Makoto a 20 ans. Il vit à Ikebukuro, quartier très commerçant de Tokyo qui, le soir venu, se laisse envahir par une foule bigarrée venue chercher quelques émotions fortes dans les nombreux bars à hôtesses et autres love hotels. Très connu dans le quartier, Makoto tient un étal de fruits avec sa mère. Il est également chroniqueur dans un magazine de mode, mais c’est surtout un « démêleur d’embrouilles ». Régulièrement, les habitants d’Ikebukuro l’engagent pour régler des problèmes aussi variés que complexes.
Ce recueil contient quatre histoires distinctes. Dans la première, Makoto doit faire face à l’enlèvement d’un enfant par son demi-frère. Dans la seconde, il aide une prostituée menacée par des yakusas. Au cours de la troisième, il cherche à démasquer un réseau de faux monnayeurs tandis que dans la quatrième, il traque des agresseurs de SDF.
Aimant son quartier et ses habitants, le jeune homme est une sorte de bon samaritain qui, grâce à ses relations avec les gangs des rues, parvient à trouver les appuis nécessaires pour résoudre les embrouilles auxquelles il doit faire face. Très lucide sur la situation actuelle du Japon et la décrépitude de la capitale, il sait que ses bonnes actions ne sont que d’insignifiantes gouttes d’eau dans un océan de violence et de corruption.
Modeste, il a très peu d’amour propre. Lorsqu’il choisit d’aider les SDF, c’est parce qu’il a conscience que la précarité de sa propre situation peut à tout moment le pousser à la rue. Parfois optimiste, souvent désenchanté, Makoto est un jeune adulte attachant. Loin des univers sombres et crépusculaires de Murakami Ryu, les histoires imaginées par Ira Ishida gardent toujours une note positive.
On lit cette série comme on regarde un très bon feuilleton à la télé. Chaque épisode apporte un peu plus d’épaisseur à l’ensemble. La troisième saison d’Ikebukuro West Gate Park devrait sortir dans les librairies françaises en février 2010. J’ai déjà fait une croix sur mon nouveau calendrier !
Ikebukuro West Gate Park II, d’Ira Ishida, Éditions Picquier, 2009. 19 euros.
L’info en plus : Ira Ishida est également scénariste de manga. Après avoir adapté ses romans (Ikebukuro West Gate Park, 4 volumes parus en français chez Asuka, épuisé), il s’est lancé dans une autre série publiée en France chez 12Bis. Akihabara@deep compte 6 volumes en tout, le dernier étant paru en mai 2009.
dimanche 29 novembre 2009
samedi 28 novembre 2009
Les souvenirs de Mamette T1 : La vie aux champs
Les jeunes lecteurs du magazine Tchô connaissent bien Mamette, cette octogénaire affable et toujours de bonne humeur. Nob, son créateur, a imaginé la jeunesse de son personnage dans une nouvelle série : Les souvenirs de Mamette.
Nous sommes en 1935. La mère de Mamette décide de confier sa fille à sa sœur le temps de régler quelques problèmes personnels. Tata Suzon vit dans une ferme avec ses parents. L’arrivée de sa nièce de 9 ans ne la réjouit pas, loin de là. Pour la petite Marinette, la découverte de la vie à la campagne est difficile. Promiscuité, travaux éreintant et nourriture frugale sont au menu. Son grand père lui apprend à traire les chèvres et à s’occuper du troupeau. Sa tante, vieille fille aigrie, lui explique que coudre et cuisiner sont les deux seules choses qu’une femme doit savoir faire pour trouver un mari. Malgré cette existence rude, la petite fille va peu à peu trouver sa place et faire quelques rencontres marquantes.
Nob reconnaît que Les souvenirs de Mamette sont inspirés de sa propre jeunesse, lorsqu’il passait ses vacances dans la ferme de ses grands parents. Un de ses objectifs est de montrer que le quotidien dans les campagnes à cette époque est loin de l’image d’Épinal véhiculée dans les manuels scolaires ou dans Martine à la ferme.
Publié dans un format atypique (A5) et une pagination importante (96 pages), ce roman graphique pour jeunes lecteurs est un bonheur pour les yeux. Le trait tout en mouvement, les tons pastels, le travail sur les lumières et les nombreuses illustrations pleine page forment un remarquable ensemble. Le temps s’écoule lentement, certaines séquences proposent une succession de pages muettes contemplatives du plus bel effet.
Une lecture tendre et apaisante, même si l’on devine sur la fin que quelques secrets de famille vont venir bouleverser la donne… Vivement la suite !
Les souvenirs de Mamette T1 : La vie aux champs, de Nob, Éditions Glénat, 2009. 9,40 euros.
Nous sommes en 1935. La mère de Mamette décide de confier sa fille à sa sœur le temps de régler quelques problèmes personnels. Tata Suzon vit dans une ferme avec ses parents. L’arrivée de sa nièce de 9 ans ne la réjouit pas, loin de là. Pour la petite Marinette, la découverte de la vie à la campagne est difficile. Promiscuité, travaux éreintant et nourriture frugale sont au menu. Son grand père lui apprend à traire les chèvres et à s’occuper du troupeau. Sa tante, vieille fille aigrie, lui explique que coudre et cuisiner sont les deux seules choses qu’une femme doit savoir faire pour trouver un mari. Malgré cette existence rude, la petite fille va peu à peu trouver sa place et faire quelques rencontres marquantes.
Nob reconnaît que Les souvenirs de Mamette sont inspirés de sa propre jeunesse, lorsqu’il passait ses vacances dans la ferme de ses grands parents. Un de ses objectifs est de montrer que le quotidien dans les campagnes à cette époque est loin de l’image d’Épinal véhiculée dans les manuels scolaires ou dans Martine à la ferme.
Publié dans un format atypique (A5) et une pagination importante (96 pages), ce roman graphique pour jeunes lecteurs est un bonheur pour les yeux. Le trait tout en mouvement, les tons pastels, le travail sur les lumières et les nombreuses illustrations pleine page forment un remarquable ensemble. Le temps s’écoule lentement, certaines séquences proposent une succession de pages muettes contemplatives du plus bel effet.
Une lecture tendre et apaisante, même si l’on devine sur la fin que quelques secrets de famille vont venir bouleverser la donne… Vivement la suite !
Les souvenirs de Mamette T1 : La vie aux champs, de Nob, Éditions Glénat, 2009. 9,40 euros.
jeudi 26 novembre 2009
Une sacrée mamie T3
1958, à Hiroshima. Hikedo élève seule ses deux garçons. Ne pouvant supporter une telle charge financière, elle décide de confier son plus jeune fils à sa mère qui habite à la campagne. La découverte du monde rural est un changement radical pour le petit Akihiro. Surtout que sa grand-mère est encore plus pauvre que sa mère ! Mais toujours de bonne humeur et débrouillarde, cette sacrée mamie va devenir une complice et un modèle à suivre pour le jeune garçon.
Quelques exemples parmi tant d’autres : Mamie traine derrière elle un aimant pour ramasser la ferraille ; Akihiro n’a pas les moyens pour s’inscrire aux cours de kendo et de judo : sa grand-mère lui conseille la course à pied, c’est le seul sport gratuit ! Attention cependant, il ne faut pas courir trop vite pour ne pas user les semelles ni courir trop longtemps pour ne pas s’ouvrir l’appétit.
Il n’y a jamais grand-chose à manger à la maison. Pour récupérer de la nourriture, mamie tend un filet le long de la rivière. En amont, il y a un marché et les commerçants jettent les légumes invendables. Mais le radis ratatiné et le concombre tordu ne sont pas différents une fois préparés !
Inspirée de l’enfance d’un célèbre comique japonais, Une sacrée mamie a d’abord été un roman qui s’est vendu à plus de quatre millions d’exemplaires sur l’archipel. Chronique douce et tendre, pas misérabiliste pour deux sous, cette série peut-être trop pétrie de bons sentiments est une lecture qui fait du bien, tout simplement. Oubliez la crise et la morosité ambiante avec cette sacrée mamie toujours positive. Une vraie leçon d’optimisme en toute circonstance.
