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mercredi 6 mars 2024

Orignal - Max de Radiguès


Chaque matin, Joe traîne au petit déjeuner. Il préfère rater le car du ramassage scolaire et se rendre au collège à pied. Une petite escapade à travers bois qui lui offre un peu de répit. Car une fois dans son établissement, le cauchemar commence. Un cauchemar se prénommant Jason. Avec son acolyte Oliver, plus suiveur que meneur, cette brute épaisse fait vivre à Joe un enfer quotidien. Brimades, racket, humiliations, le jeune garçon subit sans broncher les pires affronts. Ses enseignants voient que quelque chose ne tourne pas rond mais Joe préfère garder le silence. Son salut viendra d’une infirmière compréhensive et d’un orignal, une espèce d’élan originaire d’Amérique du Nord (oui parce que cette histoire se passe au Canada).   

Un roman graphique qui aborde intelligemment la question du harcèlement à l’école. Le processus est décortiqué et révèle de façon implacable que le harcelé n’a souvent aucune issue. Mais la fin, des plus surprenantes, prouve une fois de plus qu’il ne faut pas grand-chose pour que les victimes se transforment en bourreau.

Une chose est sûre, ce n’est pas avec son ambiance graphique que cet album séduit. Trait minimaliste, quasi absence de décor, découpage en gaufrier de six cases hyper répétitif, il n’y a pas de quoi s’enthousiasmer esthétiquement parlant. Au moins la narration est fluide, c’est déjà pas mal. De toute façon, l’intérêt est ailleurs.

Orignal, Frangins, Un été en apnée… Max de Radiguès sait mettre en scène avec justesse les affres de l’adolescence. Son récit est simple et touchant, il interpelle le lecteur avec pertinence sur un sujet délicat mais ô combien d’actualité. 


Orignal de Max de Radiguès. Casterman, 2024. 150 pages. 25,00 euros.

PS : publié il y a dix ans en noir et blanc par Delcourt, cet album ressort aujourd’hui chez Casterman dans une version colorisée. Au passage le prix a augmenté de plus de 10 euros. Je veux bien qu’on me parle de l’inflation mais il y a des limites !


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mercredi 28 février 2024

Le chantier - Fabien Grolleau et Clément C. Fabre

Flora, jeune architecte engagée dans un grand cabinet barcelonais, se voit confier son premier grand chantier. Pour construire la maison de rêve d’une famille aussi riche qu’exigeante, la débutante va devoir allier diplomatie, force de conviction et moral à toute épreuve. Parce que le chantier, des premières ébauches à la pose de la dernière pierre, n’aura rien d’un long fleuve tranquille.

« Les ennuis juridiques, les clients compliqués, les assurances, la comptabilité, les problèmes de chantier, la recherche d’artisans, les délais qu’on ne tient pas, les gros coups de stress, les accidents de chantier, les malfaçons… », le scénariste  Fabien Grolleau s’est inspiré de sa propre expérience d’architecte DPLG (Diplômé Par Le Gouvernement) pour mettre en scène les premiers pas balbutiants d’une consœur écartelée entre ses convictions et la dure réalité d’un métier où le client a (presque) toujours le dernier mot.

Tous les problèmes rencontrés au cours d’une carrière semblent être rassemblés sur ce seul chantier. Du coup l’ensemble apparaît parfois un poil caricatural mais au final le récit est instructif et Flora terriblement attachante. Clément C. Fabre, propose un univers graphique proche de celui de Julien Neel (Lou !). Son trait souple va à l’essentiel et offre une rafraîchissante spontanéité pleine de peps. 

Une lecture agréable qui permet de découvrir la réalité d’un métier aux multiples facettes, de la plus clinquante à la plus terre-à-terre. A noter que l’album avait déjà été publié il y a quelques dans la collection Marabulles. Il ressort aujourd’hui chez Dargaud, agrémenté de 10 planches inédites et d'une nouvelle couverture.

Le chantier de Fabien Grolleau et Clément C. Fabre. Dargaud, 2024. 130 pages. 21,50 euros.



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mercredi 17 janvier 2024

Le bal des folles - Véro Cazot et Arianna Melone

Paris, 1885. Eugénie est internée de force par son père à La Salpêtrière parce qu’elle affirme dialoguer avec les esprits. Un don qui lui vaut d’être cloîtrée dans un bâtiment de l’hôpital où sont traitées les « hystériques ». Eugénie y découvre le parcours de ses sœurs de souffrance et les méthodes discutables du renommé professeur Charcot, médecin en charge du service qui pratique l’hypnose pour traiter ses patientes. Un univers où la captivité est le meilleur moyen trouvé par les hommes pour mettre hors d’état de nuire des femmes considérées comme « nuisant à l’ordre public ».

