Triste constat à l’ouverture de ce quatrième tome : les choses vont de mal en pis. Jean-Christophe Chauzy ne cesse d’amplifier le nihilisme qui caractérise la série depuis le départ avec une volonté farouche de prouver que, devant une situation extrême, l’homme retourne à la sauvagerie primaire et n’a plus la moindre considération pour son prochain. L’aspect tragique de la situation ne fait qu’augmenter à chaque page, aucun personnage n’étant en mesure d’agir par choix et de prendre le contrôle de son destin. C’est sombre, violent, désespéré, porté par une voix off aux accents apocalyptiques terrifiants. N’en déplaise aux collapsologues s’imaginant vivre paisiblement en reclus autosuffisants, un effondrement tel que celui présenté ici, s’il devait avoir lieu, engendrerait bien plus de torrents de larmes que de longs fleuves tranquilles.
Niveau dessin, les vestiges en ruine et les paysages lunaires des Pyrénées sont toujours aussi impressionnants. Les illustrations pleine page et les nombreux panoramiques offrent aux décors une profondeur et une densité qui renforcent la petitesse de l’homme face à la nature.
Clairement pas la série la plus fun et la plus réjouissante de la BD actuelle mais pour les amateurs de récits post-apocalyptiques, ce reste du monde est un incontournable. Seul gros bémol (et petit coup de gueule en passant), la conclusion est tellement ouverte que l’on a du mal à croire le bandeau de couverture annonçant « Le grand final de la saga événement ». Quand on sait que Jean-Chritophe Chauzy travaille déjà à un second cycle, il est facile de comprendre que l’éditeur joue clairement sur les mots pour attirer le lecteur en annonçant une fin qui n’en est pas une. Et pour le coup cet argument commercial laisse en bouche comme un arrière-goût de tromperie sur la marchandise…
Le reste du monde T4 : Les enfers de Jean-Christophe Chauzy. Casterman, 2019. 124 pages. 18,00 euros.
Mon avis sur les tomes 1, 2 et 3