Lulu est une quadra mariée et mère de trois enfants. Après 16 ans passés comme femme au foyer, elle tente de retourner sur le marché de l’emploi. Suite à un entretien d’embauche qui s’est comme d’habitude mal passé, Lulu décide de ne pas rentrer chez elle. Elle passe une nuit à l’hôtel et rencontre une VRP à qui elle confie ses états d’âme : « Ma vie me plait pas. Il se passe rien. Je sais pas si j’aime encore mon mari. Il a changé. Parfois, je le supporte plus. Heureusement que j’ai mes enfants. Mais j’ai parfois l’impression d’être juste une extension de la gazinière de du lave-linge. » Le lendemain matin, elle accompagne sa rencontre d’un soir dans une station balnéaire du littoral atlantique. Elle va marcher toute la journée sur la plage, seule, avant de finir la nuit sur un banc. Son errance va ainsi durer plusieurs semaines, ponctuée de nombreuses rencontres et de petits riens qui vont, pour un temps, lui donner l’impression d’exister.
Chaque année, des milliers de personnes quittent tout sans laisser de trace. Lulu, elle, n’est pas tout à fait dans cette démarche. Elle décide plutôt de s’offrir un break. De prime abord, on nage ici en pleine banalité : une héroïne qui n’en n’est pas une, sans aucun charme particulier. Elle ne vit pas non plus d’aventures extraordinaires. Davodeau a choisi. Il préfère émouvoir plutôt que divertir.
Lulu ne va pas loin. Son escapade se passe à deux heures de chez elle. Cela renforce le coté piteux (ou poignant, c’est selon) de sa fuite. A aucun moment n’est émis le moindre jugement de valeur à propos du personnage. Impossible de savoir ce que pense vraiment Lulu. Le narrateur est un observateur qui décrit son errance sans jamais se lancer dans une quelconque analyse psychologique. On n’est finalement pas loin de la chronique sociale façon Ken Loach.
Graphiquement, le trait est relâché. Le but n’est pas d’éblouir le lecteur avec une démonstration technique. L’accent est mis sur le récit et sa fluidité. L’histoire se passe au mois d’octobre. La lumière automnale est douce. Elle offre des tons ocre qui dominent la plupart des planches. Il y a également un peu de bleu tirant parfois sur le vert. Les deux albums sont réalisés dans cette quasi bichromie qui colle parfaitement à l’intrigue et aux décors.
Un portrait de femme touchant et un diptyque à la construction imparable. Régalez-vous !
Lulu femme nue T2, d’Étienne Davodeau, édition Futuropolis, 2010. 78 pages. 16 euros.
L’info en plus : Etienne Davodeau a créé un blog pour accompagner la création du second tome. Le blog devait s’arrêter avec la sortie de l’album, mais finalement, il perdure pour quelques temps encore. Jetez-y un œil si vous avez deux minutes, c’est passionnant : http://www.lulufemmenue.blogspot.com/
Ton billet donne vraiment envie de s'y mettre et de suivre "la fuite" de Lulu, les planches ont l'air très jolies et l'histoire sympa. Je pense que j'y jetterai un oeil tôt ou tard (merci pour le lien vers le blog)
RépondreSupprimerTu comptes les deux albums comme une seule lecture pour le challenge ou deux ?
Pour le challenge, on peut compter les 2 albums pour une seule lecture. Pas de problème.
RépondreSupprimerMoyennement aimé le second tome. Je n'ai pas été transportée. Je me suis plus attachée aux persos secondaires, mais je n'ai pas pu suivre Lulu.
RépondreSupprimerLe premier tome en revanche était super frais et agréable ^^
Un peu tristounet non ?
RépondreSupprimerJe viens de terminer le tome 1... Le suspens est à son comble! J'ai trouvé ce premier tome original et plutôt bien mené! Vite la suite! :)
RépondreSupprimerEt tu n'es pas au bout de tes surprises avec le tome 2.
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