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lundi 1 juillet 2013

Tobi et les souvenirs - Anne-Kathrin Behl

Tobi ne sait pas comment s’occuper. Tous ses copains sont partis en vacances et il n’y a plus personne pour jouer avec lui. Dans la rue, c’est simple, il n’y a que des vieux. « Les vieux, c’est ennuyeux » ronchonne Tobi. Quand Mr Bouc lui demande pourquoi il est de mauvaise humeur, sa réponse est simple : « Tout le monde est au moins un million de fois plus vieux que moi dans cette ville. » Mais quand Mr Bouc commence à lui parler de son passé de pilote de ligne, Tobi est intéressé. Puis c’est Madame Rhino qui revient sur sa carrière de chanteuse et enfin Mr Loup qui lui révèle qu’il était détective et qu’il a arrêté bien des criminels. Au final, Tobi se rend compte qu’être vieux, ce n’est pas si mal que cela : au moins on a toujours de belles histoires a raconter !     

Un album qui souligne avec malice l’importance de l’échange entre les générations. Tobi ne voit pas chez les vieux qu’il croise dans la rue des interlocuteurs dignes d’intérêt et pourtant, ils vont le faire rêver. C’est simple mais bien amené et très facilement compréhensible pour un petit lecteur. Les illustrations s’étalent sur des doubles pages et fourmillent souvent de détails rigolos. Une lecture vraiment très sympathique sur un thème pas si courant, à recommander chaudement.  


Tobi et les souvenirs d’Anne-Kathrin Behl. Tourbillon, 2013. 28 pages. 11,95 euros. A partir de 4 ans.



vendredi 28 juin 2013

A l’heure du loup - Kochka et Les Manouchkas

Quand la nuit arrive, le jour s’enfuit, il a peur du loup. Pour Lili, c’est pareil : à l’heure du loup, quand elle est seule dans son lit, c’est son courage qui s’enfuit. Mais heureusement, Lili a un papa très fort et très intelligent. Pour éviter que Lili soit terrorisée lorsqu’arrive l’heure du loup, il lui construit un nid. C’est bien connu, aucun loup n’a jamais grimpé dans un nid. Du coup, le courage de Lili revient et la petite fille peut tranquillement fermer les yeux.      

Une histoire toute simple qui traite des peurs nocturnes avec finesse. L’occasion d’aborder la question en douceur afin de dédramatiser ce moment qui reste angoissant pour nombre d’enfants. Des illustrations naïves et très parlantes, des couleurs pastel qui laissent à distance les teintes trop sombres et un super papa trop fort qui trouve une solution magique au problème... décidément, rien n’est grave à l’heure du loup. Il suffit juste de faire comprendre à ce dernier qu’il n’est pas le bienvenu dans la chambre des petites filles !  


A l’heure du loup de Kochka et Les Manouchkas (Laura Guéry et Julie Wendling). Ricochet, 2013. 32 pages. 13,70 euros. A partir de 3 ans.



lundi 24 juin 2013

Mes petits bateaux - Éric Battut

Je vous ai déjà dit à plusieurs reprises à quel point j’appréciais l’excellentissime collection Pont des Arts, coéditée par L’Élan vert et le CRDP d’Aix-Marseille. C’est une collection qui offre « une nouvelle façon de découvrir les œuvres d’art : y entrer par une fiction et des illustrations originales qui sollicitent l’imagination et renforcent le plaisir de la lecture. » Pour les enseignants, chaque album est accompagné d’un livret d’exploitation pédagogique contenant des séquences clés en main et des propositions d’activités transversales.  

Le tout dernier volume de la collection, sorti il y a quelques jours, permet de découvrir les impressionnistes au fil de l’eau. Écrit et illustré par Éric Battut, il met en scène un petit garçon qui transforme son lit en radeau et descend ainsi la Seine jusqu’à l’océan, traversant les paysages, notamment ceux de Normandie, qui ont inspiré les peintres impressionnistes. En chemin, il se délecte en croisant barques et baigneurs, grenouilles et crapauds, crabes ou chevaux… L’occasion pour lui de poser son regard sur des œuvres de Boudin, Caillebotte, Manet, Monet, Pissarro, Renoir et Seurat. Chaque double-page s’organise de la même façon avec un texte de 4 ou 5 lignes, une miniature du tableau original et l’illustration grand format d’Éric Battut. Comme d’habitude on trouvera en fin d’ouvrage des informations d’ordre documentaire adaptées aux petits lecteurs dès 6 ans.

