vendredi 15 juillet 2011

Sylvain et Sylvette

Sylvain et Sylvette sont nés dans les pages de l’hebdomadaire Cœurs vaillants-Âmes vaillantes en pleine seconde guerre mondiale. Leur première apparition date en effet du 31 août 1941, dans le neuvième numéro de ce journal catholique. Au tout début, le frère et la sœur vivent avec leur mère mais lors d’une cueillette de champignons ils se perdent dans la forêt profonde et trouvent refuge dans une chaumière abandonnée. Grâce à leur courage et à une bonne dose d’astuce, les enfants parviennent sans trop de problèmes à survivre. Amis de la nature et des animaux, ils s’entourent rapidement d’une joyeuse ménagerie. Au fil de leurs aventures, ils se lient d’amitié et accueillent chez eux le chien Alfred, la biquette Barbichette, le canard Coin-Coin, l’oiseau Cui-Cui, l’âne Gris-Gris, le hibou Hurluberlu, l’agneau Mignonnet, le matou Moustachu, la corneille Olga, le lapin Panpan, la poule Poulette, le rat Raton ou encore l’oie Sidonie. Mais si Sylvain et Sylvette sont appréciés par leurs amis à plumes et à poils, ils sont aussi confrontés aux agissements coupables des « compères », un quatuor composé d’un renard, d’un ours, d’un loup et d’un sanglier qui n’auront de cesse de vouloir capturer les animaux vivant avec les héros pour les transformer en casse-croute. Mais ces compères plus bêtes que méchants voient chacune de leur tentative échouer lamentablement.

Créé par Maurice Cuvillier, cet univers bon enfant se déclinera uniquement dans la presse jusqu’au début des années 50 (en 1945, Sylvain et Sylvette rejoignent le magazine Fripounet et Marisette). C’est en 1953 que sont publiés les premiers albums. Tout le monde se rappelle de ces publications brochées au format à l’italienne composées d’une vingtaine de pages et éditées par Fleurus.

En 1957, à la mort de Cuvillier, Jean-Louis Pesch poursuit et développe la série à un rythme effréné. En plus de cinquante ans, il réalise près de 140 aventures de Sylvain et Sylvette ! Parallèlement, Pierre Chéry en signe cinq entre 1957 et 1961 tandis que Claude Dubois réalise 93 histoires entre 1960 et 1986. C’est aujourd’hui Bérik (pseudonyme de Frédéric Bergèse) qui s’est vu confier les rênes de cette incroyable série qui enchante les enfants depuis maintenant 70 ans.

Cet incontournable de la BD franco-belge propose des récits tendres et innocents. Les intrigues sont toujours légères et pleines d’humour. Le cadre bucolique, l’harmonie existant entre les enfants, les animaux et leur environnement ainsi que la vie au rythme des saisons sont autant d’arguments qui ont su séduire plusieurs générations de très jeunes lecteurs. D’ailleurs beaucoup de parents gardent de doux souvenirs des aventures de Sylvain et Sylvette et s’attachent à transmettre ce patrimoine à leurs enfants.

Plus grandes forces de cette série :

  • Le fait que chaque aventures reste « légère », que l’on sache dès le départ que rien de bien grave ne pourra arriver aux animaux et aux enfants. Un coté rassurant qui fait du bien à l’heure où les publications pour la jeunesse sont de plus en plus anxiogènes.
  • L’aspect « robinsonnade » qui plaît beaucoup aux tout jeunes lecteurs : un frère et une sœur vivant seuls loin du monde des adultes et qui arrivent toujours à se débrouiller avec l’aide de leurs amis, ça fait rêver.
  • L’état d’esprit très altruiste qui traverse la série. L’entraide est omniprésente. Chacun est prêt à tout pour sortir ses camarades d’une mauvaise passe de manière désintéressée. C’est peut-être très naïf mais ça fait du bien !
  • Le décor bucolique parfaitement rendu par Jean-Louis Pesch. Cet excellent dessinateur animalier a su reprendre le flambeau de Maurice Cuvillier en l’enrichissant grandement au niveau visuel.
Ce qui m’a le plus agacé :

