dimanche 13 juillet 2014

L’effet postillon et autres poisons quotidiens - Julien Jouanneau

Il vous est déjà arrivé, à l’apéro, de vous retrouver avec un noyau d’olive en bouche et aucune solution « élégante » pour vous en débarrasser ? Et bien pour Julien Jouanneau, « proposer des olives non dénoyautées témoigne d’un manque d’attention délibéré, voire haineux de la part des hôtes ». Il tient d’ailleurs le même discours à propos des tomates cerises (impossible à embrocher avec une fourchette et giclant partout dès que l’on croque dedans).

Mais son courroux ne se limite pas aux aliments. Dans cet ouvrage, il liste les (petits) tracas et autres poisons qui gangrènent son quotidien. Et tout y passe : la pendaison de crémaillère (« un gang bang d’emmerdements »), la bronzette à la plage, les notices de médicament, le convive assis en face de vous au restaurant qui postillonne dans votre assiette, les voyages en train, la piscine, les toilettes publiques, les jours de pluie où il faut éviter les baleines de parapluies pour ne pas finir éborgné, les cheveux gras, les gargouillis gastriques, le morceau de nourriture qui vous reste entre les dents après un repas et vous accompagne jusqu’au soir dans tous vos rendez-vous importants, les supermarchés, les livres de bibliothèque cradingues et bourrés de bactéries, les mouches, les chocolats visuellement engageant qui cachent en leur sein un alcool au goût immonde, la mauvaise haleine, etc.

Vous l’aurez compris, Julien Jouanneau est un râleur. Un vrai de vrai. Et en bon râleur, il force le trait à la moindre occasion, considérant que la source de ses emmerdements vient forcément d’autrui. Si on se dit que certains des « enfers ordinaires » présentés sont observés avec justesse, on ne peut s’empêcher de déceler (souvent) beaucoup de mauvaise foi dans les arguments avancés. Personnellement, étant un adepte convaincu de la mauvaise foi, je trouve l’exercice brillamment mené. Mais je comprendrais parfaitement que ce recueil de ronchonnements permanents et finalement assez anecdotiques agace au plus haut point. Une chose sûre, ce n’est pas un livre à lire d’une traite, mieux vaut y picorer avec parcimonie pour éviter l’indigestion.

Une jolie plume, un grincheux misanthrope dans lequel je me suis parfois retrouvé, bref, voila un recueil que j’ai dégusté avec un évident plaisir.


L’effet postillon et autres poisons quotidiens de Julien Jouanneau. Rivages, 2014. 170 pages. 12 euros.





samedi 12 juillet 2014

Myrmidon T3 : Myrmidon dans l'antre du dragon - Dauvillier et Martin

Quand Myrmidon tombe sur une épée figée dans une enclume, son premier réflexe est d'essayer de la retirer. Mais difficile de rejouer Arthur libérant Excalibur avec un pyjama sur le dos. Heureusement, un costume de chevalier traîne près de l'enclume. Et comme par magie, une fois le costume enfilé, Myrmidon peut mener sa tâche à bien. Une première épreuve finalement assez facile par rapport à ce qui l'attend. Parce que se retrouver nez à nez avec un dragon, c'est une autre paire de manches !

Troisième aventure de Myrmidon, toujours sans aucun texte, et le concept continue de fonctionner à merveille. Ici la construction est encore plus audacieuse puisque les codes narratifs propres à la BD sont bousculés. Les bords d'une case s'effondrent, Myrmidon descend sous la page pour entrer dans l'antre du dragon et il doit réparer la case abîmée pour échapper au monstre. Pour le lecteur, l'absence de couleur du dragon permet de comprendre que la créature n'est pas réelle, qu'elle n'est que le produit de l'imagination du petit garçon. Une imagination qui, comme d'habitude, se met en branle dès qu'il enfile son costume.

Une série pour les tout-petits qui parvient à se renouveler à chaque tome. Les trouvailles narratives, alliant originalité et parfaite lisibilité, sont facilement compréhensibles sans être simplistes. Un véritable tour de force. Et puis, au-delà de la forme, ce petit bonhomme est juste craquant et ses aventures ont tout pour plaire et faire rêver.