Victoria Mas a obtenu un succès aussi inattendu que phénoménal avec son premier roman Le Bal des folles : Prix Renaudot des lycéens, inscription dans les programmes scolaires du lycée, adaptation cinématographique et, pour ce qui nous intéresse aujourd’hui, adaptation en BD.

D’un point de vue graphique, rien à dire, les aquarelles tout en douceur d’Arianna Melone rendent à merveille l’ambiance vaporeuse et éthérée qui traverse le récit. Pour ce qui est du scénario, le résultat est moins convaincant. Trop de scènes réduites à quelques cases, trop de scènes qui ont carrément disparu par rapport au texte d’origine, bref tout avance trop vite, au point que l’on a l’impression de survoler les événements. La psychologie des personnages n’est pas suffisamment approfondie et les femmes qui, dans le roman, suscitaient admiration et empathie, ont du mal à se rendre attachantes.

Conclusion, si l'on ne veut pas en déceler les faiblesses, mieux vaut lire cet album sans avoir lu le roman. Et en même temps, il vaudrait mieux ne pas en rester à la simple découverte de la BD si l’on souhaite profiter de toute la richesse de l’œuvre de Victoria Mas. Bref, débrouillez vous comme bon vous semble...

Le bal des folles de Véro Cazot et Arianna Melone (d’après Victoria Mas). Albin Michel, 2021. 130 pages. 21,90 euros.


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mercredi 10 janvier 2024

Momo : l'intégrale - Jonathan Garnier et Rony Hotin

Parce que son père est parti plusieurs semaines en mer sur un bateau de pêche, Momo doit passer l’été chez sa grand-mère. La petite fille, souvent laissée livrée à elle-même, multiplie les rencontres et les longues balades dans la campagne. Jusqu’au jour où un drame va venir bouleverser ses paisibles vacances…
Il y a vraiment deux salles/deux ambiances dans cette intégrale. La première partie célèbre l’innocence de l’enfance et la simplicité d’une existence au grand air. Elle est joyeuse et pleine de vie. La seconde est beaucoup plus triste, pesante, silencieuse et souvent contemplative. Mais au final, l’apparent contraste entre les deux albums réunis dans cet unique volume offre une vision cohérente de l’ensemble du récit.
Graphiquement, Rony Hotin allie simplicité et lisibilité, rappelant parfois les débuts de Miyazaki, notamment sur l’animé Conan, le fils du futur.
Une BD douce-amère, oscillant entre joie, mélancolie et tendresse. Les thématiques de l’enfance, du deuil, de l’amitié et de l’amour sont abordées avec pudeur et sensibilité. Clairement, une BD qui fait du bien malgré la douleur de la perte d’un être cher.

Momo de Jonathan Garnier et Rony Hotin. Casterman, 2023. 175 pages. 25,00 euros.



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mercredi 13 décembre 2023

Inoubliables - Fabien Toulmé

Une quadra qui a passé toute son enfance parmi les témoins de Jéhovah. Un prêtre qui a abandonné sa vocation par amour. Une jeune femme abusée sexuellement par son petit ami. Un enfant français évacué du Rwanda en plein génocide. Un amour de jeunesse qui dure toute la vie. Un délinquant sauvé grâce à la confiance accordée par une juge humaniste. Six histoires vraies. Six témoignages marquants. Six récits de vie émouvants, dramatiques ou inspirants.

Fabien Toulmé fait du Fabien Toulmé et c’est tant mieux. Ne jamais prendre les gens de haut, rester à hauteur de ses interlocuteurs, leur offrir l’oreille la plus attentive possible, traduire leurs propos en images sans rien déformer, sans jamais émettre le moindre jugement. Humilité, pudeur, curiosité, volonté permanente de s’effacer pour bien signifier que la place du témoin est, de loin, plus importante que celle de l’auteur, la démarche est la même que dans son album précédent et le résultat toujours aussi convaincant.

Graphiquement l’usage répété du gaufrier en six cases identiques, de par sa simplicité, souligne la prédominance du fond sur la forme. L’intérêt premier de l’album n’est pas son esthétisme mais bien le propos qu’il porte. Tout ce qui compte ici est la lisibilité et pour le coup, elle ne souffre d’aucune lourdeur.

Encore une réussite pour Fabien Toulmé. A priori ces Inoubliables vont avoir droit à une suite, je peux que m’en réjouir. Seul bémol, un prix de vente vraiment excessif pour un album petit format au nombre de pages plutôt raisonnable.

