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lundi 18 novembre 2024

La montagne aux dragons - Mathieu Pirloot et François Maumont

Envoyées par leur oncle cueillir des feuilles de pifanlis, les apprenties sorcières Salicorne et Médusa viennent en aide en cours de route à Julius et son canard Brioche, attaqués par des plantes carnivores. Le garçon cache dans son sac à dos un œuf de dragon, qui va éclore sous les yeux des enfants quelques temps plus tard. Pour éviter que la maman dragon détruise la région en cherchant son petit, Salicorne, Médusa, Julius et Brioche vont devoir aller la trouver pour lui rendre. Mais pour cela, il faudra traverser le Lac du Géant et aller jusqu’au pied de la Montagne de l’Orageux. Autant dire que le périple s’annonce mouvementé !

Un court roman illustré parfait pour lancer de jeunes lectures vers les littératures de l’imaginaire. Sorciers, dragons, gobelins, forêt interdite… les créatures et lieus magiques pullulent au fil des pages. Les aventures s’enchaînent, les personnages doivent mener une quête au cours de laquelle ils vont devoir faire face à de nombreux dangers. L’aventure passionne et se vit en immersion. Et pour une fois ce sont les filles qui mènent la danse et volent au secours du garçon froussard, une inversion des rôles bienvenue dans un univers de fantasy où trop souvent les garçons restent les meneurs. 

Dos toilé, couverture au cartonnage épais, pages de garde illustrées et dépliables en triptyque, l’objet-livre est superbe. Les illustrations de François Maumont sont simples, colorées, très parlantes. Elles aèrent et complètent le texte de Mathieu Pirloot avec douceur, évitant une mise en image anxiogène malgré les situations parfois difficiles vécues par les jeunes héros.


Au vu de la conclusion, notamment les révélations sur le personnage de Julius, il semble évident que ce roman n’est que le premier d’une longue série. Et c’est tant mieux, car cette dernière est vraiment lancée sur bons rails.   

La montagne aux dragons de Mathieu Pirloot et François Maumont. Sens Dessus Dessous, 2024. 120 pages. 16,00 euros. A partir de 8 ans.






lundi 18 mars 2024

Qui tue ? - Karen M. McMannus

Ce « Qui tue ? » boucle une trilogie qui ne devait au départ être qu’un One Shot. Après « Qui ment ? » et « Qui meurt ? », voici donc la conclusion de la saga de Bayview, un quartier de San Diego en Californie. On y retrouve les mêmes protagonistes que dans les deux histoires précédentes, auxquels s’ajoutent quelques nouvelles têtes, ce qui fait beaucoup de personnages au final.

Quelques mois après les événements tragiques de Qui meurt, l’apparition d’un message étrange sur un panneau publicitaire de Bayview, la disparition d’une jeune fille au cours d’une soirée et la libération conditionnelle du principal protagoniste des troubles ayant frappé la communauté vont raviver de douloureux souvenirs. L’occasion pour le "Murder Club" de se lancer dans une nouvelle enquête où quelques uns de ses membres vont être dangereusement malmenés.  

Un groupe d’ados, un mystère, un meurtre, des indices au compte-goutte, un coupable tout désigné, un petit air de romance et le soleil de la Californie, les ingrédients sont vus et revus mais la mise en musique sans fausse note permet de passer un agréable moment. Karen M. McMannus maîtrise l’art des fausses-pistes et du cliffangher. Elle jongle habilement avec la multitude de personnages sans jamais donner au lecteur une impression de trop plein. Une grande lisibilité donc, pour une intrigue qui aurait pu facilement tourner au fouillis. 

Malheureusement, au niveau de l’écriture, c’est plutôt moyen. Surtout, l’usage abusif de dialogues loin d’être passionnants et utiles pour l’intrigue gonfle artificiellement le nombre de pages et donne parfois l’impression d’être dans un série ado de chez Disney.

Bref, un Teen Thriller qui ne réinvente pas le genre mais joue bien son rôle de page turner sans prise de tête. 

Qui tue ? de Karen M. McMannus. Nathan, 2024. 410 pages. 18,95. A partir de 13 ans.





samedi 2 septembre 2023

La porte du non retour - Kwame Alexander

Septembre 1860, Ghana. Kofi vit paisiblement avec sa famille. Il va à l’école, joue avec ses amis et est amoureux de la jolie Ama. Nageur hors pair, il a fait de la rivière son lieu de prédilection. Seule obligation à respecter, ne jamais s’attarder près de l’eau une fois la nuit tombée pour ne pas tomber dans les griffes des « bêtes » qui rodent et enlèvent les enfants. Un soir, alors qu’il traîne un peu trop longtemps après le coucher du soleil, son monde bascule. Famille, liberté, innocence, tout va lui être arraché avec une violence inouïe. Commence alors pour lui un long voyage au bout de l’enfer…

Un roman bouleversant, je ne vois pas d’autre mot pour le qualifier avec davantage de justesse. Pourtant Kwame Alexander ne cherche pas à en rajouter dans le registre de l’émotion, il ne force pas le trait. Après tout, les faits se suffisent à eux-mêmes, il n’est pas nécessaire d’en rajouter. Le choix d’un texte en vers libre aurait pu offrir l’occasion d’un glissement vers une forme de lyrisme grandiloquent mais ce n’est heureusement pas le cas. Au contraire, les phrases courtes vont à l’essentiel, elles donnent au monologue de Kofi le rythme d’un chant où la douceur des premières pages prend au fil du récit des accents déchirants.