Une sacrée mamie T3, de Yoshichi Shimada et Saburo Ishikawa, Éditions Delcourt, 2009. 7,50 euros.
L’info en plus : Dans la même veine des souvenirs d’enfance où un petit garçon accompagne une grand-mère inoubliable, il est impossible de ne pas citer le magnifique recueil Nononba, publié par les éditions Cornélius et qui obtint le prix du meilleur album au festival d’Angoulême en 2006. Un chef d’œuvre toujours disponible.
Quelques exemples parmi tant d’autres : Mamie traine derrière elle un aimant pour ramasser la ferraille ; Akihiro n’a pas les moyens pour s’inscrire aux cours de kendo et de judo : sa grand-mère lui conseille la course à pied, c’est le seul sport gratuit ! Attention cependant, il ne faut pas courir trop vite pour ne pas user les semelles ni courir trop longtemps pour ne pas s’ouvrir l’appétit.
Il n’y a jamais grand-chose à manger à la maison. Pour récupérer de la nourriture, mamie tend un filet le long de la rivière. En amont, il y a un marché et les commerçants jettent les légumes invendables. Mais le radis ratatiné et le concombre tordu ne sont pas différents une fois préparés !
Inspirée de l’enfance d’un célèbre comique japonais, Une sacrée mamie a d’abord été un roman qui s’est vendu à plus de quatre millions d’exemplaires sur l’archipel. Chronique douce et tendre, pas misérabiliste pour deux sous, cette série peut-être trop pétrie de bons sentiments est une lecture qui fait du bien, tout simplement. Oubliez la crise et la morosité ambiante avec cette sacrée mamie toujours positive. Une vraie leçon d’optimisme en toute circonstance.
Une sacrée mamie T3, de Yoshichi Shimada et Saburo Ishikawa, Éditions Delcourt, 2009. 7,50 euros.
L’info en plus : Dans la même veine des souvenirs d’enfance où un petit garçon accompagne une grand-mère inoubliable, il est impossible de ne pas citer le magnifique recueil Nononba, publié par les éditions Cornélius et qui obtint le prix du meilleur album au festival d’Angoulême en 2006. Un chef d’œuvre toujours disponible.
mardi 24 novembre 2009
Esteban T3 : la survie
1900, au sud de la Patagonie. Esteban, 12 ans, s’est embarqué dans une sacrée galère. En s’engageant sur le Léviathan, il ne pensait pas qu’il finirait bloqué dans les glaces de l’antarctique. Tout avait pourtant bien commencé : le capitaine l’avait d’abord pris comme mousse. Puis, les circonstances aidant, il était devenu un héros en tuant cette baleine bleue d’un seul jet de harpon.
Oui mais voila, le Léviathan a croisé la route de ce satané baleinier à vapeur. Ne supportant pas ces bateaux modernes, le capitaine a voulu lui jouer un tour pendable, mais les rôles se sont inversés et le Léviathan est devenu une proie pour le bateau adverse. Acculé au fin fond de l’antarctique, l’équipage voit les glaces s’épaissir avec l’arrivée de l’hiver. Pris au piège, le Léviathan ne peut plus bouger. La décision est prise de répartir les hommes dans des chaloupes pour tenter de regagner la terre ferme.
Commence alors un voyage mouvementé. Il faut éviter les icebergs et les vagues qui peuvent vous faire chavirer en une seconde. Bientôt les vivres s’amenuisent et les rameurs n’ont plus la force de diriger correctement la chaloupe. Et puis il y a le froid, glacial. Si un homme tombe à l’eau, il sera impossible de le réchauffer et de le sécher. Bref, la situation semble désespérée…
Matthieu Bonhomme sait retranscrire à la perfection la dureté de l’hiver au Pôle Sud : la vapeur des respirations, la brume omniprésente, le mouvement des vagues. Le lecteur souffre avec ces hommes que le désespoir semble gagner davantage à chaque page. Un petit conseil : installez-vous confortablement au coin du feu ou sous les couvertures pour lire cette BD. Et laissez-vous emporter dans une aventure qui, comme le journal de Tintin à la grande époque, s’adresse aux lecteurs de 7 à 77 ans.
Esteban T3 : La survie, de Matthieu Bonhomme, Éditions Dupuis, 2009. 10,40 euros.
L’info en plus : En début d’année est parue une autre BD mettant en scène des hommes au prise avec le rude climat de l’antarctique : Endurance est le nom d’un bateau qui, en 1914, s’est lancé dans une folle expédition vers le pôle Sud avec à son bord Sir Ernest Shackleton, explorateur anglais qui voulait tenter la traversée du continent de la mer de Weddell à la mer de Ross via le pôle. Un roman graphique basé sur une histoire vraie qui s’adresse aux plus grands pour découvrir une aventure humaine parmi les plus incroyables du XXe siècle.
Oui mais voila, le Léviathan a croisé la route de ce satané baleinier à vapeur. Ne supportant pas ces bateaux modernes, le capitaine a voulu lui jouer un tour pendable, mais les rôles se sont inversés et le Léviathan est devenu une proie pour le bateau adverse. Acculé au fin fond de l’antarctique, l’équipage voit les glaces s’épaissir avec l’arrivée de l’hiver. Pris au piège, le Léviathan ne peut plus bouger. La décision est prise de répartir les hommes dans des chaloupes pour tenter de regagner la terre ferme.
Commence alors un voyage mouvementé. Il faut éviter les icebergs et les vagues qui peuvent vous faire chavirer en une seconde. Bientôt les vivres s’amenuisent et les rameurs n’ont plus la force de diriger correctement la chaloupe. Et puis il y a le froid, glacial. Si un homme tombe à l’eau, il sera impossible de le réchauffer et de le sécher. Bref, la situation semble désespérée…
Matthieu Bonhomme sait retranscrire à la perfection la dureté de l’hiver au Pôle Sud : la vapeur des respirations, la brume omniprésente, le mouvement des vagues. Le lecteur souffre avec ces hommes que le désespoir semble gagner davantage à chaque page. Un petit conseil : installez-vous confortablement au coin du feu ou sous les couvertures pour lire cette BD. Et laissez-vous emporter dans une aventure qui, comme le journal de Tintin à la grande époque, s’adresse aux lecteurs de 7 à 77 ans.
Esteban T3 : La survie, de Matthieu Bonhomme, Éditions Dupuis, 2009. 10,40 euros.
L’info en plus : En début d’année est parue une autre BD mettant en scène des hommes au prise avec le rude climat de l’antarctique : Endurance est le nom d’un bateau qui, en 1914, s’est lancé dans une folle expédition vers le pôle Sud avec à son bord Sir Ernest Shackleton, explorateur anglais qui voulait tenter la traversée du continent de la mer de Weddell à la mer de Ross via le pôle. Un roman graphique basé sur une histoire vraie qui s’adresse aux plus grands pour découvrir une aventure humaine parmi les plus incroyables du XXe siècle.
dimanche 22 novembre 2009
Le goût de la mort
Evan Hunter, Richard Marsten, Hunt Collins, autant de pseudonymes pour un seul et même auteur. Avant de débuter la célèbre série du 87e District, Ed Mc Bain a écrit près de 25 nouvelles policières pour des revues au début des années 50.
Ce recueil en contient neuf, publiées entre 1953 et 1955. Œuvres de jeunesse, elles sont regroupées dans trois thèmes : Gamins ; Détectives privées ; Flics et voyous. Même si elles manquent parfois de maturité, ces nouvelles constituent un superbe exemple de ce qu’est la genèse d’une œuvre. Certes, Ed Mc Bain tâtonne un peu et ne maîtrise pas toujours bien ses intrigues. Il cherche aussi à s’affranchir de l’héritage de Chandler et de Dashiell Hammett. Mais tous les éléments qui feront de lui un auteur majeur se mettent déjà en place : des personnages très variés et crédibles, des dialogues ciselés et la présence indispensable de la ville, actrice qui tient un rôle principal dans la plupart des récits.
Chaque nouvelle est précédée d’une petite présentation faite par l’auteur. Cette mise en perspective permet de mieux cerner encore les prémices de « l’œuvre à venir », ces fameuses Chroniques du 87e District qui représentent aujourd’hui une série incontournable de la littérature policière mondiale.