Encore une très bonne surprise dans cette collection devenue absolument incontournable. Un outil idéal pour faire découvrir l’histoire des arts aux plus jeunes, de façon ludique et légère, et pas seulement à l’école.

Mes petits bateaux d’Éric Battut. L’Élan vert / CRDP d’Aix-Marseille, 2013. 30 pages. 14,20 euros. A partir de 5-6 ans.

Le fichier d’exploitation pédagogique de cet album sera disponible dès septembre au prix de 5 euros.



mardi 18 juin 2013

Les lectures de Charlotte (1)


Je reprends ici à mon compte l’excellente idée de Kikine consistant à présenter les lectures de son petit bout de chou. Comme nos enfants ont à peu près le même âge, je lui emboîte le pas. Qui sait, on aboutira peut-être un jour à une lecture commune entre bébés !

Charlotte aura bientôt cinq mois et il est temps qu’elle mette sérieusement le nez dans les livres. Pour commencer en douceur, je suis allé piocher dans l’ancienne bibliothèque de sa grande sœur. Nous avions découvert Capucine la souris il y a près de dix ans dans la revue Petites histoires pour les tout-petits. Quand les albums sont sortis en librairie ils ont fait le bonheur de la pépette n°1.

L’univers d’Edouard Manceau est très poétique, épuré à l’extrême avec un minimum de texte. Debout soleil est le premier titre de la série : alors que le petit nuage voudrait jouer avec le soleil, ce dernier est endormi. Terriblement triste, le nuage se met à pleurer... ce qui donne une brillante idée à Capucine !

La première tentative avec cet album s’est très bien passée. Le soir, au calme, après le bain et avant le dernier biberon. Deux minutes de lecture au cours desquelles Charlotte est restée très attentive. Dès que je tournais une page elle ouvrait la bouche, comme si elle voulait s’adresser à Capucine. Puis je l’ai laissée attraper le livre et elle a tout de suite voulu le boulotter. Pensez-donc, des pages en carton épais qui ne demandent qu’à être suçotées, c’est trop tentant. Mais bon, entre la bouche et l’œil, on a vite fait de mal viser. Et même si les coins sont arrondis, ça fait mal. Du coup on ne s’est pas trop attardé mais j’ai été très agréablement surpris par sa première réaction. Le lendemain matin on a voulu remettre ça et le test s’est avéré bien moins concluant. Aucune attention, elle ne regardait même pas le livre. Comme quoi, les bébés aussi ont besoin d’être disponibles pour apprécier une lecture. Encore quelques jours en compagnie de Capucine et on passera à autre chose. Promis, j’essaierais de vous tenir au courant.



mardi 28 mai 2013

Le phare des sirènes - Rascal et Régis Lejonc

Ange est élevé par son oncle depuis le décès de sa mère. Un oncle pêcheur de harengs et une vie tranquille dans une cabane en bois au bord d’une falaise. Mais un jour le tonton ne rentre pas de la pêche. Ange le cherche, il retrouve sur le sable sa casquette bleu marine et des morceaux de son bateau. Quelques temps plus tard, alors qu’il regarde l’océan avec une longue-vue, le jeune garçon aperçoit une forme échouée sur la plage. Pensant que c’est la dépouille de son oncle, il se précipite et s’arrête, essoufflé, devant le corps d’une sirène : « Sa queue couverte de fines écailles était écorchée par endroits et laissait apparaître une chair rose semblable à celle des saumons. Accrochées à ses cheveux, de minuscules étoiles de mer parsemaient, ça et là, sa longue chevelure. » Cette sirène prénommée Swidja, il va la ramener à la cabane pour la soigner. Cette sirène, il va en tomber fou amoureux. Elle va lui faire découvrir son royaume et lui ouvrir un infini champ de possibles...   

