis sur les tomes 1 et 2.





jeudi 19 septembre 2013

La révolte des personnages - Gwladys Constant et Kristel Arzur

« Il était une fois dans un lointain royaume, un château où vivaient un roi, une reine et leur fille, la princesse Émeraude… »

Et là, patatras, l’auteur est interrompu par ses décors et ses personnages. C’est d’abord le château qui se plaint parce que, comme d’habitude, on ne lui consacre qu’une ligne. Puis c’est au tour de la princesse de ronchonner. Comme d’habitude, on veut la marier à un prince mais elle préfèrerait de loin s’unir à une star du showbiz. Ensuite Jacques, le meunier qui doit épouser la princesse après avoir été transformé en beau jeune homme par une sorcière, refuse de jouer le jeu pour la bonne et simple raison que sa promise s’appelle Martine et n’a rien d’une princesse.  Bref, tous les personnages se révoltent et le pauvre auteur, magnanime, doit sans cesse revoir sa copie pour pouvoir mener son histoire à bon port.

Gros coup de cœur pour cet inclassable petit texte qui dépoussière l’image du conte traditionnel. La princesse, que l’on veut habiller d’une robe à cerceaux, réclame un tailleur Dior. Elle interrompt le déroulement de l’intrigue pour aller aux toilettes. Jacques reproche au conteur de plagier Cendrillon. Quand nos deux héros dansent au bal pendant des heures, ils se plaignent d’avoir faim, soif, et d’avoir des ampoules aux pieds. En gros la mécanique est simple : l’auteur enfile les poncifs propres au conte comme des perles et ses personnages ne cessent de lui rappeler que le monde a changé et qu’il serait temps de faire preuve de modernité. Les échanges sont savoureux. Soucieux de ménager la susceptibilité de ses protagonistes, l’auteur navigue à vue, s’énerve parfois de leurs demandes mais finit toujours par céder. Jusqu’au dénouement : « Ils vécurent longtemps, heureux, et eurent beaucoup d’enfants… ». Réflexion de la princesse Émeraude : « Beaucoup d’enfants, beaucoup d’enfants, comme vous y aller ! Deux me suffiront ! » Délicieux jusqu’au bout je vous dis !

Alors bien sûr, il faut que le jeune lecteur se lançant dans cette histoire possède les références nécessaires pour saisir les nombreux clins d’œil adressés aux contes classiques et à leur schéma narratif si répétitif. Si tel est le cas ou s’ils sont bien accompagnés par un adulte, une certitude, ils vont se régaler.


La révolte des personnages de Gwladys Constant et Kristel Arzur. Alice, 2013. 58 pages. 11,50 euros. A partir de 8-9 ans.

L'avis de Noukette




mercredi 18 septembre 2013

Saveur coco - Renaud Dilliès

Jiri et Polka sont dans le désert. Un désert où la pluie semble ne jamais s’inviter. Un désert où la chaleur vous écrase du matin au soir. Chez Jiri et Polka, il y a bien une dépression en train de s’installer mais elle n’est pas climatique. En désespoir de cause, les deux amis quittent leur modeste logis et se mettent en quête d’un nuage annonciateur de précipitations. Pas si simple à trouver, surtout lorsque les « brumes vaporeuses d’un désert accablant » ne créent que des mirages et que les poissons volent sous la lune la nuit venue.

On y est. Le nouvel album de Dillies est enfin sorti. Et comme d’habitude c’est excellent.  Prenez deux amis, « un bougre d’âne » et un fumeur de pipe joueur de cithare. Ajoutez une noix de coco, une mystérieuse boite à musique, un escargot, une bouteille vide, un cirque itinérant, des poissons bohêmes et un représentant de la maréchaussée pointilleux.  Secoué le tout et vous obtiendrez un cocktail en tout point délicieux.