Le goût de la mort est un recueil important. Il marque les débuts dans le métier d’un futur grand auteur de polar. C’est un argument suffisant pour que vous y jetiez un œil !
Le goût de la mort, d’Ed Mc Bain, Éditions Archipoche, 2009. 6,50 euros.
L’info en plus : Les ultimes romans de la saga du 87e district viennent d’être publiés dans le 9ème volume de l’intégrale Omnibus consacrée à Ed Mc Bain. Cette intégrale regroupe donc au final les 66 romans de ces chroniques « ordinaires » d’un commissariat de quartier de la ville d’Isola, sœur jumelle imaginaire de New York. Un must absolu que tout amateur de polar qui se respecte se doit de posséder dans sa bibliothèque.
Ce recueil en contient neuf, publiées entre 1953 et 1955. Œuvres de jeunesse, elles sont regroupées dans trois thèmes : Gamins ; Détectives privées ; Flics et voyous. Même si elles manquent parfois de maturité, ces nouvelles constituent un superbe exemple de ce qu’est la genèse d’une œuvre. Certes, Ed Mc Bain tâtonne un peu et ne maîtrise pas toujours bien ses intrigues. Il cherche aussi à s’affranchir de l’héritage de Chandler et de Dashiell Hammett. Mais tous les éléments qui feront de lui un auteur majeur se mettent déjà en place : des personnages très variés et crédibles, des dialogues ciselés et la présence indispensable de la ville, actrice qui tient un rôle principal dans la plupart des récits.
Chaque nouvelle est précédée d’une petite présentation faite par l’auteur. Cette mise en perspective permet de mieux cerner encore les prémices de « l’œuvre à venir », ces fameuses Chroniques du 87e District qui représentent aujourd’hui une série incontournable de la littérature policière mondiale.
Le goût de la mort est un recueil important. Il marque les débuts dans le métier d’un futur grand auteur de polar. C’est un argument suffisant pour que vous y jetiez un œil !
Le goût de la mort, d’Ed Mc Bain, Éditions Archipoche, 2009. 6,50 euros.
L’info en plus : Les ultimes romans de la saga du 87e district viennent d’être publiés dans le 9ème volume de l’intégrale Omnibus consacrée à Ed Mc Bain. Cette intégrale regroupe donc au final les 66 romans de ces chroniques « ordinaires » d’un commissariat de quartier de la ville d’Isola, sœur jumelle imaginaire de New York. Un must absolu que tout amateur de polar qui se respecte se doit de posséder dans sa bibliothèque.
samedi 21 novembre 2009
Le journal de Peter
Nous sommes à Londres en 1898. Peter a une dizaine d’années. Il vient d’arriver à l’orphelinat St James. Sa fiche d’admission stipule qu’il souffre d’amnésie permanente. Ses compagnons de chambrée se nomment Frison, Lebec, Laflûte, guigne, Poupin et flocon.
Peter veut retrouver sa mère. En parcourant les rues de Londres, il rencontre un marin qui lui dit qu’il ressemble à son patron, la capitaine Crochet. Peter se présente alors devant le capitaine qui l’embauche pour décharger les bateaux de pêche. Commence alors la véritable quête d’identité de Peter qui lui fera rencontrer la fée Clochette et le poussera à s’installer sur l’île des enfants perdus avec ses compagnons d’orphelinat.
En essayant d’imaginer les raisons qui ont poussé Peter Pan à ne pas vouloir devenir un adulte, Sébastien Perez et Martin Maniez ont réalisé un véritable tour de force. Sur le fond d’abord : l’intrigue est cohérente, les événements s’enchaînent de façon vraisemblable et le choix du journal intime renforce la crédibilité de l’ensemble. Sur le fond ensuite : voila un objet-livre comme on en voit rarement : photos, lettres, cartes postales, extraits de journaux… Tous les éléments collés dans le journal de Peter donnent l’impression d’être uniques. Et que dire des illustrations de Martin Maniez : sublimes, tout simplement.
La démonstration graphique et l’originalité de la mise en page suffisent à faire de ce livre un objet d’une rare beauté. Mais la qualité du texte confère à l’ensemble un statut d’œuvre majeure de la littérature pour la jeunesse.
Envoutant.
Le journal de Peter, de Sébastien Perez et Martin Maniez, Éditions Milan Jeunesse, 2009. 16,50 euros. Dès 8-9 ans.
L’info en plus : Sébastien Pérez sait s’entourer d’illustrateurs exceptionnels. En témoignent ses ouvrages publiés au Seuil avec Benjamin Lacombe : Grimoire de sorcières, La petite sorcière, Généalogie d’une sorcière, La funeste nuit d’Ernest.
Peter veut retrouver sa mère. En parcourant les rues de Londres, il rencontre un marin qui lui dit qu’il ressemble à son patron, la capitaine Crochet. Peter se présente alors devant le capitaine qui l’embauche pour décharger les bateaux de pêche. Commence alors la véritable quête d’identité de Peter qui lui fera rencontrer la fée Clochette et le poussera à s’installer sur l’île des enfants perdus avec ses compagnons d’orphelinat.
En essayant d’imaginer les raisons qui ont poussé Peter Pan à ne pas vouloir devenir un adulte, Sébastien Perez et Martin Maniez ont réalisé un véritable tour de force. Sur le fond d’abord : l’intrigue est cohérente, les événements s’enchaînent de façon vraisemblable et le choix du journal intime renforce la crédibilité de l’ensemble. Sur le fond ensuite : voila un objet-livre comme on en voit rarement : photos, lettres, cartes postales, extraits de journaux… Tous les éléments collés dans le journal de Peter donnent l’impression d’être uniques. Et que dire des illustrations de Martin Maniez : sublimes, tout simplement.
La démonstration graphique et l’originalité de la mise en page suffisent à faire de ce livre un objet d’une rare beauté. Mais la qualité du texte confère à l’ensemble un statut d’œuvre majeure de la littérature pour la jeunesse.
Envoutant.
Le journal de Peter, de Sébastien Perez et Martin Maniez, Éditions Milan Jeunesse, 2009. 16,50 euros. Dès 8-9 ans.
L’info en plus : Sébastien Pérez sait s’entourer d’illustrateurs exceptionnels. En témoignent ses ouvrages publiés au Seuil avec Benjamin Lacombe : Grimoire de sorcières, La petite sorcière, Généalogie d’une sorcière, La funeste nuit d’Ernest.
jeudi 19 novembre 2009
Rapaces : l'intégrale
Encore une histoire de vampires ! Certes, mais celle-là date de 1998, soit bien avant la mode qui sévit actuellement. Dufaux et Marini sont en quelque sorte des précurseurs dans le domaine (sans oublier Swolfs qui avait abordé le sujet dans sa série Le prince de la nuit dès 1994).
Qui sont les rapaces ? Personne ne peut le dire. Les meurtres se multiplient en ville. Les victimes sont toutes vidées de leur sang. Toutes ont une épingle plantée dans un kyste situé derrière l’oreille droite. Et surtout, elles ont toutes des particularités physiologiques inexplicables selon le légiste : aucune séquelle de maladie, les organes et les viscères sont aussi sains que ceux d’un nouveau né.
Les inspecteurs Lenore et Spiaggi sont chargés de l’enquête. Très vite, ils découvrent que leur propre chef a lui aussi un kyste derrière l’oreille droite…
Infiltration des vampires dans les plus hautes sphères de la société, organisation secrète et trahisons, vengeance séculaire qu’un frère et une sœur cherchent à accomplir... Les auteurs mènent leur intrigue sur un rythme trépidant, mélangeant sexe et violence au fil des quatre albums qui composent la série.
Le scénario, parfois tiré par les cheveux et un peu léger n’est souvent qu’un prétexte pour laisser Marini s’exprimer à sa guise avec les pinceaux. L’atmosphère lourde et oppressante de la mégalopole décadente est très bien rendue. Sans compter que les filles mises en scène par le dessinateur italien sont toujours un régal pour les yeux !
Finalement, cette série est à prendre pour ce qu’elle est : un divertissement plein d’action et de rebondissements mâtiné de quelques scènes de sexe pour pimenter le tout. Surement pas indispensable, mais diablement récréatif.