Mais la guerre éclate. Les hommes sont enrôlés de force. Sur le front, Ange est grièvement blessé. Il se réveille avec « la gueule d’un monstre. La gueule à faire peur. La gueule cassée. » Retournant sur la falaise de son enfance après sa sortie de l’hôpital, il trouve la cabane en ruine et accepte un poste de gardien de phare. 45° de latitude nord, 35° de longitude est. Le phare des sirènes. Depuis, il attend le retour de Swidja : « Un jour, je sais qu’elle me reviendra et qu’elle m’emmènera dans son palais de corail blanc. J’éteindrai alors la lumière crue du phare et nous nous en irons loin, bien loin sous la couverture des vagues. » 

Bon on ne va pas y aller par quatre chemins : je suis raide dingue du Phare des sirènes. Depuis sa sortie, ce titre ne m’a jamais quitté. Comme un gosse, je l’ai relu des dizaines de fois et je suis toujours bouleversé par cette histoire. Pourquoi me direz-vous ? Parce qu’on y parle d’amour, de mort et de solitude. Parce qu’on y découvre la folie des hommes. Parce que c’est beau, triste et douloureux. Parce que ça ressemble à une vie. Parce que l’écriture de Rascal, très littéraire, fait de ce texte un petit bijou. Parce que les illustrations pleine page de Régis Lejonc sont autant de tableaux dans lesquels on plonge avec délice. Parce que cet ouvrage très grand format prouve si besoin en était encore que les albums ne sont pas uniquement destinés aux enfants et que certains d’entre eux s’adressent à un public beaucoup plus mature.

Une merveille comme on en rencontre peu dans une vie de lecteur. 


Le phare des sirènes de Rascal et Régis Lejonc. Didier jeunesse, 2007. 60 pages. 19,90 euros. A partir de 10-11 ans.

Une lecture commune un peu spéciale aujourd’hui puisque je la partage avec Mo’ et Noukette, deux de mes blogueuses préférées. Les réunir sur cet album qui me tient tant à cœur est un vrai plaisir. En espérant qu’elles ont apprécié cette touchante histoire d'amour. De toute façon si ce n’est pas le cas je boude…


PS : petite info pour mes lectrices communes : avez-vous remarqué que la couverture est en fait la toute dernière image de l’album ? Regardez bien la page finale puis fermez le livre et vous comprendrez pourquoi je vous dis ça (bon je fais le malin mais c’est parce que l’auteur me l’a dit sinon je serais passé à coté...).     






lundi 27 mai 2013

A pas de loup - Zemanel et Madeleine Brunelet

Siou est un petit loup qui n’aime pas rester seul. Il voudrait bien suivre sa mère mais il ne sait pas encore marcher comme il faut. Sa mère lui a promis : «  Tu m’accompagneras quand tu marcheras comme un vrai loup. » En voyant une grenouille passer devant lui en sautillant, Siou se dit : « peut-être faut-il faire ainsi pour marcher comme un vrai loup ? » Mais à l’évidence ce n’est pas le cas. Il va par la suite tenter d’imiter le papillon, le serpent ou le blaireau mais il constate qu’aucun de ces animaux ne marche comme les loups…    

Un petit album sans prétention qui, je l’avoue, ne me laissera pas un souvenir impérissable. Ce récit en randonnée des plus classiques n’est pas d’une folle originalité. Petit Loup avance et chaque rencontre est prétexte à une nouvelle tentative pour, enfin, réussir à marcher comme un vrai loup. Le problème c’est que le texte est plutôt fade, il n’y a aucun humour et on se lasse assez vite de ces pérégrinations qui s’avèrent au final sans grand intérêt. Le dessin est sympa mais, là encore, il n’y a pas de quoi sauter au plafond. De jolies couleurs pastel tout de même et un personnage dont la bonne bouille pourra séduire les enfants.   

Loin d’être une pépite, donc. Disons que c’est le genre d’histoire idéale en petite lecture du soir, de celle que l’on partage avec plaisir avec son petit bout, même si je doute que cet album soit quotidiennement réclamé à corps et cris.