Un texte de plus sur l’esclavage à faire lire aux ados, un parmi tant d’autres ? Sûrement pas. Car la démarche de Kwame Alexander, américain d’origine ghanéenne, est de revenir sur le chapitre africain de l’histoire de l’esclavage et la responsabilité de certains chefs de tribu dans le développement de « la traite négrière transatlantique ». Un retour aux racines sur les terres de ses ancêtres qu’il a effectué à plusieurs reprises afin de documenter avec un maximum de véracité l’histoire fictive de Koffi. Premier tome d’une trilogie cette « Porte du non retour » est une plongée aussi touchante qu’édifiante au cœur d’une des plus grande tragédies de l’histoire de l’humanité.

La porte du non retour de Kwame Alexander (traduit de l'anglais par Alice Delarbre). Albin Michel jeunesse 2023. 460 pages. 19,90 euros. A partir de 13 ans.








vendredi 16 juin 2023

Touche-moi - Susie Morgenstern

« Balance ta truie, ça existe ? »
Rose se demande s’il est normal qu’elle pense au sexe en permanence alors que le bac de français approche et que ses copines ont « envie de vomir » quand elle tente d’aborder le sujet avec elles. Il faut dire que pour ce qui est de la normalité, Rose s’estime loin du compte. Albinos, elle a « la peau aussi blanche que la pleine lune, les cheveux d’une vieille de cent ans et des yeux si pâles que l’on ne peut pas en définir la couleur ». Obligée de garder en permanence des lunettes noires et de porter de grands chapeaux pour se protéger du soleil, Rose ne passe pas inaperçue mais, à son grand regret, elle n’attire pas la gent masculine pour autant, loin s’en faut. Et le jour où le prof d’anglais l’associe pour un exposé à Augustin, échalas boutonneux qui ne décroche jamais un mot, Rose se dit que ce n’est pas avec lui que la situation va s’améliorer.  

Elle est marrante Rose, avec son désir à fleur de peau, ses pensées toujours tournées vers le sexe, son irrépressible envie de toucher et d’être touchée. Et son impossibilité de passer à l’acte qui l’oblige à en rester au stade des fantasmes. Chaque nuit dans son lit, elle s’invente des histoires, elle s’imagine dans les bras de tel ou tel garçon. Et à défaut d’avoir un homme sous la main elle se frotte à son matelas et fait l’amour à son oreiller.

Un roman sans complexe, pour dire le manque d’affection et de rapport charnel d’une ado mal dans sa peau, lucide sur son statut de « fille à part » : « Il faudrait d’abord que je m’aime pour que l’on m’aime ». Susie Morgenstern a choisi de traiter un sujet potentiellement pesant avec beaucoup de légèreté. Les mots de Rose sonnent juste et il est rafraichissant de la voir exprimer avec autodérision une forme de frustration qui tourne à l’obsession. Une jeune fille attachante qui ne s’oublie pas ! 

Touche-moi de Susie Morgenstern. Editions Thierry Magnier, 2020. 215 pages. 14,90 euros. A partir de 15 ans.





mardi 6 juin 2023

Sauveur et fils saison 7 - Marie-Aude Murail et Constance Robert-Murail

Trois ans se sont écoulés depuis que Sauveur a demandé Louise en mariage alors qu’elle était enceinte de trois mois. Entre temps Léopoldine est née, Lazare est devenu un collégien végétarien, Paul joue de plus en plus les ados rebelles, Alice est à la fac, Grégoire, qui ne devait rester que quelques temps, n’a pas quitté la maison, Gabin s’est officiellement engagé dans la marine et Jovo… est resté égal à lui-même. Cette nouvelle saison de Sauveur démarre en novembre 2021. Le Covid a frappé et la santé mentale des Français, fragilisée au plus haut point, offre à notre psychologue clinicien une hausse d’activité dont il se serait bien passé.

Sauveur, c’est fini ! Difficile de se dire en ouvrant ce 7ème et dernier tome que l’on ne poussera plus la porte du 12 rue des Murlins pour y retrouver Sauveur et sa joyeuse tribu. Il faut dire qu'on on a vu grandir sous nos yeux la relation entre Sauveur et Louise, le passage de l’enfance à l’adolescence de Lazare et Paul, l’histoire d’amour d’Alice et Gabin. Sans parler de l’intégration des « squatteurs » Grégoire et Jovo. Comment ne pas oublier non plus le défilé ininterrompu de patients dans le cabinet du psy. Dans cette dernière saison, en plus des nouveaux venus, on retrouve les sœurs Blandine et Margaux, Elliott l’écrivain en herbe et Frédérique la bijoutière. 

