Pavle vit à Belgrade et Jovan en Argentine. S’étant revus après plusieurs années de silence, ils entament une correspondance. Au fil des lettres, le passé affleure, douloureux. La guerre en ex-Yougoslavie les a marqués au fer rouge. Un événement, surtout, a bouleversé leur existence et continue de les hanter…
Une couverture affichant Antoine Choplin et Hubert Mingarelli, avouez que ça fait rêver ! Je ne sais pas comment ils ont fonctionné autour de ce texte mais je suppose que chacun a endossé le rôle de l’un des protagonistes. Les lettres sont au départ plutôt insignifiantes, simples échanges de bons procédés après des retrouvailles appréciées. Mais peu à peu le ton change, les sujets abordés deviennent plus graves, les confidences plus intimes. Et tout les ramène dans cette maison où ils sont entrés un jour d’hiver, pendant la guerre. Ils étaient trois soldats. A l’intérieur, ils on trouvé une femme, seule. Une femme qui sera en quelque sorte l’étincelle mettant le feu aux poudres…
Pas simple comme exercice, l’épistolaire. J’ai aimé ici les silences, la difficulté à trouver les mots, à se livrer, à exprimer la honte et la culpabilité. J'ai aimé l'écriture discrète et sensible du duo Choplin/Mingarelli, même si, je le répète, je ne sais pas qui a écrit quoi. J’ai aimé l’interaction entre Pavle et Jovan, pleine de retenue et de non-dits jusqu’aux révélations crevant un abcès depuis trop longtemps enfoui. Et puis j’ai aimé la fin qui laisse une pincée d’espoir au cœur du chaos.
L’incendie d’Antoine Choplin et Hubert Mingarelli. La fosse aux ours, 2015. 80 pages. 13,00 euros.
Extraits :
« Chacun agit comme il peut pour vivre et s’arranger, et sans doute avons-nous fait de notre mieux jusqu’à aujourd’hui. »
« Regarder le monde comme il est, ce n’est pas si facile mais surtout, je me dis que ce n’est qu’une occupation parmi toutes celles qu’on peut avoir. Je trouve que c’est bien aussi de regarder le monde comme il pourrait être, ou comme on voudrait qu’il soit. Et c’est bien aussi de ne rien regarder du tout. […] Je t’écris ça parce que c’est ma façon à moi de me tenir debout, et j’ai envie que tu le saches. »
Une lecture commune que j'ai le plaisir de partager avec Noukette et Valérie et un billet qui signe ma première participation au challenge de la rentrée d'hiver 2015.
vendredi 9 janvier 2015
mercredi 7 janvier 2015
Poulbots - Patrick Prugne
1905. D’un coté il y a Jean, fils unique d’une famille aisée dont le père, entrepreneur, veut mettre sur pied à Montmartre un projet immobilier d’envergure. De l’autre, quelques gamins des rues, gavroches miséreux traînant leurs guêtres dans les terrains vagues de la butte. De leur rencontre naîtra une amitié improbable et un projet commun : mettre en échec les ambitions du promoteur pour préserver leur terrain de jeu, tout cela sous l’œil malicieux du dessinateur Francisque Poulbot.
Un bel hommage rendu par Patrick Prugne à des gamins débrouillards et à un quartier historique de Paris qui, à l’époque, n’était encore qu’un village. Dans cette campagne aux portes de la capitale, il a voulu créer une bulle pleine de douceur et montrer la joie de vivre et la solidarité malgré la misère. Une vision idéalisée occultant entre autres toute violence (alors qu’elle était évidemment très présente) mais qui, au final, n’a rien de cucul.
Un album qui vaut surtout pour son ambiance et ses dessins, son atmosphère délicieusement rétro et ses personnages attachants. Un vrai délice de se promener dans le Montmartre de la Belle Époque mis en images de la sorte. Prugne est un orfèvre, un auteur que j’adore, découvert il y a dix ans avec « L’auberge du bout du monde », et qui signe des aquarelles en couleur directe sans aucune retouche informatique de toute beauté. Son travail sur la lumière notamment est bluffant.
« Poulbots » sonne comme une parenthèse de tendresse, une plongée dans une enfance insouciante malgré les difficultés. C’est une lecture qui fait du bien, tout simplement.