Une BD inclassable que l’on pourrait à juste titre qualifier « d’absurde ». Pas facile comme genre l’absurde. Tellement casse-gueule. Ici pourtant le pari est relevé haut la main et tout tient dans les dialogues savoureux et les pérégrinations farfelues de nos héros. Alors bien sûr, la trame de cette Saveur coco tranche quelque peu avec les publications précédentes de Dillies. Mais les habitués y retrouveront ce duo d’amis inséparables que l’on croise dans toutes ses histoires. Ils retrouveront aussi la musique, la douceur, la poésie et la fantaisie qui caractérise l’ensemble de son œuvre. 

Sans compter que son trait, reconnaissable entre mille, reste le même. Chaque planche est une composition à l’inventivité graphique folle. Mais cette propension à casser les codes les plus classiques de la bande dessinée ne relève pas d’un quelconque effet de style, elle est en permanence porteuse de sens. C’est ce qui fait pour moi de Dillies un grand auteur, tout simplement.

Bon voila, comme d’habitude, je suis sous le charme. Rien à faire, je crois que ce monsieur ne me décevra jamais.  Et ce n’est pas pour me déplaire.

Une lecture commune que j’ai le plaisir de partager avec Moka et Noukette.
Moka, Noukette et Dillies, je peux difficilement trouver meilleure compagnie !

Saveur coco de Renaud Dillies. Dargaud, 2013. 80 pages. 16,45 euros. 





mardi 17 septembre 2013

Les Années reviennent !

Notre petite revue bi-mensuelle  reprend son rythme de croisière après la parenthèse estivale du Guide des voyages.

Et l’on repart sur les chapeaux de roues dans ce 37ème numéro avec, en écrivain de la quinzaine, l’incontournable Erri de Luca et de nombreuses notes de lecture. Au menu Richard Ford, Michèle Lesbre, Laurent Graff, la poétesse et nouvelliste autrichienne Ingebor Bachmann et la reprise de mes chroniques publiées ici même et consacrées à Claire Keegan (« Les trois lumières ») et Michèle Halberstadt (« La petite »).

Les rubriques habituelles sont également présentes : poésie, chanson, BD (avec « L’étranger » de Camus adapté par Ferrandez), Mus’art (une étude de « La femme dans la vague » de Courbet), le portrait militant et l’inénarrable billet du professeur  Hernandez.

Puisque la pérennité de cette revue numérique et gratuite est dorénavant assurée je vous propose si vous le souhaitez de vous l’envoyer automatiquement chaque quinzaine. Il vous suffit pour cela de vous signaler dans les commentaires de ce billet ou en faisant la demande par mail (dunebergealautre@gmail.com). La création d’un fichier des abonnés simplifiera l’envoi des nouveaux numéros et ne vous obligera plus à renouveler  à chaque fois votre demande. Et si par la suite vous voulez vous désabonner un simple petit message suffira. Je remercie au passage Gwenaëlle qui m'a soufflé cette idée...

lundi 16 septembre 2013

Lucia Antonia, funambule - Daniel Morvan

Accepter la perte. Lucia Antonia, funambule, ne peut s’y résoudre. Arthénice est tombée. Sa partenaire, son âme sœur, son double. Depuis la chute fatale, Lucia Antonia a quitté le cirque de son grand-père. « Ma famille m’a bannie […] je me suis bannie moi-même pour ne pas porter malheur au cirque. »

Aujourd’hui pourtant, sur cette presqu’île où elle a échoué, elle accepte à nouveau de déplacer son corps sur un fil. Sur cette presqu’île elle rencontre Eugénie et Astrée, réfugiées fuyant un pays en guerre, mais aussi un artiste peintre et un garçon voilier qui deviendra son ami. Sur cette presqu’île Antonia va peu à peu se reconstruire et accepter la perte.

Poétique et fragmenté, ce texte relève de l’esquisse. Par petites touches successives, Lucia Antonia brosse le portrait de sa douleur la plus intime. Tout en retenu, elle consigne dans de petits carnets la géographie de cette absence qu’elle ne parvient pas à surmonter. Arthénice le corps brisé. Cette partenaire, cette amie, cette jumelle. La mort d’Arthénice dont elle se sent responsable. Rien de larmoyant pour autant, aucun pathos. Les réflexions de Lucia Antonia naviguent entre ciel et terre, dans une sorte de rêverie éthérée.