Inoubliables de Fabien Toulmé. Dupuis, 2023. 126 pages. 23,00 euros.








mercredi 22 novembre 2023

The Big Wall - Yoji Kamata et Kunihiko Yokomizo

Un homme souhaite déposer les cendres de sa femme au pied des cascades de glace du Mont Fuji. Une mère veut à tout prix accéder à l’endroit où un torrent déchaîné a emporté son fils. Un photographe spécialiste des prises de vue en haute altitude s’apprête à changer de vie pour voir son enfant grandir. Le seul survivant d’une tempête subie sur les contreforts de l’Himalaya retourne sur les lieux de la tragédie. Un secouriste doit quitter sa famille la veille du nouvel an pour franchir le Mont Yari, à plus de 3000 mètres d’altitude, afin de répondre à un appel de détresse.

Toutes ces histoires ont pour point commun la présence de Yasushi Senju, alpiniste de renom. Les clients font appel à ses services pour profiter de ses exceptionnelles compétences en haut altitude. Dans chacune des ses missions, la vie et la mort se côtoient. Et au-delà des conditions extrêmes dans lesquelles les personnages se retrouvent, le recueil donne à voir les motivations qui poussent chacun à mettre son existence en danger, pourquoi la haute-montagne fascine, enivre et pousse les hommes dans leurs retranchements les plus profonds, tant physiques que psychologiques. 

Chaque nouveau chapitre met en scène des personnages différents mais Yasushi donne à l’ensemble une ligne directrice cohérente. Surtout que la dernière histoire permet de comprendre les raisons qui poussent cet alpiniste de l’extrême à multiplier les contrats tous plus dangereux les uns que les autres. Ses motivations, comme d’ailleurs celles de ses « clients » relèvent de l’intime et puisent leurs sources dans une histoire personnelle souvent chaotique.

Le dessin est parfait pour ce genre de récit, épuré, hyper lisible, sans la moindre surcharge graphique. Les visages rappellent parfois le trait du grand maître Naoki Urasawa période Monster, autant dire une sacrée référence !

Pour leurs premiers pas dans le monde du manga les éditions Paulsen, spécialisées en littérature de voyage et d'exploration, signent avec ce one shot un coup de maître. Je me suis régalé du début à la fin, charmé à la fois par le traitement graphique du sujet et par la profondeur de réflexion philosophique. Une totale réussite.

The Big Wall de Yoji Kamata et  Kunihiko Yokomizo. Paulsen, 2023. 250 pages. 20,00 euros.



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mercredi 8 novembre 2023

Maltempo - Alfred

Mimmo traîne son ennui dans une petite bourgade du sud de l'Italie. Entre la Méditerranée et la garigue, entre les journée passées à arpenter les rues poussiéreuses et à fuir les ados de son âge délinquants en devenir, ses perspectives d'avenir sont bien maigres. A 15 ans, Mimmo rêve de musique et gloire. Sa guitare ne le quitte jamais, elle est selon lui son passeport pour un ailleurs meilleur. Il faudra juste ne pas rater l'occasion quand elle se présentera... 

Je me réjouissais de revenir sous le soleil brûlant de l’Italie avec Alfred tant j’avais adoré Come Prima et Senso. La déception est malheureusement à la hauteur de mes attentes. La veine est moins poétique, moins philosophique, plus réaliste que dans les deux albums précédents de sa trilogie italienne. Les thèmes abordés sont d’actualité mais la touche sociale ne sonne que comme une partie du décor, rien de plus. Et puis cette histoire « adolescente » m’a moins touché que les récits mettant en scène les adultes. On a l’impression de rester à la surface, de ne pas creuser la psychologie des personnages, d’en être maintenu à distance. Ici il n’y a pas de surprise, tout est convenu, même la fin.

Heureusement il reste la patte d’Alfred, sa capacité à faire ressortir avec un minimalisme bluffant la chaleur étouffante, cette espèce de langueur qui emprisonne des village paumés et isolés du reste du monde. Les cases muettes sont paradoxalement les plus parlantes et le « lâcher-prise graphique » choisi pour montrer les musiciens en pleine répétition est aussi surprenant que réjouissant.

Malgré le charme des dessins, je sors de cette lecture déçu. Essentiellement à cause du manque de profondeur du propos et du manque d’épaisseur des personnages. Mais aussi et surtout parce qu’Alfred est un de mes auteurs préférés et que chacun de ses albums doit forcément être pour moi une grande claque et un immense plaisir. Ce n’est pas le cas cette fois, vivement la prochaine !

Maltempo d’Alfred. Delcourt, 2023. 185 pages. 23,95 euros.




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mercredi 1 novembre 2023

Les royaumes muets - Séverine Gauthier et Jérémie Almanza

Après avoir trouvé des squelettes dans le placard de sa chambre, Perséphone descend malgré elle jusqu’aux Royaumes Muets, là où règne La Mort. Dis comme ça, le pitch peut surprendre. Pour être plus clair, disons que Perséphone est une enfant bien vivante qui se retrouve un soir nez à nez avec Charles et Théophile, des collecteurs de soupirs au service de la Grande Faucheuse. Ils sont venus récupérer le dernier souffle du voisin de la petite fille, récemment décédé, mais ils sont en retard de deux jours, ce qui risque de faire échouer leur mission et de condamner le défunt à une errance éternelle. Bon, je vous l’accorde, ce n’est pas forcément plus clair mais finalement tant mieux, je m’en voudrais de déflorer une intrigue aussi surprenante.

