mardi 15 janvier 2019

L’instant de la fracture - Antoine Dole

On y est. A l’instant de la fracture. Quand tout va basculer.
Ils sont là. Autour de la table. Pour le réveillon de Noël.
Bientôt il va ouvrir la bouche. Après ce sera la déflagration. L’explosion.
Il le dira une fois. Avant de hausser le ton. Et de pointer le doigt vers son père.
« Papa a abusé de moi ».

Les souvenirs douloureux affluent. Il se rappelle le loup dans la maisonnée. L’ogre qui a laissé sur l’enfant qu’il était son empreinte indélébile. La mère, Les frères et sœurs plus âgés qui n’ont rien vu. Ou qui n’ont pas voulu voir. Jusqu’alors il s’est tu. Ne rien dire pour les préserver. La famille comme un piège dont on ne peut se sortir. Pour ne pas faire souffrir les autres avec ses propres souffrances. Pour ne pas briser l’harmonie, l’équilibre. Le bonheur de façade.

C’est rien de dire qu’Antoine Dole m’a scié. Une fois de plus. Quarante petites pages dans la tête d’un fils qui s’apprête à dire l’insoutenable. L’inimaginable. Des phrases courtes. Heurtées. Comme une respiration saccadée. Ce moment où monte le vertige, où l’on prend son courage à deux mains pour franchir le pas en sachant qu’il n’y aura pas de retour en arrière possible. Jusqu’à la dernière ligne on attend l’instant de la fracture. Le moment de se jeter dans le vide. Sans filet.

C’est terrible. Poignant. Intense. Percutant. Antoine Dole égal à lui-même, quoi.

L’instant de la fracture d’Antoine Dole. Talents hauts, 2018. 45 pages. 7,00 euros. A partir de 14 ans.



Une pépite jeunesse partagée avec Noukette.








vendredi 11 janvier 2019

Les frères K - David James Duncan

En 2018 ma première lecture avait été un énorme pavé américain des éditions Monsieur Toussaint Louverture qui s’est avéré être mon plus gros coup de cœur de l’année. Puisque l’histoire aime se répéter, j’ai voulu réitérer l’expérience en 2019 avec un nouveau pavé américain du même éditeur. Verdict ? Du très bon, mais pas aussi bon qu’Un jardin de sable.

Les frères K, c’est 800 pages pour relater vingt ans de la vie de la famille Chance. Une famille où le quotidien n’a rien d’un long fleuve tranquille entre le père ancien joueur de baseball aux rêves de gloire brisés, la mère obsédée par la religion et les six enfants aux aspirations et aux caractères très différents. De 1956 à 1975 on suit les méandres de leurs relations complexes et les trajectoires particulières de chacun, du Vietnam à l’Inde en passant par le Canada. Au cœur du récit se trouve le narrateur Kincaïd, l’un des fils, témoin privilégié des événements marquants de ces vingt ans.

Un roman fleuve ambitieux dont les nombreuses ramifications ne cessent de se croiser pour mieux souligner les conflits et les relations complexes entre chaque membre de la tribu. C’est ample, profond, très bien mené et jamais décousu. Mais (puisqu’il y a mais) certaines longueurs auraient pu être évitées. La description dans les premières pages d’une interminable retransmission télévisée d’un match de baseball m’a coupé les pattes d’emblée, et le cours de catéchisme qui s’est enchaîné juste derrière a failli m’achever. Heureusement que par la suite le récit est devenu plus fluide et a moins donné l’impression de s’éparpiller sur des détails sans grand intérêt. Il n’empêche, le texte aurait gagné à être quelque peu élagué, plus ramassé sur lui-même, sans gras inutile autour de l’os.

Au final ça reste un vrai bon roman où les interactions entre les personnages sont très fouillées, ou la petite et la grande histoire ne cessent de se mélanger et où la destinée individuelle de chacun ne trouve de sens que dans la globalité de l’histoire familiale. C’est aussi l’expression d’une solidarité sans réserve malgré les divergences de points de vue. Et c’est surtout un livre plein de lumière et d’ondes positives où les coups durs ne font que renforcer l’envie de se relever pour continuer à avancer, ensemble.

