Pas pour rien que ce comics est publié dans la collection « Next Gen » de Marvel. Il s’adresse en effet à de jeunes lecteurs qui seront potentiellement la prochaine génération de fans de Spider-man. Pour les mettre dans le bain, on revient aux bases : la morsure du lycéen Peter Parker par une araignée radioactive, le décès de son oncle Ben après une agression dans la rue, la prise de conscience que ses grands pouvoirs impliquent de grandes responsabilités et ses débuts de redresseur de tort face à des ennemis aussi puissants que variés. On n’oublie pas cependant de replacer ces éléments dans un contexte beaucoup plus contemporain où Spider-man prend des selfies, passe du temps sur les réseaux sociaux et troque sa vieille moto contre un vélo bien plus écolo.
Pour autant, les marqueurs de la série sont respectés. New-York bien sûr, personnage à part entière, mais aussi Tante May, Gwen Stacy, Flash Tompson et l’imbuvable Jonah Jameson, patron du journal le Daily Bugle. Les douze chapitres qui composent ce recueil sont l’occasion de passer en revue le catalogue des grands méchants qui ont marqué l’histoire de Spider-man, du Bouffon Vert à Kraven le Chasseur, d’Electro à Doc Octopus en passant par L’homme Sable, le Lézard, Fatalis ou encore le Vautour et le Scorpion. Rien ne manque et pourtant rien ne marche, du moins si l’on est un tant soit peu habitué à fréquenter Peter Parker depuis longtemps.
Je veux bien que l’on soit dans la mise en bouche, dans l’introduction à un nouvel univers pour de non-initiés, mais pourquoi s’éloigner autant de l’original, qualitativement parlant du moins ? Ok, c’est un comics pour la génération Tiktok donc tout doit aller très vite. On résume donc en une page la morsure, le décès d’oncle Ben et la naissance de la vocation de justicier quand, dans la première édition de 1962, Stan Lee et Steve Ditko racontaient ces événements fondateurs dans un chapitre entier. Et on fait la même chose pour les scènes de combat, bouclées en deux temps trois mouvements, sans aucune montée de tension ni de dramaturgie. Vite à l’essentiel, point barre. Le scénario propre à chaque chapitre pourrait tenir sur une feuille de papier à cigarette. Tout manque d’épaisseur, de consistance et, pour le lecteur, d’intérêt.
Niveau dessin on a également un gros souci. Trois dessinateurs se succèdent et si le premier et le dernier sont d’un excellent niveau, ce n’est pas du tout le cas du deuxième, qui signe les chapitres 4 à 7. Son travail frôle l’amateurisme et n’est pas du tout à la hauteur d’un personnage comme Spider-man. La différence avec les deux autres saute tellement aux yeux qu’elle ruine toute la cohérence graphique que l’on est en droit d’attendre dans un album de ce type.
Vous l’aurez compris, cette tentative de faire découvrir l’univers du plus grand héros Marvel aux jeunes lecteurs qui ne le connaîtraient jusqu’alors qu’à travers le cinéma ou les jeux-vidéo est louable, mais le résultat s’avère catastrophique. Si vous voulez vraiment découvrir les débuts de Spider-man dans une version plus moderne que celle des années 60, je ne peux que vous encourager à foncer sur la série Ultimate Spider-Man, dont les trois premiers volumes viennent de sortir en poche (il y en aura 11 au total). C’est indiscutablement la meilleure porte d’entrée pour découvrir les origines du Tisseur.
Spider-man : Spidey le débutant. Panini Comics, 2024. 288 pages. 14,00 euros.