Deux ans ont passé depuis le tome précédent. Sauveur et Louise sont toujours en couple, Gabin squatte toujours le grenier de la maison, il s’est inscrit en fac après son bac mais passe le plus clair de son temps dans son lit. Jovo, ex-SDF et ex-légionnaire, s’est remis de son AVC. Alice, la fille de Louise, est une lycéenne (presque) comme les autres et Lazare et Paul ont fait leur entrée en sixième. Dans ce cinquième tome Sauveur retrouve d’anciens patients (Ella devenue Elliot, Solo le gardien de prison fan de Star Wars, Samuel qui vient de casser avec Margaux, Maïlys et son papa Lionel ou encore Blandine dont l’addiction au sucre lui cause bien des soucis) et se retrouve face à de nouveaux cas plus ou moins complexes. Un quotidien bien huilé qui n’empêche pas les ennuis de s’accumuler comme de gros nuages noirs au-dessus de l’appartement de la rue des Murlins.
Après quatre tomes qui constituent en quelque sorte un cycle complet, Marie-Aude Murail a su intelligemment faire évoluer son petit monde. D’une part avec un bond dans le temps de deux ans et d’autre part en plaçant le curseur davantage sur Sauveur et sa tribu que sur sa « clientèle ». Cette derniers est toujours bien présente mais la mécanique du récit repose plus fortement sur les épaules du psychologue et des siens. Le résultat est probant, les pièces du puzzle s’imbriquent toujours avec évidence, les sujets abordés restent d’une grande actualité, les dialogues se dégustent avec la même gourmandise et les traits d’humour ne cessent de faire mouche.
Cerise sur le gâteau, le final laisse augurer une suite inéluctable. Impossible de nous laisser en plan avec tant d’incertitudes sur l’avenir de Gabin, les amours d’Alice, l’amitié fragilisée de Lazare et Paul et surtout, surtout, les relations de couple de Sauveur et Louise. Bref, il y a encore matière à nous faire partager les péripéties d’une galerie de personnages dont il semble impossible de se lasser, et c’est tant mieux.
Sauveur et fils saison 5 de Marie-Aude Murail. L’école des loisirs, 2019. 315 pages. 17,00 euros.
Une pépite jeunesse évidemment partagée avec Noukette