Les frères K de David James Duncan (traduit de l’anglais par Vincent Raynaud). Monsieur toussaint Louverture, 2018. 798 pages. 24,00 euros.









mercredi 9 janvier 2019

Les ogres-dieux T3 : Le grand homme - Gatignol et Hubert

Avec les ogres-dieux, il faut s’accrocher. Chaque nouvel album de la série prend un surprenant  virage par rapport au précédent, à tel point que les différents volumes pourraient très bien se lire comme des one shot. Mais en même temps la lecture « en continue » des trois titres offre une cohérence incroyablement solide à l’ensemble.

Les Ogres-dieux,  c’est une fresque sanglante racontant le crépuscule d’une famille de géants anthropophages régnant d’une main de fer sur leur royaume et leur peuple d’humains depuis des générations. Le premier album décrivait la chute de la famille royale provoquée par « Petit », l’un des fils du souverain en place. Dans le second, on suivait l’ascension d’un chambellan humain prêt à tous les excès pour devenir le maître du pays après la disparition des géants. Ce troisième tome propose un scénario moins complexe, plus linéaire. On y retrouve Petit qui rejoint un groupe de résistants baptisés « les niveleurs » après l’enlèvement de sa fiancée par les hommes du Chambellan. Guidé par un homme mystérieux prénommé Lours, Petit va s’enfoncer dans la forêt maudite et faire face à un danger qui dépasse tout ce qu’il aurait pu imaginer.

Encore une totale réussite ! Le monde des ogres-dieux ne cesse de s’étendre avec cet album jouant à nouveau la carte du baroque mâtiné d’ambiance moyenâgeuse. Et une fois encore Bertrand Gatignol montre l’étendue de son talent avec son découpage impressionnant et son noir et blanc intense rendant les scènes en forêt particulièrement oppressantes.

Un fascinant conte cruel aux accents gothiques. Entre lutte de pouvoir, étude de mœurs et pur récit d’aventure, la série offre, tant sur le fond que sur la forme, une expérience de lecture d’une rare profondeur.

Les ogres-dieux T3 : Le grand homme de Gatignol et Hubert. Soleil, 2018. 188 pages. 26,00 euros.




Toutes les BD de la semaine sont chez Noukette




mardi 8 janvier 2019

Les nouvelles vies de Flora et Max de Martin Page et Coline Pierré

Le titre n’est pas anodin. Il dit bien l’évolution de Flora et Max, deux ados dont j’avais fait la connaissance dans un roman précédent qui avait pour titre La folle histoire de Flora et Max. Un roman qui racontait les échanges épistolaires de Flora, en prison après avoir agressé une camarade de classe et de Max, incapable de sortir de sa chambre pour aller affronter le monde extérieur.

On les retrouve ici alors que tous deux sont sortis de leur enfermement. Flora suit des cours d’anthropologie à la fac et travaille à temps partiel dans une maison de retraite tandis que Max commence un CAP de cuisinier. Depuis qu’ils se sont rencontrés « en vrai » leur amitié, née de leur correspondance, n’a fait que se renforcer. Ensemble ils font leurs premiers pas dans un monde qui, pour ces ex-reclus, a tout d’une jungle. Et c’est ensemble qu’ils vont devoir unir leurs forces pour lutter contre un projet immobilier et commercial menaçant l’équilibre de leurs nouvelles vies.

Un vrai bonheur de retrouver dans ce texte à quatre mains des personnages aussi attachants que ces deux ados. Avec toute leur singularité, leur fragilité et leur regard décalé sur la vie en société. Martin Page et Coline Pierré se complètent une fois de plus à merveille et l’alternance des prises de parole de Flora et de Max fonctionne toujours aussi bien. L’évolution de leurs situations respectives est prétexte à développer une histoire qui gagne en épaisseur et offre à chacun un cheminement intérieur qui les pousse à s’ouvrir aux autres.

Un excellent roman, qui se dévore d’une traite le sourire aux lèvres. C’est drôle, tendre, plein d’altruisme, d'empathie et d’ondes positives. Tout ce qu’il faut pour attaquer du bon pied cette nouvelle année de pépites jeunesse avec ma chère complice Noukette.

Les nouvelles vies de Flora et Max de Martin Page et Coline Pierré. L’école des loisirs, 2018. 250 pages. 14,50 euros. A partir de 14 ans.









samedi 5 janvier 2019

Trajectoire - Richard Russo

Janet l’universitaire affronte un étudiant provocateur qui lui a rendu un devoir plagié avant de rentrer chez elle fêter Thanksgiving avec son mari et son fils autiste qui n’a d’yeux que pour son père. Nate accompagne son frère à Venise dans un voyage organisé et il se demande ce qu’il est venu faire là. Roy voudrait vendre à un couple de texans la maison de son amie Nicky mais la partie est loin d’être gagnée. Et Ryan, qui pensait pouvoir monnayer à bon prix un scénario rangé dans un tiroir depuis des années, va finalement comprendre qu’on l’a roulé dans la farine.