Tous ces noms ne vous disent rien ? Mais qu’attendez-vous donc pour vous lancer dans cette merveilleuse série débordante de vie et de bonnes ondes. Une série que les fans vont quitter à regret, à la fois ravis d'avoir pris autant de plaisir à chaque nouveau tome et tristes de se dire que ce formidable univers va disparaître pour de bon ! 

Sauveur et fils saison 7 de Marie-Aude Murail et Constance Robert-Murail. L’école des loisirs, 2023. 314 pages. 17,50 euros. A partir de 13 ans.


Une indispensable pépite partagée avec Noukette






mardi 30 mai 2023

Pyramide - Gaëtan B. Maran

Au cœur d’un désert sans fin, une immense pyramide. Autour de la pyramide, le peuple est réparti en 64 quartiers, 16 par face. Tous les sept ans, un jeune homme ou une jeune femme de chaque quartier est désigné pour affronter le labyrinthe de l’édifice. Une fois à l’intérieur, la survie est la règle et s’entretuer devient une obligation. Car un seul des candidats pourra atteindre le dernier étage. Un seul des candidats prendra le pouvoir pour sept ans. 

Un Battle Royal dystopique, entre Fortnite, Hunger Games et Le labyrinthe. Original ? Surement pas. Efficace ? Incontestablement. C’est rythmé, rapide, très visuel. La mécanique du récit prend le pas sur les considérations littéraires, le but étant d’emporter le lecteur dans un tourbillon d’action. Pas de faux-semblant, il ne doit en rester qu’un et il n’en restera qu’un, pas la peine d’espérer que les autres s’en sortiront sans dommage. Cette cruauté ne s’embarrasse pas de sentimentalisme et la violence assumée participe grandement à l’ambiance suffocante qui incite à tourner les pages avec une gourmandise quelque peu morbide.

Rien de révolutionnaire mais du travail bien fait et bien pensé. La recette fonctionne, elle plaira aux ados habitués à ce genre d’univers et emportera dans son tourbillon ceux qui le découvrent.

Pyramide de Gaëtan B. Maran. Syros, 2023. 336 pages. 17,95 euros. A partir de 13-14 ans.


mardi 31 janvier 2023

Octave - Arnaud Cathrine

 

« Ma jeunesse ne fait pas envie, mais je n’en aurai pas d’autres. »

Vince et Marylin ont eu le cœur brisé par le même garçon. Octave les a quittés sans la moindre explication. Et s’il ne fait plus partie de leur vie, il continue de les obséder. Vince et Marylin voudraient passer à autre chose, oublier ce premier amour qui les a dévastés. Pas simple quand, en ces temps de COVID, les confinements successifs vous offrent l’occasion de ruminer et que l’objet de vos désirs fait une soudaine réapparition dans votre quotidien.

Vince, Marilyn, Octave. Chacun leur tour ils prennent la parole pour dire la complexité des sentiments, des relations aux autres et à eux-mêmes, pour dire le mal-être, l’isolement et la précarité vécus par les étudiants qu’ils sont devenus après leurs années lycée. 

Une fois encore Arnaud Cathrine signe un roman moderne, contemporain, plein de vie et d’énergie, où une sensibilité à fleur de peau s’exprime à chaque page. Le ton est juste, les dialogues percutants, les situations réalistes. 

Ce dernier tome d’une mémorable trilogie (après Romance et Nouvelle vague), poétique et sensuel, débordant à la fois d’espoir et de désenchantement sonne comme le cri de rage d’une jeunesse cherchant « ce qu’il faut faire et ne pas faire pour commencer à exister ».

Octave d’Arnaud Cathrine. Robert Laffont, 2022. 390 pages. 17.90 euros. A partir de 14 ans.


La première pépite jeunesse de l'année partagée avec Noukette







mardi 13 décembre 2022

Émergence 7 - Vincent Mondiot et Enora Saby

Joachim, Nina, Romane, Alex, Elliott, Priscille et Léon. Ils sont sept à attendre comme chaque matin le bateau qui les emmènera sur le continent. Impossible pour eux de suivre leur scolarité sur la petite île bretonne où ils vivent. Ce jour-là est un jour comme les autres, jusqu’au moment où sort de l’océan une créature gigantesque qui va semer la mort et le chaos sur son passage. Vingt ans plus tard Léon, qui avait 14 ans à l’époque, revient pour la première fois sur l’île. Dans sa tête, la journée du drame s’égrène alors heure par heure, et le cauchemar dont il ne s’est jamais remis revient le hanter, faisant affluer les souvenirs avec une impitoyable précision. 