PS : Cette édition intégrale en grand format est imposante et franchement pas facile à lire dans un lit. Pour ceux qui ne veulent pas coupler la lecture avec une séance de musculation, il est toujours possible d’acheter les quatre albums à l’unité.
Rapaces : L’intégrale, de Jean Dufaux et Enrico Marini, Éditions Dargaud, 2009. 39 euros.
L’info en plus : En 2007, Marini a lancé sa propre série en tant que dessinateur et scénariste. Les aigles de Rome, récit historique, débute en Italie en 11 av JC et raconte l’amitié de deux jeunes gens, l’un germain et l’autre romain.
Qui sont les rapaces ? Personne ne peut le dire. Les meurtres se multiplient en ville. Les victimes sont toutes vidées de leur sang. Toutes ont une épingle plantée dans un kyste situé derrière l’oreille droite. Et surtout, elles ont toutes des particularités physiologiques inexplicables selon le légiste : aucune séquelle de maladie, les organes et les viscères sont aussi sains que ceux d’un nouveau né.
Les inspecteurs Lenore et Spiaggi sont chargés de l’enquête. Très vite, ils découvrent que leur propre chef a lui aussi un kyste derrière l’oreille droite…
Infiltration des vampires dans les plus hautes sphères de la société, organisation secrète et trahisons, vengeance séculaire qu’un frère et une sœur cherchent à accomplir... Les auteurs mènent leur intrigue sur un rythme trépidant, mélangeant sexe et violence au fil des quatre albums qui composent la série.
Le scénario, parfois tiré par les cheveux et un peu léger n’est souvent qu’un prétexte pour laisser Marini s’exprimer à sa guise avec les pinceaux. L’atmosphère lourde et oppressante de la mégalopole décadente est très bien rendue. Sans compter que les filles mises en scène par le dessinateur italien sont toujours un régal pour les yeux !
Finalement, cette série est à prendre pour ce qu’elle est : un divertissement plein d’action et de rebondissements mâtiné de quelques scènes de sexe pour pimenter le tout. Surement pas indispensable, mais diablement récréatif.
PS : Cette édition intégrale en grand format est imposante et franchement pas facile à lire dans un lit. Pour ceux qui ne veulent pas coupler la lecture avec une séance de musculation, il est toujours possible d’acheter les quatre albums à l’unité.
Rapaces : L’intégrale, de Jean Dufaux et Enrico Marini, Éditions Dargaud, 2009. 39 euros.
L’info en plus : En 2007, Marini a lancé sa propre série en tant que dessinateur et scénariste. Les aigles de Rome, récit historique, débute en Italie en 11 av JC et raconte l’amitié de deux jeunes gens, l’un germain et l’autre romain.
mardi 17 novembre 2009
Les soliloques du pauvre et autres poèmes
Figure du Montmartre du début du 20ème siècle, Gabriel Randon est né en 1867 à Boulogne sur Mer. Sa mère l’emmène à Paris alors qu’il n’est qu’un enfant. Quittant à 16 ans cette femme qui le maltraite, il erre dans la capitale, côtoie les clochards et les vagabonds et trouve refuge dans le très pauvre et populaire quartier du sacré cœur.
Jehan Rictus, son pseudonyme d’artiste, naîtra en 1896, inspiré par la lecture de Villon. Chansonnier et poète, Jehan Rictus crache d’abord sur le papier, puis dans les cabarets parisiens, sa jeunesse passée dans la rue, entre misère et souffrance.
Pour dire la rue, le froid et la faim, il s’exprime dans un argot aux accents du faubourg que Vautrin et Tardi n’auraient pas renié. Défenseur des moins que rien, il veut faire entendre la voix de ceux qui n’ont pas la parole. Le langage parlé des soliloques du pauvre est une mélodie atypique dont beaucoup de slameurs actuels sont les héritiers.
Ce n’est pas la légion d’honneur obtenue quelques années avant sa mort qui changera sa fidélité au peuple. Pendant urbain du poète de la terre Gaston Couté, Jehan Rictus a vu ses textes déclamés sur scène par Jean-Claude Dreyfus.
Il faut lire et relire Les soliloques du pauvre pour entendre cette voix de la misère et de la révolte qui, plus de 100 ans après sa première publication, n’a jamais été autant d’actualité.
Les soliloques du pauvre et autres poèmes, de Jehan Rictus, Éditions Au diable Vauvert, 2009. 5 euros.
L’info en plus : Une édition critique des Soliloques du pauvre est parue en juin 2009 aux éditions Classiques Garnier, 1er volume de la collection Classiques de l’argot et du jargon.
Jehan Rictus, son pseudonyme d’artiste, naîtra en 1896, inspiré par la lecture de Villon. Chansonnier et poète, Jehan Rictus crache d’abord sur le papier, puis dans les cabarets parisiens, sa jeunesse passée dans la rue, entre misère et souffrance.
Pour dire la rue, le froid et la faim, il s’exprime dans un argot aux accents du faubourg que Vautrin et Tardi n’auraient pas renié. Défenseur des moins que rien, il veut faire entendre la voix de ceux qui n’ont pas la parole. Le langage parlé des soliloques du pauvre est une mélodie atypique dont beaucoup de slameurs actuels sont les héritiers.
Ce n’est pas la légion d’honneur obtenue quelques années avant sa mort qui changera sa fidélité au peuple. Pendant urbain du poète de la terre Gaston Couté, Jehan Rictus a vu ses textes déclamés sur scène par Jean-Claude Dreyfus.
Il faut lire et relire Les soliloques du pauvre pour entendre cette voix de la misère et de la révolte qui, plus de 100 ans après sa première publication, n’a jamais été autant d’actualité.
"Faire enfin dire quelque chose à quelqu’Un qui serait le Pauvre, ce bon pauvre dont tout le monde parle et qui se tait toujours.
Voilà ce que j’ai tenté."
Les soliloques du pauvre et autres poèmes, de Jehan Rictus, Éditions Au diable Vauvert, 2009. 5 euros.
L’info en plus : Une édition critique des Soliloques du pauvre est parue en juin 2009 aux éditions Classiques Garnier, 1er volume de la collection Classiques de l’argot et du jargon.
dimanche 15 novembre 2009
L'elfe au dragon T1 : les maraudeurs d'Isuldain
Comment faire pour proposer aux 9-12 ans qui ne sont pas de gros lecteurs de découvrir l’héroic fantasy sans avoir à se farcir des pavés de 600 pages ? Arthur Ténor et les éditions du Seuil pensent avoir trouvé la solution avec L’Elfe au dragon, une série dont les volumes ne dépassent les 200 pages et sont publiés à quelques mois d’intervalle.
L’Elfe au dragon raconte l’histoire de Kendhil, un jeune elfe qui appartient à la communauté des sentinelles d’Oriadith. Seul membre des sentinelles à n’avoir ni père, ni mère, ni frère connu, il est également le seul à avoir choisi de faire alliance avec un dragon alors que ses semblables ont toujours choisi des aigles pour compagnon.
Dans ce premier volume, Kendhil accompagne le doyen des elfes sentinelles à Burgon, la cité des maîtres du fer. C’est la première fois qu’il rencontre des humains. Les deux elfes viennent chercher du métal pour forger des dagues. Mais ils ont à peine le temps d’être reçu par le maître Far et sa petite fille Clivi que déjà retentissent les trompes du guet. Les maraudeurs d’Isuldain, un groupe de mercenaires, vient d’envahir la ville et prend en otage ses habitants pour les livrer à Orst Fibhur, baron de Gonkar. Ce dernier a négocié la vente des maître du fer aux orques de l’obscur contre de l’or. Ne supportant pas l’idée que les burgonais se retrouvent dans les griffes des orques, le jeune Kendhil et son dragon Karlo vont tout mettre en œuvre pour les sauver…
Cette série constitue une parfaite première approche pour découvrir la fantasy. Toutes les communautés les plus classiques sont représentées : les elfes, les humains, les orques et les dragons. Magiciens et sorciers entrent en scène dès le second volume. Ne manquent que les nains, mais peut-être apparaîtront-ils par la suite (le 4ème tome est prévu pour février 2010). Le monde présenté est cohérent, et après ce premier volume d’introduction, la quête d’identité de Kendhil devient la trame principale du récit.
