Plus les jours passent, plus la ration de pâtée augmente et plus cochon grossit. Il s’en réjouit car il n’y a rien de mieux à faire au monde que de se bâfrer, mais Canard finit par lui faire comprendre que si le fermier l’engraisse à ce point, c’est qu’il a une idée derrière la tête. Et devant l’évidence, Cochon est horrifié ! La seule échappatoire possible est de s’allier aux poulets qui ont construit une fusée spatiale et cherchent un pilote…
Vous l’aurez compris, l’anglaise Emer Stamp ne fait pas dans la dentelle avec ce premier roman jeunesse déjanté. Naïf, pas très fufute, Monsieur Cochon est un personnage haut en couleur. Bon, il est sale, glouton, pétomane et il rigole pour un rien, je vous le concède. Son journal est plein de tâches d’encre et de gras, Il écrit comme il parle et son style oral est particulièrement relâché, autant vous prévenir que si vous cherchez un livre au niveau de langue soutenu, mieux vaut passer votre chemin.
Si vous avez quelques réticences bien légitimes après le tableau peu ragoûtant que je viens de dresser, sachez juste que vos petits bouts vont adorer, c’est une évidence. C’est drôle, mené tambour battant, sans fioriture. Cochon interpelle son lecteur sans cesse avec des réflexions hautement philosophiques du genre : « Je ne peux pas faire ma crotte sans péter. Je parie que toi aussi, non ? »
De l’humour potache, une aventure aussi improbable que farfelue, des animaux de la ferme et un cochon-couillon attachant en diable, les ingrédients sont réunis pour que ce journal intime illustré emporte l’adhésion des enfants, quitte à froisser la susceptibilité des parents rabat-joie.
Personnellement, n'étant pas rabat-joie pour deux sous, je vais m'empresser de le mettre dans les mains de ma fille...
L’incroyable journal (top secret) de monsieur Cochon d’Emer Stamp. Seuil, 2015. 188 pages. 12,00 euros. A partir de 8 ans.