mercredi 27 mai 2015

Un amour exemplaire - Florence Cestac et Daniel Pennac

Pennac et Cestac se retrouvent dans une brasserie. Daniel veut proposer à Florence d’illustrer une histoire d’amour, le genre de truc qu’elle déteste. Mais attention, pas n’importe quelle histoire, l’histoire de Jean et Germaine, un couple hors du commun auquel il s’était lié, enfant, lorsqu’il passait ses vacances chez sa grand-mère dans l’arrière pays niçois. Une histoire d’amour selon lui exemplaire, celle d’un couple excentrique qui faisait jaser le voisinage.

Comment Germaine a pu tomber amoureuse de ce gaillard moche comme un pou ? Pourquoi personne n’a jamais vu Jean travailler ? Que faisaient tous ces bouquins dans leur minuscule maison, envahissant chaque pièce, de la cave à la cuisine ?  Pourquoi Jean et Germaine n’ont jamais eu d’enfants ? Le petit Pennac, à force de stratagèmes plus ou moins finauds, parvint à tirer ces mystères au clair et à entrer de plain-pied dans l’intimité de ces inclassables énergumènes.

Quel plaisir de plonger dans cet album franchouillard et un poil foutraque. On sent tout l’attachement que porte Pennac à ce couple qui aura marqué son enfance et durablement influencé sa vision de l’amour. Cestac l’écoute et retranscrit ses propos, mais elle s’autorise aussi quelques digressions dont elle a le secret. C’est enjoué, bourré d’argot, plein de bonne humeur et de joie de vivre, hors des modes et du temps… tout simplement délicieux.

Graphiquement, pour la première fois l’auteure des « Déblok » abandonne sa marque de fabrique, « les tarbouifs en pomme au four » (autrement dit les gros nez ronds) pour affubler l’un de ses personnages (jean en l’occurrence) d’un pif en quart de brie. Aucune autre concession pour le reste, on retrouve ce trait reconnaissable au premier coup d’œil et ce découpage quasi systématique en gaufrier qui est son autre marque de fabrique.

Une ambiance doucereuse qui fleure bon les années 70, loin de toute mélancolie ou d’un pénible « c’était mieux avant ». Un amour idéal parce que tout sauf banal. Un amour sincère et durable, sans intermédiaire (entendez sans être pollué par les enfants ou le travail), comme l’explique Jean au petit Daniel. Un amour scandaleux pour l’époque et difficile à imaginer aujourd’hui. Exemplaire, quoi.

Un amour exemplaire de Florence Cestac et Daniel Pennac. Dargaud, 2015. 58 pages. 15,00 euros.


Les avis de L'irrégulière, Mo' et Violette.








48 commentaires:

  1. Celui-là, je le guette à la bibliothèque.

    RépondreSupprimer
  2. J'ai très envie de lire cet album. Et encore plus après ton billet.

    RépondreSupprimer
  3. Je ne doutais pas que tu ferais bon accueil à cet album ! Bourré de bonne humeur, de répliques salaces, d'une réflexion non dénuée d'intérêt sur les normes et les valeurs. Bref, un duo de choc pour réaliser cet album.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. C'est vrai qu'avant le coup, il avait tout pour me plaire cet album !

      Supprimer
  4. Contente que tu aies ce joli album !

    RépondreSupprimer
  5. Pas sûre que les dessins me plaisent...

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Il ne faut pas s'arrêter aux dessins, ce serait dommage.

      Supprimer
  6. J'ai beaucoup d'affection pour l'oeuvre de Pennac en général, je suis pas trop BD mais là oui oui j'ai envie de la lire !!!

    RépondreSupprimer
  7. Je veux plonger dans les années 70!

    RépondreSupprimer
  8. Argh, repéré, j'aime Pennac et Cestac, de toute façon.

    RépondreSupprimer
  9. Non mais y'a pas moyen, ce dessin là, ces bouilles toutes moches.... pffffff..... Et pourtant, l'histoire, Pennac, tout ça, tout ça, ça fait envie, c'est sûr.... Cruel dilemme...!

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Mais arrête avec le dessin, il n'y a même pas de dilemme à avoir en fait !

      Supprimer
  10. Mouais, je ne sais pas... à cause du dessin sans doute, mais tu es drôlement convaincant ! Je regarderai par curiosité en bibli quand même... ;)

    RépondreSupprimer
  11. Vous vous faites convaincants, toi et Yaneck. Mais my god que le dessin me rebute...

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Cestac, c'est un dessin à l'ancienne auquel on n'est plus forcément habitué, mais une fois lancé dans l'histoire on n'y fait plus attention.

      Supprimer
  12. Le mélange Pennac/album pourrait me plaire :)

    RépondreSupprimer
  13. Au départ le dessin ne m'aurait pas du tout attiré mais comme c'est toi qui en parle, de cette manière là, que tu as aimé, je m'empresse de noter !

    RépondreSupprimer
  14. une belle idée, cela a l'air sympathique!

    RépondreSupprimer
  15. Je n'aime pas tellement les dessins de Florence Cestac et la mise e page, mais l'histoire m'intéresse.... je regarderai si il est à la bibli

    RépondreSupprimer
  16. Tiens, tiens, je vais surveiller ça

    RépondreSupprimer
  17. J'en ai entendu parler @LGL qui pour une fois mettait une BD à l'honneur et Pennac en a très bien parlé. Il m'intrigue ce couple...je vais demander à la médiathèque de se le procurer

    RépondreSupprimer
  18. Deux auteurs que j'aime et que j'attendrai sagement à la médiathèque ! :)

    RépondreSupprimer
  19. j'avais adoré! "pollué par les enfants" :) c'est dur mais tout à fait réaliste!

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Ton billet et celui de Mo' ont achevé de me convaincre que je devais le lire.

      Supprimer
  20. J'aime bien Pennac, j'aime le principe de cette BD et j'aime beaucoup la planche que tu as mis en extrait. Bref, un livre qu'il me faut lire quoi :-).

    RépondreSupprimer
  21. j'adore Pennac, cette BD me fait envie :))

    RépondreSupprimer
  22. Déja dans ma LAL ! Un de ceux qui risquent de passer en urgence 2015 (et ne sois pas mauvaise langue, y en a quelques-uns qui y sont passés cette année^^).

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. JE ne suis pas mauvaise, je ne crois que ce que je vois. Et je vois qu'il ne te reste plus que 7 mois ;)

      Supprimer
  23. J'ai une vraie affection pour Pennac et son univers un peu fou et si tendre. Même si je ne raffole pas du graphisme de Cestac, je me laisserai sans doute tenter.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Si tes réticences pour Cestac ne t'empêchent pas de lire, c'est parfait !

      Supprimer
  24. Rebonjour Jérôme, j'ai adoré cette BD. Et puis la dédicace aux disparus du 7 janvier 2015 m'a touchée. Bonne après-midi.

    RépondreSupprimer

Je modère les commentaires pour vous éviter les captcha pénibles de Google. Je ne filtre rien pour autant, tous les commentaires sans exception seront validés au plus vite, promis !