jeudi 10 novembre 2016

Album - Gudrun Eva Minervudottir

Un enchaînement de vignettes formant l’album d’un début de vie, de la petite enfance à l’entrée dans l’âge adulte. Cent cinq fragments où la narratrice raconte sans romantisme ses premières années, le père inconnu, le beau-père n°1, le demi-frère avec qui elle partageait tout (« il me dit que lorsqu’un homme et une femme voulaient être malpolis, ils se frottaient l’entrejambe. Nous nous sommes cachés derrière le canapé et nous nous sommes frottés, avec le sentiment d’être des malpolis hors pair »), les déménagements, le beau-père n°2, le camping sauvage, les étés à la campagne, les automnes pluvieux et tristes, la tête de mouton bouillie dans l’assiette, les soirées devant Derrick (« J’étais un petit peu amoureuse de lui ; il était si calme, si fiable, jamais pressé »), la passion pour le karaté, le séjour aux États-Unis, le premier job de serveuse et ce corps qui grandit de traviole, « carcasse d’extraterrestre » sans formes difficile à assumer.

J’adore ce genre d’exercice. L’écriture minuscule est ce qui me convient le mieux je crois. Une jeunesse en pointillés, une mémoire qui remonte par flashs, entre sensations et réminiscences purement factuelles. Gudrun Eva Minervudottir, c'est un Delerm islandais au féminin, la poésie en moins mais avec un art de l’ellipse, une drôlerie et un ton parfois désabusé, parfois cruel, qui fait mouche. Et puis les petits riens relatés les uns à la suite des autres forment un tout cohérent et chronologique, ils racontent une seule et même histoire. C’est tendre, lucide, émouvant, ou brutal, toujours humble. Ça ressemble à une vie… en tout petit.

Album de Gudrun Eva Minervudottir. Pocket, 2016. 115 pages. 5,40 euros.

43 commentaires:

  1. C'est un petit livre au charme certain et comme tu le dis, sans romantisme. Le côté "brut de décoffrage" de la narratrice fait du bien.

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    1. Tu te doutes que j'ai aimé ce côté brut de décoffrage ;)

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  2. Un Delerm islandais ? Je crois que tu as su me séduire avec cette comparaison ! J'adore moi aussi l'écriture minuscule. :)

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    1. Enfin on se retrouve sur la même longueur d'ondes^^

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  3. J'aime, je note, je commande vite ;-)

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  4. L’écriture minuscule, j'avoue que ça me parle...!

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  5. Rien à voir mais la prochaine fois que nous aurons le plaisir de nous voir, tu pourras me prononcer à voix haute le nom de cet écrivain?
    Merci. ^^

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    1. Avec plaisir. Je te le chuchoterai dans le creux de l'oreille. Avec l'accent ;)

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  6. Je ne sais pas.... et je n'apprécie pas trop le style Delerm père

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  7. Pas sûr que ça me corresponde, en revanche...

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  8. je crois que je suis tout l'inverse, il me faut du dense, du roboratif...

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  9. déjà vu ce livre sur mes blogs préférés , j'aime la couverture , c'est déjà ça!

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  10. LE BEAU LIVRE!!!!! <3 <3 <3
    Ah l'Islande......... il faut absolument que je me l'achète un jour..

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    1. On est raccord sur l'Islande et sa littérature, j'adore !

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  11. Un Delerm islandais... Delerm ne me convainc pas tant que ça mais islandais oui. Et puis s'il y a la poésie en moins, ça me parle encore plus !

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  12. C'est original, j'ai l'impression qu'en pocket, c'est trop petit ;-)

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  13. Un ouvrage peu commun ! Il semble y avoir ici un rapport entre l'objet, son contenu et le lecteur qui m'intrigue réellement. Je note ;)

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  14. Oh je crois que ce petit livre pourrait me plaire... je note!

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  15. pas trop fan de textes aussi courts pour ma part, mais ta chronique est très bien!

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