Màn, la narratrice, a quitté Saigon pour rejoindre son mari, un restaurateur vietnamien exilé au Québec. Mariage arrangé bien sûr, l’époux ayant été choisi par sa mère. Elle s’installe dans sa nouvelle vie sans véritables espoirs ni regrets, semblant ne rien attendre de précis de cette existence entièrement dévouée au travail. Elle s’investit en cuisine, concoctant des plats qui parfois tirent des larmes aux clients. C’est sa meilleure amie Julie qui va l’ouvrir au monde et lui faire trouver le juste équilibre entre la rigidité de son éducation vietnamienne et les postures démonstratives propres aux occidentaux : prendre ses enfants dans ses bras, les embrasser, chanter à voix haute… Et puis il y a Luc, rencontré en France après la parution d’un ouvrage culinaire devenu un best seller. Luc, l’homme marié qui deviendra l’amant passionné, celui dont elle gardera en mémoire chacune des parcelles de la peau. Celui grâce auquel elle osera « se regarder nue longuement dans un miroir. » Une histoire d’amour aussi brûlante qu’impossible…
Le récit suit parallèlement le parcours de Màn et celui de sa mère. De courts chapitres, parfois de simples paragraphes, introduits par des mots français accompagnés de leur traduction en vietnamien. Le ton est proche de la confidence et les phrases semblent chuchotées. Parfois resurgissent du passé des lieux, des sensations enfouies. J’aime évidemment ce coté elliptique qui apporte une forme de légèreté. La confession, certes des plus intimes, reste constamment traversée par la plus grande pudeur. La narratrice marche sur un fil, elle se livre sans jamais tomber dans le grand déballage indécent.
Le récit suit parallèlement le parcours de Màn et celui de sa mère. De courts chapitres, parfois de simples paragraphes, introduits par des mots français accompagnés de leur traduction en vietnamien. Le ton est proche de la confidence et les phrases semblent chuchotées. Parfois resurgissent du passé des lieux, des sensations enfouies. J’aime évidemment ce coté elliptique qui apporte une forme de légèreté. La confession, certes des plus intimes, reste constamment traversée par la plus grande pudeur. La narratrice marche sur un fil, elle se livre sans jamais tomber dans le grand déballage indécent.
Un superbe texte à la fois tendre, délicat et
gourmand. Dans ce métissage de goûts et de couleurs, cuisine et mémoire jouent
un rôle majeur. Kim Thuy propose à travers ce touchant portrait de femme une
réflexion sur l’identité, sur cette complémentarité entre l’héritage maternel
et l’exil qui donne un sens à l’existence de Màn. Un grand merci à Marilyne pour
m’avoir donné envie de découvrir ce court roman aussi fin qu’élégant, je me
suis régalé.
Màn,
de Kim Thuy. Liana Levi, 2013.
144 pages.
14,50 euros.
N’oubliez pas si vous souhaitez découvrir ce titre
de participer au concours que je propose jusqu’à mercredi prochain. Et filez donc voir le billet de Marilyne qui m’a
convaincu de découvrir ce roman et l’excellent article qu’elle a rédigé suite à sa
rencontre avec l’auteure.