Un texte bouleversant, en parfaite harmonie avec des illustrations qui le complètent à merveille. Vincent Mondiot ne joue à aucun moment avec les ressorts du sensationnalisme, il évite l’écueil du récit de survie plein d’action à l’hollywoodienne, alors qu’il aurait été simple d’orienter le propos dans cette direction avec un tel scénario de départ. Préférant l’intime aux grands effets de manche, il met en scène une confession sans fard et sans concession. Ne cédant à aucune facilité, son récit adolescent est d’une éblouissante maturité.

Le discours de Léon se focalise autour du traumatisme vécu vingt ans plus tôt, un traumatisme impossible à surmonter. L’auteur des derniers des branleurs tord ainsi le bras aux poncifs faisant de la résilience un passage obligé et naturel vers un retour à la sérénité. Pour son narrateur, le temps passé, censé refermer les plaies, n’est qu’une illusion : « le temps empire les choses au lieu de les soigner. » 

Léon souffre toujours autant. La résurgence de souvenirs trop lourds à porter liée au retour sur les lieux du drame n’a pour lui rien de cathartique. « Ce qui ne te tue pas te rend plus fort, peut-être ? Non. […] Ce qui ne te tue pas te rend traumatisé ou handicapé. »

C’est beau et désespéré, d’une infinie mélancolie. Sans conteste ma plus belle lecture jeunesse de l’année.

Émergence 7 de Vincent Mondiot et Enora Saby. Actes Sud junior, 2022. 208 pages. 17,80 euros. Á partir de 13 ans. 







mardi 8 novembre 2022

Fight - Jean Tévélis

De 18h16 à 8h11 le lendemain matin. Quatorze heures dans la vie de Quentin, lycéen rageur déversant son trop plein de colère dans un Fight Club clandestin plusieurs fois par mois. Se battre pour se donner l’illusion d’exister. Se battre pour fuir et pour oublier. Le foyer dysfonctionnel, la violence du père, le silence de la mère qui encaisse sans broncher, les pleurs de la petite sœur qui le rejoint dans son lit les soirs de disputes conjugales. Quentin a besoin de se défouler, c’est le seul moyen pour lui de gérer le stress qui le ronge, de refouler la peur qui lui noue le ventre à chaque fois qu’il franchit la porte de son appartement. Une façon aussi de rendre coup pour coup, même si l’adversaire n’est jamais ce géniteur auquel il va devoir se résoudre à faire face, sans baisser les yeux. 

Un ado paumé, rongé par la violence, celle qu’il subit et celle qu’il porte en lui. Un ado qui s’interroge sur son présent et son futur. Sur ce besoin de se battre qu’il a de plus en plus de mal à canaliser. Sur les racines de sa propre brutalité, sur le fait que tout cela est sans doute héréditaire, une question d’ADN et de chromosomes. Mais comment briser le cycle de la violence ? Comment ne pas reproduire un schéma immuable, comment ne pas faire de cet atavisme une fatalité ?

En toute simplicité et sans manichéisme, Jean Tévélis relate le cheminement d’une prise de conscience salutaire, pour ne plus vivre dans l’ombre et oser faire les premiers pas vers la lumière.

Fight de Jean Tévélis. Magnard, 2022. 80 pages. 8,90 euros. A partir de 13 ans.


Une nouvelle pépite jeunesse partagée avec Noukette









mardi 20 septembre 2022

Souviens-toi de septembre ! - Marie-Aude et Lorris Murail

Quel plaisir de retrouver la collégienne Angie, sa mère Emma, le capitaine de police Augustin Maupetit et toute la fine équipe de la brigade des stups !

Pour ce deuxième épisode de la série, la petite histoire côtoie la grande et le point de départ de l’intrigue se situe en septembre 1944, après un bombardement anglais sur Le Havre, au moment où un sauveteur extrait des décombres un nourrisson en vie et un grand sac. Soixante-seize ans plus tard, Angie recueille le témoignage de ce sauveteur bientôt centenaire devenu un des plus riches notables de la ville après-guerre.

Au menu une fois encore une floppée de personnages hauts en couleur, une histoire de famille complexe et un dénouement plein de rebondissements. Comme d’habitude, les dialogues sont ciselés, le rythme soutenu, l’humour omniprésent, les interactions entre les personnages réalistes et fluides. Surtout, une attention sincère est portée à chacun, aucun n’est laissé sur le bord de la route, tous ont un rôle à jouer, d’une façon ou d’une autre, dans l’enchaînement des événements.

Au fil des chapitres le puzzle prend forme. Et s’il semble difficile de voir le résultat final à l’avance, on ne doute pas une seconde que les pièces vont s’emboîter les unes aux autres à la perfection. Un roman maîtrisé de bout en bout pour un plaisir de lecture sans cesse renouvelé.

Souviens-toi de septembre ! de Marie-Aude et Lorris Murail. L’école des loisirs, 2021. 460 pages. 17,00 euros. A partir de 14 ans.