Leur Cœur de pierre m’avait enchanté il y a dix ans, c’est donc avec un plaisir non dissimulé que je retrouve aujourd’hui le duo Séverine Gauthier/Jérémie Almanza. Leur nouvel album aborde les thématiques de l’enfance et de la mort avec une forme de poésie qui n’a rien de macabre. L’univers des Royaumes muets est fascinant et la représentation de l’au-delà déborde d’originalité. Les dialogues fonctionnent à merveille et malgré un sujet pesant, la lecture n’aura jamais rien d’anxiogène ou d’effrayant pour les jeunes lecteurs. 

Graphiquement, le trait de Jérémie Almanza possède toujours ce charme indéfinissable qui fait mouche à chaque page. On pense bien sûr à Tim Burton mais, au-delà de cette évidente référence, son style créé une atmosphère assez unique, entre le gothique victorien et une esthétique qui tire souvent vers le baroque. Les couleurs, les jeux de lumière, tout est pensé pour rendre au mieux les ambiances propres à chaque lieu et à chaque partie de l’histoire.

La fin laisse penser qu’une suite est plus que probable. J’espère vraiment que ce sera le cas, je me réjouis d’avance de retrouver Perséphone et ses drôles d’acolytes !

Les royaumes muets de Séverine Gauthier et Jérémie Almanza. Éditions Oxymore, 2023. 80 pages. 18,95 euros.



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lundi 10 juillet 2023

La guerre des Gaules de Tarek et Vincent Pompetti.

Entre -58 et -50 avant J.C., César déploie son emprise sur la Gaule. Enfin, sur les Gaules plus exactement, puisqu'à l'époque le monde celtique était divisé en plusieurs nations, plus souvent rivales qu’alliées. C’est d’ailleurs en grande partie grâce à ces divisions que le futur empereur romain a pu étendre ses conquêtes territoriales. Pendant les premières années de la guerre, Vercingétorix sera un allié de Rome, avant de prendre la tête des tribus se révoltant contre l’occupant et d’être vaincu à Alésia en -52. Le point de vue de César exprimé dans cette Guerre des Gaules montre à quel point la motivation de ce dernier, d’abord politique, s’est rapidement doublée d’un intérêt économique. On comprend également que si la victoire finale doit à la force brute, à l’équipement moderne et à la discipline de ses légions, elle n’aurait pu être possible sans une exceptionnelle intelligence tactique associée à une véritable vision géopolitique du conflit.

Les auteurs se sont évidemment basés sur le texte original de César tout en s’autorisant quelques libertés « fictionnelles » afin de rendre le récit moins austère. La caution historique est indiscutable, ce qui rend cet album passionnant, notamment d’un point de vue pédagogique. Revers de la médaille, les récitatifs prennent le pas sur les dialogues et rendent certains passages très bavards. De plus le catalogue de noms de tribus et de villes gauloises (sans traduction de leur appellation « moderne ») ne permet pas de voir avec clarté les lieux où se déroulent les événements, ce qui a tendance à complexifier la lecture. 

Niveau dessin rien à dire, les choix graphiques de Vincent Pompetti permettent une immersion parfaite dans la sauvagerie de l’époque. Et le dossier final incroyablement complet est une lecture des plus enrichissantes pour mieux comprendre, d’une part, les intentions des auteurs, et d’autre part, leur investissement sans faille pour coller au plus près des connaissances actuelles sur cette période pour le moins troublée de l’antiquité. 

La guerre des Gaules de Tarek et Vincent Pompetti. Nouveau Monde éditions, 2023. 180 pages. 24,90 euros.




mercredi 28 juin 2023

Les cahiers d’Esther T8 : Histoires de mes 17 ans - Riad Sattouf

Esther aura bien 17 ans, elle est en première dans lycée parisien de « bourges » et stresse à l’idée de passer le bac de français. Côté cœur, c’est le désert. Le célibat lui pèse mais l’attitude des garçons l’insupporte toujours autant. Elle s’interroge également sur ses convictions politiques, se demandant si elle est de droite ou de gauche, et s’insurge de voir son grand frère succomber aux sirènes de Zemmour. Le soir du premier tour de la présidentielle, son père ne se remet pas de la défaite de Mélenchon tandis que sa mère, macroniste, jubile.

