dimanche 19 juillet 2020

Deux en un

Un petit billet deux en un pour parler rapidement de mes deux dernières lectures. Une française et une américaine, histoire de varier les plaisirs.


« De l’enfance, Vanda garde un tas de souvenirs qu’elle ne raconte à personne. Elle est de ces gens dont on pense qu’ils sont nés adultes, ici et maintenant, même immatures. Les failles sont palpables, la fragilité évidente, mais elle livre si peu. On sait qu’elle est arrivée ici il y a plus d’une dizaine d’années, et certains l’ont connue à l’époque. Avant ça, rien. »

Un roman social doublé d’un beau portrait de femme et de mère, tout en noirceur et plein d’aspérités qui vous écorchent le cœur, je ne pouvais qu’aimer un texte aussi sombre et un poil désespéré dont la fin ne m’a pas surpris le moins du monde. Une tragédie moderne ne laissant pas de place aux bons sentiments, portée par une langue vive et sans chichi, à la fois sensible et abrasive. Je ne suis pas près d’oublier Vanda et je remercie chaleureusement la blogueuse qui a eu la gentillesse de m’offrir ce superbe roman.

Vanda de Marion Brunet. Albin Michel, 2020. 235 pages. 18,00 euros.



« Michael se sentait plein d’optimisme. Il allait commencer un nouveau boulot. Sa vie serait différente, cette fois-ci, parce qu’il en avait décidé ainsi. Il devait se rappeler qu’aller travailler tous les jours, garder la tête basse, c’était comme ça que la plupart des gens s’en sortaient. Petit à petit. Inutile de désirer des choses qu’il ne pouvait pas se permettre d’avoir. Il n’y avait pas de moyen honnête de les acquérir. »

Un taulard qui sort de prison bien décidé à se racheter une conduite. Un privé adepte du racket qui lui met la pression et finit par le tremper dans ses combines, ça ne pouvait que mal se terminer. A peine libéré est un polar urbain qui parle de rédemption sur fond d’amour de la littérature, avec Washington comme décor. Le cocktail est typique de Pelecanos, un auteur dont j’ai lu les vingt romans publiés en français et dont je ne me lasse toujours pas, même s’il ne cesse d’utiliser les mêmes ingrédients : la capitale américaine, sa transformation au fil des décennies, sa violence, sa population à la marge, ses petits restos et ses rues pas toujours fréquentables. La recette est immuable, le résultat jamais décevant, aucune raison de s’en priver.

A peine libéré de George Pelecanos (traduit de l’anglais par Mireille Vignol). Calmann Levy, 2020. 265 pages. 19,90 euros.