Poulbots de Patrick Prugne. Éditions Margot, 2014. 80 pages. 16,90 euros.
Un billet qui signe ma première lecture commune de l’année avec Noukette (pas la dernière, assurément).
Les avis de L'ivresse des mots, Marilyne, Mo' et Syl
Un bel hommage rendu par Patrick Prugne à des gamins débrouillards et à un quartier historique de Paris qui, à l’époque, n’était encore qu’un village. Dans cette campagne aux portes de la capitale, il a voulu créer une bulle pleine de douceur et montrer la joie de vivre et la solidarité malgré la misère. Une vision idéalisée occultant entre autres toute violence (alors qu’elle était évidemment très présente) mais qui, au final, n’a rien de cucul.
Un album qui vaut surtout pour son ambiance et ses dessins, son atmosphère délicieusement rétro et ses personnages attachants. Un vrai délice de se promener dans le Montmartre de la Belle Époque mis en images de la sorte. Prugne est un orfèvre, un auteur que j’adore, découvert il y a dix ans avec « L’auberge du bout du monde », et qui signe des aquarelles en couleur directe sans aucune retouche informatique de toute beauté. Son travail sur la lumière notamment est bluffant.
« Poulbots » sonne comme une parenthèse de tendresse, une plongée dans une enfance insouciante malgré les difficultés. C’est une lecture qui fait du bien, tout simplement.
Poulbots de Patrick Prugne. Éditions Margot, 2014. 80 pages. 16,90 euros.
Un billet qui signe ma première lecture commune de l’année avec Noukette (pas la dernière, assurément).
Les avis de L'ivresse des mots, Marilyne, Mo' et Syl
mardi 6 janvier 2015
Le premier mardi c'est permis (32) : Osez… 20 histoires de sexe aux sports d’hiver
Lire des histoires coquines se déroulant aux sports d’hiver, voila qui me semblait être une bonne idée en ces temps de grands froids. Sauf que j’aurais pu m’abstenir. Mais alors, vraiment. Vingt histoires de sexe, donc, comme annoncé dans le titre. Les premières sont passables mais le pire c’est que par la suite la qualité, déjà loin d’être au firmament, baisse aussi vite que ma virilité plongée dans une eau glaciale.
Clairement, ça manque à chaque fois de profondeur. Enfin de profondeur psychologique je veux dire, parce que sinon de la profondeur, il y en a, et pas qu’un peu. Tout va trop vite, à peine le temps d’exposer une situation que l’on se retrouve les quatre fers en l’air. Comme dans un porno, quoi. Niveau dialogues, c’est pareil, on en reste au strict minimum. Comme dans un porno, quoi. Et puis zéro sensualité dans les scènes cochonnes, du bourrin et rien d’autre. Comme dans un porno, quoi. La couverture aussi est digne d’un porno. Et le titre de certaines nouvelles (« Avoir chaud au cul par -10° », « Ma bite en flocon ») ne relève pas le niveau. Les scénarios sont fades à pleurer (comme dans un porno !!!!!!!). Des femmes qui s’ennuient, des femmes qui ont le feu aux fesses, des femmes qui, d’un regard, invitent un inconnu (ou plusieurs) à les culbuter sans ménagement. On tourne les pages en se disant que la chair est triste, on cherche la petite dose d’originalité, le truc qui sort des sentiers battus… puis on tombe sur le texte intitulé « Apocalypse fondue » où une « sperme addict » est recouverte par des hectolitres de semence de yéti et on se dit que l’originalité, finalement, ça n’a pas toujours du bon.
Chaque histoire, rédigée sous pseudo, a un auteur différent. Un point commun quand même, c’est que toutes sont très mal écrites, avec un art de la formule pas forcément de bon aloi. Exemples : « Il me dit ça en me regardant droit dans les yeux. Son regard perçant de mâle dominant fait immédiatement se dresser mes poils dans mon slip. » ; « Il me bourre, me remplit, je me sens prise et pleine de lui. […] Je ne me reconnais plus. Fous-moi-la profond ! râlé-je. » ; « Avec Louis, elle était satisfaite en permanence, nourrie sous la bite comme un veau sous la mère. » Que dire de plus sinon que certains textes n’ont à l’évidence pas subi la moindre relecture avant publication, sinon on ne retrouverait pas la même phrase, dans le même paragraphe, à trois lignes d’intervalle.
