Encore un bouquin sur des gamins cancéreux. A croire que c’est
devenu une mode. Perso, ça fait mon troisième après « Nos étoiles contraires »
et la BD « Boule à zéro ». Heureusement, à chaque fois la qualité était au rendez-vous
et ce « Dieu me déteste » ne dérogera pas à la règle. C’est pourtant
sacrément casse-gueule comme thématique. Si on veut faire pleurer dans les
chaumières, rien de plus facile. Mais si on choisit d’être davantage dans la
finesse, d’amener un regard décalé sans nier l’aspect dramatique de la
situation, les choses se compliquent.
Le narrateur se prénomme Richard, il aura bientôt 18 ans et
il est cloîtré dans le service des soins palliatifs de l’hôpital Hilltop, à New
York. Quand on rentre aux soins palliatifs, c’est qu’il n’y a plus rien à
faire. Trente jours maximum avant de « tirer le rideau ». Richard se
sait condamné mais il va ruer dans les brancards. Parce qu’avant d’être un
malade en fin de vie, c’est surtout un ado. Un ado qui voudrait profiter au
maximum du peu de temps qui lui reste, quitte à foutre un sacré merdier dans un
service d’habitude si policé. Pas qu'il soit un perturbateur né, loin de
là. C'est juste qu’il ne supporte pas le carcan irrespirable dans lequel on l’enferme.
Et puis il voudrait aussi se rapprocher de Sylvie, la patiente de la chambre 302.
Sylvie a 15 ans. Une vraie complicité les unit, et un peu plus que ça même.
Sylvie, elle est comme lui, elle veut choper tous les jours qui lui restent comme
une acharnée. Et ensemble, ils vont tout faire pour mener à bien la mission
amoureuse qu’ils rêvent de voir aboutir…
« Dieu me déteste » est la chronique impertinente d’un
gamin indocile et pétillant, drôle et lucide. Un gamin qui souffre, et pas qu’un
peu, mais je trouve que la maladie n’est pas le sujet principal. Leur vraie
guerre, Richard et Sylvie la mènent contre des adultes surprotecteurs et
rabat-joie. Parce que même si le corps les lâche, il leur reste suffisamment d’énergie
et de vitalité pour chercher à assouvir ce désir qui les titille. Il y a dans
leur comportement une sorte d’acharnement, et leur obstination relève d’une
urgence bien compréhensible. Mais les obstacles qui se dressent devant eux sont
innombrables. Heureusement, ils vont aussi trouver quelques complices
bienveillants comme l’oncle Phil, la grand-mère de Richard ou quelques membres
du personnel hospitalier. L’intérêt du roman tient d’ailleurs pour beaucoup
dans la richesse des personnages secondaires qui gravitent autour de nos
tourtereaux.
Ça peut sembler étrange mais on ressort revigoré d’une telle
lecture. Je ne peux pas nier que j'ai eu la gorge serrée par moments mais au final, j'ai trouvé que ces Roméo et Juliette modernes nous offraient une sacrée leçon de vie. Une belle leçon d'optimisme aussi. Et ce n'est pas du luxe par les temps qui courent.
Dieu me déteste d’Hollis Seamon. La belle colère, 2014. 285
pages. 19,00 euros.
Les avis de Clara et La Sardine.