A côté de ça, Esther passe son BAFA et ce n’est pas de tout repos, surtout quand le stage pratique vire au cauchemar. Bref, la vie file et ce n’est pas rassurant. Ses parents vieillissent, le lycée se terminera bientôt, un nouveau cycle s’annonce et tout cela reste très flou. La jeune fille ne sait pas ce qu’elle veut faire plus tard, la jungle de Parcoursup qui s’annonce l’effraie. Heureusement, les copines sont toujours là. Les amitiés et la famille sont des bases solides sur lesquelles elle peut se reposer.

Riad Sattouf possède une capacité à restituer en images les réflexions et réactions d’Esther avec une pertinence de ton et un art du dialogue qui touchent au génie. Ses planchent surchargées de texte restent d’une parfaite lisibilité et on sent à chaque instant l’empathie, le respect et l’attachement qu’il porte à son personnage. Franchement, chapeau bas !

Depuis le premier tome, Les cahiers d’Esther sont une photographie du temps présent, une vision individuelle et intime de l’époque qui touche souvent à l’universel. Au point que les sociologues de demain y verront sans doute matière à comprendre et analyser la jeunesse d’aujourd’hui.


Les cahiers d’Esther T8 : Histoires de mes 17 ans
de Riad Sattouf. Allary éditions, 2023. 54 pages. 17,90 euros.



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mercredi 21 juin 2023

Mojo - Rodolphe et G. Van Linthout

Slim Whitemoon, né dans le Mississipi au début du 20ème siècle, est un bluesman qui a d’abord tenté sa chance à Chicago avant que la crise de 29 ne l’oblige à retourner dans le sud. Il y passe quelques années dans un cimetière en tant que fossoyeur. Mais le frisson du blues le renvoie sur la route. Des concerts chaque soir dans des bars, des clubs, des petites salles ou même dans la rue. Une vie d’errance avant de rentrer dans le rang après avoir rencontré Emma, sa future femme. De leur union naîtront deux garçons et deux filles. A la mort d’Emma, les enfants ont grandi et sont partis. De nouveau seul, Slim replonge dans la musique à corps perdu. Et lorsque le revival du blues explose en Europe dans les années 60, il part faire une tournée en Angleterre. Le vieil homme devient une star adulée par les Stones et les Yarbirds de Clapton. De retour au pays, Slim retombe dans l’anonymat pour finir sa vie dans le dénuement le plus complet.

Slim Whitemoon n’a jamais existé. Il représente le parfait archétype du bluesman ayant traversé le 20ème siècle : une naissance dans le sud profond, les premières notes de musique jouées sur une guitare de bric et de broc, un voyage à Chicago, une vie de hobo dans les trains de marchandise pendant la grande dépression, les premiers enregistrements de vinyles, la gloire avant une chute inexorable. Rodolphe et G. Van Linthout dressent un inventaire précis et exhaustif des caractéristiques propres à ces musiciens itinérants qui ont marqué l’histoire des États-Unis : la solitude, la misère, les femmes, l’alcool, les troquets sordides, le racisme ordinaire… Et si Slim est une pure invention, les musiciens qu’il croise sur sa route ont bel et bien existé : Blind Lemon Jefferson, le mythique Robert Johnson, Aleck « Rice » Miller, Sonny Boy Williamson. Ces bluesmen légendaires donnent à ce Mojo de faux airs de docu-fiction.

Graphiquement, le travail de G. Van Linthout colle parfaitement au propos : un lavis aux tons de gris délavés idéal pour illustrer cette vie en clair-obscur.

J’ai passé un excellent moment avec ce roman graphique à la construction simple et efficace, certes  destiné aux amateurs de blues mais qui devrait pouvoir convaincre un plus large public.

Mojo de Rodolphe et G. Van Linthout, Éditions Vents d’Ouest, 2019. 192 pages. 22.00 euros.



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mercredi 14 juin 2023

Metal Maniax - Slo et Fef

Le métal possède ses codes physiques et vestimentaires mais aussi ses rituels : le headbanging, le slam, le stagediving, le circle pit, le wall of death, ou encore le moshing pit. Bref, le métal est un art un de vivre et Nina, Sam, Spike, Vince et Marco en sont les plus (in)dignes représentants. Des métalleux 100% dévoués à la cause. Des chevelus, des tatoués, des amateurs de gros son qui tache et de pogo qui décoiffent. Tous se retrouvent au Dark Knight, un bar lui aussi 100% dévoué à la cause. On y disserte sur les différences entre le hardcore de New-york et le black métal norvégien, entre le glam au maquillage dégoulinant et le heavy métal à papa ou encore entre le métal progressif planant le grindcore énervé. 
Slo / Fef © Lapin 2023

Une BD qui sent la sueur, où la bière coule à flot et le vomi se répand en flaques verdâtres. Un album parfois trash (logique !), souvent drôle et toujours bienveillant, à l'image d'une communauté qu'il ne faut surtout pas juger en se fiant aux apparences. En bonus, la petite histoire du métal en quinze dates qui vient conclure l'album permet de montrer l'évolution qu'a connu ce style musical au fil des décennies. 