Quatre histoires. Quatre personnages confrontés à un événement qui va les mener au bord de la rupture. Ils ont des situations confortables, ils sont à un âge où les grands rêves ne sont plus que de lointains souvenirs et ils traînent leur mélancolie entre non-dits et tristesse.

Des nouvelles qui mêlent présent et passé avec fluidité et qui dressent les portraits de femmes et d’hommes en pleine crise, conscients qu’ils ne vont pas vers le beau, conscients des efforts à faire pour garder un aplomb de façade en société, pour montrer que l’on tient le cap alors que le naufrage est en cours.

Un recueil sombre, crépusculaire, désenchanté et d’une glaciale lucidité, porté par l’écriture élégante d’un Richard Russo aussi à l’aise dans les romans fleuve que dans la forme courte. Au final une réflexion tout en finesse sur la solitude, le temps qui passe et la perte des illusions. Tout ce que j’aime en somme.

Trajectoire de Richard Russo (traduit de l’anglais par Jean Esch). Quai Voltaire, 2018. 296 pages. 21,80 euros.







mardi 1 janvier 2019

Ces livres dont je n'ai pas pris le temps de parler...

Il y a beaucoup de livres que j’ai lus sans en parler ici cette année. Pas le temps, pas envie ou pas l’impression d’avoir quelque chose de neuf à dire sur certains titres dont on a déjà tout dit, les raisons sont nombreuses. Des coups de cœur et des déceptions dont je dresse une rapide liste ci-dessous, histoire de mettre les compteurs à zéro avant d’attaquer la nouvelle année.



Tout le monde (ou presque) en a dit le plus grand bien mais je dois reconnaître que ce roman ne m’a fait ni chaud ni froid. Encéphalogramme plat du début à la fin, je m’attendais à tellement mieux. Une grosse déception supplémentaire cette année.

Une bouche sans personne de Gilles Marchand. Aux Forges de Vulcain, 2016. 260 pages. 17,00 euros.



Superbe, tout simplement superbe ! Un récit dur, intime et pudique sur la guerre et les traumatismes qu’elle engendre, sur la perte des êtres chers et la reconstruction malgré des stigmates qui resteront à jamais indélébiles. Tout en finesse, sans grosses ficelles tire-larmes ni apitoiement malvenu. J’ai bien fait de le sortir de ma pal cet été.

La jeune fille et la guerre de Sara Novic. Fayard, 2016. 315 pages. 22,00 euros.




Un autre titre sur la guerre. Deux cabossés du Vietnam, un noir et un blanc, réunis dans la même chambre d’hôpital. Le noir n’a plus de bras ni de jambes, le blanc n’a plus de visage. Entre leurs quatre murs ils se confient l’un à l’autre, racontant leur passé et leurs traumatismes. Un huis clos à la fois glaçant et bouleversant jusqu’à son inéluctable conclusion. Là aussi j’ai beaucoup aimé.

Sale boulot de Larry Brown. Gallemeister, 2018. 260 pages. 8,20 euros.




Je me suis ennuyé dans les alpages avec Paolo Cognetti. Le regarder couper du bois et cultiver son jardin comme Charles Ingalls dans La petite maison dans la prairie m’a très vite lassé. Même les visites à ses quelques voisins n’ont fait que m’arracher des bâillements. Je m’attendais à tellement mieux ! Là encore une déception alors que tout le monde ou presque a aimé.

Le garçon sauvage de Paolo Cognetti. 10/18, 2017. 140 pages. 6,10 euros. 




Un roman surprenant, baroque, décadent, signé d’un auteur italien sulfureux en diable dont j’ignorais jusqu’alors l’existence. L’histoire raconte le parcours d’un jeune italien débarquant dans le Paris de la Belle époque pour profiter de toutes les folies et excentricités de la ville lumière. Publié en 1921, le texte est d’une surprenante modernité, avec un héros plein de cynisme se moquant de tout et de tout le monde. Je ne pouvais qu’adorer.