A pas de loup
de Zemanel et Madeleine Brunelet. Père Castor-Flammarion, 2013. 24 pages. 4,40 euros. A partir de 4-5 ans.





jeudi 16 mai 2013

Une chanson pour l’oiseau - Margaret Wise Brown et Remy Charlip

L’oiseau est mort, les enfants ont trouvé son petit corps tout raide et tout froid. Bien sûr les enfants étaient tristes que l’oiseau soit mort mais ils étaient aussi contents de pouvoir s’occuper de lui en lui offrant une sépulture décente. Ils l’ont donc emporté dans le bois et ont creusé un trou dans la terre. Ils l’ont enveloppé dans des feuilles de vigne et l’ont posé dans le trou. Ensuite ils l’ont recouvert de fougère, de petites violettes blanches et de jonquilles. Puis ils ont chanté et pleuré avant de déposer sur sa tombe une pierre sur laquelle ils ont écrit : « ici repose un oiseau qui est mort. »

Un texte de 1938 qui fut illustré en 1958 par Remy Charlip. Décédée en 1952, Margaret Wise Brown n’aura jamais vu son histoire mise en images. Édité pour la première fois en France, cet album devenu un classique de la littérature jeunesse américaine est pour le moins surprenant. Par la modernité de son thème d’abord. L’évocation de la mort est empreinte d’une certaine justesse et ces enfants voulant organiser des funérailles comme les grandes personnes ont quelque chose de touchant. Par la simplicité de ces illustrations et de sa mise en page ensuite. Une vraie patine dans le trait et les couleurs de Charlip. Le coté suranné fait tout le sel de ce petit livre qui, contrairement à bien d’autres, ne galvaude pas le qualificatif de « vintage ». L’organisation de l’ouvrage est répétitive et fait se succéder des double-pages de texte et des doubles-pages illustrées totalement muettes.

Une vraie plongée dans le patrimoine de la littérature jeunesse mondiale. L’occasion de découvrir s’il en était encore besoin que si les choses ont bien changé en 75 ans, certains « vieux » albums possèdent aujourd’hui encore un incontestable charme.
 
Une chanson pour l’oiseau de Margaret Wise Brown et Remy Charlip. Didier jeunesse, 2013. 48 pages. 11,90 euros. A partir de 5 ans.

L'avis d'un autre endroit pour lire









mardi 30 avril 2013

Émile est invisible - Vincent Cuvellier et Ronan Badel (Prix Sorcières 2013 catégorie premières lectures)

Aujourd’hui, c’est décidé, Émile est invisible. Pour échapper aux endives préparées par maman, il sera invisible avant midi. Emile commence par se cacher puis il se persuade que plus personne ne peut le voir et se montre à découvert. Mais à chaque fois sa mère le repère. Émile réfléchit et la solution tombe comme une évidence : ce sont ses vêtements qui le trahissent. Pour être invisible, il faut être tout nu. Quand sa maman l’appelle en lui promettant une surprise, le garçon se méfie. Mais puisque maintenant il est réellement invisible, il part en courant découvrir la surprise. Et la surprise, c’est sa copine Julie : « Ouf, se dit Émile. Heureusement qu’il est invisible, sinon Julie aurait vu son zizi. »

Un album jubilatoire qui joue sur la force de persuasion propre à l’enfance. Il aurait peut-être mieux fallu qu’Émile se persuade d’avoir un ami imaginaire, cela aurait été moins embarrassant (mais aussi beaucoup moins drôle). Ma pépette n°2 (7 ans) a adoré, elle a franchement rigolé en découvrant la scène finale. Et puis il faut dire qu’avec Ronan Badel aux pinceaux, on est rarement déçu. Depuis l’excellentissime Félicien Moutarde, je ne rate aucune de ses publications. Ils sont tellement rares les illustrateurs jeunesse dont le dessin est aussi dynamique qu'irrévérencieux.

Je poursuis donc avec grand plaisir la découverte des gagnants du Prix Sorcières 2013. Après la catégorie documentaire et la catégorie albums, voila un troisième titre dont la victoire ne souffre d’aucune contestation. Une vraie réussite !
 