Myrmidon T3 : Myrmidon dans l'antre du dragon de Dauvillier et Martin. Éd de la Gouttière, 2014. 32 pages. 9,70 euros. A partir de 3-4 ans.

Une nouvelle lecture commune que j'ai le plaisir de partager avec Noukette.



vendredi 11 juillet 2014

Le Petit Loup Rouge - Amélie Fléchais

Il était une fois un petit louveteau toujours de rouge vêtu qui devait apporter un lapin à sa grand-mère. Une seule recommandation lui fut faite par sa mère: éviter de s'aventurer près de la demeure du chasseur et de sa fille. Mais en chemin le louveteau s'éloigna du sentier et se perdit dans la forêt. Il rencontra une charmante fillette qui lui proposa son aide. Mais les apparences sont parfois trompeuses et la fillette était loin de n'être que pureté et innocence...

Une réécriture libre et ambitieuse du conte de Perrault. Les rôles sont d'une part inversés et plus ambiguës mais l’histoire est également fort différente. L'intérêt majeur tient à l'ambiance si particulière qui se dégage de chaque page. Ambiance graphique tout d'abord, avec des illustrations d'une richesse incroyable, d'une texture et d'un grain vraiment particuliers. Le travail sur la lumière et les couleurs renforce les aspects angoissants de certaines scènes et éclaire les passages plus légers. Ambiance propre au récit ensuite, où l'intensité dramatique va crescendo, distillant le zeste de frisson nécessaire pour tenir le lecteur en haleine jusqu'au soulagement final.

J'ai aimé également l'intelligence du propos, le fait que le monde décrit ne soit pas tout noir ou tout blanc, qu’il se décline en de nombreuses nuances de gris. Et puis l'air de rien, il est toujours bon de rappeler qu'il ne faut pas donner une confiance aveugle au premier inconnu qui croise notre chemin.

Un superbe objet-livre, des dessins somptueux, une écriture élégante au ton délicieusement poétique, bref, une pépite à déguster et à partager sans retenue.




Le Petit Loup Rouge d'Amélie Fléchais. Ankama, 2014. 80 pages. 15,90 euros.

L'avis de Moka, tentatrice dont j'ai bien fait, une fois de plus, de suivre les conseils éclairés.

L'avis de Livresse des Mots




mercredi 9 juillet 2014

Tourne-disque - Beuchot et Zidrou

Tourne-disque est un homme qui approche de la cinquantaine. Un homme noir, vivant dans le Congo des années 30 au sein d’une riche famille blanche. Depuis qu’il a huit ans il est employé à faire tourner un gramophone pour que ses maîtres puissent écouter de la musique. Le problème avec les 78 tours, c’est qu’il faut les retourner toutes les cinq minutes. Et quand on veut profiter d’un opéra dans son intégralité, les manipulations s’avèrent fastidieuses. Tourne-disque a donc été formé pour passer les galettes sans les abîmer. Comme le dit le fils de son maître avec un humour tout ce qu’il y a de plus colonial : « Pour chaque disque qu’il rayait, mon père lui donnait un coup de cravache. A ce régime-là, même un éléphant aurait appris à traiter les disques avec plus d’attention qu’un nourrisson. »

Lorsque Tourne-disque rencontre le grand violoniste Eugène Isayë venu de Bruxelles pour offrir un récital aux colons, il trouve enfin un interlocuteur aussi passionné de musique que lui. Peu à peu les deux hommes vont apprendre à se connaître et à s’apprécier, au point qu’Eugène, de retour en Belgique, confiera à se femme avoir trouvé un « frère de son ».

Encore une belle histoire imaginée par Zidrou et magnifiquement illustré par le trait élégant et les couleurs lumineuses de Raphaël Beuchot. Une histoire d’amitié qui coule comme une évidence entre deux personnes que tout semble pourtant opposer. Une histoire de connivence et d’estime mutuelle au-delà de toute considération sociale. Mais comme toujours avec ce scénariste, on ne donne pas pour autant dans la guimauve. Il est aussi question de servitude, de colonisation, du peu d'égard qu’ont les blancs pour les « nègres ». Et quand on croise un homme voulant retrouver la femme noire qu’il a chassée après l’avoir mise enceinte vingt ans plus tôt pour s’excuser de son geste, on trouve l’intention admirable. Sauf que l’on apprend quelques pages plus loin que cette visite n’avait rien d’altruiste, son but étant d’amadouer la mère afin de récupérer l’enfant et de l’amener en Belgique pour qu’elle puisse veiller sur les vieux jours de ce père inconnu. Bref, comme d’habitude chez Zidrou, il faut qu’à un moment ou l’autre ça gratte un peu. Et comme d’habitude ça rend la lecture d’autant plus savoureuse.