Rien à sauver, donc. Nul, nul, nul. Et ce sera mon dernier mot.
Osez… 20 histoires de sexe aux sports d’hiver. La Musardine, 2014. 252 pages. 8,20 euros.
L'avis d'Hélène
Clairement, ça manque à chaque fois de profondeur. Enfin de profondeur psychologique je veux dire, parce que sinon de la profondeur, il y en a, et pas qu’un peu. Tout va trop vite, à peine le temps d’exposer une situation que l’on se retrouve les quatre fers en l’air. Comme dans un porno, quoi. Niveau dialogues, c’est pareil, on en reste au strict minimum. Comme dans un porno, quoi. Et puis zéro sensualité dans les scènes cochonnes, du bourrin et rien d’autre. Comme dans un porno, quoi. La couverture aussi est digne d’un porno. Et le titre de certaines nouvelles (« Avoir chaud au cul par -10° », « Ma bite en flocon ») ne relève pas le niveau. Les scénarios sont fades à pleurer (comme dans un porno !!!!!!!). Des femmes qui s’ennuient, des femmes qui ont le feu aux fesses, des femmes qui, d’un regard, invitent un inconnu (ou plusieurs) à les culbuter sans ménagement. On tourne les pages en se disant que la chair est triste, on cherche la petite dose d’originalité, le truc qui sort des sentiers battus… puis on tombe sur le texte intitulé « Apocalypse fondue » où une « sperme addict » est recouverte par des hectolitres de semence de yéti et on se dit que l’originalité, finalement, ça n’a pas toujours du bon.
Chaque histoire, rédigée sous pseudo, a un auteur différent. Un point commun quand même, c’est que toutes sont très mal écrites, avec un art de la formule pas forcément de bon aloi. Exemples : « Il me dit ça en me regardant droit dans les yeux. Son regard perçant de mâle dominant fait immédiatement se dresser mes poils dans mon slip. » ; « Il me bourre, me remplit, je me sens prise et pleine de lui. […] Je ne me reconnais plus. Fous-moi-la profond ! râlé-je. » ; « Avec Louis, elle était satisfaite en permanence, nourrie sous la bite comme un veau sous la mère. » Que dire de plus sinon que certains textes n’ont à l’évidence pas subi la moindre relecture avant publication, sinon on ne retrouverait pas la même phrase, dans le même paragraphe, à trois lignes d’intervalle.
Rien à sauver, donc. Nul, nul, nul. Et ce sera mon dernier mot.
Osez… 20 histoires de sexe aux sports d’hiver. La Musardine, 2014. 252 pages. 8,20 euros.
L'avis d'Hélène
vendredi 2 janvier 2015
Bienvenue à Mariposa - Stephen Leacock
1912. Stephen Leacock narre la vie quotidienne d’une ville fictive de l’Ontario à travers quelques-uns de ses habitants. De chapitre en chapitre, le lecteur part à la rencontre de l’hôtelier roublard Mr Smith, du barbier boursicoteur Jefferson Thorpe, du révérend Drone, incapable de faire face à la dette engendrée par la construction d’une nouvelle église, ou encore de Peter Pupkin, guichetier de la banque de Mariposa dont la romance avec Zena, fille du juge Pepperleigh, alimenta bien des chroniques. Mais Leacock nous raconte aussi un naufrage qui aurait pu être tragique, un hold-up qui n’en était pas vraiment un et des élections locales mémorables.
