Dauvillier et Lizano © Le Lombard 2012 |
Si Dounia Cohen est aujourd’hui grand-mère, elle continue de porter sur sa jeunesse un regard empreint d’une certaine mélancolie. Lorsque sa petite fille Elsa lui propose de raconter son histoire pour évacuer sa tristesse, la vieille femme s’exécute et lui ouvre son cœur.
C’est au cours de l’année 1942 que tout a basculé. Un soir, en rentrant de l’école, son père lui annonce que les Cohen sont devenus une famille de shérifs et que du coup, ils doivent porter une étoile jaune. Pour Dounia, cette étoile signe le début des ennuis. A l’école, la maîtresse l’ignore et à la récré plus personne ne veut jouer avec elle. Le jour où la police vient chercher ses parents, son père la cache dans le double fond d’un placard. C’est la voisine du dessous qui la récupère quelques heures plus tard. Commence alors pour Dounia et et cette femme un exode qui les mènera en pleine campagne dans une ferme tenue par la pétillante Germaine...
Loïc Dauvillier et Marc Lizano articulent leur récit autour de l’un des événements les plus sombres de l’histoire de France, la rafle du Vel’ d’Hiv. Si Dounia échappe à l’arrestation, change de ville et d’identité, c’est grâce au formidable élan de résistance civile et de solidarité manifesté par une partie de la population. Au-delà du Vel d’Hiv, les auteurs rendent un vibrant hommage aux Justes, ces héros ordinaires qui n’hésitaient pas à risquer leur vie pour cacher des enfants juifs. Cette BD jeunesse est parfois cruelle (l’institutrice antisémite, les violences policières, la délation…) mais elle reste traversée par un indéfectible optimisme. Bien sûr, l’image de la mère de Dounia revenue des camps est terrible et d’une insondable tristesse, mais c’est une façon intelligente de parler aux enfants des camps de la mort sans avoir à les montrer. Un album qui va nécessairement interpeller les jeunes lecteurs auxquels il s’adresse. Mais parce que le ton est juste, parce que le récit est pétri de finesse et de subtilité, cette Enfant cachée se révèle au final une incontestable réussite.
Une BD pédagogique sacrément bien menée à recommander chaudement en ces temps où le travail de mémoire n’est plus, et de loin, une priorité nationale.
Allez, si je devais vraiment chipoter, j’émettrais un bémol concernant le lettrage. Il est un peu trop « brouillon » et pourra poser des problèmes aux enfants ayant quelques difficultés de déchiffrage. Mais ne vous arrêtez surtout pas à ce détail. De la bande dessinée jeunesse d’une telle qualité, il serait vraiment dommage de s’en priver.
L’enfant cachée de Marc Lizano, Loïc Dauvillier et Greg Salsedo. Le Lombard, 2012. 80 pages. 16,45 euros. Dès 9 ans.
Dauvillier et Lizano © Le Lombard 2012 |
Mention spéciale Jury Oecuménique de la Bande dessinée 2013 |
Mon premier gros coup de coeur de 2012 ! Une lecture vivement conseillée !!!
RépondreSupprimerLa BD qui fait le buzz en ce mercredi de Mango ! :)
@ Yvan : espérons que nous allons faire de nombreux adeptes !
RépondreSupprimervous pouvez me compter parmi vos adeptes Messieurs ^^ Je vais prendre connaissance de l'avis d'Yvan
RépondreSupprimerMerci à vous pour vos chroniques ;)
cela me semblait tentant pour mes fils, d'ici 1 an (que l'aîné ait 9 ans), mais je m'arrête au lettrage. Il est dyslexique.
RépondreSupprimerRepéré chez Yvan qui en a fait son 1er coup de coeur de l'année. Noté, évidemment...
RépondreSupprimerJe l'avais justement repérée dans le journal de Spirou mais elle n'était pas encore chez mon libraire. Ton billet va m'encourager à y retourner !
RépondreSupprimerCette BD fait coup double ce mercredi. Voilà un beau succès et une entrée remarquée. Pas question de ne pas la lire. Je vais la rechercher à tout prix.
RépondreSupprimerJe suis passé en librairie ce matin et ce titre figure dans mes achats du mois !
RépondreSupprimerHâte de la lire, donc ^^
@ Mo' : je sais que tu aimes ce duo d'auteurs depuis La petite famille. J'espère que je pourrais lire ton avis sur ce titre.
RépondreSupprimer@ Lystig : c'est un vrai problème. Quand il y ades césures en fin de ligne, quand la taille de chaque lettre et l'espace entre chaque mot n'est pas suffisant et que l'interligne est trop serré, c'est un calvaire pour les enfants dyslexiques.
@ soukee, Nahe et Mango : notez et lisez, vous devriez apprécier.
@ Oliv : de mon coté, hâte de te lire !
mais je pourrai la lire que pour moi...
RépondreSupprimerDeux avis positifs dans la bd du mercredi, deux bonnes raisons de regarder cet album.
RépondreSupprimerJe l'ai feuilletée ce matin en librairie, c'est vrai que ça a l'air vraiment très bien !!
RépondreSupprimerComme beaucoup, j'aime les écrits sur cette période sombre. Si en plus, le tout est intelligent, je ne peux que m'y essayer prochainement !