Ok, c'est pas pas toujours très fin et loin de prôner la modération en matière de consommation d’alcool mais la passion des auteurs pour le métal transpire à chaque page et les amateurs ne pourront s’empêcher de sourire devant certaines scènes qui leur rappelleront forcément des souvenirs. Une lecture divertissante et sans prise de tête, qui met à l’honneur une forme de contre-culture toujours très à l’aise avec l’autodérision. 

Metal Maniax de Slo et Fef. Éditions Lapin, 2023. 166 pages. 18,00 euros.



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mercredi 17 mai 2023

Gone With the Wind T1 - Pierre Alary

Je n’ai pas lu le roman. Je n’ai pas vu le film. A vrai dire je ne connaissais de l’intrigue que le contexte historique (la guerre de sécession) et géographique (le sud des États-Unis). Sans oublier les « iconiques » personnages principaux (Scarlett O’Harra et Rhett Butler). Je m’imaginais entre eux un coup de foudre comme on en voit tant, mielleux à souhait et dégoulinant de guimauve. Grave erreur.

Grande fut ma surprise de découvrir que l’amour de Scarlett, au départ du moins, n’était pas ce brave Rhett mais un certain Ashley Wilkes. Et que malheureusement pour elle, Ashley était sur le point de se marier avec une autre. Le cœur brisé et après avoir épousé par dépit un homme dont elle ne fait aucun cas, Scarlett voit son quotidien bouleversé par le début la guerre. Le conflit fera d’elle une jeune veuve et la poussera à s’exiler loin de la plantation familiale, direction Atlanta. Et Rehtt dans tout ça me direz-vous ? Eh bien le moins que l’on puisse dire c’est que le gaillard est loin d’attirer la sympathie. Pour Scarlett il n’a même rien pour la séduire. En tout cas jusqu’au moment où il lui sauvera la vie dans des conditions dramatiques.

Alary © Rue de Sèvres 2023
Premier tome d’un diptyque, ce Gone with the wind est une totale réussite. Un album magnifique, du travail d’artiste, d’artisan même, tant graphiquement qu’au niveau de la narration. L’ambiance chaude et lumineuse du sud profond est parfaitement restituée, les événements s’enchaînent de façon limpide, la lecture est fluide, bref aucune fausse note.

J’ai aimé aussi les caractères marqués des personnages, Scarlett en femme forte capable de prendre les rennes quand tout s’écroule et Rhett en salopard à la fois cupide, cynique, lucide et amoral. Bien sûr, la vision idéalisée du mode de vie des états du Sud qui tourne au final à la défense de propriétaires terriens en lutte pour préserver leurs privilèges d'esclavagistes reste dérangeante, mais il ne faut pas oublier de la remettre dans le contexte et l'époque de la rédaction du roman.

Un dernier mot sur l’ouvrage en lui-même, magnifique objet-livre grand format au dos toilé. Vraiment aucune fausse note, espérons que la suite sera à la hauteur mais franchement, j'ai peu de doutes.

Gone With the Wind T1 de Pierre Alary (d'après l'œuvre de Margaret Mitchell). Rue de Sèvres, 2023. 150 pages. 25,00 euros.



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mercredi 3 mai 2023

L’adoption cycle 2, tome 2 : Les repentirs - Zidrou et Arno Monin

La tournure dramatique prise par les événements à la fin du premier tome annonçait un virage à 180 degrés, ça n’a pas manqué. Le retournement de situation a donc bien eu lieu, la famille adoptive pas franchement accueillante est devenue d’un coup de baguette magique prête à tout pour retrouver Wajdi après sa fugue. Une prise de conscience salutaire qu’on voyait venir de loin tant le scénario semblait dès le départ cousu de fil blanc. Mais peu importe si le couple expiant ses fautes reste toujours aussi caricatural, si la morale est sauve et si tout est bien qui finit bien, comme disait Shakespeare. 

Et puis pour ce qui est de la forme, on n’est pas loin de la masterclass. Vivacité des dialogues, pertinence du découpage et de l’enchaînement des différentes scènes, tout le savoir-faire de Zidrou se déploie et montre une fois de plus à quel point, techniquement, il maîtrise l’art de raconter une histoire. Au niveau graphique Arno Monin est au diapason. Le cheminement du récit vers le happy-end final lui permet d’affirmer une fois de plus son trait lumineux, son sens du rythme et sa science du cadrage en permanence au service du récit. 