Arthur Ténor n’est pas un nouveau venu dans la littérature de jeunesse. Cette série démontre à quel point il fera bientôt parti des incontournables.
L’elfe au dragon T1 : Les maraudeurs d’Isuldain, d’Arthur Ténor, Éditions Seuil Jeunesse, 2009. 10 euros.
L’info en plus : Pour les plus jeunes qui veulent découvrir la fantasy, Marie-Hélène Delval publie chez Bayard une série au format poche (4,50 euros) dont chaque tome ne dépasse pas 100 pages dans un style vraiment facile d’accès. Le septième volume de cette série qui devrait en compter 11 vient de paraître au mois d’octobre. (Les dragons de Nalsara, de Marie-Hélène Delval, éditions Bayard).
L’Elfe au dragon raconte l’histoire de Kendhil, un jeune elfe qui appartient à la communauté des sentinelles d’Oriadith. Seul membre des sentinelles à n’avoir ni père, ni mère, ni frère connu, il est également le seul à avoir choisi de faire alliance avec un dragon alors que ses semblables ont toujours choisi des aigles pour compagnon.
Dans ce premier volume, Kendhil accompagne le doyen des elfes sentinelles à Burgon, la cité des maîtres du fer. C’est la première fois qu’il rencontre des humains. Les deux elfes viennent chercher du métal pour forger des dagues. Mais ils ont à peine le temps d’être reçu par le maître Far et sa petite fille Clivi que déjà retentissent les trompes du guet. Les maraudeurs d’Isuldain, un groupe de mercenaires, vient d’envahir la ville et prend en otage ses habitants pour les livrer à Orst Fibhur, baron de Gonkar. Ce dernier a négocié la vente des maître du fer aux orques de l’obscur contre de l’or. Ne supportant pas l’idée que les burgonais se retrouvent dans les griffes des orques, le jeune Kendhil et son dragon Karlo vont tout mettre en œuvre pour les sauver…
Cette série constitue une parfaite première approche pour découvrir la fantasy. Toutes les communautés les plus classiques sont représentées : les elfes, les humains, les orques et les dragons. Magiciens et sorciers entrent en scène dès le second volume. Ne manquent que les nains, mais peut-être apparaîtront-ils par la suite (le 4ème tome est prévu pour février 2010). Le monde présenté est cohérent, et après ce premier volume d’introduction, la quête d’identité de Kendhil devient la trame principale du récit.
Arthur Ténor n’est pas un nouveau venu dans la littérature de jeunesse. Cette série démontre à quel point il fera bientôt parti des incontournables.
L’elfe au dragon T1 : Les maraudeurs d’Isuldain, d’Arthur Ténor, Éditions Seuil Jeunesse, 2009. 10 euros.
L’info en plus : Pour les plus jeunes qui veulent découvrir la fantasy, Marie-Hélène Delval publie chez Bayard une série au format poche (4,50 euros) dont chaque tome ne dépasse pas 100 pages dans un style vraiment facile d’accès. Le septième volume de cette série qui devrait en compter 11 vient de paraître au mois d’octobre. (Les dragons de Nalsara, de Marie-Hélène Delval, éditions Bayard).
samedi 14 novembre 2009
Martha Jane Cannary
Matthieu Blanchin et Christian Perrissin l’avouent : chercher à raconter avec exactitude la vie de Martha Jane Cannary, alias Calamity Jane, relève d’une vraie gageure tant la plus célèbre héroïne du Far West était une fieffée menteuse. Ce que l’on sait avec certitude ? Elle est née dans le Missouri en 1852 et est décédée à Deadwood, Dakota du Sud, en 1903.
Le début de sa vie est aussi clairement identifié. Aînée d’une fratrie de six enfants, elle suit ses parents qui décident de partir vers l’Ouest. Sa mère mourra sur la route et son père succombera deux ans plus tard. A 15 ans, Martha se retrouve chargée de famille à Salt Lake City, dans l’Utah. Refusant de se marier contre son gré à un mormon, elle abandonne les siens et part seule, à cheval, sillonner les prairies de l’Ouest sauvage.
C’est à partir de là que la frontière entre le mythe et la réalité devient difficile à cerner. A-t-elle vraiment passé un hiver avec un trappeur dans les Blacks Moutains ? A-t-elle vraiment, en tant que convoyeur de l’armée, sauvé une grande partie des soldats qu’elle accompagnait lors d’une attaque des cheyennes à Goose Creek en 1869 ? Sa fille Janey est-elle née de l’union de sa mère avec le célèbre shérif Wild Bill Hickok ?
Les auteurs ne cherchent pas à répondre avec certitude. Ils citent leurs sources (trois ouvrages : Les lettres à sa fille, Calamity Jane de Doris Faber et Ces dames de l’Ouest de Dee Brown) et font des choix qu’ils assument en toute franchise.
Au niveau graphique, le style oscille entre dessin et lavis avec des tons sépia qui collent parfaitement à l’ambiance de l’époque. Loin des démonstrations de virtuosité d’un Giraud dans Blueberry ou des séries humoristiques à gros nez de Lambil (Les tuniques bleues) ou Morris (Lucky Luke), Matthieu Blanchin dessine l’Ouest avec beaucoup de simplicité et de mouvement.
On découvre aussi dans cette biographie la vie quotidienne dans l’Ouest, loin des images d’Épinal : La crasse, la boue, la misère sexuelle des soldats, l’existence rude et terriblement pauvre des fermiers dans la prairie…
Cette trilogie dont le dernier tome devrait sortir l’année prochaine constitue déjà une œuvre monumentale qui a été récompensée à juste titre au festival d’Angoulême en 2009. Seul bémol, le prix élevé de chaque volume (22 euros) peux limiter sa diffusion auprès du grand public.
Martha Jane Cannary T1 : Les années 1852-1869, de Matthieu Blanchin et Christian Perrissin, Éditions Futuropolis, 2008. 22 euros.
Martha Jane Cannary T2 : Les années 1870-1876, de Matthieu Blanchin et Christian Perrissin, Éditions Futuropolis, 2009. 22 euros.
L’info en plus : La ville mythique de Deadwood, endroit le plus dangereux des Etats-Unis en 1870, a fait l’objet d’une série télévisée de la chaîne américaine HBO, diffusée sur Canal + en France. Une belle occasion de retrouver Wild Bill Hickok et Calamity Jane en chair et en os !
Le début de sa vie est aussi clairement identifié. Aînée d’une fratrie de six enfants, elle suit ses parents qui décident de partir vers l’Ouest. Sa mère mourra sur la route et son père succombera deux ans plus tard. A 15 ans, Martha se retrouve chargée de famille à Salt Lake City, dans l’Utah. Refusant de se marier contre son gré à un mormon, elle abandonne les siens et part seule, à cheval, sillonner les prairies de l’Ouest sauvage.
C’est à partir de là que la frontière entre le mythe et la réalité devient difficile à cerner. A-t-elle vraiment passé un hiver avec un trappeur dans les Blacks Moutains ? A-t-elle vraiment, en tant que convoyeur de l’armée, sauvé une grande partie des soldats qu’elle accompagnait lors d’une attaque des cheyennes à Goose Creek en 1869 ? Sa fille Janey est-elle née de l’union de sa mère avec le célèbre shérif Wild Bill Hickok ?
Les auteurs ne cherchent pas à répondre avec certitude. Ils citent leurs sources (trois ouvrages : Les lettres à sa fille, Calamity Jane de Doris Faber et Ces dames de l’Ouest de Dee Brown) et font des choix qu’ils assument en toute franchise.
Au niveau graphique, le style oscille entre dessin et lavis avec des tons sépia qui collent parfaitement à l’ambiance de l’époque. Loin des démonstrations de virtuosité d’un Giraud dans Blueberry ou des séries humoristiques à gros nez de Lambil (Les tuniques bleues) ou Morris (Lucky Luke), Matthieu Blanchin dessine l’Ouest avec beaucoup de simplicité et de mouvement.