Le propos est léger, un poil sarcastique tout en restant pétri de bienveillance. Dans la postface, l’illustrateur Seth résume parfaitement l’esprit de cet ouvrage devenu un grand classique populaire de la littérature canadienne anglophone : « Ces textes ne sont pas purement comiques, ni franchement satiriques. Pas juste méchants non plus : il y a trop d’amour dedans pour cela, et cependant pas assez pour être vraiment compassionnels. Leacock aime bien les gens de Mariposa, mais cela ne l’empêche pas de les regarder de haut. Il ne se gêne pas pour pointer leurs défauts. »
L’auteur se moque gentiment des petites villes de Province mais on le sent aussi sous le charme de cette vie simple. Souvent proche de l’absurde, il fait d’événements banals une odyssée et joue de quiproquos pour déclencher le sourire. Ses autochtones sont tantôt pragmatiques, tantôt rêveurs, ils retournent leur veste à la moindre occasion, disent tout et son contraire lorsqu’il est question de politique, mais ils savent aussi se montrer solidaires et très impliqués dans la vie de leur communauté.
Une lecture vraiment agréable, qui coule toute seule. J’ai beaucoup aimé me promener dans les rues de Mariposa. Et que dire de l’ouvrage lui-même, superbe objet-livre à la jaquette dorée, à l’épais cartonnage et au texte richement illustré. Une édition de prestige particulièrement soignée.
Bienvenue à Mariposa de Stephen Leacock (ill. de Seth). Wombat, 2014. 260 pages. 29,00 euros.
L'avis de Choco
Le propos est léger, un poil sarcastique tout en restant pétri de bienveillance. Dans la postface, l’illustrateur Seth résume parfaitement l’esprit de cet ouvrage devenu un grand classique populaire de la littérature canadienne anglophone : « Ces textes ne sont pas purement comiques, ni franchement satiriques. Pas juste méchants non plus : il y a trop d’amour dedans pour cela, et cependant pas assez pour être vraiment compassionnels. Leacock aime bien les gens de Mariposa, mais cela ne l’empêche pas de les regarder de haut. Il ne se gêne pas pour pointer leurs défauts. »
L’auteur se moque gentiment des petites villes de Province mais on le sent aussi sous le charme de cette vie simple. Souvent proche de l’absurde, il fait d’événements banals une odyssée et joue de quiproquos pour déclencher le sourire. Ses autochtones sont tantôt pragmatiques, tantôt rêveurs, ils retournent leur veste à la moindre occasion, disent tout et son contraire lorsqu’il est question de politique, mais ils savent aussi se montrer solidaires et très impliqués dans la vie de leur communauté.
Une lecture vraiment agréable, qui coule toute seule. J’ai beaucoup aimé me promener dans les rues de Mariposa. Et que dire de l’ouvrage lui-même, superbe objet-livre à la jaquette dorée, à l’épais cartonnage et au texte richement illustré. Une édition de prestige particulièrement soignée.
Bienvenue à Mariposa de Stephen Leacock (ill. de Seth). Wombat, 2014. 260 pages. 29,00 euros.
L'avis de Choco
dimanche 28 décembre 2014
Les mots qu’on ne me dit pas - Véronique Poulain
Alors voila. Tu croises un bouquin partout sur la blogosphère, tu déclares à chaque fois qu’il ne t’intéresse pas une seconde et patatras, tu le trouves au pied du sapin ! Comme tu es bien élevé, tu dis merci. Et puis tu décides de le lire au plus vite au cas où on te demande ce que tu en as pensé. Pour celui-là, pas de souci avec le nombre de pages vu qu’il se lit en deux heures. Le problème est de savoir si tu vas dire la vérité (j’ai été très agacé, voire un peu plus, par ce texte) ou si tu vas feindre la satisfaction totale dans l’espoir que l’on continue à t’offrir des livres à Noël plutôt que des slips ou des chaussettes.
Véronique Poulain raconte sa vie d’enfant entendante auprès de parents sourds. Une vie compliquée, une communication forcément difficile, une relation à l’autre tellement différente où pointe souvent l’agacement, le rejet, les moqueries. Un manque de complicité, un manque d’amour aussi, même si, en grandissant, les choses s’arrangent peu à peu.