Au final ce second cycle dégouline de bons sentiments mais, malgré ses gros sabots, il s’en dégage des ondes positives qui réchauffent les cœurs. Toujours bon à prendre par les temps qui courent !

L’adoption cycle 2, tome 2 : Les repentirs de Zidrou et Arno Monin. Bamboo, 2023. 72 pages. 16,90 euros.



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jeudi 20 avril 2023

L’adoption cycle 2, tome 1 : Wajdi - Zidrou et Arno Monin

Wajdi, dix ans, a grandi sous les bombes, au Yémen. La guerre a brisé son enfance et fait de lui un orphelin. Le jour où il débarque en France chez Gaëlle et Romain, un nouveau monde s’offre à lui. Un monde dont il ne possède pas les codes. La barrière de la langue n’arrangeant pas les choses, ses parents adoptifs ont bien du mal à cerner le jeune garçon et à appréhender ses réactions, parfois inquiétantes.

J’ai beaucoup aimé la façon dont Wajdi est représenté. Son introspection, ses silences, ses réactions inattendues et déconcertantes, tout tend à le rendre aussi attachant que crédible. Le portrait de la famille d’accueil est à l’inverse trop caricatural. Des bourgeois qui ont envie de se rendre « utiles », qui semblent surtout vouloir renvoyer l’image d’humanistes philanthropes, ravis de recueillir des compliments sur leur démarche mais finalement bien peu ravis d’accueillir un nouvel arrivant dans leur foyer. Tout ça parce que Wajdi n’est pas un enfant « comme les autres », un enfant sans problème, un enfant qui va forcément être conscient et reconnaissant de leur bonté. Aucune volonté de le comprendre, aucune volonté de lui venir en aide, la condamnation de ses actes au fil de l’album ne cesse d’aller crescendo, jusqu’au point de rupture.

C’est dommage parce ça manque de finesse. Le trait est forcé, il ne laisse pas de place à un regard plus mesuré, plus compréhensif, alors que n’importe quel adulte serait à même de se rendre compte que l’adaptation du petit garçon va être longue, difficile et douloureuse. Sans doute est-ce là un ressort scénaristique qui servira dans le second tome pour remettre les sentiments de chacun « dans le bon sens ». Mais la ficelle est grosse et gâche quelque peu le plaisir de suivre l’intrigue. 

Niveau dessin c’est toujours un bonheur de retrouver la patte tout en douceur d’Arno Monin, son jeu sur les couleurs et la lumière, l’expressivité de ses personnages. Son trait se reconnaît du premier coup d’œil et c’est une qualité devenue trop rare pour ne pas être soulignée. 

Une lecture en demi-teinte mais le bilan définitif concernant ce diptyque ne pourra être fait qu’après la découverte du second tome. Ça tombe bien, il m’attend sagement au pied de mon lit !

L’adoption cycle 2, tome 1 : Wajdi de Zidrou et Arno Monin. Bamboo, 2021. 72 pages. 16,90 euros.








mercredi 12 octobre 2022

Back to Japan - Mélusine Mallender, Laure Garancher et Clémentine Fourcade

Paris, Juin 2010. Mélusine Mallender décide de ramener sa vieille moto sur ses terres d’origine, au Japon, en traversant l’Europe et une partie de l’Asie. Plus de 12 000 kilomètres, seule au guidon de sa 125 cm³. Traverser la Suisse, l’Autriche, la Slovaquie, l’Ukraine, le Kazakhstan, l’Ouzbékistan et la Russie jusqu’à Vladivostok, où un bateau les emmènera, elle et sa monture, jusqu’au pays du soleil levant. Quatre mois sur les routes avec une tente, un sac à dos et un moral d’acier pour seuls compagnons.

Le projet est insensé, ses proches ne cessent de lui répéter. C’est une femme. Seule. Sa moto est en fin de vie. Les routes sont dangereuses, surtout à une époque où les téléphones portables sont loin d’être des petits bijoux de technologie et où il faut aller dans un cybercafé pour communiquer avec la France. Mais Mélusine est déterminée. Elle sait que le voyage ne sera pas de tout repos, elle sait que la peur va l’accompagner tout du long, mais elle ne veut pas laisser cette dernière gagner la partie. Car elle sait également que sa volonté d’aventure et de grands espaces sera plus forte que tout.  

Entre le carnet de voyage, le récit de vie et l’autobiographie, ce Back to Japan ne cesse de diffuser de bonnes ondes à chaque coin de page. Parce que Mélusine Mallender est une exploratrice qui ne se la raconte pas. Parce qu’elle se livre en toute simplicité, sans jamais se plaindre, ni s’extasier faussement, sans jamais cacher les difficultés rencontrées ni les moments de bonheur partagés. Parce que son attitude et ses pensées laissent couler des torrents d’humanité (comme la couverture le suggère d’ailleurs magnifiquement). Parce que sans embarquer dans son sac à dos un féminisme militant elle défend en toute simplicité le droit des femmes disposer d’elles-mêmes, à suivre leurs aspirations avec passion et détermination. Et sans pour cela mettre un couvercle sur les problématiques posées par un si long voyage en solitaire alors que l’on ne fait pas partie de la gente masculine. 