Cocaïne de Pitigrilli. Séguier, 2018. 348 pages. 21,00 euros.




Pour une fois que j’ai lu le Goncourt ! Un roman dont la veine sociale m’a plu mais qui tombe par moment dans la caricature et manque d’une certaine finesse d’analyse dans les rapports entre les différents protagonistes. Il n’empêche, dans l’ensemble, j’en garde un très bon souvenir.

Leurs enfants après eux de Nicolas Mathieu. Actes sud, 2018. 425 pages. 21,80 euros.




David Thomas, roi de la microfiction, revisite dans ce recueil le sentiment amoureux dans toute sa diversité. Le résultat est inégal, alternant les petits bijoux d’humour dont il a le secret et des textes beaucoup plus anecdotiques. Sympa sans plus, et clairement pas aussi savoureux que l’excellent « On ne va pas se raconter d’histoires ».

Le poids du monde est amour de David Thomas. Editions Anne carrière, 2018. 220 pages. 16,00 euros.




Un récit autobiographique sans concession dans lequel Nick Flynn raconte son quotidien de travailleur social auprès des sans-abris de Boston pendant les années 80, à une époque où son propre père, qu’il n’a jamais connu, se retrouve à la rue. Leur rencontre dans un foyer est le point de départ d’une réflexion sur la filiation et d’une plongée sinueuse dans les douloureux souvenirs d’une jeunesse difficile. Loin du témoignage pleurnichard, Nick Flynn ose différentes formes narratives et dit l’intime avec une distance qui, paradoxalement, ne fait que renforcer la proximité avec le lecteur. Un tour de force éblouissant, loin de la branlette autofictionnelle propre à la littérature française actuelle. Prenez-en de la graine bordel !

Encore une nuit de merde dans cette ville pourrie de Nick Flynn. Gallimard, 2006. 350 pages. 19,80 euros.

























samedi 29 décembre 2018

Où je mets le nez dans ma pal...

A peine 115 titres dans ma pal en cette fin année, le niveau n'a pas été aussi bas depuis fort longtemps. Il faut croire que je deviens raisonnable (même si tout est relatif, je vous l'accorde).

Pas de constat particulier à faire à la lecture de cette pal, si ce n'est que la littérature étrangère m'attire toujours d'avantage, et dorénavant bien plus que la littérature française.

J'avais ciblé deux titres à sortir de cette pal en 2018 (Anima de Wajdi Mouawad et Le chant des plaines de Kent Haruf) et force est de constater qu'ils y sont toujours. Je me garderai donc bien d'annoncer le moindre objectif pour 2019, même si l'envie de lire enfin Lolita et A l'est d'Eden me titille sérieusement depuis quelques temps. Reste à savoir si je vais passer de la parole aux actes...