 
Émile est invisible de Vincent Cuvellier et Ronan Badel. Gallimard jeunesse, 2012. 28 pages. 6,00 euros. A partir de 5 ans.





lundi 22 avril 2013

Les aventures de Lou Loup le casse-cou - Madeleine Deny et Marie Paruit

Lou-Loup est un loup gentil comme tout mais c’est aussi vrai casse-cou. Le lundi, il déchire sa culotte en descendant d’un arbre. Le mardi, il joue au pêcheur, tombe à l’eau et ressort couvert de boue et de vase. Le mercredi, il part embêter les sangliers et les oiseaux et en dévalant un ravin, il salit sa belle tenue de garde forestier. Le jeudi, comme il n’a plus rien à se mettre, il enfile la chemise de nuit de sa mère pour se déguiser en mère-grand et crac, il fait un trou à la chemise. Le vendredi, se sont ses habits neufs, achetés pour le mariage de sa tante, qui vont finir en charpie. Mais alors que mettra-t-il le samedi, jour du mariage ?   

Un album proche du récit en randonnée qui fonctionne sous la forme de l’énumération (un peu comme La chenille qui fait des trous). Chaque jour une nouvelle bêtise et des vêtements qui finissent abîmés ! D’un jour à l’autre, les événements de la veille influent sur la suite de l’histoire. 

L’organisation est classique : à gauche le texte et à droite une illustration pleine page qui ne montre que le tronc du petit loup.  Pour faire apparaître sa tête et ses jambes, il faut déplier les éléments qui se trouvent en dernière page. Un livre pantin interactif où l’enfant peut animer le personnage pendant que l’adulte lit. Le procédé est simple mais efficace et apporte une vraie valeur ajoutée.

Un livre de plus dans l’escarcelle de Charlotte grâce aux éditions Tourbillon. Et un grand merci à Pauline qui régale mes filles à chacun de ses envois !    


Les aventures de Lou Loup le casse-cou de Madeleine Deny et Marie Paruit. Tourbillon, 2013. 16 pages. 12,95 euros. A partir de 3 ans.



Et voila Lou-Loup avec sa tête
et ses jambes dépliées !












vendredi 12 avril 2013

Lumières : l’encyclopédie revisitée

On célèbre cette année les 300 ans de la naissance de Diderot. Pour fêter l’événement, les éditions L’édune ont proposé à onze illustrateurs contemporains de revisiter la fameuse encyclopédie. Chacun d’eux s’est emparé d’un thème particulier (Agriculture - Histoire naturelle - Anatomie & Chirurgie - Sciences - Métiers de bouche - Beaux-Arts – Transports - Écriture & Imprimerie - Armes & Soldats – Mode - Artisanat) dont il a détourné, recomposé, actualisé et personnalisé à sa manière les planches originales. Frank Prévot signe les textes qui commentent et relient entre elles chacune des planches.

Le résultat est absolument somptueux. Un album au grand format cartonné (25 x 35 cm) dans lequel se succèdent des univers graphiques à la fois riches et modernes. Parmi les illustrateurs réunis, quelques-uns m’enchantent particulièrement, notamment Régis Lejonc, Charles Dutertre, Rascal ou encore Tom Schamp qui avait signé le superbe Fabuleux amour d’Aucassin et Nicolette.  Les autres noms me sont inconnu mais je vous les donne quand même avec plaisir : Martin Jarrie, Jean-François Martin, Julia Wauters, Clotilde Perrin, Vincent Pianina, Albertine, Janik Coat. Chaque thème s’organise de la même façon. D’abord les textes correspondant à chaque planche revisitée, puis les planches elles-mêmes et enfin quelques planches originales de l’encyclopédie du 18ème siècle. Les articles rédigés par Frank Prévot sont plus fantaisistes qu’informatifs. Très variés, ils allient légèreté et humour. Surtout, ils permettent au lecteur de développer une compréhension fine du lien texte/image : redondant, complémentaire, contradictoire, décalé… 

Cette encyclopédie revisitée est un objet-livre dont le caractère précieux (dans le sens culturel du terme) saute aux yeux. Un objet-livre où les arts s’expriment, où les univers graphiques se télescopent, se combinent et se rejoignent, où le texte et l’image donnent à voir et à réfléchir. Un objet-livre tout simplement incontournable, à lire, à faire lire et à offrir.  

