Pour le coup, une histoire de prof de français en manque de confiance en elle, lestée de quelques kilos en trop et larguée dès la première page par son jules, ça n’avait pas de quoi me faire grimper aux rideaux. Mais la lecture est aussi affaire de circonstances. Ce livre, je l’ai reçu un vendredi. Un jour triste, gris et pluvieux semblable à ceux que l’on connait depuis des semaines. Un jour où, exceptionnellement, je ne travaillais pas, ma petite dernière et sa varicelle m’ayant contraint à jouer le garde malade. En début d’après-midi, je la monte dans sa chambre pour la sieste, je m’installe dans le canapé avec un café et le livre sur les genoux. Assommée par les médicaments, la petite ne se réveille que trois heures plus tard (la plus longue sieste de sa vie !) et moi j’ai eu le temps de lire l’ensemble du roman.
Il est très rare que j’engloutisse un bouquin d’une traite, même quand je n’ai rien de mieux à faire. Donc, force est de constater qu’il s’est passé un truc entre Ivana et moi. Ivana, c’est l’héroïne. Trentenaire, brune à forte poitrine et bien en chair. Beaucoup d’atouts pour me plaire en fait. Mais le physique ne fait pas tout, ce n’est d’ailleurs qu’un détail pour moi (ok, je manque de crédibilité mais j’aurais au moins tenté le coup), et il lui a fallu déployer d’autres arguments pour me séduire.
Ivana est paumée. Elle gère comme elle peut. Son boulot. Ses complexes. Ses copines. Ce vide qui s’est ouvert sous ses pieds au moment où Baptiste l’a quittée. Mais elle ne s’apitoie pas sur son sort. Elle veut reprendre sa vie en main. Se laisser porter aussi. Par ses envies. Ses désirs. Elle se met au régime et au sport. Elle s’achète un sextoy, s’inscrit sur un site de rencontre, multiplie les aventures, la plupart tournant au fiasco. J’ai beaucoup aimé les épisodes où la pauvre Ivana enchaîne les déconvenues, comme j’ai aimé son attitude de femme libre qui assume ses papillonnages d’un homme à l’autre en restant finalement bien plus fragile que les apparences ne pourraient le laisser penser.
Plus que tout, j’ai aimé que l’on ne me serve pas à longueur de pages la classique (et insupportable) aventure entre la fille mal dans sa peau et le playboy riche comme Crésus, beau comme un dieu, monté comme âne, plus endurant qu’un marathonien et torturé par des blessures d’enfance. Ici, l’homme est au choix mufle, con comme un balai, lâche ou pervers. Normal en somme. Le prince charmant finit bien par arriver mais on n’en fait pas des caisses, on reste dans un portrait d’homme « réaliste » et franchement ça fait du bien.
Bon, soyons honnête, ce n’était clairement pas un livre pour moi à la base. Clairement pas un livre que j’aurais lu s’il n’avait pas été écrit par une personne que je connais et que j’apprécie énormément. Mais au-delà des circonstances particulières m’ayant poussé à le découvrir, j’en garderai le souvenir d’une douce après-midi passée en charmante compagnie avec la belle et touchante Ivana, une jeune femme que je ne suis pas près d’oublier.
(Presque) jeune, (presque) jolie, (de nouveau) célibataire de Stéphanie Pèlerin. Mazarine, 2016. 198 pages. 15,00 euros.
Les avis de Fanny, Laurie et Mylène.