En 1757, le régicide était considéré comme le crime suprême (le crime de lèse-majesté). Pour Damiens, cet attentat raté à l’arme blanche (le roi n’eut qu’une simple éraflure) se solda par la plus impitoyable des condamnations : main brûlée ; bras, cuisses et poitrine découpés à la tenaille ; huile bouillante ; pois et plomb fondu versé sur les plaies avant un démembrement à l’aide de chevaux et, cerise sur le gâteau, le bûcher. Le tout devant un public nombreux, fasciné ou horrifié par le spectacle.
C’est le bourreau, Charles-Henri Sanson, qui revient par le menu sur l’interminable supplice du condamné. Exécuteur des hautes œuvres maladroit et inexpérimenté, il a dû faire face à de nombreux soucis « techniques », finissant cette éprouvante journée sous les quolibets de la foule. Hureau n’épargne au lecteur aucun détail et certains passages sont peu ragoutants, mais au-delà de l’atrocité, il rend bien compte de l’atmosphère particulière de l’époque, du sentiment de révolte et d’injustice grondant dans les rangs du peuple au libertinage d’une noblesse décadente.
Le récit, très documenté, s’avère passionnant et montre à quel point le siècle des lumières aura, malgré sa volonté affichée de modernité, gardé des pratiques relevant de la barbarie et de l’obscurantisme le plus abominables. Pas pour rien d’ailleurs que l’album a pour sous-titre plein d’ironie, « Petit traité d’humanisme à la française ». Autre ironie, et non des moindres, le même Charles-Henri Sanson deviendra quelques années plus tard le véritable régicide officiel, celui-là même qui guillotinera Louis XVI et Marie-Antoinette. Édifiant je vous dis !
Hautes œuvres : petit traité d’humanisme à la française de Simon Hureau. La boîte à Bulles, 2013. 48 pages. 13,00 euros.
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