Un billet qui signe le début d'une nouvelle saison de pépites jeunesse avec Noukette







dimanche 24 juillet 2022

Comme un homme - Florence Hinckel

 

« Je vais le tuer. »
Ethan marchait seul, dans la neige. Avec un fusil de chasse en bandoulière, il marchait dans le froid et le vent glacial. Peu importaient les conditions, peu importait son impréparation, Ethan avançait, guidé par la haine, la fureur et le chagrin.
« Je vais le tuer. »
Il allait finir par le trouver. Même si le crépuscule commençait à tomber, même si « l’humidité qui giclait à chacun de ses pas se transformait en glace. »

Cinquante-cinq petites pages. Pour dire la détermination et la volonté de vengeance d’un ado ayant accidentellement croisé son grand-père pour la première fois de sa vie. L’atmosphère est sombre, étouffante malgré la rudesse de l’hiver. Sous des faux airs du « Construire un feu » de Jack London, Florence Hinckel joue des non-dits et pousse à lire entre les lignes. Elle saupoudre son récit d’une pointe d’onirisme, sans s’écarter pour autant de la trame pleine de tension qui le porte.

Au final, pas de drame à proprement parlé. Juste la certitude pour un fils d’avoir une mère en tout point admirable, une mère à laquelle il ne cessera dorénavant d’exprimer son immense fierté.

Et comme d'habitude avec cette collection, l'achat du livre papier offre accès à la version audio et à la version numérique via une application dédiée.

Comme un homme de Florence Hinckel. Nathan, 2020. 55 pages. 8,00 euros. A partir de 14 ans.





mardi 5 juillet 2022

Je ne dirai pas le mot - Madeleine Assas

Jamais elle ne dira le mot. Jamais elle ne lui écrira. Elle le connaît depuis l’enfance, ils habitent le même immeuble et ont grandi ensemble. Une proximité qui n’aide pas à se livrer en toute sincérité. Des mois qu’elle voudrait lui rédiger une lettre pour tout lui avouer. Une lettre oui, pas un SMS, pas un mail ou un message vocal. Une vraie lettre avec des phrases à coucher sur le papier. Une lettre qu’elle ne cesse de réécrire. Une lettre dans laquelle elle voudrait aller à l’essentiel, sans vraiment savoir comment s’y prendre. « Aller à l’essentiel ? Mais c’est quoi l’essentiel ? Il me faudrait cent pages, mille pages pour le dire. Ou deux mots ».

Un texte à part dans cette collection d’habitude encline à proposer des monologues pesants à la rage rarement contenue. Ici ni drame ni colère sourde, juste une ado amoureuse qui cherche le courage d’avouer ses sentiments. C’est à la fois frais et naïf, sans tomber dans le cucul la praline. Les doutes, le manque de confiance en soi, la peur de se faire rejeter et de tout gâcher sont exprimés avec une touchante simplicité. En quatre mots : ça fait du bien !

Je ne dirai pas le mot de Madeleine Assas. Actes Sud Junior, 2022. 60 pages. 10,50 euros. A partir de 12 ans.


Un dernier billet en solitaire pour conclure cette saison de pépites jeunesse d’une grande irrégularité
mais on vous promet un retour à davantage de régularité pour la rentrée !






samedi 2 juillet 2022

Comme une chaleur de feu de camp - Amélie Panneton

Emmanuelle n’a pas confiance en elle. A part en natation où elle excelle, cette ado timide et discrète passe inaperçue. Elle ne se sent pas à l’aise parmi les filles de sa classe, elle préfère le silence aux papotages dont elle se sent exclue. Et avec les garçons, c’est la cata ! Elle rougit dès qu’on lui adresse la parole et est trop mal dans sa peau pour s’imaginer être digne d’intérêt. Du moins jusqu’au jour où Thomas, son nouveau voisin, vient frapper à la porte de la maison familiale pour lui demander les horaires du ramassage scolaire. Avec Thomas les choses vont être différentes, le rapprochement sonne comme une évidence. Mais quand Emmanuelle surprend l’assistant de l’entraîneur de natation tentant d’abuser d’une jeune fille dans les vestiaires et qu’elle intervient pour le repousser, son monde bascule. L’incident va bouleverser son quotidien. Et pas uniquement parce que l’agresseur est le frère de Thomas.

Un petit lexique franco-québécois ne serait parfois pas de trop pour saisir certains dialogues mais au-delà de ses spécificités linguistiques, ce roman pour grands ados brosse le portrait réaliste d’une lycéenne basculant du monde de l’enfance vers celui des adultes, tant au niveau amoureux qu’à travers l’événement traumatisant auquel elle a assisté et pris part malgré elle.

L’histoire d’amour prend le pas sur tous les autres thèmes abordés, créant un déséquilibre qui ne permet pas de creuser en profondeur des sujets qui auraient gagné à être davantage développés comme les relations amicales toxiques ou encore l’agression sexuelle et ses conséquences. L’ensemble se révèle donc au final un peu bancal mais la lecture reste agréable de bout en bout, c’est l’essentiel.