Clairement, j’ai très mal pris ce texte. Cette succession d’instantanés n’est qu’anecdotique, je suis certain qu’il ne m’en restera rien dans quelques jours. Véronique Poulain se pique de bons mots, j’ai eu l’impression de la voir en plein stand up, voulant coûte que coûte faire rire son lecteur (pas pour rien qu’elle a été pendant quinze ans l’assistante de Guy Bedos). Bon, je reconnais que je rigole quand je me brûle, je suis donc forcément très mauvais public pour ce genre de prestation, mais cette volonté permanente de chercher la formule qui fait mouche fini par être lassante : "Salut, bande d'enculés !" C'est comme ça que je salue mes parents quand je rentre à la maison. Mes copains me croient jamais quand je leur dis qu'ils sont sourds.Je vais leur prouver que je dis vrai. "Salut, bande d'enculés !" Et ma mère vient m'embrasser tendrement.
Et puis je me suis senti très mal à l’aise face au mépris affiché en permanence pour ces parents qui lui font plus honte qu’autre chose, et auxquels elle ne semble finalement trouver aucune circonstance atténuante. « Sans tabou », précise la quatrième de couverture. Certes, mais il y a aussi là une forme d’indécence je trouve, une indécence un peu gratuite, ce qui est encore pire. J’ai très peu apprécié le coté geignard de la confession, ce « plaignez-moi, j’ai eu une enfance de merde à cause de mes parents sourds » qui sonne comme un leitmotiv au fil des pages. Alors bien sûr, il y a les quatre dernières phrases : « Aujourd’hui, je suis fière. Je les revendique. Surtout je les aime. Je veux qu’ils le sachent ». Pirouette salvatrice, conclusion évidente et définitive dont je ne me permettrais jamais de mettre en doute la sincérité. Mais ne fallait-il pas mieux commencer par là ?
Les mots qu’on ne me dit pas de Véronique Poulain. Stock, 2014. 140 pages. 16,50 euros.
Des tonnes d'avis très positifs sur Babelio et celui de La fée lit, beaucoup plus proche du mien (mais dont le billet est bien mieux troussé).
Véronique Poulain raconte sa vie d’enfant entendante auprès de parents sourds. Une vie compliquée, une communication forcément difficile, une relation à l’autre tellement différente où pointe souvent l’agacement, le rejet, les moqueries. Un manque de complicité, un manque d’amour aussi, même si, en grandissant, les choses s’arrangent peu à peu.
Clairement, j’ai très mal pris ce texte. Cette succession d’instantanés n’est qu’anecdotique, je suis certain qu’il ne m’en restera rien dans quelques jours. Véronique Poulain se pique de bons mots, j’ai eu l’impression de la voir en plein stand up, voulant coûte que coûte faire rire son lecteur (pas pour rien qu’elle a été pendant quinze ans l’assistante de Guy Bedos). Bon, je reconnais que je rigole quand je me brûle, je suis donc forcément très mauvais public pour ce genre de prestation, mais cette volonté permanente de chercher la formule qui fait mouche fini par être lassante : "Salut, bande d'enculés !" C'est comme ça que je salue mes parents quand je rentre à la maison. Mes copains me croient jamais quand je leur dis qu'ils sont sourds.Je vais leur prouver que je dis vrai. "Salut, bande d'enculés !" Et ma mère vient m'embrasser tendrement.
Et puis je me suis senti très mal à l’aise face au mépris affiché en permanence pour ces parents qui lui font plus honte qu’autre chose, et auxquels elle ne semble finalement trouver aucune circonstance atténuante. « Sans tabou », précise la quatrième de couverture. Certes, mais il y a aussi là une forme d’indécence je trouve, une indécence un peu gratuite, ce qui est encore pire. J’ai très peu apprécié le coté geignard de la confession, ce « plaignez-moi, j’ai eu une enfance de merde à cause de mes parents sourds » qui sonne comme un leitmotiv au fil des pages. Alors bien sûr, il y a les quatre dernières phrases : « Aujourd’hui, je suis fière. Je les revendique. Surtout je les aime. Je veux qu’ils le sachent ». Pirouette salvatrice, conclusion évidente et définitive dont je ne me permettrais jamais de mettre en doute la sincérité. Mais ne fallait-il pas mieux commencer par là ?
Les mots qu’on ne me dit pas de Véronique Poulain. Stock, 2014. 140 pages. 16,50 euros.
Des tonnes d'avis très positifs sur Babelio et celui de La fée lit, beaucoup plus proche du mien (mais dont le billet est bien mieux troussé).
vendredi 26 décembre 2014
Coups de cœur romans et nouvelles 2014 !
