mercredi 1 août 2012

Blue de Kiriko Nananan

Nananan © Casterman 2012
Kirishima et Endô sont élèves en terminale dans un lycée exclusivement réservé aux filles. Si la première est bien intégrée, la seconde intrigue par son comportement réservé. L’année précédente, elle a même été renvoyée de l’établissement sans que personne ne sache vraiment pourquoi. Si pour beaucoup de filles, « c’est un peu difficile de lui adresser la parole après ça », Kirishima ne porte pas sur Endô le même regard que ses camarades : « Ce visage… il m’a toujours attirée. Cette fille, j’ai envie d’être son amie. » Après lui avoir proposé de manger avec elle, Kirishima va emmener Endô en bord de mer : « jusqu’au coucher du soleil, on a bavardé. Je trouvais Endô tellement jolie. La forme de ses yeux, l’alignement de ses dents. Son haleine, comme la mienne, sentait bon la menthe. J’étais bien. Heureuse de sentir que je commençais à aimer Endô. » Leur relation amicale va naturellement évoluer vers plus d’intimité. Mais à un âge où les questions existentielles et les premiers émois sont souvent sources de tensions, cette histoire d’amour atypique n’aura rien du long fleuve tranquille.

J’avoue que je ne connaissais absolument pas Kiriko Nananan. C’est sur les bons conseils de Marie et d’Emmyne que j’ai craqué pour cette édition luxueuse de Blue, sans doute son œuvre la plus célèbre. Un vrai bonheur de découvrir un manga 100% intimiste où il ne se passe finalement rien. N’étant pas du tout un lecteur de shojo, je ne sais pas si cette absence d’action est une loi du genre. Quoi qu’il en soit, l’économie de moyens mise en œuvre ici est une réussite. Elle permet de souligner avec force les silences, les non dits, les questionnements et les hésitations des protagonistes.

De très grandes cases, une quasi absence de décors, beaucoup de gros plans et des attitudes le plus souvent figées, l’auteure ne chercher surtout pas à en mettre plein la vue. Elle déroule son histoire lentement, jouant beaucoup sur les contrastes entre les grands aplats noirs utilisés pour les cheveux et les vêtements et la blancheur immaculée des arrière-plans. Assez déconcertant visuellement, ce parti pris graphique se révèle au final le plus à même de magnifier l’aspect intimiste du propos. Gros bémol néanmoins sur les visages, très difficiles à différencier, ce qui peut par moment poser de vrais problèmes de compréhension.

Malgré ce léger souci, Blue restera une belle découverte. Au-delà de l’homosexualité féminine, ce manga aborde des thèmes aussi variés que les choix professionnels ou encore la fin des amitiés lycéennes. Simple, touchant et fort bien mené.


Blue de Kiriko Nananan. Casterman, 2012. 230 pages. 18,50 euros.

Les avis de Mo', Marie, Yvan, Lunch


Nananan © Casterman 2012

 

32 commentaires:

  1. Tu déterres mes vieux articles !! ^^
    Et ce n'est pas du shojo... sinon je n'aurais pas lu :P
    Les albums de Nananan se ressemblent beaucoup mais j'ai toujours eu du plaisir à les découvrir. Même constat que toi sur les ressemblances physiques entre les personnages. C'est un frein réel durant la lecture

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  2. Ah bon, c'est pas du shojo ? C'est quoi alors ? J'avoue que je suis un peu paumé avec toutes ces catégories.

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  3. Je ne sais pas. Si, ce doit en être. Mais pour moi, je situe le shojo comme des albums pour adolescentes... là ce n'est pas trop le public visé... alors je ne sais pas ^^

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    1. Bon, alors si un spécialiste es manga passa par ici, il pourra peut-être nous éclairer...

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  4. pas du shojo, non, plutôt du roman graphique pour adultes, si je puis dire... Comme toute la collection Ecritures, d'ailleurs :)

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  5. Merci pour ton avis "éclairé". Je sais maintenant que l'on peut qualifier certains mangas de "romans graphiques".

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  6. C'est plutôt du josei, non?
    Je suis ravie qu'il t'ait plu.
    Pour le manque d'action, je crois qu'il est plutôt caractéristique de Kiriko Nananan, qui est plutôt axée sur le psychologique et l'émotionnel.
    Moi aussi je m'emmêlais les pinceaux entre les personnages.

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    1. Josei, tu dis ? Ok, je vais faire un tour chez mon ami wiki, je me coucherais encore un peu moins bête ce soir^^

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    2. Les josei ce sont les mangas pour femmes adultes.

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    3. C'est fou toutes ces catégories. En même temps c'est un peu le charme des mangas, il y en a vraiment pour tous les publics.

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  7. Quelle que soit l’appellation correcte, voilà un manga qui me tente bien !

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    1. Tu as raison, oublions les catégories et disons juste que ce manga est à lire, point barre^^

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  8. Josei, je ne connais pas non plus :p Mais ça a l'air bien quand même ^^

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  9. Idem pour les visages qui se ressemblent et j'ai également trouvé le rythme un peu trop lent...

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    1. C'est vrai que c'est très lent mais c'est un aspect que j'ai beaucoup apprécié.

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  10. J'ai vu que Fildediane t'avais invité au jeu du tag. Surtout, ne perds pas la main !! http://chezmo.wordpress.com/2012/08/02/je-te-tague-tu-me-tagues-par-la-barbichette/
    :P

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  11. Donc finalement, c'est du Joseï. On en apprend des choses ^^

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    1. Et j'ai appris hier chez Marie ce qu'était le Yaoi, c'est un festival de nouveaux mots pour moi ces jours-ci^^

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  12. Ah, non! N'en rajoute pas! Laisse-moi le temps de digérer josei! C'est quoi donc kun Yaoi?!! A mon tour d'aller consulter Wiki!

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  13. Quel raffinement dans le détail! Je m'y perds à vrai dire! Pas sûre du tout de retenir tous ces nouveaux mots + shonen-ai, bara, shota! C'est sans fin! :))

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    1. C'est le problème, il faut vraiment être passionné pour tout retenir.

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  14. Bonjour, j'ai bien aimé ce roman graphique. C'est vrai qu'il ne se passe pas grand chose et pourtant, on ne s'ennuie pas. J'ai aussi eu quelques difficultés à différencier les personnages. Sinon, comme pour toi, c'est une belle découverte.

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    1. Finalement beaucoup d'avis se rejoignent, tant sur les qualités que sur les défauts de ce titre.

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  15. J'en apprends aussi sur ces catégories dans lesquelles je me perds également. Je note ce titre qui semble très beau.

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    1. Un beau titre en effet. Et ces catégories, c'est un vrai casse tête^^

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  16. Sans k.bd je crois que je n'aurais jamais lu Blue, voire simplement un manga de Kiriko Nananan. Pourtant, c'est vrai qu'il dégage une force magnifique derrière un dessin tout en légèreté.
    C'est beau comme les sentiments.

    Et... j'ai eu ce problème aussi à la lecture de reconnaître les personnages. C'est dommage quand même et c'est pour moi son seul point faible, bien anodin face au reste.

    Merci pour le petit lien.

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    1. Moi, c'est sans l'opération anniversaire de Casterman que je n'aurais jamais connu ce titre. Et j'avoue que j'aurais raté quelque chose.

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