Adamson, G. - La veuve
Adrian, C.L. - Colères sioux
Aragon - Le mentir-vrai
Baricco, A. - Emmaüs
Baricco, A. - Océan mer
Barré, C. - Baudelaire, le diable et moi
Beatty, P. - American Prophet
Becker, E. - Mr
Bedell, A. - anything for love
Bednarski, P. - Les neiges bleues
Benameur, J. - ça t’apprendra à vivre
Benameur, J. - Il y a un fleuve
Benameur, J. - Laver les ombres
Benameur, J. - Une histoire de peau
Berlendis, S. - L'autre pays
Berlendis, S. - Revenir à Palerme
Buntin, J. - Marlena
Burke, J.L. - Black Cherry Blues
Burke, J-L. - La pluie de néon
Burke, J-L. - Prisonniers du ciel
Cabre, J. - Voyage d'hiver
Caldwell, E. - La route du tabac
Calmel, M. - La Marquise de Sade
Carranza, N. - Souffle en mon cœur un vent de patagonie
Castelanoss Moya H. - Moronga
Cercas, J. - Le mobile
Chalandon, S. - Mon traître
Choplin, A. - A contre courant
Choplin, A. Alberto
Coetzee, J.M. - Disgrâce
Coulon, C. - Le cœur du pélican
Daoud, K. - La préface du nègre
De Fonclare, G. - Joë
De Luca, E.- Montedidio
Dessaint, P. - Les hommes sont courageux
Diaz, J. - La brève et merveilleuse vie d’Oscar Wao
Du Maurier, D. - Rebecca
Dubois, J-P. - L'Amérique m'inquiète
Echenoz, J. - 14
Egan, J. - Manhattan Beach
Ellis, M. R. - Wisconsin
Erlih, C. - Funambules
Fagan, J. - Les buveurs de lumière
Fajardie, F.H. - Une charrette pleine d'étoiles
Farris Smith, M. - Nulle part sur la terre
Ferrari, J. - A son image
Ford, R. - Une saison ardente
Fusaro, P. - Nous étions beaux la nuit
Gaudé, L. - Danser les ombres
Gaudé, L.- Pour seul cortège
Germain, S. - a la table des hommes
Goby, V. - Qui touche à mon corps je le tue
Gu, B-M. - Les petits pains de la pleine lune
Haruf, K. - Le chant des plaines
Heller, P. - Peindre, pêcher et laisser mourir
Jackson, C. Le poison
Jile, P. - Des nouvelles du monde
Johnson, D.M - La colline des potences
Johnson, L.C. - Nitro Moutain
Josse, G. Les heures silencieuses
Keegan, K. - L’antarctique
Kelman, J. - Mo a dit
Kesey, K. - Et quelquefois j'ai comme une grande idée
Khemiri, J.H. - J'appelle mes frères
Koch, H. - Le dîner
Koelb, T. - Made in Trenton
Kureishi, H. - L'air de rien
Laferrière, D. - Journal d'un écrivain en pyjama
Lansdale, J.R - Diable rouge
Lansdale, J.R - Honky Tonk Samouraïs
Lansdale, J.R - Sur la ligne noire
Lansdale, J.R - Vierge de cuir
Lavoie, M.R. - La petite et le vieux
Lee, H. - Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur
Lobe, M. - 39 rue de Berne
Marchand, G. - Des mirages plein le spoches
Mingarelli, H. - Quatre soldats
Modiano, P. - Dimanches d'août
Modiano, P. - Du plus loin de l'oubli
Modiano, P. - L'herbe des nuits
Mouawad, W. Anima
Moutot, M. - Ciel d'acier
Nabokov - Lolita
Ollivier, B. - Histoire de Rosa qui tint le monde dans sa main
Ortuno, A. - Majico
Padura, L. - Passé parfait
Pelecanos, G.P. - Mauvais fils
Perry, A. - La rue
Poissant, D.J. - Le paradis des animaux
Powers, R. - Trois femmes s'en vont au bal
Price, R. - Les seigneurs
Prou, B. - Alexis Vassilkov
Prudhomme, S. - Les grands
Rahimi, A. - Syngué sabour
Raufast, P. - Habemus Piratam
Roth, P. - Le rabaissement
Russo, R. - Un homme presque parfait
Saviano, R. - Piranhas
Sharma, B. - La colère des aubergines
Sharma, B. - Mes sacrées tantes
Shimazaki, A. - Hôzuki
Siaudeau, G. - Inauguration de l'ennui
Steinbeck, J.- A l’est d’Eden
Tesich, S. - Karoo
Thomas, D. - Hortensias
Tremblay, L. L'impureté
Viel, T. - Article 533 du code pénal
Vinau, T. - Ici ça va
Vinau, T. - Nos cheveux blanchiront avec nos yeux
Wagamese, R. - Jeu blanc
Watson, B. - Miss Jane
Weller, L. - Les marches de l'Amérique
Winter, K - Annabel
Woodrell, D. - La mort du petit cœur


Les BD

52 BD sur mes étagères, exactement le même nombre que l'an dernier. Le turn over a été comme d'habitude intense, j'espère que mon voyage à Angoulême le mois prochain ne va pas trop faire gonfler les effectifs, même si j'en doute sérieusement.

Aliénor Mandragore T4
Arabe du futur (l') T4
Babybox
Cantine de Minuit (la) T1
Cantine de Minuit (la) T2
Casa (la)
Chroniques de l'île perdue
Contes graveleux de mon grand-père
Couleur peau de miel T1
Couleur peau de miel T2
Couleur peau de miel T3
Couleur peau de miel T4
Darnand le bourreau français T1
Darnand le bourreau français T2
De beaux moments
Esprit de Lewis (l')
Hommes à la mer
Jeunesse de Staline (la) T2
Lâcher prise
Les nombrils T8
Lou T8
Max Winson
Mickey et l'océan perdu
Moi, ce que j'aime, c'est les monstres
No Body T3
No Body T4
Ogres-Dieux T2 (les)
Ogres-Dieux T3 (les)
Où sont passés les grands jours T1
Où sont passés les grands jours T2
Paul dans le Nord
Perspective Luigi (la) T1
Pline T1
Pline T2
Pline T3
Pline T4
Pline T5
Pline T6
Pour la peau
Privé d'Hollywood (le)
Punk Rock et mobile homes
Saga de Grimr (la)
Saga T8
Saga T9
Seules contre tous
Shangri-La
Sortilèges et méchanteries
Stupor Mundi
Tête dans les étoiles (la)
Une nuit à Rome T1
Une nuit à Rome T2
Une vie comme un été





