Pour découvrir davantage d’illustrations, rendez-vous sur le site www.lumieres-encyclopedie.fr        
 
Lumières : l’encyclopédie revisitée de Frank Prévot. Coédition L’édune / CRDP de Reims, 2013. 128 pages. 24,90 euros.

PS : le CRDP de Reims a réalisé un livret pédagogique pour les enseignants de cycle 3 (CE2-CM1-CM2) qui souhaitent utiliser cette encyclopédie revisitée en classe. Les activités sont proposées sous la forme de plusieurs séquences (étude du siècle des lumières, exploitation de l’album en cours de français, articulation entre production d’écrits et productions plastiques, utilisation de l’album pour construire des programmes géométriques). Le livret coute 5 euros et peut se commander sur la librairie en ligne de l’éducation.
 






mardi 9 avril 2013

Pauvre Stupidon / Une fourmidable surprise - Maureen Dor

Dor et Lamenthe © Clochette 2013

Nous sommes le 14 février, c’est un grand jour pour les angelots. Armés de leurs arcs et de leurs flèches, ils filent vers la terre où les attendent leurs futures cibles. Tous ces gens que l’on va aider à tomber amoureux, n’est-ce pas un job de rêve ? Sauf peut-être pour le maladroit Stupidon. C’est sa première St Valentin et le pauvre angelot va multiplier les gaffes. Grâce à lui un loup va tomber amoureux d’un agneau, un croque-mort va s’emmouracher d’une clown et un lion va fondre pour une jolie gazelle. De retour sur son nuage, Stupidon va subir les moqueries de ses camarades. Mais après tout, même si les couples qu’il a formés semblent mal assortis, peu importe. Ils s’aiment, c’est bien là l’essentiel !


Dor et Lamenthe © Clochette 2013

Dor et Bossrez © Clochette 2012

Chez les fourmis, la reine pond des œufs renfermant des larves qui auront chacune un rôle bien précis : la fourmi-guerrière défendra la fourmilière, la fourmi-nounou s’occupera des nouveau-nés et la fourmi-ouvrière fera des réserves pour toute la communauté. Mais le jour où la reine pond une un œuf contenant une fourmi inutile, les choses se compliquent. Baptisée Driim, cette petite fourmi ne trouve sa place nulle part. Son seul talent ? Faire de la musique avec un brin d’herbe. Qu’à cela ne tienne, la reine fera d’elle un chef d’orchestre en pondant des larves de fourmi-musiciennes !

Dor et Bossrez © Clochette 2012


Une très belle surprise que ces petits albums carrés au texte enlevé et aux illustrations colorées à souhait. Stupidon et Driim sont des personnages atypiques qui, en sortant du cadre bien établi de leur communauté, vont transformer leur différence en richesse. Sous ses abords simplistes, le propos interpelle et pousse à la réflexion. Bonus non négligeable, il est fort agréable de découvrir les histoires racontées par la douce voix de Maureen Dor sur les cd-audio joints à chaque livre. Une jolie découverte donc, qui ravira à coup sûr les enfants dès 4-5 ans.

Pauvre Stupidon de Maureen Dor et Pélagie Lamenthe. Édition Clochette, 2013. 26 pages + 1CD-audio. 14,95 euros. A partir de 4-5 ans.

Une fourmidable surprise de Maureen Dor et Élodie Bossrez. Édition Clochette, 2012. 26 pages + 1CD-audio. 14,95 euros. A partir de 4-5 ans




vendredi 5 avril 2013

Le mille-pattes - Jean Gourounas

Gourounas © Rouergue 2012
Pas simple de faire un mille-pattes. Au départ ça roule tout seul, il suffit de dessiner une saucisse. Pour les pattes, quelques traits suffisent. Le problème s’est qu’il faut bien accorder la couleur de la saucisse et celle des pattes. On commence par la queue et on déroule le corps, tout droit. Mais si on veut vraiment mettre toutes les pattes il va falloir gagner de la place et tordre un peu la saucisse sinon « on n’aura jamais assez de pages ». Et si l’envie nous prend de changer de couleur en cours de route ? Pourquoi pas après tout. Pareil avec les pattes, si à un moment donné on veut lui mettre des chaussures à notre insecte, on a bien le droit. Ce qui compte, c’est de ne pas oublier une seule de ses mille pattes. Pour le reste, la liberté est totale.

