La ballade d’Hester Day raconte les déboires existentiels d’Hester, 18 ans, gamine un peu paumée, incompréhensible pour son entourage, asociale sans être véritablement rebelle, juste incapable de se voir un avenir. A la veille de rentrer à l’université, elle va, sur un coup de tête, se marier avec un apprenti poète qu’elle connait à peine puis embarquer avec lui pour un road-trip en camping car en emmenant dans ses bagages son cousin de dix ans.
L’idée était vraiment sympa et aurait pu donner un texte enlevé et jubilatoire mais ce n’est pas le cas. Le problème c’est que tout sonne faux. Je n’y ai pas cru une seconde. Trop de caricatures : l’ado en crise, la mère hystéro, le père invisible qui veut juste qu’on évite de le déranger, la sœur haïe, le cousin obèse et rêveur, l’apprenti poète ronchon mais touchant, etc. Et puis de drôles coïncidences, nécessaires pour faire avancer le schmilblick mais paraissant sacrément artificielles (comme les retrouvailles d’Hester et de Fenton dans l’ascenseur de l’hosto par exemple, ou celles avec Jack dans une ferme isolée du fin fond du Kansas…). Je n’ai pas non plus aimé l’écriture faussement djeune, les « putains » et les « connards » pas franchement indispensables ou les réflexions philosophiques creuses comme « j’imagine qu’on ne peut pas vivre sans apprendre ». Et puis, une narratrice qui, parlant de sa mère et à cent pages d’intervalle, utilise deux fois l’expression « elle en chierait dans son froc d’extase », désolé mais ça ne passe pas.
Ok, je chipote, je rentre dans des détails sans intérêt. Je crois simplement que je l’ai mal pris, ce roman. Que c’était pas le bon moment pour m’y lancer, que j’étais pas d’humeur à subir la logorrhée d’une ado qui se cherche et ne parvient pas à se trouver. D’ailleurs je dois reconnaître quelques qualités à ce texte, des séquences marquantes, des dialogues percutants et des passages plutôt drôles.
Pour autant, je suis resté totalement extérieur à l’histoire. Rien à cirer d’Hester et des ses états d’âme, de Fenton, de Jethro du conflit parents/enfant et de ce road trip tout sauf trépidant. Je suis passé complètement à coté, quoi. Ça arrive…
La ballade d’Hester Day de Mercedes Helnwein. La belle colère, 2014. 368 pages. 20 euros.
Une lecture commune que je partage avec Karine, Lasardine, Noukette et Stephie. J'espère être le seul vilain petit canard de la bande...