En fait, pour entrer dans ce texte, il suffit de se laisser prendre par la main sans se poser de questions. Et le plaisir est là, à se promener entre des tombes en ruines avec Hugo, Dame Betti, Cornille, Poudevigne, Adelaïde, Gertrude, Nicéphore, Violette et Le Poemander. On frémit, on rit, on est ému, on rêve. Parce que Bertrand Santini est un conteur, un vrai. De ceux qui osent, ne se refusent rien, laissent l’imagination prendre le pouvoir. Sans limite mais en ne perdant pas de vue qu’il faut donner du sens, et ne jamais céder à la facilité.
A un moment donné, la maman d’Hugo, écrivain pour enfants, lui explique qu’il y a une chose qu’elle ne dit pas dans ses livres, une vérité qu’il est préférable de cacher : « Le monde est un endroit cruel, injuste et absurde ». Et bien Bertrand Santini, lui, ne se prive pas de le dire. De dire le monde comme il est, sa beauté et son horreur, la vie, la mort, l’amour, la douleur et les trahisons. Mais il le fait avec finesse, il le fait en ne dissociant jamais le malheur d’une tranche de bonne humeur, d’éclats de rire, de franche camaraderie, de dialogues et de situations tellement improbables qu’elles vous arrachent des sourires aux moments les plus sombres. Il n’épargne pas ses jeunes lecteurs, c’est une marque de respect je trouve. La marque d’un auteur à part dont chaque nouveau livre démontre une capacité de renouvellement sidérante. Un auteur dont l’écriture me touche particulièrement et qu’il serait scandaleux de ne pas découvrir au plus vite, j’espère que le message est passé.
Hugo de la nuit de Bertrand Santini. Grasset jeunesse, 2016. 215 pages. 13,50 euros. A partir de 12 ans.
Une pépite jeunesse un peu spéciale cette semaine puisque Noukette et moi avons le plaisir d'accueillir dans notre rendez-vous la pétillante Framboise qui, elle aussi et sans surprise, est tombée sous le charme d'Hugo et de ses compagnons.