Sylvain et Sylvette sont nés dans les pages de l’hebdomadaire Cœurs vaillants-Âmes vaillantes en pleine seconde guerre mondiale. Leur première apparition date en effet du 31 août 1941, dans le neuvième numéro de ce journal catholique. Au tout début, le frère et la sœur vivent avec leur mère mais lors d’une cueillette de champignons ils se perdent dans la forêt profonde et trouvent refuge dans une chaumière abandonnée. Grâce à leur courage et à une bonne dose d’astuce, les enfants parviennent sans trop de problèmes à survivre. Amis de la nature et des animaux, ils s’entourent rapidement d’une joyeuse ménagerie. Au fil de leurs aventures, ils se lient d’amitié et accueillent chez eux le chien Alfred, la biquette Barbichette, le canard Coin-Coin, l’oiseau Cui-Cui, l’âne Gris-Gris, le hibou Hurluberlu, l’agneau Mignonnet, le matou Moustachu, la corneille Olga, le lapin Panpan, la poule Poulette, le rat Raton ou encore l’oie Sidonie. Mais si Sylvain et Sylvette sont appréciés par leurs amis à plumes et à poils, ils sont aussi confrontés aux agissements coupables des « compères », un quatuor composé d’un renard, d’un ours, d’un loup et d’un sanglier qui n’auront de cesse de vouloir capturer les animaux vivant avec les héros pour les transformer en casse-croute. Mais ces compères plus bêtes que méchants voient chacune de leur tentative échouer lamentablement.
Créé par Maurice Cuvillier, cet univers bon enfant se déclinera uniquement dans la presse jusqu’au début des années 50 (en 1945, Sylvain et Sylvette rejoignent le magazine Fripounet et Marisette). C’est en 1953 que sont publiés les premiers albums. Tout le monde se rappelle de ces publications brochées au format à l’italienne composées d’une vingtaine de pages et éditées par Fleurus.
En 1957, à la mort de Cuvillier, Jean-Louis Pesch poursuit et développe la série à un rythme effréné. En plus de cinquante ans, il réalise près de 140 aventures de Sylvain et Sylvette ! Parallèlement, Pierre Chéry en signe cinq entre 1957 et 1961 tandis que Claude Dubois réalise 93 histoires entre 1960 et 1986. C’est aujourd’hui Bérik (pseudonyme de Frédéric Bergèse) qui s’est vu confier les rênes de cette incroyable série qui enchante les enfants depuis maintenant 70 ans.
Cet incontournable de la BD franco-belge propose des récits tendres et innocents. Les intrigues sont toujours légères et pleines d’humour. Le cadre bucolique, l’harmonie existant entre les enfants, les animaux et leur environnement ainsi que la vie au rythme des saisons sont autant d’arguments qui ont su séduire plusieurs générations de très jeunes lecteurs. D’ailleurs beaucoup de parents gardent de doux souvenirs des aventures de Sylvain et Sylvette et s’attachent à transmettre ce patrimoine à leurs enfants.
Plus grandes forces de cette série :
- Le fait que chaque aventures reste « légère », que l’on sache dès le départ que rien de bien grave ne pourra arriver aux animaux et aux enfants. Un coté rassurant qui fait du bien à l’heure où les publications pour la jeunesse sont de plus en plus anxiogènes.
- L’aspect « robinsonnade » qui plaît beaucoup aux tout jeunes lecteurs : un frère et une sœur vivant seuls loin du monde des adultes et qui arrivent toujours à se débrouiller avec l’aide de leurs amis, ça fait rêver.
- L’état d’esprit très altruiste qui traverse la série. L’entraide est omniprésente. Chacun est prêt à tout pour sortir ses camarades d’une mauvaise passe de manière désintéressée. C’est peut-être très naïf mais ça fait du bien !
- Le décor bucolique parfaitement rendu par Jean-Louis Pesch. Cet excellent dessinateur animalier a su reprendre le flambeau de Maurice Cuvillier en l’enrichissant grandement au niveau visuel.
Ce qui m’a le plus agacé :
- L’aspect répétitif des situations : les compères à moitié morts de faim cherchent à investir la chaumière des enfants pour leur voler des victuailles ou kidnapper des animaux et n’y parviennent jamais. Sur la longueur, on a parfois l’impression de toujours lire le même album.
- Le coté naïf (qui a dit niais ?) des intrigues. De gentils enfants, dans une gentille forêt, entourés de gentils animaux qui vivent de gentilles aventures. Ce point négatif n’est valable que pour les vieux lecteurs aigris ayant perdu l’insouciance de leur jeunesse.
- Les derniers albums, d’une qualité indigne de la série. Les albums de gags en une planche qui paraissent alternativement avec les aventures longues depuis 2001 sont d’une affligeante nullité. Mais bon, ce constat s’impose avec toutes les grandes séries classiques dont on continue à exploiter la notoriété avec de nouveaux albums chaque année.
Un extrait du tome 39 : Vas-y, Basile ! |
Carte d’identité de la série : Auteurs : Maurice Cuvillier, Jean-Louis Pesch, Claude Dubois, Pierre Chery, Bérik Date de création : 1941 Nombre d'albums : 55 dans la série en cours Éditeur : Fleurus, Le Lombard, Dargaud |