Un excellent album, très ludique, où l’on découvre au fil des pages que l’humeur du dessinateur influe beaucoup sur le rendu final de son « œuvre ». C’est drôle, enlevé, très intelligemment construit et surtout ça donne aux enfants l’envie irrésistible de se saisir d’une feuille et d’un crayon pour réaliser leur propre mille-pattes. C’est en tout cas ce qui s’est passé chez moi. Il y a maintenant deux insectes très colorés en forme de saucisse accrochés à la porte du frigo…            
 
Le mille-pattes de Jean Gourounas. Rouergue, 2012. 28 pages. 13,40 euros. A partir de 3-4 ans.

Gourounas © Rouergue 2012








jeudi 28 mars 2013

Le facteur Quifaiquoi


Vilar et Ballester © La joie de lire 2012
Voilà un facteur bien étrange qui n’a qu’une chaussure, deux paires de lunettes, trois montres à goussets… Et qui transporte bien plus de lettres et de paquets qu’il ne peut. Il travaille douze jours par semaine, treize mois par an et reçoit quatorze pièces de monnaie tous les quinze jours.
C’est un métier très sérieux. Il a même reçu vingt instructions officielles quant au travail qu’il doit effectuer. La plus importante l’oblige à descendre de sa bicyclette à neuf roues toutes les vingt et une minutes, à faire vingt-deux révérences et à jouer l’hymne de son pays avec son sifflet… Entre autres choses… Car Quifaiquoi est endormi et rêve d’un monde heureux.
Un album au rythme frénétique qui permettra aux enfants de jouer avec les chiffres, et même de compter puisque on passe de un à trente-trois puis de trente-trois à un… Le texte défile au bas de chaque page, comme la ligne d’un prompteur sur un écran et il faut bien avouer qu’il est parfois difficile de ne pas perdre le fil. Mais peu importe finalement puisque cette sarabande n’est qu’un rêve. Le dessin est épuré, formé d’un simple trait et relie aisément  image et texte.
Dommage que l’ensemble dégage une trop grande impression de légèreté et soit aussi vite lu qu’oublié. Indéniablement original, je dois néanmoins avouer que cet album ne m’a que moyennement convaincu…
Le facteur Quifaiquoi de Ruth Vilar et Arnal Ballester. La joie de lire. 2012. 28 pages. 14,50 Euros. A partir de 6 ans. 

Vilar et Ballester © La joie de lire 2012


Et voila ma 4ème et avant dernière lecture dans la catégorie albums







lundi 18 mars 2013

Les lettres de l’ourse - Gauthier David et Marie Caudry

David et Caudry
© Autrement 2012
C’est bientôt l’hiver et l’oiseau est parti pour le Sud. Son amoureuse l’ourse ne pouvant vivre en son absence, elle décide de le rejoindre. Chaque jour elle lui écrit une lettre et lui raconte son voyage. Traverser une forêt et un désert, escalader un volcan, éviter des champs de bataille, faire de belles rencontres, etc. Un dernier périple sur la mer et l’ourse arrive enfin sur l’île de son bienaimé. Mais celui-ci, ne supportant pas lui non plus la séparation, est déjà reparti vers le nord...

Un album épistolaire et poétique. Quelles sont belles ces lettres d’amour envoyées par l’ourse ! Des missives pleines de tendresse et de bienveillance qui racontent les petits événements de la journée et se terminent par un mot gentil adressé à l’être aimé. Les illustrations sont riches et chatoyantes, très variées. Un album qui fait du bien, dans lequel on plonge avec délice et dont on ressort revigoré par tant de douceur et de bons sentiments.

Voila, c’était ma petite minute fleur bleue. Profitez-en, c’est pas tous les jours...