On découvre aussi dans cette biographie la vie quotidienne dans l’Ouest, loin des images d’Épinal : La crasse, la boue, la misère sexuelle des soldats, l’existence rude et terriblement pauvre des fermiers dans la prairie…
Cette trilogie dont le dernier tome devrait sortir l’année prochaine constitue déjà une œuvre monumentale qui a été récompensée à juste titre au festival d’Angoulême en 2009. Seul bémol, le prix élevé de chaque volume (22 euros) peux limiter sa diffusion auprès du grand public.
Martha Jane Cannary T1 : Les années 1852-1869, de Matthieu Blanchin et Christian Perrissin, Éditions Futuropolis, 2008. 22 euros.
Martha Jane Cannary T2 : Les années 1870-1876, de Matthieu Blanchin et Christian Perrissin, Éditions Futuropolis, 2009. 22 euros.
L’info en plus : La ville mythique de Deadwood, endroit le plus dangereux des Etats-Unis en 1870, a fait l’objet d’une série télévisée de la chaîne américaine HBO, diffusée sur Canal + en France. Une belle occasion de retrouver Wild Bill Hickok et Calamity Jane en chair et en os !
jeudi 12 novembre 2009
Tout ce que j'ai perdu m'appartient
Roger Wallet est un auteur discret. C’est également un véritable touche à tout, passionné de théâtre (il a dirigé le théâtre de Compiègne), de marionnettes ou de tennis de table. Il profite aujourd’hui de sa retraite pour animer de nombreux ateliers d’écriture en milieu scolaire ou avec des adultes. Ceux qui ont eu la chance d’assister à ces ateliers savent à quel point l’homme est exigeant et s’implique sans compter dans les nombreux projets qu’il mène de front.
Depuis la parution de son premier roman (Portraits d’automne, toujours disponible en Folio à 3 euros) en 1999 qui lui valu un passage remarqué chez Bernard Pivot la même année, difficile de suivre sa trace chez les petits éditeurs qui ont eu la chance d’accueillir ce très grand nouvelliste.
C’est d’ailleurs chez l’un de ces éditeurs qu’est paru en 2007 un magnifique recueil au très beau titre : Tout ce que j’ai perdu m’appartient. On retrouve dans ces onze nouvelles tout ce qui fait la force de l’écriture de Roger Wallet : un style direct et simple, des phrases courtes et surtout la mise en scène des petits riens de la vie quotidienne à travers des personnages attachants qui pourraient être nos voisins ou nos collègues de bureau. Ne cherchez pas ici l’emphase ou le clinquant. A l’image du ciel picard sous lequel l’auteur vit depuis des décennies, ce recueil aspire à la mélancolie et rend hommage à l’univers souvent un peu triste des petites gens.
Roger Wallet le reconnaît avec simplicité : son adoration pour Carver et Michon se ressent dans son écriture. Et c’est pour moi loin d’être un défaut !
Tout ce que j’ai perdu m’appartiens, de Roger Wallet, Éditions du petit Véhicule, 2007. 13 euros.
L’info en plus : les éditions du Petit Véhicule qui publient ce recueil sont une petite structure basée à Nantes. On trouve notamment au catalogue les incontournables Cahiers d’études Léo Ferré. http://www.petit-vehicule.asso.fr/index.php
Depuis la parution de son premier roman (Portraits d’automne, toujours disponible en Folio à 3 euros) en 1999 qui lui valu un passage remarqué chez Bernard Pivot la même année, difficile de suivre sa trace chez les petits éditeurs qui ont eu la chance d’accueillir ce très grand nouvelliste.
C’est d’ailleurs chez l’un de ces éditeurs qu’est paru en 2007 un magnifique recueil au très beau titre : Tout ce que j’ai perdu m’appartient. On retrouve dans ces onze nouvelles tout ce qui fait la force de l’écriture de Roger Wallet : un style direct et simple, des phrases courtes et surtout la mise en scène des petits riens de la vie quotidienne à travers des personnages attachants qui pourraient être nos voisins ou nos collègues de bureau. Ne cherchez pas ici l’emphase ou le clinquant. A l’image du ciel picard sous lequel l’auteur vit depuis des décennies, ce recueil aspire à la mélancolie et rend hommage à l’univers souvent un peu triste des petites gens.
Roger Wallet le reconnaît avec simplicité : son adoration pour Carver et Michon se ressent dans son écriture. Et c’est pour moi loin d’être un défaut !
Tout ce que j’ai perdu m’appartiens, de Roger Wallet, Éditions du petit Véhicule, 2007. 13 euros.
L’info en plus : les éditions du Petit Véhicule qui publient ce recueil sont une petite structure basée à Nantes. On trouve notamment au catalogue les incontournables Cahiers d’études Léo Ferré. http://www.petit-vehicule.asso.fr/index.php
mardi 10 novembre 2009
Plus cool tu meurs
Andy Wicks est un quadragénaire à la calvitie naissante. Marié et père de deux enfants, il a décidé depuis peu d’arrêter de fumer, mais toutes ses tentatives ont pour l’instant échoué. Sa femme lui conseille d’essayer l’hypnose. Il se rend sans grande conviction à ce rendez-vous qui, pour lui, ne devrait pas changer chose. Et pourtant…
L’expérience tourne mal et Andy se retrouve en 1985, au lycée. Il revit son adolescence avec des yeux d’adulte : l’appareil dentaire, les déboires avec les filles, le groupe de copains tous plus geek les uns que les autres… Quand arrive la fête au cours de laquelle il se souvient avoir pris sa première cigarette, il décide de réécrire l’histoire en choisissant de ne jamais commencer à fumer. Il pense alors pouvoir retourner auprès des siens et retrouver sa vie d’adulte. Mais son voyage dans le temps n’est pas tout à fait terminé.
Alex robinson n’en n’est pas à son coup d’essai. Plus cool tu meurs est le quatrième titre de cet auteur américain de 40 ans publié en France par les éditions Rackham. Son trait rappelle celui de Joe Matt. Le noir est blanc bien maîtrisé, le découpage efficace et les pages sont assez « chargées » en texte.
Ce roman graphique assez typique de l’école américaine actuelle propose un retour en arrière pas franchement passionnant mais que l’on ne peut s’empêcher de comparer avec les réactions qui seraient les nôtres si nous avions la possibilité de revivre le passé de la sorte. Comment aurions nous vécu les années lycée avec la maturité d’un adulte ? Finalement, ce livre nous interroge sur notre propre histoire. C’est là son plus grand mérite.
Plus cool tu meurs, d’Alex Robinson, Éditions Rackham, 2009. 14 euros.
L’info en plus : Alex Robinson a reçu le prix du 1er album pour De mal en pis, lors du 32e festival d'Angoulême, en 2005.
lundi 9 novembre 2009
Les lionnes
Elles sont deux. Elles ont quitté la harde. Elles n’y étaient plus les bienvenues. La mère était maintenant trop vieille et n’arrivait plus à chasser correctement. La fille ne voulait pas s’accoupler au mâle dominant. Par un matin de grande sécheresse, les deux lionnes ont décidé de partir, côte à côte, d’un seul pas.
Tapies dans les fourrés, elles s’apprêtent à passer à l’attaque. L’année précédente, la mère a perdu ses sœurs, tuées à coups de tonnerre court par des hommes à l’odeur nouvelle, avec des peaux par-dessus leur peau. Ce soir, la mère est venue se venger. L’attaque est terrible. On comptera sept morts et cinq blessés du coté des hommes. Mais la fille n’en sort pas indemne. Elle a été touchée par une balle.
Commence alors le combat d’une mère qui va chercher à protéger sa fille diminuée (mourante ?) de tous les dangers de la savane. Quand les vautours et les hyènes se rapprochent, elle sait le combat perdu d’avance. Elle décide pourtant de lutter jusqu’au bout.
Ce texte inclassable ressemble parfois à un documentaire animalier. C’est aussi une réflexion philosophique sur le sens de la vie. Mais c’est surtout une définition parfaite de ce qu'est l’instinct maternel.
L’image finale vous arrachera peut-être une larme. On referme ce tout petit livre (55 pages) en ayant l’impression d’avoir pris un coup à l’estomac. Tout simplement bouleversant.