Une blogueuse me disait il y a peu sur le ton de la plaisanterie (ou pas) que j’aimais bien me la raconter. Alors pour lui prouver qu’elle a raison (ou pas) je me suis amusé à décerner quelques awards made in « D’une berge à l’autre ». L’occasion de revenir en un clin d’œil sur une belle année de lecture (il suffit de cliquer sur les couvertures pour accéder aux billets).
Catégorie « Je n’ai rien lu de mieux cette année » (roman)
Catégorie « Je n’ai rien lu de mieux cette année » (roman)
Catégorie » Je n’ai rien lu de mieux cette année » (nouvelles)
Catégorie » Je n’ai rien lu de mieux cette année » (inclassable)
Catégorie « J’aime toujours autant les premiers romans quand ils sont de cette qualité »
Catégorie « Premier roman très largement au dessus du lot à tel point que j’en ai fait une pépite »
Catégorie « On m’a fait lire des trucs à l’aveugle et j’ai adoré ça »
Catégorie « Je veux pas me la raconter mais il m’arrive de lire des chefs d’œuvre exigeants »
Catégorie « Je peux me la raconter parce que j’ai lu le dernier Prix Nobel »
Catégorie « J’ai aussi lu le Renaudot et le Goncourt des lycéens mais j’aurais pu m’en passer »
Catégorie « J’ai enfin réussi à parler de toi ici alors que je ne m’en serais jamais cru capable »
Catégorie « Si j’avais su, j’aurais pas lu »
Catégorie « Je veux pas me la raconter mais cette année j’ai eu droit à mon recueil de nouvelles coquines »
mercredi 24 décembre 2014
Coups de cœur BD 2014 !
Première fois depuis des lustres que je lis moins de 150 BD en une année. Un ralentissement dû au fait que j’ai lu bien plus de romans que d’habitude mais qui s’explique aussi parce que je trouve moins mon compte dans la production BD actuelle. Beaucoup d’albums corrects, sympas, mais sans plus. J’ai quand même eu quelques coups de cœur, heureusement !
La crème de la crème :
La crème de la crème :
Le très très bon :
Ces albums excellents dont je n’ai pas parlé :
Le top jeunesse :
Des séries lues ou relues cette année :
Les flops :
Ma pal, qui devient enfin raisonnable :
mardi 23 décembre 2014
Coups de cœur jeunesse 2014 !
Après cette belle année de lectures jeunesse, il est temps de tirer un petit bilan.
On commence avec les albums :
Mon top du top :
On commence avec les albums :
Mon top du top :
Ces albums à lire et à soutenir pour lutter contre la connerie ambiante :
Ces albums plein de tendresse et d’amour qui m’ont fait un bien fou cette année :
Et du coté des romans :
Les coups de poing qui vous laissent sans voix :
Les collections incontournables et indispensables :
Le chouchou hors catégorie :
Et puis cette année a vu naître un rendez-vous quasi hebdomadaire que je ne raterais pour rien au monde tant il m’a valu de belles découvertes. Ces lectures communes avec Noukette, je les kiffe grave, pas possible de dire les choses autrement. Pour info, je vous donne la liste de ce que nous avons lu ensemble depuis le lancement de ce rendez-vous au mois de mars :
Ma tempête de neige de T. Scotto
Un de perdu de G. Abier
Le miroir brisé de J. Coe
Charlie de F. David
On nous a coupé les ailes de F. Bernard et E. Bravo
Ce crime de C. Leblanc
Les vilains petits de C. Verlaguet
Pas couché de C. Ytak
Le marchand de souvenirs de G. Biondi
M… de Y. Hassan
La piscine était vide de G. Abier
Eleanor et Park de Rainbow Rowell
Le faire ou mourir de C.L Marguier
La bulle des secrets de S. Benastre
Oublier Camille de G. Aymon
Rien dire de B. Friot
Confessions d’un apprenti gangster de A. Cendres
Mots rumeurs, mots cutter de C. Bousquet et S. Rubini
Un endroit pour vivre de J.Ph Blondel
La nappe blanche de F. Legendre
1, 2, 3 foulard de E. Sanvoisin
Vibrations de R. Frier
La chasse aux papas de Mathis
Aimy et Rose de Kochka
Belle gueule de bois de P. Deschavannes
lundi 22 décembre 2014
Femme nue jouant Chopin - Louise Erdrich
Ces nouvelles ont été publiées entre 1978 et 2008. Dommage qu’elles
ne soient pas datées dans la table des matières, cela m’aurait permis de voir
si mes préférées sont toutes plus ou moins de la même période. Parce que si je
n’irai pas jusqu’à dire qu’il y a à boire et à manger dans ce recueil, il faut
reconnaître que certaines histoires sont bien plus anecdotiques que d’autres.