jeudi 27 décembre 2018

Une année de romans


 52 romans lus en 2018, c’est clairement moins que d’habitude. Si la quantité n’était pas au rendez-vous, la qualité non plus et je dois reconnaître que les déceptions et les « bof-bof » ont rythmé mes lectures. Heureusement il y a eu quelques éclaircies dans la grisaille et j’espère que 2019 sera un meilleur cru. On verra bien.

Pour présenter ce bilan annuel, j’ai repris le principe de la liste « Une année de livres » proposée par Delphine et Nicole. A la base il n’y avait que les seize premières questions. J’en ai rajouté cinq histoire, de varier les plaisirs…. 

1) Ma 1ère lecture de l'année ?
(qui restera, de loin, la meilleure) 



2) Le livre le plus bref que j'ai lu ?
(et clairement le plus étrange)



3) Le livre le plus dépaysant ?
(et une écriture magnifique)



4) La plus belle couv de l’année ?
(le roman est superbe lui aussi)



5) Un nouvel auteur découvert cette année ?
(j'ai tellement aimé que j'en ai lu un deuxième de lui)



6) Le livre dont l’écriture m’a ébloui ?
(je ne pouvais évidemment pas en choisir un autre !)





7) Le meilleur personnage de l’année ?
(je n'ai pas encore pris le temps de vous parler d'Harold mais ce sera pour bientôt) 



8) Le livre que j’attendais le plus ?
(et qui m’a le plus déçu) 



9) Le livre le plus déstabilisant ?
(et à la couverture la plus... suggestive ?)



10) Le livre le plus inattendu ?
(un Bukowski italien et une vraie découverte)




11) Le livre que j’ai enfin lu ?
(plus de 10 ans qu'il était dans ma pal)



12) Mon plus gros pavé ?
(plus de 1000 pages et une fin totalement ridicule. Vraiment dommage...)



13) Le livre le plus émouvant ?
(Le personnage de Francis Phelan m'a brisé le coeur...)




14) Le livre le plus drôle ? 
(sans conteste l'auteur le plus drôle de l'année)



15) Le livre qui m’a appris quelque chose que j’ignorais totalement ?
(les premiers policiers noirs d'Atlanta. Un roman édifiant.)




16) Ma dernière lecture de l’année ?
(lecture en cours...)



17) Le plus beau titre de l’année ?
(il faudrait que je prenne le temps de vous parler de ce superbe livre)



18) Le meilleur recueil de nouvelles de l’année ?
(une réédition qui vaut le coup d’œil)



19) Le livre le plus ennuyeux de l’année ?
(un roman aussi soporifique qu'un épisode de Derrick, je ne pensais pas lire ça un jour)  



20) Le plus gros raté de l’année ?
(et pourtant j'adore Claudel mais là, il n'y a vraiment rien à sauver dans ce texte)



21) Le meilleur livre de l’année ?
(quitte à me répéter. De très, très loin...)








jeudi 20 décembre 2018

Cher Papa Noël...

Voila, j'ai fait ma petite liste, expédiée en même temps que celles de mes trois filles. Je sais d'avance qu'elles auront la priorité du gros barbu et que toutes mes demandes seront loin d'être comblées mais ça ne coûte rien de tenter le coup.
Et puis mon anniversaire arrive bientôt, j'aurais peut-être une partie de cette liste fin janvier au lieu de fin décembre et ça m'ira tout aussi bien.

Quoi qu'il en soit, je serai ravi de trouver au pied du sapin les menus présents suivants :


Des romans


Un roman que j'adore et que je possède déjà mais dans une version "classique". Cette édition anniversaire en tirage limité avec reliure simili cuir pour les 20 ans de la collection Libretto rendrait tellement mieux sur les étagères de ma bibliothèque !