RépondreSupprimerIl me la faut, pour mes collègues, à l'école... mais aussi pour moi!! En sixième année du primaire (notre sixième à nous, au Québec, dernière année avant de passer à l'école secondaire - les jeunes y ont 11-12 ans), le thème de la 2e guerre mondiale est au programme d'histoire. Cet album semble génialement pertinent pour ces classes!
RépondreSupprimerBien évidemment notée-soulignée-surlignée !
RépondreSupprimerYvan, Jérôme, Mo', Soukee, Nahe, Mango, OliV,Listig, Yaneck, noukette, kikine, luneau,emmyne -> Merci. C'est très touchante de découvrir que l'ouvrage donne envie de le lire. Nous sommes sur ce projet depuis la fin de la Petite Famille, c'est à dire 2005.
RépondreSupprimerAvec ce livre, j'ai mesuré comme faire simple peut être compliqué.
Pour le moment, les retours sont très encourageants. A l'exception d'une chronique, les chroniques "négatives" sont toujours mesurés et motivés par la position du rédacteur. Je suis même d'accord avec certaines.
La prochaine étape, c'est le festival et la présentation de l'exposition numérique.
Ce matin, j'étais à l'AJPN. Après l'exposition, nous travaillons sur un livret pédagogique à destination des enseignants. Comme vous le voyez, le combat n'est pas terminé. Il est évident qu'un succès du livre serait d'une grande aide pour continuer à parler du sujet. Nous sommes dans une période trouble. C'est une année d’élection, la bête ne semble pas être morte. Si vous voyez ce que je veux dire.
Lystig-> merci de votre intervention. J'ai une question à vous poser. Pouvez vous m'expliquer la difficulté que votre fils rencontre vis à vis du lettrage ? Mon but est d'intégrer cette difficulté pour faire évoluer mon travail. Merci de votre aide !
Pour information, il n'y a pas de césure... mais cela n'est peut-être pas suffisant.
un grand merci à vous...
Loïc
@ Lystig : j'espère bien !
RépondreSupprimer@ Yaneck, Noukette, Kikine et Emmyne : si vous cédez à la tentation, je serais heureux de lire vos avis.
@ PG : En france, la période est étudiée en CM2 et en 3ème. Cet album est parfait pour les CM2 (qui ont généralement entre 9 et 11 ans).
@ Loïc Dauvillier :
RépondreSupprimerpour le lettrage, il faut des caractères nets pour éviter le mélange des lettres (déjà dans la tête du dyslexique) ; des b, des d, des p, des q avec des "barres longues", c'est le top (cela dépend de la police), des mots séparés, etc.
là, il est difficile de dire quoi que ce soit par rapport à des photos de vignettes.
@ Loïc Dauvillier : le problème avec la police que vous avez choisi c'est que par exemple les R et les D se ressemblent terriblement.
RépondreSupprimerJe collabore régulièrement avec un éditeur spécialisé pour les publics "dys" (dyslexiques, dyspraxiques...). Il travaille avec des orthophonistes menant des études autour des difficultés de lecture, notamment au CHU de Montpellier. En gros, les règles à respecter pour faciliter la lecture des "dys" sont : une police de caractère la plus lisible possible, sans ambiguité ; une longueure de ligne limitée (lire un roman au format à l'italienne pour des "dys" est un cauchemar) ; pas de césure en fin de ligne ; un interligne suffisamment important pour que le lecteur ne saute pas une ligne ou ne relise pas plusieurs fois la même ; une taille de caractère importante pour ne pas trop fatiguer les yeux (beaucoup d'enfants ont des problèmes de vue non traités pour diverses raison, économiques ou autres et ne portent pas de lunettes alors qu'ils le devraient).
Attention, tous les éléments que je viens de décrire ne concernent absolument pas votre ouvrage, ce sont juste des règles à appliquer pour faciliter la lecture des "dys", rien de plus.
Merci en tout cas d'être venu faire un tour ici. Je viens d'enchaîner plusieurs BD plutôt moyennes et votre album m'a procuré un plaisir de lecture que je n'avais pas ressenti depuis un certain temps, ça fait du bien.
@ Jérôme :
RépondreSupprimermerci de compléter ma réponse !
Tu me fais penser : chez nous aussi, le thème de la Deuxième Guerre mondiale est revu plus tard dans le cursus scolaire, quand les jeunes sont rendus à 15 ou 16 ans je crois! C'est donc assez semblable à chez vous!!
RépondreSupprimerP.S.: Wow! Tu as eu la visite de l'un des créateurs!! Chanceux, va!! C'est vraiment chouette!
Un joli album à mettre au programme scolaire.
RépondreSupprimerOui, j'arrive avec un an de retard, mais, mieux vaut tard que jamais. Je viens de lire cet album et j'en ai beaucoup apprécié l'aspect pédagogique.
Je trouve aussi intéressant l’aparté à propos des enfants dyslexiques dans les commentaires. Je suis dyslexique et c'est grâce à la bande dessiné que j'ai appris à lire (et à aimer lire!) Au début je ne pouvais lire que Topolino, (hebdomadaire italien de Mikey) puis ma mère m'a offert une montagne de Tintin! Je vous dis pas le cauchemar pour arriver à les lire. Mais... au bout de la 20ème lecture... que de bon souvenirs
L'école devrait peut-être encourager plus la lecture de BD pour donner goût à la lecture
L'école commence à se mettre sérieusement à la BD est c'est tant mieux.
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