Évidemment, j’aime cette écriture elliptique, tout en suggestion. Une écriture minuscule pouvant parfois sembler insaisissable et nébuleuse mais qui se révèle au final lumineuse. De la poésie, quoi. Et une forme de catharsis pour cette touchante funambule qui, grâce aux mots, parvient à faire les pas décisifs devant l’amener sur le chemin de la résilience et accepter la perte, enfin : « Il y avait près d’une année que tu étais morte, et c’est seulement ce jour où je me perdis en forêt que je pénétrai dans le territoire de ta mort. Ta voix me priait d’ouvrir jusqu’à elle le chemin de la perte, et je consentis à m’égarer. »

Un très beau texte.

Lucia Antonia, funambule de Daniel Morvan. Zulma, 2013. 130 pages. 16,50 euros.

Une fois de plus, c’est une trouvaille que je dois à mes pérégrinations bloguesques. Les tentatrices se nomment Un autre endroit pour lire et Anne et je les remercie pour cette bien jolie découverte.

Et c’est encore une lecture commune que j’ai le plaisir de partager avec Marilyne.



samedi 14 septembre 2013

Les vrais, les durs, les tatoués : le tatouage à Biribi

Biribi, ça me rappelle le roman éponyme de Georges Darien. Le roman le plus antimilitariste que j’ai eu l’occasion de lire, un roman qui m'a convaincu de ne jamais mettre les pieds dans une caserne. Ça me rappelle aussi le formidable reportage d’Albert Londres publié en 1925 sous le titre « Dante n’avait rien vu ». Ça me rappelle ma folle jeunesse, l’époque du service militaire, quand j’écrivais ma lettre au ministre de la défense : « pour des raisons de conscience, je refuse de porter les armes et l’uniforme ». Ça me rappelle les trois jours passé à Cambrai, au centre des armées. En tant que futur objecteur de conscience, chevelu en plus, j’en ai pris plein la gamelle : «  Tu vas voir, on va t’envoyer désherber le maquis pendant 20 mois » (ben oui en tant qu’objecteur on faisait le double des trouffions, c’était la punition). Tu parles, je me suis retrouvé dans une bibliothèque, heureux comme un pape. Le début de ma vocation...

Bref, revenons à ses gros durs de Biribi et leurs tatouages. Biribi n’est pas un lieu à proprement parler. C’est un terme générique désignant l’instrument répressif de l’armée française en Afrique du nord (Tunisie, Maroc, Algérie), en vigueur de 1830 à 1962. Les fameux Bat d’Af (bataillons d’infanterie légère d’Afrique). Au départ des pénitenciers militaires où on mate les fortes têtes. Par la suite on y enverra aussi les engagés ayant subi des condamnations civiles : cambrioleurs, souteneurs, assassins, etc. Des soldats devenus bagnards…

Dans l’enfer de Biribi, où l’on casse des cailloux sous un soleil insupportable, l’armée torture ses propres enfants en toute impunité. Le tatouage est la seule véritable distraction. Une bouffé d’oxygène aussi, servant à la fois de carte d’identité et de moyen d’expression. Les mots gravés sur la peau sont une façon de montrer son état d’esprit. Ainsi, les fatalistes n’hésitent à écrire sur leur corps « Pas de chance », « né sous une mauvaise étoile », « enfant du malheur », « né pour souffrir ». Les révoltés y vont aussi de leur couplet : « vaincu mais non dompté », « arrivé en mouton, sorti en lion », tout comme les antimilitaristes purs et durs : « inquisition militaire », « l’armée fait pleurer les mères ». Les motifs aussi sont riches de sens : papillons, oiseaux, fauves, fleurs et surtout des femmes, beaucoup de femmes.

