Jazz revient à Barcelone après dix ans passés à New York. Il ramène sa sœur qui, en voulant le rejoindre aux États-Unis, s’est retrouvée embarquée dans un réseau mafieux de traite des blanches. De retour dans son quartier natal d’El Raval, Jazz retrouve Téo, son grand ami d’enfance. A l’époque, ils formaient un fameux trio avec un troisième larron prénommé Judas, mais ce dernier a choisi un autre chemin et est devenu un des barons de la pègre locale.
La situation devient critique pour Jazz lorsque les américains débarquent en Espagne pour lui faire payer chèrement la libération de sa sœur. Judas lui vient en aide, mais il propose en contrepartie une mission quasi impossible à remplir…
Les espagnols Raul et Roger ont voulu décrire un quartier barcelonais des années 50-60, entre violence et prostitution. L’ambiance est sombre, très sombre et la violence omniprésente. Les méchants le sont vraiment, pas de doute là-dessus. Entre politiciens véreux, proxénètes New- Yorkais, mafia locale et triade chinoise de Hong Kong, les gros bras à la gâchette facile sont légions. C’est d’ailleurs un peu le souci avec l’ensemble des personnages. Ils sont très caricaturaux. Si les bandits sont d’horribles salauds, les gentils, représentés par une journaliste et un commissaire de police, sont à l’inverse sans aucun défaut : honnêtes, incorruptibles et cherchant coute que coute à rétablir la justice, ils sont les chevaliers blancs d’El Raval. Et au milieu de ces caractères tout noirs ou tout blancs naviguent Jazz et Téo, des héros un peu fades dont la psychologie n’est pas très fouillée. Finalement, tout est prétexte à l’action. Les scènes de bagarres et de fusillades ultra violentes se succèdent à un rythme effréné à tel point que l’on se croirait parfois dans un film de Tarantino. Une BD d’action donc, ni plus ni moins, qui s’adresse avant tout aux fanas du genre.
Et la musique me direz-vous ? Elle se résume au titre de la série et au fait que Jazz est un grand trompettiste. On est à la limite de la tromperie sur la marchandise (surtout au vu de la couverture du tome 1 et de l’intégrale) et j’aimerais bien savoir combien de lecteurs se sont fait avoir en pensant acheter une BD dont le thème principal est la musique.
Coté dessin, Roger mélange réalisme et caricature. Ses influences sont à chercher du coté du manga et des comics. Jazz est une copie quasi conforme du personnage principal de la série Cowboy Bebop tandis que la cambrioleuse Anita fait penser à la Elektra de Frank Miller. Attention, ce n’est pas un reproche, les influences du dessinateur sont parfaitement digérées et cette intégrale en noir et blanc rend davantage hommage à son somptueux travail que les trois volumes publiés individuellement en couleur.
Digne d’un excellent film d’action à l’Américaine, Jazz Maynard a tout pour plaire à un large public. Personnellement, le manque d’épaisseur du scénario et l’omniprésence d’une violence quasi gratuite me gêne beaucoup. Pas ma tasse de thé donc, mais je comprends que l’on puisse aimer cette trilogie barcelonaise.
Jazz Maynard, intégrale : une trilogie barcelonaise, de Raule et Roger, Dargaud, 2010.
152 pages. 29 euros.
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Jazz |
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Spik Spiegel Cow Boy Bebop |
L’info en plus : Prévue initialement en trois volumes, la série compte depuis le mois d’avril un quatrième tome. Pour les aficionados, le réseau de librairies BD Fugue Café a édité un tirage de tête de cet album contenant les planches encrées non retouchées. Ce TT est numéroté sur 250 exemplaires et signé. Il s’agit d’un grand format (36cm) avec dos toilé. Un ex-libris ainsi qu’un carnet de croquis de 16 pages complètent l’ensemble. Le tout est vendu au prix de 95 euros. Toutes les infos ici :
http://www.bdfugue.com/tirage-de-tete-jazz-maynard-t-4-sans-espoir-edition-luxe-numerotee-signee
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Couverture tirage de tête du tome 4
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