Tout Fabcaro dans cette première page. Humour noir, décalé, non-sens qui déclenche le fou rire, la recette fonctionne toujours. Les cibles sont multiples : médias, hommes politiques, écolos, bourgeois coincés, couples qui ne se regardent plus, patronat, syndicats, commerçants, services publics, personne n’y échappe. Le quotidien est disséqué jusqu’à l’absurde, sans limite, pour refléter toute la bêtise de notre époque. Il suffit d’un quiproquo, d’un mot mal compris, d’une affirmation hors de propos et chaque situation, de prime abord banale, vire au grand n’importe quoi. Clairement, plus c’est gros et plus ça passe !
Aplat de gris déprimant, quasi absence de décor et visages inexpressifs, le parti pris graphique renforce le côté absurde. Le décalage entre la neutralité du dessin et le côté « délirant » du propos constitue un ressort humoristique redoutablement efficace. Malgré tout, et contrairement aux albums précédents, je me suis surpris à trouver certaines chutes faiblardes et certains gags un peu faciles.
Sans vouloir être trop sévère, disons plutôt que l’effet de surprise ne fonctionne plus. Pour ceux qui n’ont jamais lu l’auteur de Zaï zaï zaï zaï pas de souci, cet Open Bar constitue une entrée en matière qui donne le ton de l’ensemble de sa production. Par contre, si on est habitué à son univers, il se peut qu’une légère impression de déjà-vu se fasse sentir. Entendons-nous, ça reste excellent et Fabcaro est encore loin de tourner en rond mais disons qu’un léger renouvellement serait bienvenu.
Open Bar de Fabcaro. Delcourt, 2019. 54 pages. 13,50 euros.
Une lecture commune partagée avec Noukette.