Vingt femmes de 18 à 46 ans, vingt témoignages. Solange est la confidente, elle questionne peu, écoute beaucoup. La parole est libérée, touchante ou vindicative. On est dans le très intime qui ne bascule jamais dans le graveleux, on n’est pas là pour exciter le lecteur, on n’est pas là pour se marrer ou se moquer mais pour parler de sa sexualité en toute sincérité et en toute simplicité. J’ai adoré la diversité des profils, la diversité des tons aussi. Le niveau de langue est très différent d’une femme à l’autre, de la beurette au langage des cités à la quadra plus posée, de celle qui se qualifie de « bourrine » à la timide qui s’excuserait presque d’avoir si peu de choses à dire sur sa vie sexuelle. Tous les cas sont particuliers mais il n’y a pas de cas « à part », pas de portraits « extrêmes ». Ces femmes sont à la fois uniques et universelles.
Je dois sans doute être un grand naïf mais je suis par contre effaré de constater, comme l’annonce l’auteure en avant-propos, que parmi ces vingt femmes, « sept ont connu une ou plusieurs situations d’abus et/ou de viol. Une sur trois doit composer avec des traumatismes pour la vie. Certaines minimisent si bien ce qu’il leur est arrivé que je me suis presque laissée berner ».
Je ne connaissais pas la québécoise Solange, qui est apparemment assez célèbre (et appréciée) grâce à sa chaîne Youtube. J’avoue qu’au départ je craignais de tomber sur une simple discussion entre copines ou sur la rubrique sexo d’un magazine féminin où s’enchaînent clichés et jugements à l’emporte-pièce. Pour le coup j’ai eu tout faux et c’est tant mieux.
Très intime - Solange. Payot, 2017. 285 pages. 15,00 euros.