Les lionnes, de Jean-François Chabas, L’école des loisirs, 2009. 7,50 euros. A partir de 9 ans.
L’info en plus : Pour lier le texte à l’image, les curieux peuvent jeter un œil sur la magnifique série documentaire Chroniques de l’Afrique sauvage. Les différents épisodes commentés par Pierre Arditi ont été regroupés dans 2 coffrets contenant chacun 3 DVD.
dimanche 8 novembre 2009
Bons baisers de la grosse barmaid
Dan Fante est vraiment un personnage à part. D’abord, il est le fils de John. John Fante, quasi inconnu avant que Bukowski n’en fasse son idole, et devenu après sa mort un auteur culte, un vrai (Bandini, Demande à la poussière). Alors quand on veut marcher dans les pas d’un père célèbre, le costume est souvent difficile à porter. Et puis il y a une vie chaotique, les petits boulots à la pelle et surtout l’alcool, qui vient tout détruire. Le premier roman autobiographique de Dan Fante, au titre magnifique (Les anges n’ont rien dans les poches) m’avait emballé lors de sa sortie en France il y a près de 15 ans. Ses deux autres romans, (En crachant du haut des buildings et La tête hors de l’eau) publiés en 1999 et 2001 étaient beaucoup moins convaincants.
Depuis, silence radio, jusqu’à ce qu’une nouvelle maison d’édition spécialisée dans la littérature underground américaine décide de publier cette année deux titres de cet inclassable auteur qui, de son propre aveu, n’a jamais vendu plus de six 6000 exemplaires dans son propre pays mais qui connaît aujourd’hui une reconnaissance internationale en étant publié dans 13 pays et en 11 langues.
Après un recueil de nouvelles au début de l’année, 13e Note publie ces derniers jours plus de 80 poèmes rédigés entre 2003 et 2006. Au moment de la rédaction de ces poèmes Fante est sur la voie de la rédemption. Il ne boit plus, s’est marié, vit paisiblement en Arizona et, à plus de 60 ans, il vient d’avoir son premier enfant. La tonalité générale n’est pourtant pas à l’optimisme béat. L’ombre de Kerouac plane sur ces poèmes, parfois géniaux, parfois sans grand intérêt mais qui le plus souvent font mouche. Dan Fante parvient à définir sa poésie de façon limpide :
Bons baisers de la grosse barmaid, de Dan Fante, 13e Note Éditions, 2009. 15 euros.
L’info en plus : la très jeune maison d’édition 13e Note qui publie ce recueil est apparue pour la première fois en librairie en avril 2009 et elle ne compte pour l’instant que sept titres au catalogue. Sur ces sept titres, j’ai lu les deux ouvrages de Dan Fante, un très bon recueil de nouvelles autobiographiques sur le monde des junkies et des cures de désintox de l’anglais Tony O’Neil (Notre Dame du vide) et un autre recueil de nouvelles de Barry Gifford, l’auteur de Sailor et Lula, qui m’a beaucoup moins emballé (American Falls). Quoi qu’il en soit, il est toujours important de soutenir de telles maisons d’éditions qui se lancent avec passion pour faire connaître au public français des auteurs souvent délaissés par les grands éditeurs. Pour en savoir plus, vous pouvez toujours jeter un coup d’œil au site de 13e note : http://dev13enote.khepri-systems.com/
Depuis, silence radio, jusqu’à ce qu’une nouvelle maison d’édition spécialisée dans la littérature underground américaine décide de publier cette année deux titres de cet inclassable auteur qui, de son propre aveu, n’a jamais vendu plus de six 6000 exemplaires dans son propre pays mais qui connaît aujourd’hui une reconnaissance internationale en étant publié dans 13 pays et en 11 langues.
Après un recueil de nouvelles au début de l’année, 13e Note publie ces derniers jours plus de 80 poèmes rédigés entre 2003 et 2006. Au moment de la rédaction de ces poèmes Fante est sur la voie de la rédemption. Il ne boit plus, s’est marié, vit paisiblement en Arizona et, à plus de 60 ans, il vient d’avoir son premier enfant. La tonalité générale n’est pourtant pas à l’optimisme béat. L’ombre de Kerouac plane sur ces poèmes, parfois géniaux, parfois sans grand intérêt mais qui le plus souvent font mouche. Dan Fante parvient à définir sa poésie de façon limpide :
« […] me découper la bidoche et en recouvrir de morceaux saignants la page afin que le premier venu, sous réserve d’être suffisamment ouvert pour connecter son esprit avec le mien, puisse voir l’intérieur de mon cœur ».Si vous aimez Bukowski, Selby ou Kerouac, allez-y les yeux fermés. Pour les autres, si vous avez 15 euros à miser sur un vieux cheval revenu de tout, tentez votre chance avec ces Bons baisers de la grosse barmaid, les tocards se transforment parfois en divine surprise.
Bons baisers de la grosse barmaid, de Dan Fante, 13e Note Éditions, 2009. 15 euros.
L’info en plus : la très jeune maison d’édition 13e Note qui publie ce recueil est apparue pour la première fois en librairie en avril 2009 et elle ne compte pour l’instant que sept titres au catalogue. Sur ces sept titres, j’ai lu les deux ouvrages de Dan Fante, un très bon recueil de nouvelles autobiographiques sur le monde des junkies et des cures de désintox de l’anglais Tony O’Neil (Notre Dame du vide) et un autre recueil de nouvelles de Barry Gifford, l’auteur de Sailor et Lula, qui m’a beaucoup moins emballé (American Falls). Quoi qu’il en soit, il est toujours important de soutenir de telles maisons d’éditions qui se lancent avec passion pour faire connaître au public français des auteurs souvent délaissés par les grands éditeurs. Pour en savoir plus, vous pouvez toujours jeter un coup d’œil au site de 13e note : http://dev13enote.khepri-systems.com/
samedi 7 novembre 2009
Le dernier des templiers
Le dernier des templiers est un comic, une bande dessinée américaine, si vous préférez. Mais ne cherchez pas ici de héros en collant ou en armure. Vous ne trouverez dans ce livre que des souris, des rats, des araignées ou des hiboux. Ces animaux anthropomorphes évoluent dans un univers médiéval fantastique certes classique mais néanmoins assez fascinant.
Karic est un souriceau qui vit avec sa mère et sa soeur dans le petit village de Valcriquet. Le jour où les rats envahissent la contrée pour faire de ses habitants des esclaves sous le joug du roi Icare, seuls Karic et le vieux Pilote parviennent à s’échapper. Ce dernier devient son mentor et Karic découvre qu’une prophétie le désigne comme l’Élu, le seul capable de sauver le monde. Commence alors pour lui un long voyage vers l’implacable destin qui l’attend…
Le dessinateur Michael Avon Oeming, plus connu pour son travail sur la série Powers qui lui a valu un Eisner Award en 2001 (l’équivalent des Oscars en bande dessinée), montre ici une facette inédite de son talent. L’ambiance sombre et pesante de l’univers dans lequel évolue le héros est extrêmement bien rendue. Le découpage est un modèle de rythme et de dynamisme, surtout dans les scènes d’action. Une fois passé un léger temps d’adaptation pour reconnaître les différents protagonistes (rien ne ressemble plus à une souris qu’une autre souris !) on découvre avec intérêt les différentes péripéties et les rôles exacts tenus par les nombreux personnages.
L’univers présenté est d’une incroyable cohérence. On sent que les auteurs ont peaufiné leur sujet pendant plusieurs années avant de parvenir à un résultat qui leur convienne. Quelques griefs à formuler cependant : l’intrigue est prévisible à souhait et réservera sans doute peu de surprise par la suite. On peut également reprocher au scénariste d’avoir créé des personnages trop manichéens. D’ailleurs, il l’avoue lui-même dans un texte rédigé à la fin de l’album, son intrigue est très influencée par sa foi : « Je crois en notre Seigneur Tout Puissant. Tout n'est que foi ».
On touche sans doute ici la limite de ce titre qui pourrait pour certains uniquement s’assimiler à de la « Fantasy chrétienne », type Narnia. Je crois pour ma part que si cette caractéristique de l’œuvre existe et est incontestable, il ne faut pas limiter sa lecture à ce seul aspect et accepter de se laisser embarquer par l’imaginaire fertile des auteurs.
