Pour Ethan, c’est une géographie intime qui se bouleverse. L’acclimatation tourne à la fascination, l’objet de sa mission devient secondaire par rapport à la découverte d’un environnement et d’une population dont le rapport au monde s’imprègne d’une vision profondément respectueuse de la nature, de son rythme et de ses richesses. Sans naïveté ni angélisme, en mettant en perspective les différents points de vue, Ethan se remet en question et s’ouvre des perspectives jusqu’alors insoupçonnables.
Un album engagé, inspiré par la vie et l’œuvre du philosophe Arne Naess, fondateur du mouvement de l’écologie profonde. Il y est question de décroissance, de progrès au service de la société de consommation, d’un rejet de la modernité qui ne nie pas pour autant les bienfaits de la technologie. Ni jargon ni discours lourdement politique mais plutôt un voyage intérieur conjuguant moments contemplatifs et bienveillance à l’égard des insulaires.
Les aquarelles de Laurent Bonneau retranscrivent à merveille les silences et la beauté crépusculaire de paysages imposant leur force tranquille et leur sérénité à l’homme. Le rythme est lent, il ne se passe pas grand-chose mais le charme opère. C’est une lecture que j’ai trouvée apaisante, d’où se dégage une certaine forme de poésie. J’ai apprécié cette façon intelligente de pousser la réflexion en laissant une place à la contradiction, autrement dit sans vouloir à tout prix imposer un point de vue que l’on estime indiscutable.
Et il foula la terre avec légèreté de Mathilde Ramadier et Laurent Bonneau. Futuropolis, 2017. 176 pages. 27,00 euros.
Une lecture commune que j'ai le plaisir de partager avec Noukette.