Tourne-disque de Beuchot et Zidrou. Le Lombard, 2014. 102 pages. 17,95 euros.

Une nouvelle lecture commune que je partage une fois de plus avec Noukette.



mardi 8 juillet 2014

La piscine était vide - Gilles Abier

Célia, 16 ans, vient d’être acquittée. Ce verdict sonne pour elle comme un soulagement. C’est de sa vie qu’il s’agit. « Une vie foutue mais une vie à vivre ». Une vie qui ne dure qu’un jour, avec, chaque matin, le même objectif : « atteindre la fin de la journée. Sans pleurer. Sans craquer. Sans devenir folle. »

Tout s’est joué en quelques secondes au bord d’une piscine vide. La jeune fille chahutait avec Alex, son petit ami. Un moment de déséquilibre et il est tombé la tête la première. Mort sur le coup.  La mère du garçon a vu la scène de la fenêtre de la cuisine. Elle a accusé Célia d’avoir poussé son fils. Parole contre parole. Détention provisoire, procès, acquittement. Célia se confie, exprime sa souffrance, remonte le fil des événements avant et après la tragédie. D’une seule voix.

Une grosse claque ce texte. Le témoignage est saisissant. Sans pathos. Sans colère ni amertume, même vis-à-vis de son accusatrice, qu’elle ne porte pourtant pas dans son cœur : « Je ne crois pas que je lui en veuille. Je la déteste mais j’imagine que si c’était elle qui avait été au bord de la piscine, chahutant avec son fils, et moi dans sa cuisine à les épier de loin, alors oui j’aurais vu ce qu’elle a vu, oui je l’aurais accusée d’avoir poussé Alex bien qu’elle soit sa mère. Parce qu’une mort aussi bête est sûrement plus facile si on lui attribue un coupable. »

La voix de Célia dit l’impossible retour en arrière, la douleur, l'avenir en pointillé, l’amour perdu à jamais : « Parce que oui, je l’aimais, je l’aimais pour la vie. Et aujourd’hui, il est parti. Et aujourd’hui  je voudrais pouvoir l’oublier pour avoir moins mal. Et aujourd’hui je ne voudrais surtout pas l’oublier. Que jamais il me quitte. »

Et puis cette fin, terrible, dont je ne peux pas vous parler... Une claque je vous dis.

La piscine était vide de Gilles Abier. Actes sud junior, 2014 (réédition). 58 pages. 9,00 euros. A partir de 13 ans.

Encore une pépite jeunesse que j'ai le plaisir de partager avec Noukette.





lundi 7 juillet 2014

Pedro Paramo - Juan Rulfo

« Surtout, ne lui réclame rien. N'exige que notre dû. Ce qu'il me devait et ne m'a jamais donné... L'oubli dans lequel il nous a laissés, fais-le lui payer, mon enfant. » Juan Preciado promet à sa mère, sur son lit de mort, de retrouver Pedro Paramo, son père qui les a autrefois abandonnés. En route pour Comala, il croise un homme sur un âne qui le mène jusque dans les rues désertes du village. Là, une vieille femme lui apprend que celui qui l'a accompagné est mort depuis longtemps, comme Pedro Paramo, dont il peut distinguer, au loin, les ruines de l'immense propriété. Car le père de Juan était l'homme fort de la région. Cruel, despotique, semant derrière lui autant de morts que d'enfants, il était haï et craint de tous. Au cours de son séjour, Juan va croiser d'autres fantômes, autant d'âmes vagabondes venues lui raconter par bribes l'histoire du village s'entrecroisant avec celle de son géniteur.