A noter pour finir le travail absolument remarquable de l’éditeur qui, en plus de l’histoire à proprement parler, propose une présentation très dense du royaume des Terres Obscures et des mythes et légendes qui ont façonné l’histoire des templiers. Un paratexte d’une telle qualité est suffisamment rare pour être souligné.
Le dernier des Templiers, de Brian JL Glass et Michael Avon Oeming, Éditions Milady, 2009. 14,90 euros.
L’info en plus : Pour ceux qui aiment les histoires de souris évoluant dans un monde médiévale, les éditions Gallimard ont publié en Janvier 2008 le premier tome d’une série intitulée Légendes de la garde. Ce titre créé par un jeune auteur américain né en 1977 est d’une qualité graphique assez exceptionnelle.
http://www.boosterblog.com/
Karic est un souriceau qui vit avec sa mère et sa soeur dans le petit village de Valcriquet. Le jour où les rats envahissent la contrée pour faire de ses habitants des esclaves sous le joug du roi Icare, seuls Karic et le vieux Pilote parviennent à s’échapper. Ce dernier devient son mentor et Karic découvre qu’une prophétie le désigne comme l’Élu, le seul capable de sauver le monde. Commence alors pour lui un long voyage vers l’implacable destin qui l’attend…
Le dessinateur Michael Avon Oeming, plus connu pour son travail sur la série Powers qui lui a valu un Eisner Award en 2001 (l’équivalent des Oscars en bande dessinée), montre ici une facette inédite de son talent. L’ambiance sombre et pesante de l’univers dans lequel évolue le héros est extrêmement bien rendue. Le découpage est un modèle de rythme et de dynamisme, surtout dans les scènes d’action. Une fois passé un léger temps d’adaptation pour reconnaître les différents protagonistes (rien ne ressemble plus à une souris qu’une autre souris !) on découvre avec intérêt les différentes péripéties et les rôles exacts tenus par les nombreux personnages.
L’univers présenté est d’une incroyable cohérence. On sent que les auteurs ont peaufiné leur sujet pendant plusieurs années avant de parvenir à un résultat qui leur convienne. Quelques griefs à formuler cependant : l’intrigue est prévisible à souhait et réservera sans doute peu de surprise par la suite. On peut également reprocher au scénariste d’avoir créé des personnages trop manichéens. D’ailleurs, il l’avoue lui-même dans un texte rédigé à la fin de l’album, son intrigue est très influencée par sa foi : « Je crois en notre Seigneur Tout Puissant. Tout n'est que foi ».
On touche sans doute ici la limite de ce titre qui pourrait pour certains uniquement s’assimiler à de la « Fantasy chrétienne », type Narnia. Je crois pour ma part que si cette caractéristique de l’œuvre existe et est incontestable, il ne faut pas limiter sa lecture à ce seul aspect et accepter de se laisser embarquer par l’imaginaire fertile des auteurs.
A noter pour finir le travail absolument remarquable de l’éditeur qui, en plus de l’histoire à proprement parler, propose une présentation très dense du royaume des Terres Obscures et des mythes et légendes qui ont façonné l’histoire des templiers. Un paratexte d’une telle qualité est suffisamment rare pour être souligné.
Le dernier des Templiers, de Brian JL Glass et Michael Avon Oeming, Éditions Milady, 2009. 14,90 euros.
L’info en plus : Pour ceux qui aiment les histoires de souris évoluant dans un monde médiévale, les éditions Gallimard ont publié en Janvier 2008 le premier tome d’une série intitulée Légendes de la garde. Ce titre créé par un jeune auteur américain né en 1977 est d’une qualité graphique assez exceptionnelle.
http://www.boosterblog.com/
Le Pompier de Lilliputia
Henry MacQueen est né à New York au début du XXe siècle. Cadet d’une fratrie de trois, il a grandi dans une belle maison bourgeoise, choyé par sa mère Caroline et Kate, la bonne. Son père, bien que vivant à la maison, était très peu présent, trop accaparé par sa carrière politique en devenir.
A six ans, Henry a cessé de grandir. Les médecins ont rapidement décelé la nature du problème et ont certifié à ses parents que leur fils ne grandirait plus. Celui-ci a alors dû subir les brimades infligées par ses camarades de classe, ne trouvant refuge que dans la solitude de sa chambre. Très vite, son père honteux d’avoir un tel enfant, l’a ignoré. Henry a alors décidé de rejoindre Lilliputia, le quartier créé spécialement pour les nains par un certain W. Gumpretz, à Coney Island…
Les vieux complices François Roca et Fred Bernard nous livrent une fois de plus un album superbe et tendre inspiré d’une histoire vraie. Les magnifiques illustrations de François Roca constituent autant d’hommages à l’école figurative américaine et en particulier aux oeuvres d’Edward Hooper, son plus célèbre représentant. L’ambiance du New York des années vingt parfaitement rendue nous invite à un agréable voyage dans le temps à la découverte d’une histoire originale et surprenante à plus d’un titre. A noter également la qualité de l’édition de cet album très grand format (37x29 cm) aux illustrations pleine page sur papier brillant et aux textes à la police de caractère joliment rétro.
Le pompier de Lilliputia, de Fred Bernard et François Roca, édition Albin Michel Jeunesse, 2009. 14,90 euros. A partir de 8 ans.
L’info en plus : En 2008 François Roca a illustré une biographie de Mohamed Ali sur un texte de l’américain Jonah Winter. La revue en ligne Point G magazine ( !) à réalisé un reportage vidéo sur le travail de François Roca autour de cet album : http://www.dailymotion.com/video/x5f4k5_francois-roca_creation
Autobio Tome 2
Les lecteurs de Fluide Glacial connaissent la famille Pedrosa. Pour les autres, une petite présentation s’impose : il y a le père, la mère et les deux enfants, Hugo et Gabin. Autobio, c’est la vie de Cyril Pedrosa à travers de courtes histoires qui soulignent la difficulté de concilier engagement ultra-écolo et vie quotidienne. Les enfants sont scolarisés dans un kibboutz, on petit-déjeune au lait de chèvre et aux céréales équitables. Seulement, lorsque papa va faire les courses à la coop bio, le total du ticket de caisse lui arrache une larme. Difficile également de soutenir une agriculture respectueuse de l’environnement en achetant les légumes du marché à de petits producteurs lorsque l’on déteste les blettes et que l’on adore les saucisses cocktail ! Et l’album n’est même pas imprimé sur du papier recyclable (ce serait juste du marketing écolo, selon l’auteur). Quelques exemples parmi tant d’autres.
Le résultat est savoureux, souvent franchement drôle. Avoir si peu d’amour propre et se mettre à nu avec une telle autodérision relèverait pour certains d’une forme de sadomasochisme. J’y vois pour ma part une qualité rare, à l’heure où l’arrogance et la vanité sont devenues forces de loi.
Il y a à mon avis deux raisons majeures pour acheter cette BD. Tout d’abord, ça permettra aux Pedrosa de continuer à faire leurs courses à la Coop bio. Ensuite, parce que l’on à tous dans nos connaissances un écolo plus ou moins engagé. C’est l’occasion en lui offrant de voir s’il possède un minimum de sens de l’humour.
Autobio T2, de Cyril Pedrosa, édition Fluide Glacial, 2009. 9,95 euros.
Le résultat est savoureux, souvent franchement drôle. Avoir si peu d’amour propre et se mettre à nu avec une telle autodérision relèverait pour certains d’une forme de sadomasochisme. J’y vois pour ma part une qualité rare, à l’heure où l’arrogance et la vanité sont devenues forces de loi.
Il y a à mon avis deux raisons majeures pour acheter cette BD. Tout d’abord, ça permettra aux Pedrosa de continuer à faire leurs courses à la Coop bio. Ensuite, parce que l’on à tous dans nos connaissances un écolo plus ou moins engagé. C’est l’occasion en lui offrant de voir s’il possède un minimum de sens de l’humour.
Autobio T2, de Cyril Pedrosa, édition Fluide Glacial, 2009. 9,95 euros.
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