Les lettres de l’ourse de Gauthier David et Marie Caudry. Autrement, 2012. 48 pages. 14,50 euros. A partir de 5 ans.


David et Caudry © Autrement 2012



3ème participation aux lectures communes
du Prix sorcières 2013 proposées par Libfly (catégorie Albums)







lundi 11 mars 2013

Le roi aux mille tétines

Au pays des enfants-rois, le maître du royaume se comporte en vrai tyran. Les nourrices qui s’occupent de lui nuit et jour préparent ses biberons et doivent veiller sur ses tétines. Il en possède mille. Si une nourrice n’en prend pas suffisamment soins, en casse ou en égare une, elle se retrouve en prison. Comme le roi désire toujours plus de tétines, ses nounous parcourent le monde pour lui trouver les spécimens les plus rares. Mais il semble maintenant toutes les posséder, ce qui l’énerve au plus haut point et le rend totalement invivable. Heureusement Mathilde, la plus rusée des nounous, va imaginer un stratagème redoutable pour que le roi abandonne définitivement son obsession pour les tétines...

Sans doute l’album idéal pour les parents voulant discuter avec leurs enfants du « problème » de la tétine. Par le biais de l’histoire, le message sera sans doute plus facile à faire passer. Le roi, en renonçant à sa tétine, va devenir plus grand et plus raisonnable. La conclusion est peut-être un peu simpliste mais elle a au moins le mérite d’être claire.

Les illustrations sont incontestablement le gros point fort de cet album. Des compositions magnifiques aux couleurs douces et tendres qui s’étalent sur chaque double page. L’absence d’encrage donne au dessin une texture particulière, presque veloutée, tandis que le travail sur la lumière est absolument remarquable.

Une thématique originale pour un album graphiquement somptueux. Voila une jolie référence de plus au catalogue des éditions Balivernes.


Le roi aux mille tétines de Christos et Sylvie Giroire. Balivernes éditions, 2013. 30 pages. 13 euros. A partir de 4-5 ans.


Christos et Giroire © Balivernes 2013





jeudi 7 mars 2013

La maison en petits cubes


Ce billet a presque un an mais je le fais remonter aujourd’hui parce que ce titre fait partie des lectures communes proposées par Libfly dans le cadre du prix Sorcières 2013. L’occasion de reparler de ce magnifique album qui fut pour moi une découverte des plus agréables.
 
Et puisque l’on parle de Libfly, si vous voulez m’entendre parler des Remèdes du docteur Irabu à la radio, c’est par là que ça se passe : 
 



Dans un village immergé suite à la montée des eaux, un vieil homme vit dans une drôle de maison. Depuis des décennies, à chaque fois que le niveau de la mer monte, il doit bâtir une nouvelle demeure sur la précédente. « Au final, les habitations sont empilées les unes sur les autres, comme des petits cubes. » Un jour, alors, qu’il entame une nouvelle construction, ses outils tombent à l’eau. Enfilant sa combinaison pour aller les repêcher, il va plonger dans ses souvenirs en revisitant chacune de ses anciennes maisons.

Un album poétique au charme incontestable et réellement tout public. Difficile de résister à cette allégorie sur la vieillesse et le temps qui passe. Chaque étage de la plongée correspond pour le vieil homme à moment marquant de sa vie, du plus récent au plus ancien : la mort de sa femme, une fête rassemblant ses enfants et ses petits enfants, le mariage de sa fille et sa naissance, bien des années plus tôt. En arrivant tout en bas, il repense à l’époque où l’eau n’avait pas encore recouvert le village…

Entièrement composé de doubles illustrations pleine page aux couleurs pastel, l’album diffuse une douce nostalgie sans jamais tomber dans une quelconque mélancolie tristounette.
     
Adaptation et prolongement d’un film récompensé par l’Oscar du meilleur court-métrage d’animation, La maison en petit cube est un ouvrage tout simplement superbe. Une vraie belle découverte !

La maison en petits cubes de Kunio Katô et Kenya Hirata. Nobi nobi, 2012. 44 pages. 14,95 euros. A partir de 4 ans

Kâto et Hirata © nobi nobi 2012