Au mieux dénigrés, au pire haïs par leurs collègues blancs, Lucius et Tommy savent rester à leur place. Sauf le jour où une jeune métisse est retrouvée morte dans un terrain vague. Se rappelant l’avoir vue quelques jours plus tôt assise dans la voiture d’un homme s’étant montré particulièrement agressif avec eux, les deux policiers décident d’élucider le meurtre, même si le règlement leur interdit de mener des investigations et bien que leur supérieur semble pressé de classer l’affaire. Une enquête officieuse qui va mettre en danger leur carrière et surtout leur vie.
Un roman qui éclaire un pan méconnu de l’histoire américaine et ne peut que mettre en colère. Impossible de ne pas rester insensible au traitement réservé à ces policiers humiliés pour leur couleur de peau. Au-delà de leur propre cas, on découvre au fil des pages les comportements innommables d’une population blanche n’ayant finalement jamais tiré un trait définitif sur l’esclavage. Comme chez Ray Celestin (Carnaval et Mascarade), l’enquête vaut moins que le contexte dans lequel elle se déroule (selon moi du moins) et tout l’intérêt tient dans les aspects politiques et historiques que Thomas Mullen insère à merveille dans son récit.
Premier tome d’une série dont le second est sorti l’an dernier aux Etats-Unis, Darktown est l’archétype du roman policier moderne, très documenté et solidement charpenté, reposant sur un duo de héros récurrents que les lecteurs ont plaisir à retrouver. Aussi efficace que révoltant.
Darktown de Thomas Mullen (traduit de l’anglais par Anne-Marie Carrière). Rivages, 2018. 425 pages. 22,00 euros.
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