dimanche 20 novembre 2016

Le garçon qui n'existait pas - Sjón

Ainsi sont nos amours
brêves et brûlantes
à nous qui sommes les enfants chéris
 de l’inconvenance

Octobre 1918. Alors que la fin de la guerre s’annonce, l’Islande craint qu’un front scandinave atteigne ses côtes. A Reykjavik, une autre menace étend son ombre. La grippe espagnole gagne chaque jour du terrain et laisse derrière elle un nombre effarant de victimes. Dans cette ambiance crépusculaire, Manni Steinn tente de garder le cap. A seize ans, le garçon, homosexuel, multiplie les aventures et monnaie ses faveurs auprès de ceux qu’ils qualifient de « clients », du marin danois de passage au mutilé de guerre en passant par quelques notables. Amoureux d’art et de cinéma, Manni l’orphelin trace son chemin alors qu’autour de lui le monde s’écroule, jusqu’au jour où, surpris en plein ébat puis accusé de dépravation, d’anormalité et d’abomination, il est contraint de partir pour l’Angleterre.

Le garçon qui n’existait pas, c’est le portrait d’un gamin rêveur, sensible et insoumis dans une ville fantôme dont il arpente les rues brumeuses la fièvre au corps et des rêves de cinéma plein la tête. Touché lui aussi par la grippe, il survivra grâce à sa constitution robuste après avoir traversé cauchemars et hallucinations. Condamné à l’exil à cause de son « vice contre nature », celui que certains voulaient « noyer comme un chien enragé » tant il fait honte à son pays y retournera dix ans plus tard, devenu majordome d’un groupe d’artistes souhaitant tourner un film avant-gardiste dans des décors volcaniques.

Un roman à la beauté étrange et à l’écriture changeante, épurée, poétique, crue (à ce titre, la scène d’ouverture est saisissante). La langue de Sjón, parolier de Björk, est à la fois âpre et délicate. Il nimbe son récit d’un voile cotonneux qu’il déchire à coups de fulgurances aussi lapidaires qu’électriques. Imparable !

Décidément, la littérature islandaise ne cessera de me surprendre, et c’est tant mieux.

Le garçon qui n'existait pas de Sjón (traduit de l'islandais par Éric Boury). Rivages, 2016. 150 pages. 16,50 euros.




26 commentaires:

  1. Punaise, ton billet est toutafé mystérieux ;-) je note cette étrangeté, j'aime bcp la littérature islandaise et Bjork évidemment alors comment résister ?
    Des bisous jeune homme <3

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  2. je note aussi - ce pays me fascine - bon pour 2020 si ma PàL a diminué d'ici là ...

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  3. Moi aussi j'ai un faible pour la littérature islandaise. Ce titre m'intrigue bien !

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  4. Belle chronique... pourle reste, comme Electra

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    1. On a tous des soucis de pal, c'est un terrible mal ;)

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  5. Le parolier de Björk... Peut-être un futur prix Nobel de la littérature.;-) Bon, ton billet m'intrigue et en même temps, la thématique ne m'attire pas trop même s'il y a l'Islande dans l'histoire. Littérature fascinante chez eux en tout cas, c'est vrai.

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    1. Pour le Nobel je ne sais pas mais pour le coté fascinant, je suis bien d'accord.

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  6. (tiens, je constate que certaines ont les mêmes problèmes de PAL que moi haha)

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  7. Le peu que tu en dis est fascinant, tout comme la littérature islandaise, tu as raison, si surprenante. J'aime les ovnis et les romans décalés. Il va de soi que je veux le lire :)

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  8. une écriture qui à l'air à part et sans doute poétique malgré le côté cru

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    1. Cru et poétique, j'avais déjà ressenti cela avec "La lettre à Helga".

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  9. Ah ben mautadine ce roman d'un auteur islandais a l'air SUPER bien!!!! Je le note sur ma liste "auteurs islandais" suggérée par une gentille personne :)
    Je trouve qu'elle a l'air passionnante l'histoire de ce jeune garçon, très envie de marcher à ses côtés...

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    1. Je me doutais que tu aimerais, je connais ta passion pour l'Islande.

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  10. Mystère, étrangeté, langue crue.
    C'est toutafé pour toi.

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  11. Moka m'a dit que tu étais aussi à l'heure islandaise... Sjón a l'air très différent de Cendors mais je veux bien tester !! :P

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    1. J’enchaîne les lectures islandaise en ce moment, c'est vrai. Et j'apprécie énormément ;)

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