Voila un roman d'une infinie complexité tant il bouleverse les codes de compréhension classiques d'un récit de fiction. Juan Rulfo aurait déclaré que son texte nécessite la « coopération » du lecteur. Difficile en effet de suivre le déroulement d'une intrigue sans aucune linéarité, où les différentes temporalités s'enchevêtrent et où les morts et les vivants ne cessent de dialoguer. Pour Carlos Fuentes, « L’œuvre de Juan Rulfo n’est pas seulement la plus haute expression à laquelle soit parvenu, jusqu’à maintenant, le roman mexicain : à travers Pedro Páramo, nous pouvons trouver le fil qui nous conduit au nouveau roman latino-américain. »

Un texte déstabilisant, à prendre selon moi comme une expérience de lecture unique, la découverte d'une construction narrative totalement novatrice. Un texte auquel il ne faut surtout pas essayer de résister mais au contraire devant lequel il est indispensable de lâcher prise pour se laisser entraîner dans les méandres de la mémoire d'un village pauvre et reculé.

Au final il me restera de ce récit polyphonique les voix et les histoires si étranges de personnages en quête, au-delà de la mort, d'une paix intérieure à jamais inaccessible. Troublant et vertigineux.

Pedro Paramo de Juan Rulfo. Folio, 2009. 184 pages. 7,40 euros.


Une découverte que je dois une fois de plus à Marilyne avec qui je partage cette lecture commune.



samedi 5 juillet 2014

Rush T1 : Dette de sang - Phillip Gwynne

Sous le soleil de la Gold Cost australienne, Dom Silvagni mène une vie d’ado tranquille au sein de la bourgeoisie locale. Le jour de ses 15 ans, il apprend que les siens ont depuis des décennies une dette envers la mafia. Pour la racheter, chaque homme de la famille doit se mettre au service des criminels et s’acquitter de six contrats. En cas d’échec, le débiteur subira un terrible châtiment. Pour Dom, le premier contrat consiste à capturer le Zolt, un jeune hors-la-loi insaisissable, star des réseaux sociaux qui nargue les forces de police et est adulé par les adolescents.

Je vais être honnête, ce n’est pas la littérature jeunesse que j’aime. En toute modestie, je suis un peu comme un cinéphile qui préfère le cinéma d’auteur aux gros blockbusters. Et Rush a tout des gros blockbusters que je déteste. Aucun temps mort, de l’action et rien que de l’action, le but étant de tenir en haleine le lecteur plutôt que de le faire réfléchir. C’est un parti pris qui se défend et je n’ai rien contre mais quitte à me répéter, ce n’est pas la littérature jeunesse que j’aime.

Après, l’honnêteté me pousse aussi à  reconnaître que c’est très bien fait et que les ingrédients proposés par  Phillip Gwynne ont tout pour plaire aux ados. Beaucoup de suspens, un zeste d’humour, de nombreuses références aux nouvelles technologies, une intrigue prenante, des personnages attachants et un tempo d’enfer, autant d’éléments qui ont fait leurs preuves depuis longtemps.

En conclusion, un roman efficace et parfaitement ciblé pour toucher un large lectorat. Et vous l’aurez compris, ce n’est pas du tout ma came mais y a pas à dire, dans le genre, ça le fait (désolé, j’essaie pitoyablement de faire djeun …).

Rush T1 : Dette de sang de Phillip Gwynne. Casterman, 2014. 255 pages. 15,00 euros. A partir de 12 ans.

Les avis de Nahe, Lasardine et Liliba.

vendredi 4 juillet 2014

La vie troublée d’un tailleur pour dames - Bulbul Sharma

Janak est tailleur pour dames dans le petit village de Giripul, au pied de l’Himalaya. Homme paisible, amoureux de sa femme la capricieuse et jalouse Rama, il n’aspire qu’à vivre tranquillement. Mais les clientes qui défilent dans sa petite échoppe n’hésitent pas à lui confier leurs petits secrets, le mettant parfois dans l’embarras.
Un soir, alors que toute la communauté est réunie sous le chapiteau d’un magicien ambulant,  il trouve un cadavre devant sa porte. Le premier meurtre de l’histoire de Giripul ! Persuadé de faire un coupable idéal, Janak, aidé de son meilleur ami Shankar, va mener lui-même l’enquête pour retrouver l’assassin.