Le récit de Jérôme Pierrat et Éric Guillon est passionnant. Il permet notamment de découvrir les techniques
rudimentaires utilisées par les tatoueurs et la vie quotidienne dans ces pénitenciers où règnent la violence et l’injustice et où l’homosexualité est partout présente.

Mais Au-delà du texte, le point fort de ce petit livre réside évidemment dans les photos. Non mais regardez-moi ces gueules ! Le naturalisme de Zola en chair et en os, les loulous parisiens mis en scène par Charles-Louis Philippe dans le célèbre Bubu de Montparnasse qui se matérialisent sur la page ! Les portraits de tatoués publiés ici ont été réalisés entre 1900 et 1930 par les services de l’identité judiciaire. Ces clichés des anciens de Biribi ont été pris « à la faveur » d’une arrestation ou d’un séjour en prison.  Des vrais, des durs, pas des tatoués d’aujourd’hui qui s’essaient au symbole maori pour se la jouer « cool » alors qu’ils
n’ont jamais foutu les pieds en Polynésie. Bon je vais m’arrêter là parce que je commence à m’égarer…

Les vrais, les durs, les tatoués : le tatouage à Biribi de Jérôme Pierrat et Éric Guillon. Édition Larivière, 2005. 112 pages. 20,50 euros.

Ce billet signe ma première participation au projet « non-fiction » de Marilyne.

vendredi 13 septembre 2013

Deadline - Laurent-Frédéric Bollée et Christian Rossi

Ça commence par un meurtre. En 1901. Un meurtre commis de sang froid sur un vieillard. Pas d’autres explications avant un bond dans le temps. Des années en arrière. En pleine guerre de sécession. Petit à petit on va remonter le fil de cette pelote et comprendre le pourquoi du comment. Pourquoi ce meurtre, pourquoi cette victime. L’histoire est celle du meurtrier, un gamin enrôlé de force dans l’armée sudiste. Un gamin qui va tomber amoureux d’un prisonnier. Noir. Un gamin qui va découvrir l’horreur de la guerre et garder chevillé au corps le souvenir de ce prisonnier et une rancœur, une haine même. Tenace. Impossible à évacuer… 

Un western sans cowboys et sans indiens mais un western quand même. Tendu, nerveux, crépusculaire. Beaucoup de flash-backs qui demandent au lecteur une certaine attention pour ne pas se perdre en route mais le récit est tricoté au cordeau et chaque élément trouve sa place naturellement.

Après on peut trouver que la barque de Louis Paugham, le personnage principal, est un peu chargée. Orphelin très jeune suite à l’assassinat de ses parents, il voit mourir son père adoptif sous ses yeux à l’adolescence. Homo refoulé qui a le coup de foudre pour un noir alors qu’il vient d’être enrôlé dans l’armée sudiste, il va enchaîner les désillusions et les tragédies… tout ça fait peut-être un peu beaucoup. Mais son terrible destin permet de mettre en lumière cette période complexe de l’après-guerre de sécession aux États-Unis. Sa vie d’errance et de solitude est confrontée au racisme prégnant malgré la victoire nordiste, à un idéalisme qui restait souvent de façade et une homosexualité inacceptable pour la société de l’époque.

Graphiquement c’est beau, très beau. Christian Rossi s’était déjà frotté au western en reprenant la série Jim Cutlass scénarisée par Jean Giraud et surtout avec l’inclassable W.E.S.T qui, elle aussi, se déroule aux USA dans les années 1900. Ici, il alterne entre l’acrylique et l’aquarelle et son travail sur la lumière et les couleurs est magnifique. Sans compter que son découpage très cinématographique sied parfaitement à un récit de ce genre. 

Si je devais souligner un bémol c’est que le héros subit trop les événements et n’est pas assez charismatique. Pas qu’il soit transparent mais il lui manque un petit quelque chose pour endosser l’image d’écorché vif à laquelle il était en droit d’aspirer. Disons qu’il avait tout pour être inoubliable et malheureusement ce n’est pas tout à fait le cas. 

