vendredi 15 mai 2015

Mama Black Widow d'Iceberg Slim - L'avis de Valérie

La femme noire positive utilise son rayonnement, sa force, son pouvoir pour guider son homme vers un accomplissement de lui-même, pour renforcer son autorité, pour que ses enfants puissent avoir sous les yeux une image forte qui leur serve de modèle. 

Otis a quitté le Missippi lorsqu'il était adolescent. Sa mère a réussi à persuader son père d'aller vivre à Chicago alors que lui serait bien resté dans le Sud à vivre presque comme l'Oncle Tom, en domestique obéissant. L'arrivée à Chicago sonne le glas du bonheur familial (qui soyons honnête, n'existait pas vraiment non plus dans le Sud). Le père ne trouve pas d'emploi et sombre dans l'alcool, la mère laisse son fils Junior, vaquer à ses occupations louches afin d'en retirer l'argent qui lui permettra de ne pas travailler pour les blancs pendant quelques jours. Au milieu de tout ça, Otis tente de comprendre qui il est, entre sa relation avec la riche Dorcas et son irrésistible attirance pour les garçons.

Ce roman est exactement de ceux que j'aime découvrir, il possède son univers propre, celui des bas-fonds américains et pour cause, l'auteur était proxénète et connaissait donc bien ce milieu. On sent très bien la déception qu'ont éprouvé les noirs du Sud quand ils se sont installés dans le Nord, des rêves pleins la tête. On découvre aussi l'univers glauque des amours qui ne sont que de surface car Otis, malgré ses défauts, cherche l'amour ; or il ne parvient pas à aimer celle qui est prête à le rendre heureux et se fait avoir par ceux qui l'attirent. J'ai été désarçonnée par certains passages, notamment celui où il devient le jouet sexuel d'un diacre alors qu'il n'est encore qu'un jeune adolescent, Ce n'est pas tant la scène en soi que le fait qu'Otis finit par trouver ça « très agréable ». Nous noterons que l'auteur n'est pas de ceux que j'aurais eu plaisir à rencontrer en vrai, puisqu'il frappait les prostituées qui travaillaient pour lui avec des cintres en métal.

C'est un roman fortement inspiré de la vie de l'auteur, que je vous conseille si vous êtes curieux, surtout pas si vous êtes facilement choqué. Je l'ai lu dans la même pièce que mes enfants et mes parents et je peux vous dire que je vérifiais par dessus mon épaule qui était derrière moi en lisant certaines pages.

Merci à Jérôme pour cette lecture commune et pour m'avoir offert ce roman.

Publié chez Points en 2010, 345 p,







16 commentaires:

  1. J'allais dire, "tiens Jérôme qui lit un policiermais que se passe-t-il -autre que Lansdale- ?" Mais non ;) Le côté très glauque qui ressort me refroidit un peu

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    1. C'est un roman noir, absolument pas un policier.

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  2. Un ancien proxénète qui passe à l'écriture d'un roman de ce genre. Un jour, plus rien ne nous surprendra...
    Ça a l'air d'être un texte très fort et torturé. Tu m'intrigues Val ;)

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    1. J'aime t'intriguer, ma Mo'. ;)
      C'est vrai c'est assez étonnant.

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  3. J'espérais que ce roman serait une découverte pour toi et c'est le cas, tant mieux ! C'est une autre facette de la littérature noire américaine, on est loin de Gaines ou de Morrison, mais c'est un écrivain qui vaut la peine que l'on se penche sur son cas je trouve.

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    1. Je le pense aussi. On est loin de ces deux-là, oui mais le travail sur l'écriture existe néanmoins et ça se sent.

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  4. notre Pépère Jérôme fait de très bons choix dans ses cadeaux : je suis ravie de te retrouver chez lui aussi ! Bisous à tous les deux. (le côté glauque de l'auteur m'attire moins. Parfois je préfère ne rien savoir sur la vie de l'écrivain, même si elle est éclairante sur l’œuvre finale, par risque de rejet des valeurs).

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    1. Disons que pour écrire ce genre de roman, je pesne qu'il faut bien connaître le milieu donc la question s'est posée pour moi à un moment donné.
      Je pense que Pépère Jérôme va apprécier ton qualificatif. ;)

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    2. je n'en doute pas un instant :-))))))

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  5. Je ne crois pas que ce genre soit pour moi... en fait, je m'attendais à autre chose, plus rock’n’roll (non que ça me plaise tellement, d'ailleurs) mais là, je pense que c'est trop glauque.

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    1. Je ne sais pas ce que tu appelles rock'n roll. Ca l'est quand-même, de mon point de vue. ;)

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  6. Deux avis pour le prix d'un ! C'est doublement noté !

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  7. L'histoire à l'air un peu glauque mais du coup c'est ça qui est fascisant, ça peut changer des livres que je lis d'habitude.

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  8. Pas certaine d'y trouver mon compte, ça a l'air d'une lecture plus qu'éprouvante...

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  9. C'est bien, vos deux articles se complètent, on a une bonne vision de l'ensemble mais alors comment dire..je vais pudiquement dire que ce n'est pas pour moi du tout..
    Vous êtes un peu dark les amis dans vos lectures communes quand même...

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