De Bulbul Sharma, j’avais lu et beaucoup aimé les recueils de nouvelles « Mangue amère » et « Maintenant que j’ai 50 ans ». J’avais surtout apprécié sa façon de mettre en scène la femme indienne moderne, tiraillée entre ses légitimes envies d’émancipation et le poids des traditions. Ici, on est dans autre registre. Ce roman beaucoup plus léger est une saga villageoise, un hommage au peuple des campagnes. Giripul existe vraiment et Bulbul Sharma y a possédé une résidence secondaire pendant vingt ans. C’est un village hors du temps, sans commodités, sans télé, sans téléphone ni frigidaire. Autour de Janak gravitent Shankar le pêcheur, Balu le mendiant, Lala le restaurateur, Raja qui tient le bazar du coin et le « mukhiya », le chef du village. Les femmes sont aussi très présentes avec, comme toujours chez Sharma, une belle-mère particulièrement irascible.

Ce roman est avant tout une comédie de mœurs avec un peu de réalisme magique et un soupçon de polar (mais alors vraiment un soupçon). C’est surtout l’occasion de mettre en lumière le monde rural sans misérabilisme à travers le regard plein d’empathie d’un auteur débordant de tendresse pour ses personnages.

Une lecture rafraîchissante, idéale pour découvrir l’Inde « authentique » loin des clichés de Bollywood. J’ai côtoyé avec plaisir les habitants de Giripul et, comme la fin laisse présager une suite évidente, je me réjouis de les retrouver d’ici quelques temps.


La vie troublée d’un tailleur pour dames de Bulbul Sharma. Albin Michel, 2014. 380 pages. 22,00 euros.


Une lecture commune que j’ai le plaisir de partager avec Hélène.



jeudi 3 juillet 2014

Et si on parlait (déjà) de la rentrée...


J’ai pris le temps d’éplucher le numéro spécial de Livres Hebdo consacré à la rentrée littéraire. 404 romans français et 203 romans étrangers seront publiés entre août et octobre. Pour l’instant j’en ai repéré seize. Huit français et huit étrangers. Comme d’habitude, aucune grosse pointure en dehors de Patrick Deville.

Évidemment au final je ne les lirai pas tous. Évidemment je vais en dénicher d’autres en farfouillant sur les blogs des copinautes. Mais au moins ça me donne une première idée. Et en attendant je vais tenter de profiter des vacances pour faire baisser ma pal...




mercredi 2 juillet 2014

La famille Passiflore : La chasse au trésor - Loïc Jouannigot et Michel Plessix

Quand les lapereaux de la famille Passiflore apprennent de la bouche de leur père qu’ils ont eu un aïeul pirate, ils tombent des nues. Un pirate surnommé « L’impitoyable Cycliste des 7 mers » qui, après une fructueuse carrière à bord de « La carotte indomptable », s’est installé tout près de leur maison actuelle pour finir ses jours paisiblement et enterrer le trésor amassé en écumant les mers du globe. Fascinés par cette histoire de trésor, les enfants se rendent du coté de la rivière où pourrait être enfoui le précieux coffre. Mais en chemin ils vont rencontrer Fétide Durian, un putois trop gentil pour être honnête…

Ah, les Passiflore ! Un univers animalier proche de celui de Béatrix Potter qui ravira petits et grands. Depuis près de trente ans, ils s’animent sous le crayon de Loïc Jouannigot, d’abord dans des albums pour enfants et depuis peu en BD. Pour cette nouvelle aventure, Michel Plessix est au scénario, autant vous dire que c’est un gage supplémentaire de qualité (du moins pour moi). Le récit est sans temps mort, les événements s’enchaînent avec fluidité, il y a ce zeste de frisson qui permet de se faire (un peu) peur et le comportement héroïque du papa protecteur de sa marmaille m’a beaucoup plu (mais ça c’est un ressenti très personnel, hein).

Coté dessin, c’est bien entendu somptueux, avec des aquarelles de toute beauté et un art de manier la lumière qui force l’admiration.

La chasse au trésor, c’est un grand classique qui fonctionne à tous les coups et cet album ne fera pas exception à la règle.  Et puis franchement, comment résister au charme des Passiflore ?

La chasse au trésor de Loïc Jouannigot et Michel Plessix. Dargaud, 2014. 40 pages. 13 euros. A partir de 7-8 ans.

Mon avis sur le 1er tome des aventures de la famille Passiflore en BD