Delitte © Glénat 2011 |
Méditerranée, septembre 1915. Alors que son bateau à vapeur vient d’être coulé par un U-boot autrichien et qu’il a trouvé refuge avec ses hommes dans un canot de sauvetage, le capitaine Julien Chauvelon se souvient avec nostalgie du Belem, ce majestueux trois-mâts qu’il commanda de 1901 à 1914. Avec ce navire de commerce, il vogua avec bonheur sur les eaux de l’océan Atlantique et de la mer des Antilles. A la fin de l’année 1913, le Belem entama sa dernière campagne à destination d’Aruba (Venezuela). Son armateur français ayant fait faillite, le bateau fut vendu au Duc de Westminster qui en fit un navire de plaisance. Fleuron de la marine marchande au long cours, le Belem est aujourd’hui le plus ancien trois-mâts européen en état de navigation et il sert essentiellement de bateau école en offrant des stages d'initiation et de découverte aux passionnés.
Avec cet album, Jean-Yves Delitte clôt sa quadrilogie consacrée au Belem. Il relate ici la toute dernière traversée du célèbre trois-mâts, synonyme de passage de témoin entre la marine à voile et celle à vapeur. La fin d’une époque ! Basée sur une histoire vraie (le capitaine Chauvelon et ses hommes ayant réellement erré pendant onze jours en septembre 1915 avant d’accoster sur les côtes de la Crète), le scénario alterne entre les souvenirs du capitaine et sa situation délicate suite à l’attaque autrichienne. Une construction enchâssée qui ne pose finalement aucun problème de compréhension et qui permet de « casser » l’aspect linéaire des événements.
Visuellement, c’est évidemment superbe. J’adore Delitte donc mon avis ne sera pas objectif. Mais quand même, il faut bien avouer que ce dessinateur, peintre officiel de la marine belge, est passé maître dans l’art de restituer le mouvement des vagues et des bateaux. Ses grands aplats de noir, ses couleurs souvent crépusculaires et la précision des détails qu’il apporte à chaque case sont admirables. Autre aspect que j’apprécie dans son dessin, les visages des personnages qui se reconnaissent au premier coup d’œil. De plus, il a disséminé dans cet album de nombreuses doubles pages panoramiques du plus bel effet. Bref, au-delà de l’histoire, ce quatrième épisode des aventures du Belem vaut surtout pour sa maestria graphique.
Un très bel album qui n’est certes pas un chef d’œuvre mais qui reste suffisamment dépaysant et instructif pour emporter l’adhésion des lecteurs. D’ailleurs, c’est avec plaisir que j’achèterais l’intégrale de la série, si elle sort un jour !
Le Belem T4 : La dernière traversée de Jean-Yves Delitte. Glénat, 2011. 48 pages. 13,50 euros.
Delitte © Glénat 2011 |