  • L’aspect répétitif des situations : les compères à moitié morts de faim cherchent à investir la chaumière des enfants pour leur voler des victuailles ou kidnapper des animaux et n’y parviennent jamais. Sur la longueur, on a parfois l’impression de toujours lire le même album.
  • Le coté naïf (qui a dit niais ?) des intrigues. De gentils enfants, dans une gentille forêt, entourés de gentils animaux qui vivent de gentilles aventures. Ce point négatif n’est valable que pour les vieux lecteurs aigris ayant perdu l’insouciance de leur jeunesse.
  • Les derniers albums, d’une qualité indigne de la série. Les albums de gags en une planche qui paraissent alternativement avec les aventures longues depuis 2001 sont d’une affligeante nullité. Mais bon, ce constat s’impose avec toutes les grandes séries classiques dont on continue à exploiter la notoriété avec de nouveaux albums chaque année.

Un extrait du tome 39 : Vas-y, Basile ! 


Carte d’identité de la série :

Auteurs : Maurice Cuvillier, Jean-Louis Pesch, Claude Dubois, Pierre Chery, Bérik
Date de création : 1941
Nombre d'albums : 55 dans la série en cours
Éditeur : Fleurus, Le Lombard, Dargaud

15 commentaires:

  1. Je me demande si un de mes maîtres ne nous en faisait pas lire en classe...

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  2. Ah! Ces bons vieux classiques. J'adore ta vision des choses : c'est si vrai que le côté naïf est rassurant, en quelque sorte, et que la vie de reclus qui est celle de Sylvain et Sylvette fait rêver!! Relire ces aventures un peu nunuches, c'est comme goûter à du bon miel : ça nous rappelle pleins de souvenirs... Nostalgie, quand tu nous tiens! Je ressens la même chose quand je me plonge dans un Bécassine!
    P.S.: Ça me fait vraiment drôle de retrouver le canevas de mes critiques sur un autre site! J'aime ça!!!

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  3. La honte, je ne connais même pas !

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  4. Assez d'accord avec toi et PG, le fait de relire ces albums rappelle des souvenirs ^^ Je préfère tout de même les vieux albums de la série avec leur format à l'italienne

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  5. C'est vrai Mo', les albums de 32 pages au format à l'italienne des éditions Fleurus ont un charme inimittable !

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  6. AH ! née en 58, Sylvain Sylvette faisait partie de mes BD favorite. J'y trouvais là tout ce qui mêlait rêves et angoisses. Pour moi les 2 héros pouvaient se voir frère soeur, ou amis ou un couple. Je ne me rappelle pas avoir connu la génèse de leur histoire.
    Leur vie rurale avec leurs animaux si proches, les méchants que sont les compères....bref, j'y trouvai mon compte jusqu'à 10 ans environ.

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  7. Une présentation intéressante qui permet en plus de s'y retrouver parmi les éditeurs, à voir à

    http://www.crilj.org/archives/5136

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  8. @ Anonyme : merci pour le lien. Très intéressant en effet.

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  9. Les éditions du Triomphe viennent de rééditer des albums de Pierre Chéry. Ce dernier vit toujours.

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    1. Merci, je vais aller voir ça sur le site de l'éditeur.

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  10. oui oui oui je lisais ça étant petite (je suis née en 1960) et j'adorais ces charmants album au format Italien !
    De plus je m'appelle Sylvie, et ma petite fille m'appelle mamie Sylvette : )

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    1. Mère aussi a conservé quelques albums de sa jeunesse. Ce sont mes filles qui en profitent aujourd'hui.

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  11. Merci pour ces infos ! je ne connaissais pas le coup de la cueillette des champignons ! :O
    Je mets un lien sur mon blog vers ce billet très riche !
    J'ai eu beau en lire plusieurs à la suite qd Junior les empruntait à la mdtk, je ne m'en laissais pas. Le côté 'gentillet' ne me gêne pas.
    Une bonne idée de les adapter en petit format, mini histoire, pour les + jeunes. J'en ai vu au salon de Rennes, mais pas sur Amaz*n...

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    1. Oui ce sont les éditions P'tit Louis (http://www.editionsptitlouis.fr/) qui éditent ces petits albums. Une bonne idée.

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  12. Née en 53 c'était toute ma jeunesse. J'aurais tout comme les clubs des 5 et la contesse de Segur

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