J’ai quand même passé un bon moment avec ce one shot qui sort un peu des sentiers battus. Et je félicite au passage l’éditeur pour ne pas avoir cédé à la tentation d’en faire un diptyque plus intéressant commercialement mais beaucoup moins cohérent d’un point de vue narratif.  Ça devient tellement rare de penser au lecteur avant de penser à la rentabilité…

Une nouvelle lecture commune que j’ai la plaisir de partager avec Mo’. Sa chronique est ici.

Deadline de Laurent-Frédéric Bollée et Christian Rossi. Glénat, 2013. 92 pages. 18,50 euros.



jeudi 12 septembre 2013

Trois petits riens - Michaël Escoffier et Kris Di Giacomo

C’est l’histoire de trois petits riens qui rencontrent un chien. Un chien gentil comme tout qui leur propose de les emmener en balade autour du monde. En chemin, ils vont croiser Louise, une petite fille désespérée parce qu’elle a perdu son doudou. L’enfant  est inconsolable et les trois petits riens vont se plier en quatre pour lui venir en aide. Évidemment, ils vont retrouver le doudou et faire de Louise la plus heureuse des petites filles. Comme quoi il suffit souvent de trois fois rien pour connaitre le bonheur.

Qu’il fait du bien cet album ! Sa simplicité et le message positif qu’il véhicule sont ses atouts majeurs. L’histoire est si universelle et facile à comprendre qu’elle emportera forcément l’adhésion des petits bouts. Graphiquement Kris Di Giacomo va à l’essentiel sans s’interdire quelques trouvailles graphiques savoureuses. Et puis l’écriture de Michaël Escoffier est musicale à souhait et son vocabulaire, parfois soutenu, sonne juste : « le doudou , tel une enclume, a chu dans la cheminée. » J’adore !

Allez, un dernier petit extrait pour la route : « La vie est faite de petits riens, de tout petits riens de riens du tout, invisibles au yeux de certains, mais qui comptent pour nous, plus que tout. »

Un grand merci à Leiloona dont le billet enthousiaste m’a donné envie de découvrir cet album. Je ne regrette pas une seconde de m’être laissé tenter. Et un autre bel avis, celui d'Un autre endroit pour lire


Trois petits riens de Michaël Escoffier et Kris Di Giacomo. Balivernes, 2013. 32 pages. 12 euros. A partir de 3-4 ans.



mercredi 11 septembre 2013

Nous ne serons pas des héros - Frédérik Salsedo et Olivier Jouvray

Trentenaire au chômage, Mickaël vit au jour le jour, sans aucune perspective d’avenir. Quand son père infirme lui propose de l’accompagner dans un voyage autour du monde, le jeune homme accepte sans enthousiasme. Il faut dire que Charles, son paternel, en plus d’être en petite forme et de demander des soins constants est aigri, méchant et grande gueule. De La Réunion au Vietnam en passant par l’Inde, New York, le Maroc et la Finlande, Mickaël et Charles vont vivre une aventure humaine pleine de turbulences mais qui au final les rapprochera de manière inattendue.

L’album repose sur un choc de générations doublé d’une difficile relation père-fils. Entre un père souhaitant retourner sur les lieux de sa jeunesse bohème et un fils glandouilleur, paumé et inculte, la cohabitation est plus que délicate. Charles ne comprends pas le manque de curiosité intellectuelle de son rejeton,  il lui reproche son apathie.  Mickaël quant à lui ne supporte pas la mauvaise humeur et les excès permanents de son géniteur. Finalement chacun juge l’autre durement dans un climat d’incompréhension totale qui va quelque peu à peu s’atténuer au fil du voyage. Tout cela se termine sur une note pleine d’émotion, certes attendue mais fort bien amenée. Seul regret, quelques passages bavards et des propos moralisateurs sur les méfaits de la société de consommation pas forcément indispensables.