Comme une chaleur de feu de camp d’Amélie Panneton. Alice éditions, 2020. 250 pages. 13,00 euros. A partir de 14 ans







mardi 15 mars 2022

Au poil - Sophie Adriansen

Salomé, quinze ans, est plus préoccupée par ses révisions pour le brevet des collèges que par les poils qui colonisent ses jambes et ses aisselles. Pour sa mère par contre, les problèmes pilaires ne sont pas à prendre à la légère et ils doivent se régler chez l’esthéticienne. Le rendez-vous est pris, et Salomé s’y présente sans imaginer ce qui l’attend. Au final, l’expérience s’avère aussi douloureuse que traumatisante, à tel point point que la jeune fille en ressort avec une certitude : plus jamais ça ! 

Un texte court, plein de fraîcheur et de bonne humeur, qui aborde la question des injonctions « esthétiques » et la difficulté à assumer ses poils dans une société qui prône leur disparition. Le propos est engagé mais respecte les différents points de vue, le cheminement réflexif de Salomé sur la question étant progressif et se révélant frappé du bon sens. Bien sûr Sophie Adriansen n’occulte pas les jugements négatifs et autres moqueries que doit subir la collégienne, bien sûr elle souligne à quel point le fait de passer outre le regard des autres n’est pas une formalité, surtout à l’adolescence. Mais sa narratrice analyse avec pertinence et sans dramatiser à outrance son rapport au corps et aux normes de beauté. Au final, elle défend ses convictions avec une assurance qui force le respect.     

Ne cherchez pas ici de démonstration excessive anti-épilation, le sujet est traité avec une forme de légèreté qui permet de renforcer le propos. Le choix individuel de Salomé n’est pas à prendre comme une invitation militante à suivre ses traces, même si sa prise de position encourage fortement à la réflexion sur une thématique moins anecdotique qu’il n’y paraît.

Au poil de Sophie Adriansen. Magnard jeunesse, 2022. 80 pages. 8,90 euros. A partir de 13 ans.


Une nouvelle pépite partagée avec Noukette







mardi 22 février 2022

Revi3ns - Amélie Antoine

J’avoue, je ne suis pas super fan des romans jeunesse où l’on joue à se faire peur. J’en ai lu quelques-uns dernièrement pour des raisons professionnelles, notamment la collection « Hanté » chez Casterman (des textes vraiment flippants !) ou encore « La maison aux secrets » de Sophie Rigal-Goulard (plus intrigant qu’effrayant mais très bien mené). Avec ce « Revi3ns » d’Amélie Antoine, on est un peu dans un entre-deux, à mi-chemin entre l’intrigant et le terrifiant. Et même si ce n’est pas franchement mon truc, je dois bien reconnaître que je me suis laisser embarquer avec une étonnante facilité.  

L’histoire est pourtant hyper classique, avec un groupe de gamins irrésistiblement attirés par une maison abandonnée depuis des décennies. On dit que les ouvriers chargés de la démolir se sont enfuis après avoir vécu des choses très étranges. On dit qu’une enfant y est morte après un cache-cache qui a mal tourné. On dit que la mère de cette enfant, inconsolable, s’est suicidée en se jetant du premier étage. Bref, il y a beaucoup de légendes et de mystères autour de cette maison et forcément des collégiens curieux vont décider d’aller y jeter un œil. La nuit bien sûr. Parce que c’est plus excitant. Parce que le risque semble plus grand. Parce qu’on ne sait pas où on met les pieds, au sens propre comme au figuré…

Franchement, c’est super bien fait. La forme chorale est bien articulée, les points de vue changeant entre chaque protagoniste offrent une variété de ressentis qui donne de l’épaisseur au récit. Le suspense est bien amené, sans dramatisation à outrance, sans grosses ficelles visibles des kilomètres à l’avance et la tension est bien plus psychologique que frontalement horrifique. Et puis la fin est, comment dire… Diaboliquement surprenante !

Un roman à mettre entre les mains des jeunes lecteurs qui aiment se faire peur. Pour les petites natures un peu trop sensibles, il est préférable de passer son chemin parce que l’air de rien, une telle lecture pourrait les empêcher de trouver le sommeil. 

Revi3ns d’Amélie Antoine. Magnard jeunesse, 2021. 192 pages. 13,50 euros. A partir de 11 ans.