Hymne à l’indépendance et à la liberté, ce road-trip transforme le dépassement de soi en aventure positive et vivifiante. Une lecture qui fait du bien, ni plus ni moins !

Back to Japan de Mélusine Mallender, Laure Garancher et Clémentine Fourcade. Nathan, 2022. 160 pages. 22,00 euros.



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mercredi 31 août 2022

Les reflets du monde en lutte - Fabien Toulmé

Liban, Brésil, Bénin. Trois pays, trois reportages dessinés pour décrypter trois formes de résistance populaire et de combats portés par des femmes. A Beyrouth, Nidal est une figure majeure de la Thawra, une révolution citoyenne dont le but est de dénoncer la corruption et d’offrir au peuple l’accès aux droits essentiels face à l’insupportable augmentation du coût de la vie. A João Pessoa, ville de l’Est du Brésil, Rossana lutte pour la défense de sa favela face à un projet immobilier qui risque de détruire sa communauté. A Cotonou, Chanceline milite pour le droit des femmes et intervient dans les écoles afin de sensibiliser les élèves et de faire évoluer les mentalités dans une société dominée par le patriarcat. Trois pays, trois femmes, trois combats et partout la même détermination à mener la lutte, à ne pas baisser les bras et à rêver d’un avenir meilleur.

Fabien Toulmé retranscrit les choses au plus près, sans chercher à arrondir les angles ou à en rajouter inutilement.  Son travail se veut purement journalistique et à hauteur de ses interlocutrices. Aucune place pour ses propres opinions, le point de vue est celui des témoins et leur parole ne peut souffrir d’aucune transformation, d’aucune réécriture. De plus l’éclairage du sociologue Olivier Fillieule apporte une réelle valeur ajoutée aux sujets traités.

Comme d’habitude chez l’auteur de la magnifique trilogie L’Odyssée d’Hakim, j’ai apprécié ce regard débordant d’humanité, cette humilité, cette curiosité, cette volonté permanente de rester en retrait, de s’effacer face au combat mené par les femmes qu’il interroge, de ne surtout pas faire d’ombre au coup de projecteur qu’il souhaite leur offrir. Le but est à la fois de découvrir les luttes en cours et de les porter à la connaissance d’un public peu au fait de leur existence. Respect, écoute et empathie jalonnent l’ensemble des échanges. Un pavé de 300 pages dont on ne peut sortir qu’admiratif face à de telles leçons d’engagement et de militantisme au féminin.

Les reflets du monde en lutte de Fabien Toulmé. Delcourt, 2022. 336 pages. 24,95 euros.







dimanche 17 juillet 2022

Lucien - Stéphane Sénégas et Guillaume Carayol

Lucien est un simple. Un simple d’esprit diront certains, à la parole rare et pas toujours compréhensible. Un homme qui agit sans calcul, qui prend les choses comme elles viennent, un homme au quotidien réglé comme du papier à musique. Un solitaire un peu poète, balayeur de son état, artiste du ramassage de feuilles mortes. Un colosse aux pieds d’argile dont on se moque facilement. Lucien est pour beaucoup l’idiot du village. Mais derrière son côté bon enfant s’exprime parfois une certaine noirceur, une pointe de violence, de réactions impulsives et difficilement maîtrisables. Pas si facile à cerner le Lucien finalement. Mais facile à accuser quand les circonstances font de lui le coupable idéal…

Il est beau cet album. Visuellement d’abord. Son noir et blanc intense, le trait magique de Stéphane Sénégas, sa maîtrise du rythme, des silences, des petits riens qui en disent bien plus que les démonstrations techniques. Il est beau par son propos aussi. Par tous ces sentiments qu’il fait naître chez le lecteur. La tristesse, la colère, l’indignation, l’espoir. Et pour finir, quelle galerie de personnages secondaires : Paul, M’sieur Raymond l’épicier, Maria la fleuriste, sa sœur Carmen et Kadeg le « promoteur. Tous attachants, même les plus méprisables de prime abord. 

Un album navigant sans cesse entre ombre et lumière, entre douceur et fureur, entre petits moments de bonheur et gros coups durs. Ça ressemble à une vie, c’est plein d’amitié, d’amour, de trahison, de douleur et d’injustice. C’est tout simplement humain et ça fait un bien fou !

Lucien de Stéphane Sénégas et Guillaume Carayol. Delcourt, 2022. 264 pages. 24,95 euros.