Le dessin réaliste laisse parfois place à quelques cases « cartoonesques » qui ne sont pas sans rappeler des effets graphiques propres au manga. Pour chaque pays visité une illustration pleine page offre une respiration bienvenue qui casse le coté trépidant d’un voyage effectué au pas de course.

Une jolie réflexion sur la filiation et le sens de l’existence pour un album à la fois intimiste en non dénué d’une certaine profondeur. En gros et pour faire simple : j’ai aimé.

Une BD offerte par Cristie que je remercie au passage pour cette gentille attention.

Nous ne serons pas des héros de Frédérik Salsedo et Olivier Jouvray. Le Lombard, 2010. 84 pages. 16,45 euros.

Un petit extrait en passant : "  Je crois en rien et je m’interroge sur tout. Je me poserai la question de l’existence de Dieu quand je serai mort, avant ça, je risque pas trop d’avoir une réponse sensée, alors je m’intéresse à autre chose. "

L'avis de Cristie






mardi 10 septembre 2013

Mon comptinier - Stéphane Bataillon et Éric Gasté

Allez, aujourd’hui on révise ses classiques. Trouvez-moi la dernière phrase des comptines ci-dessous. Et de mémoire hein, pas la peine d’aller chercher dans G***** ou chez son ami wiki.

Une araignée sur le plancher
Une araignée sur le plancher 
Se tricotait des bottes.
Dans un flacon, un limaçon
Enfilait sa culotte. J'ai vu dans le ciel
Une mouche à miel
Pincer sa guitare.
Les rats tout confus
Sonnaient l'angélus
...

C’est demain dimanche
C'est demain dimanche
La fête à ma tante
Qui balaie sa chambre
Avec sa robe blanche
Elle trouve une orange
L'épluche et la mange


Scions, scions, scions du bois
Scions, scions, scions du bois
Pour la mère, pour la mère,
Scions, scions, scions du bois,
Pour la mère Nicolas,
Qu'a cassé ses sabots,


Si vous n’êtes pas au point, j’ai le recueil parfait pour vous remettre à niveau. Ce comptinier contient 170 comptines et un cd-audio regroupant les 37 plus célèbres. Ça m’a fait du bien de replonger dans ces indémodables petits moments de poésie. Et puis la comptine est un outil important pour l’éveil au langage, aux sons et aux sens. Rien de tel qu’une comptine pour jouer avec les mots ou aborder pour la toute première fois la question de la numération. Elles peuvent aussi grandement participer à la découverte du corps (exemple ci-dessous avec « Voici ma main »). Bref, la comptine c’est une forme d’apprentissage par le plaisir alors pourquoi  s’en priver.

Voici ma main !
Elle a cinq doigts.
En voici deux, en voici trois.
Le premier, ce gros bonhomme,
C'est le pouce qu'il se nomme.
L'index, lui, montre le chemin.
C'est le second doigt de la main.
Entre l'index et l'annulaire,
Le majeur se dresse en grand frère.
L'annulaire porte l'anneau,
Avec sa bague, il fait le beau.
Le minuscule auriculaire,
Suit partout, comme un petit frère.

Le recueil s’organise en neuf grandes parties, « de la tête aux pieds » et « du réveil au coucher ». Pour ce qui est du CD, j’ai testé et le résultat est concluant. Prenez un bébé de sept mois crapahutant tel un commando marine sur le carrelage du salon. Lancez le CD et vous le verrez s’arrêter instantanément et relever la tête dès les premières notes pour chercher d’où vient cette étrange mélodie aux paroles si rythmées. Hypnotisé !

Un ouvrage complet et indispensable donc. Le seul risque c’est de partir au travail avec en tête l’air de « Pomme de reinette » et de ne pas pouvoir s’en débarrasser de toute la journée. A la longue je reconnais que c’est un peu agaçant.

Mon comptinier de Stéphane Bataillon et Éric Gasté. Tourbillon, 2013. 174 pages + 1 CD-audio. 15,95 euros.