Un autre titre de l'édition anniversaire de Libretto. Lu au lycée mais le livre ne m'appartenait pas. Ce serait l'occasion de le relire et de posséder enfin mon propre exemplaire.











Des BD 

En BD à Noël je demande toujours du beau, du lourd (et du cher^^)


 Une réédition monumentale des quatre premiers albums de la série, en noir et blanc et au format original des planches de Peyo. Pour un amoureux comme moi de ce fabuleux dessinateur, c'est LE cadeau parfait.
(OK Père Noël ? J'espère que le message est bien passé !!!)









Enfin une intégrale du magasin général ! J'ai déjà lu tous albums mais je les avais empruntés à la médiathèque. Voila l'occasion rêvée d'avoir cette magnifique série à demeure, il serait dommage de s'en priver.










Les douze albums de la série réunis en seul volume. Une édition hyper luxueuse, grand format, dos toilé, finitions splendides. Je l'ai eu en main à Montreuil, c'est un objet-livre magnifique. Mais bon, je le demande sans conviction parce que pour le coup on est clairement hors budget (145,00 euros quand même...).









Du grand n'importe quoi

Le titre m'attire irrésistiblement. Et puis ça changerait un peu des recueils de contes plan-plan qu'il arrive encore d'offrir à Noël. De toute façon, pour du manga totalement barré qui vole au ras des pâquerettes, je suis toujours partant !










Le club des cinq revu et parodié, je sais pas trop ce que ça peut donner. Pas sûr d'y trouver mon compte mais juste par curiosité, ça doit valoir le coup d’œil.



















dimanche 16 décembre 2018

Konbini - Sayaka Murata

A 36 ans, Keiko est caissière dans un Konbini (une supérette ouverte 24h/24). Une situation particulière qui la place en marge des femmes de son âge tant cet emploi précaire, qu’elle occupe depuis dix-huit ans, est en général réservé aux étudiants ou aux jeunes sans qualification. Mais Keiko se fiche du regard des autres, elle se fiche d’avoir un job sous payé et d’être encore célibataire, de vivre dans un minuscule studio et d’être une travailleuse pauvre même si ses parents  et sa sœur ne comprennent pas son manque d’ambition et ne cessent de lui mettre la pression.

Le jour où Shiara, trente-cinq ans, célibataire lui aussi, est engagé dans la supérette, Keiko ne se doute pas qu’elle va trouver un allié de poids. Rapidement renvoyé à cause de son comportement, le jeune homme s’installe chez elle et lui propose de faire semblant d’être son petit ami afin d’éviter le jugement permanent de la société sur sa situation. Pas forcément l’idée du siècle, surtout quand Shiara révèle sa vraie nature de grosse feignasse ne cherchant qu’à être entretenu…

Un court roman d’inspiration autobiographique qui a connu un succès phénoménal au Japon, remportant notamment le prix Akutagawa, équivalent de notre Goncourt. Les raisons de ce succès sont sans doute à chercher dans le fait que Syaka Murata dénonce, à travers Keiko le poids d’une société obnubilée par la réussite et l’ascension sociale qui s’empresse de juger les comportements « marginaux » sans chercher à les comprendre. Shiara n’a pas d’ambition démesurée, elle se contente du peu que l’on veut bien lui offrir, certaine d’avoir trouvé sa place « dans la mécanique du monde ».

Pour autant elle est consciente de son décalage par rapport à la norme. Un décalage qui, aux yeux des autres, s’apparente à une maladie. Il lui arrive même de se persuader qu’un changement d’attitude est nécessaire : « Dans ce monde régit par la normalité, tout intrus se voit discrètement éliminé. Tout être non conforme doit être écarté. Voilà pourquoi je dois guérir. Autrement je serai éliminée par les personnes normales. »

Un roman étrange et des personnages qui le sont tout autant. Je ne peux pas dire que j’ai été séduit par Keiko, par son coté mollasson, lymphatique, résigné. Encore moins par Shiara, sorte de parasite toxique au discours franchement limite. Mais au final j’ai pris plaisir à découvrir leur différence, à suivre leur cheminement, leurs réflexions, leur rapport difficile aux autres. Et à être une nouvelle fois fasciné par le fonctionnement d’une société japonaise qui ne cessera jamais de me surprendre.

Konbini de Sayaka Murata (traduit du japonais par Mathilde Tamae-Bouhon). Denoël, 2018. 125 pages. 16,50 euros.