Sujet difficile, brûlant même, et malheureusement toujours d’actualité. Les violences faites aux femmes sont ici abordées « après coup ». Un traitement intéressant dans la mesure où il offre une relative distance par rapport à l’émotion brute des actes relatés « en direct ». Pour autant, même si la séparation avec l’agresseur est actée et définitive, les dégâts restent considérables et les blessures difficiles à cicatriser.
Thibaut Lambert a choisi une bichromie aux nuances sanguines pour relater la reconstruction de Manon. Son présent est dessiné avec un encrage épais tandis que les flash-back la ramenant dans son passé avec Steph sont représentés dans un lavis donnant une impression de souvenirs diffus et cotonneux. Ce parti pris graphique fonctionne bien et ne nuit en rien à la lecture, bien au contraire.
Je trouve par contre que tout va un peu trop vite dans cette histoire. La résilience de la jeune femme s’effectue « comme dans un rêve » : la psy est parfaite, les amies formidables et le nouveau copain est une crème. Ce déroulement positif participe forcément à la remise en confiance de Manon et quelques scènes n’éludent pas les problèmes rencontrés ou ceux restant à résoudre mais au final la trajectoire semble trop linéaire et manque parfois d’aspérités.
Après, cela renforce le message d’espoir porté par le récit, ce qui est évidemment une bonne chose et il serait stupide de réclamer davantage de coups durs pour Manon mais j’ai eu l’impression d’être resté à la surface des choses et de manquer d’un poil de profondeur. En même temps, on ne parlera jamais assez des violences faites aux femmes, il importe donc de défendre cet album qui met en lumière la possibilité d'un avenir tourné vers l'apaisement et une certaine forme de sérénité.
De rose et de noir de Thibaut Lambert. Des ronds dans l’eau, 2017. 72 pages. 18,00 euros.
Une lecture commune partagée avec Mo.
Comme toi Monsieur : j'ai bien aimé, mais...
RépondreSupprimerC'est un peu le sentiment qui prédomine...
SupprimerUn traitement du sujet peut-être un peu trop en surface ou survolé ? En tout cas, il manquait visiblement un truc. Pas trop tentée du coup.
RépondreSupprimerIl manque un petit rien, oui, je ne vais pas le nier.
SupprimerMalgré tes réserves, comme dit chez Mo, je note car j'aime ce genre de BD.
RépondreSupprimerEt tu as bien raison parce que malgré mes bémols c'est un album qui vaut largement le coup d’œil.
SupprimerC'est un sujet qui m'intéresse, j'avais d'ailleurs lu Dans les sables mouvants qui était autobiographique.
RépondreSupprimerSi je le croise en bibliothèque je le feuilletterai.
N'hésite pas !
SupprimerTu crois que ça pourrait convenir à une jeune femme qui... Question délicate, je le sais ? Même si tu me réponds oui, je me demande si j'oserais l'offrir...
RépondreSupprimerA vrai dire je ne sais pas... il vaudrait sans doute mieux qu'elle choisisse de le lire d'elle-même.
SupprimerIl importe de le défendre et tu le fais très bien, malgré tout...
RépondreSupprimerBien sûr, il est important je trouve de parler d'un album comme celui-là.
SupprimerLe sujet m'intéresse beaucoup aussi et en règle générale, je suis plus attirée par l'épuré ou le bichromie : au plus simple au mieux. Je retiens ce titre malgré ton bémol.
RépondreSupprimerPour ce qui est de l'épuré, tu vas y trouver ton compte je pense.
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