Les Plomeur, installés à Quimper, sont bouchers de père en fils. André, le petit dernier, n’échappe pas à la règle. Mais au-delà de ses compétences pour la découpe de la viande froide, le jeune homme se découvre une autre qualité rare : il fait chanter la chair des femmes. Alors que la première guerre mondiale a envoyé au front la majorité des hommes, André, devenu maître es orgasmes, voit le nombre des ses adoratrices augmenter de façon exponentielle. Lorsque le conflit prend fin, les maris reviennent et les ennuis commencent pour la famille Plomeur. Fernande, sa mère, trouve un matin sur le pas de la porte un bébé dans un couffin. Six autres suivront. Décidé à s’occuper de ses enfants avant tout, André délaisse le commerce familial. La clientèle féminine ayant subitement déserté leur boucherie, les parents voient poindre le spectre de la faillite. Devant le désastre annoncé, la mère meurt d’une crise cardiaque, suivie peu après par son époux. Et quand un mari jaloux menace de tuer un des nouveaux nés, André s’empresse de quitter Quimper avec sa progéniture sur un bateau de fortune à destination de l’Amérique…
Ce court roman est un joyeux fourre tout. Commençant comme une comédie lorgnant sur le vaudeville, le récit emprunte à l’aventure maritime façon Hemigway (Le vieil homme et la mer) avant d’accoster sur une île que n’aurait pas reniée Robinson Crusoé. Survient alors une légère dose de fantastique avant une apothéose finale qui tend allègrement vers un genre bien particulier, l’absurde.
Conte ? Fable ? Récit d’initiation ? Difficile de faire rentrer ce Bifteck dans une catégorie précise. C’est à la fois original et déstabilisant pour le lecteur. A l’évidence, le coté décousu de l’intrigue dessert le texte. C’est dommage, car Martin Provost possède un joli brin de plume.
Les meilleurs passages sont ceux qui abordent la question de la paternité. André est un papa poule prêt à tout pour protéger ses enfants. Mais le jour où il comprend que ses sept petits ont grandi et n’ont plus forcément besoin de lui, sa souffrance est touchante : « On lui signifiait son congé, comme à l’ancêtre qu’on autorise à finir ses jours paisiblement au coin de l’âtre, nourri d’eau sucrée et de croûtes de pain. Se mêler aux existences des jeunes hommes et femmes en devenir, il n’en était plus question. […] Jusqu’alors, il avait été pour eux leur seul prolongement, leur seul territoire possible. »
Pour le reste, les événements sont aussi vite lus qu’oubliés. A part peut-être la conclusion de l’histoire où, après s’être demandé où tout cela allait nous mener, on se dit : tout ça pour ça ?
Voila donc un texte original dans sa construction et joliment écrit qui ne semble malheureusement pas tout à fait abouti. Agréable mais dispensable.
Bifteck, de Martin Provost, édition Phébus, 2010. 125 pages. 11 euros.
L’info en plus : Romancier, Martin Provost est aussi et surtout cinéaste. Il est notamment le réalisateur du long métrage Séraphine, récompensé en 2009 par sept César.
Je ne suis pas très fan des histoires loufoques, donc je laisse ce titre de côté.
RépondreSupprimerJ'ai été moins sévère que vous mais... ce même goût d'inachevé... dommage, non ?
RépondreSupprimerBonjour, ce roman démarre en effet très bien et le style est agréable mais la deuxième partie du roman est très décevante et la conclusion frôle le n'importe quoi: dommage. Bonne soirée.
RépondreSupprimerAssurément, une drôle de fin !
RépondreSupprimerUne drôle de fin, mais pas une fin drôle !
SupprimerTa lecture aura été plus indulgente que la mienne !! J'ai été agréablement surprise par un début original et prometteur et puis ça a fait plof !!...j'ai complètement décroché par la suite, trop loufoque et décousue !
RépondreSupprimerOn est d'accord, la seconde partie est ratée et le tout se termine en queue de poisson.
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