Une nouvelle pépite jeunesse partagée avec Noukette








mardi 25 janvier 2022

Miettes (humour décalé) - Stéphane Servant

C’est la fête de fin d’année au lycée et un ado s’apprête à monter sur scène pour proposer un numéro de stand-up. D’emblée il s’excuse. De ne pas être l’archétype du beau gosse. De ne pas cocher les cases de la virilité qui fait de vous un homme. « Avec son mètre cinquante, ses lunettes, et sa tête d’allumette. » Sans parler de ses bras « comme des bretzels ». Le genre de garçon discret auquel personne ne fait attention. Le genre de garçon que l’on choisit toujours en dernier pour faire son équipe en cours de sport. Le genre de garçon qui déçoit son père quand celui-ci comprend qu’il ne pourra jamais en faire un mec, un vrai. Le ton se veut d’abord léger, mélange d’ironie un poil mordante et d’autodérision bien sentie. Mais peu à peu le propos se durcit, devient accusateur, et tourne finalement à la confession glaçante.

Un monologue en public cathartique, libérateur, à la fois cri de rage, expression de colère et volonté de ne plus accepter les normes d’une masculinité toxique que l’on cherche à imposer dès le plus jeune âge. L'ado voudrait pouvoir revendiquer sa sensibilité sans être marginalisé, il voudrait que volent en éclat les modèles hiérarchiques patriarcaux pour enfin être capable de ne plus faire semblant d’être ce qu’il n’est pas. Le chemin sera long mais ce premier pas l’a au moins libéré d’un poids.

Un texte court, puissant, touchant de sincérité et de maladresse. Stéphane Servant sait appuyer là où ça fait mal, avec l’intelligence et la finesse qui le caractérisent.   

Miettes (humour décalé) de Stéphane Servant. Nathan, 2021. 50 pages. 8,00 euros. A partir de 14 ans


Une pépite jeunesse évidemment partagée avec Noukette !







mardi 11 janvier 2022

Queen Kong - Hélène Vignal

« Si tu veux du sexe sans amour, si tu veux démêler les deux, le temps de comprendre quelque chose, il faut être prêt à payer la note. On te le pardonnera pas. En tout cas si t’es une meuf. »

Elle est cataloguée, elle le sait. Pour eux elle est une fille facile, une fille qui couche avec tout le monde, une belle s…. C'est ce qu'ils disent dans les commentaires qui font vibrer son téléphone à répétition, entre insultes et émojis assassins. La meute est à ses trousses, babines retroussées, l’écume aux lèvres, prête pour la curée. Et pourtant, même si la situation est difficile à vivre, elle préfère être de son côté de l’écran, seule mais libre, tellement plus libre que ceux qui la harcèlent.

Un monologue adolescent cru et percutant pour dire le commencement d’une vie sexuelle active, de la découverte de son corps à la première fois ratée, de la montée du désir à l’explosion du plaisir. Un chemin assumé vers le lâcher-prise, loin des convenances et du qu’en dira-t-on, où il n’est pas nécessaire de se voiler la face pour reconnaître qu’on a le droit d’aimer le sexe et de le pratiquer sans se soucier du regard des autres, même au prix d’un inévitable lynchage en ligne. 

Le style est simple, direct, désarmant de naturel et de sincérité. La narratrice se livre sans filtre, à la fois forte et fragile, lucide et résignée, sachant qu’assumer ses envies ne fera que lui attirer des ennuis mais sachant aussi que, quel que soit le prix à payer, rien ne pourra lui enlever sa liberté. 

Queen Kong d’Hélène Vignal. Éd. Thierry Magnier, 2021. 82 pages. 12,90 euros. A partir de 15 ans


Une Pépite d'or de Montreuil partagée avec Noukette







mardi 9 novembre 2021

Le Yark - Bertrand Santini et Laurent Gapaillard

10 ans déjà que le Yark est le cauchemar des enfants sages (à moins que ce ne soit l’inverse) et quoi de mieux pour célébrer cet anniversaire qu’une réédition collector absolument magnifique ! 

Pour ceux qui ne le connaissent pas (honte à eux !), le Yark est un monstre poilu. Un ogre méchant comme une teigne qui aime les enfants. « Il adore sentir leurs petits os craquer sous sa dent et sucer leurs yeux moelleux comme des bonbons fondants. » Le problème, c’est que le Yark ne mange que les enfants sages et des enfants sages, il y en a de moins en moins. Du coup, le Yark est sur le point de mourir de faim. Pour trouver des chères têtes blondes comestibles, il lui vient une idée. Qui mieux que le Père Noël pourrait le rencarder ? C’est bien connu, les enfants sages lui écrivent pour avoir des cadeaux. Il suffit donc de récupérer la liste du gros barbu pour connaître les adresses de futures proies toutes plus délicieuses les unes que les autres. Mais de mauvaises surprises en déconvenues, le Yark n’est pas au bout de ses peines…

Comment vous dire ? Il y a quelque chose de jubilatoire dans cette histoire. Parce que le Yark est un méchant à qui il arrive des tas de malheurs et que l’on finit par le plaindre. Parce que les gamins n’ont pas le beau rôle et qu’ils en prennent pour leur grade. Parce c’est drôle, irrévérencieux, et que ça bouscule beaucoup de lieux communs que l’on retrouve dans trop d’ouvrages pour la jeunesse. Parce que les illustrations sont belles, mais pas seulement. Elles participent à l‘ambiance très particulière qui se dégage du récit. Bref, ce livre devenu un incontournable de ces dix dernières années, un petit miracle au succès ô combien mérité qui a enchanté et continu d’enchanter petits et grands lecteurs du monde entier grâce à ses nombreuses traductions.

