Voilà, c’est fait, j’ai lu un thriller du grand maître du genre. Enfin il paraît que c’est le grand maître du genre, perso je n’y connais rien en thriller et je passe mon temps à dire que je fuis ce type de roman comme la peste.
Pourquoi cette lecture alors ? Parce que j’ai eu besoin de comprendre. Comprendre pourquoi ce Harlan Coben fascine ma femme à ce point. Pourquoi le soir venu, alors que je l’invite avec toute la conviction nécessaire à faire un gros câlin, elle me snobe pour rester avec Harlan. Et ce n’est même pas une excuse bidon genre « j’ai mal au crâne », non, non, c’est un sincère « attends, je termine mon chapitre » qui s’éternise tellement que je finis par m’endormir en me la collant derrière l’oreille. Donc j’ai voulu savoir ce que ce mec avait de plus que moi. Bordel.
Intimidation, c’est l’histoire d’un secret. Un secret révélé à Adam Price par un inconnu dans un bar. Un secret que sa femme lui cache depuis des années. Après avoir refusé de donner la moindre explication à propos de ce secret, l’épouse disparaît et envoie un mystérieux SMS. Disparition volontaire ? Enlèvement ? Meurtre ? Adam se lance à corps perdu dans une enquête dont il ne sortira pas indemne (je le vends bien, hein !).
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La pile d'Harlan Coben au pied de notre lit... |
Pourquoi ça fonctionne à ce point ? A vrai dire je me le demande. Ok, il y a un côté addictif. Ok, le gars prend son temps, il soigne les préliminaires, caresse la lectrice dans le sens du poil, la fait frissonner et la réchauffe quand il faut. Il change de point de vue comme on change de position pour offrir une respiration au cœur de l’action avant de mieux revenir aux fondamentaux. Il joue sur le tempo (lent, rapide, trépidant), donne le rythme et offre cette accélération finale qui fait la différence.
Mais punaise, il n'y pas non plus de quoi grimper aux rideaux ! Ça reste un page-turner, un truc dont on dévore les courts chapitres à toute vitesse pour connaître la suite sans s’arrêter sur la profondeur des personnages et de l’intrigue. L’écriture, truffée de dialogues, est plate comme le dos de la main et les grosses ficelles scénaristiques sautent aux yeux, même pour un novice du genre comme moi.
En gros, c’est mécanique : des enchaînements qu’on voit venir de loin, zéro prise de risque, aucune passion. Tout juste se contente-il de faire monter l’intensité crescendo (ce qui est déjà pas mal, je le concède). Pour autant, ce n’est pas parce qu’on a trouvé une technique efficace qu’il est interdit de varier les plaisirs. Où est l‘effet de surprise sinon ? Franchement, monsieur en fait des caisses mais on est à la limite de l’esbroufe. Ok, je suis un peu (beaucoup) de mauvaise foi sur ce coup-là. Mais je déteste l’idée qu’un auteur perturbe ma vie sexuelle, faut me comprendre. L’évidence c’est qu’il sait y faire et que j’ai du mal à soutenir la comparaison. L’enfoiré.
Intimidation d’Harlan Coben. Belfond, 2016.
375 pages. 21,50 euros.