En fait, jusqu’à la nouvelle éponyme, je me suis un peu ennuyé (en dehors du
texte « Le lait paternel » où un soldat récupère et élève un bébé
après le massacre d’un village indien). Mais à partir de « Femme nue
jouant Chopin » et pendant les trois nouvelles suivantes, je me suis
régalé.
Erdrich met en scène des hommes et des femmes, la plupart du
temps des indiens du Dakota du Nord, écartelés entre modernité et traditions.
Elle nous les montre le plus souvent à un moment crucial, un point de bascule
où les relations évoluent, en bien ou en mal, et elle décline de manière
récurrente les thèmes de l’identité, la tribu, la mémoire. Elle inclut par
ailleurs avec une facilité déconcertante une dose de poésie et des éléments
oniriques proches d’un certain réalisme magique. Il se dégage de ces récit une
vraie puissance narrative, beaucoup de minutie dans les descriptions et un art
consommé de las chute.
Un recueil certes inégal mais dans lequel j’ai aimé
cheminer, même si ce fut parfois sur la pointe des pieds. Et incontestablement,
Louise Erdrich est une grande conteuse.
samedi 20 décembre 2014
Hors-pistes - Maylis de Kerangal et Tom Haugomat
J’aime beaucoup le principe de cette collection où un
illustrateur, après avoir librement créé autour d’un thème (ici la montagne),
laisse un auteur s’emparer de son
travail et organiser ses images comme il le souhaite pour inventer une histoire.
Enfin, j’aime la façon dont Maylis de Kerangal s’est appropriée l’idée, cherchant,
comme elle le précise en postface, à « capter ce point de bascule où
la contrainte - ici, les illustrations – devient un moteur d’écriture
personnelle, une liberté ». En général je ne suis pas un grand adepte des
travaux « de commande » de ce genre mais cette explication en fin d’ouvrage
apporte un éclairage que je trouve très intéressant, comme la plongée dans l’atelier
de Tom Haugomat où l’on découvre sa méthode de travail particulière, notamment la
technique de la sérigraphie pour l’impression.
L’histoire est simple et pas forcément passionnante, je le
reconnais, mais j’admire la façon avec laquelle l’auteure de « Réparer les vivants » ne s’est autorisée aucune concession en terme d’écriture alors
qu’elle s’adresse en théorie à un public d’enfants. On ouvre la première page
sur une métaphore (« Le jour s’est levé et un courant d’air glacé me
brosse le visage »), on découvre quelques lignes plus loin « l’air
sec et le ciel translucide […] solide comme un dôme » et le héros sent « une
sorte d’éboulement à l’intérieur de [son] corps » en regardant les cimes. Le lexique est riche, on retrouve sa prose hyper descriptive où
dominent les verbes d’action et les longues phrases dont elle a le secret. Pas
de concession, certes, mais rien de pompeux dans le résultat. La lecture est
fluide et le langage soutenu offre du souffle à un
récit de randonnée en montagne plutôt anodin malgré quelques éléments
instaurant peu à peu une certaine tension.
Visuellement c’est somptueux. Avec deux couleurs (le bleu et
le rouge), l’illustrateur crée une atmosphère chargée d’air pur et glacial dominée par la blancheur d'une neige immaculée. Un bel objet-livre à l'esthétique soignée et au charme incontestable.
Hors-pistes de Maylis de Kerangal et Tom Haugomat. Thierry
Magnier. 32 pages. 16,50 euros. A partir de 8 ans.
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