Pour fêter l’anniversaire du Yark, l’éditeur n’a pas fait les choses à moitié. Grand format, épaisse couverture cartonnée, papier ivoire, cahiers cousus, jaquette avec vernis sélectif et, cerise sur le gâteau, un tiré à part tout simplement somptueux. L’inoubliable monstre poilu possède maintenant un écrin digne de son statut de star, et c’est on ne peut plus mérité.

Le Yark, édition anniversaire de Bertrand Santini et Laurent Gapaillard. Grasset jeunesse, 2021. 80 pages. 17,00 euros. A partir de 8 ans.



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mardi 19 octobre 2021

Poing levé - Yaël Hassan

En plein confinement, le prof de français de Junior demande à sa classe de rédiger la biographie d’une personnalité qui a tenté de changer le monde. Alors que la mort de Georges Floyd vient de choquer la terre entière et que les manifestations antiracistes se multiplient aux États-Unis, le collégien d’origine antillaise décide de raconter la vie de Tommie Smith, athlète devenu célèbre pour avoir protesté contre les discriminations en levant un poing ganté sur le podium du 200 mètres des Jeux olympiques d'été de 1968 à Mexico.

Au début, j’avoue, je n’ai pas trop compris où Yaël Hassan voulait m’emmener. Un roman sur les discriminations raciales ? Sur les violences policières ? Sur un parallèle entre l’Amérique des années 60 et la France d’aujourd’hui ? Je me suis demandé à quel moment Junior allait être confronté au racisme. Directement je veux dire. J’ai attendu le drame, ce moment de tension, cet événement révoltant où le collégien allait affronter lui-même l’insupportable. Et en fait pas du tout. C’est bien plus subtil, c’est bien plus fin. 

Junior est la colonne vertébrale d’un récit aux multiples entrées. Qui parle de discrimination bien sûr, mais pas que. De communautarisme aussi, du vivre ensemble, des préjugés, des relations entre collégiens, des différences de point de vue parents/enfants et même d’amour. C’est à travers le jeune garçon que sont abordées ces thématiques, directement ou indirectement. Yaël Hassan fait preuve de pédagogie sans lourdeur, elle montre avec beaucoup de finesse que les choses ne sont jamais toutes blanches ou toutes noires (sans mauvais jeu de mot). Le propos est instructif sans être rasoir car au-delà des nombreux sujets évoqués, on reste touché par ces portraits d’ados croqués avec tant de justesse, des ados loin des clichés qui s’interrogent finalement avec beaucoup de subtilité sur le monde qui les entoure.

Un roman parfaitement dans l’air du temps, instructif et plaisant, dont les personnages attachants en diable raviront à coup sûr les jeunes lecteurs qui auront la chance de les rencontrer.

Poing levé de Yaël Hassan. Le Muscadier, 2021. 168 pages. 13,50 euros. A partir de 12 ans


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mardi 28 septembre 2021

Comme ton père - Gille Abier

 

« T’es bien comme ton père, tiens ! »
La phrase de trop pour Loris, prononcée par sa mère suite à un incident survenu au lycée. A 17 ans, le jeune garçon n’a jamais connu son père. Personne ne lui en a jamais parlé et il est temps pour lui de connaître la vérité. Alors Loris va monter dans un train en gare d’Enghien, direction Grenoble. C’est là-bas que sa mère et sa grand-mère vivaient au moment où il a été conçu. Il l’a appris de la bouche d’un boulanger en retraite chez qui travaillait sa grand-mère et à qui elle s’était confiée. Sur place, de révélation en révélation, une horrible réalité se fait jour sur ses origines…

« Tu crois qu’on peut être heureux quand on naît d’une violence ? »
Cette question est au cœur du parcours de Loris. Elle explique le silence de sa mère sur l’identité de son père. Elle explique son mal-être, sa difficulté à trouver sa place au lycée, et plus généralement dans la société. Mais la connaissance de la vérité est aussi un mal nécessaire pour se construire un avenir solide et résilient.

Comme d’habitude Gilles Abier ne ménage ni ses personnages ni ses lecteurs. Et comme d’habitude c’est fait avec tellement de talent qu’on lui pardonne volontiers de nous bousculer à ce point. C’est sombre et réaliste, cash, sans faux semblant ni volonté de forcer le trait. Si l’évidence n’est qu’une illusion, le drame est d’autant plus crédible que le déroulement des événements s’articule de manière imparable. On en ressort bluffé par tant de maîtrise narrative. Comme d’habitude j’ai envie dire. 

Comme ton père de Gille Abier. Ed. In8, 2021. 132 pages. 8,90 euros. A partir de 13-14 ans.  



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