1946. Le Japon est sous occupation américaine. Hisao,
démobilisé depuis peu, se rend en train à Hokkaido pour épouser Shigeko, qu’il
n’a jamais vue. Mais Hisao est possédé par un mal étrange : la soif. Une
soif surgissant à n’importe quel moment, une soif incontrôlable. Lorsque le
train s’arrête en rase campagne, Hisao en descend pour aller boire. Et quand il
entend le sifflement annonçant le redémarrage de la locomotive, il ne peut se
résoudre à abandonner le point d’eau qui l’abreuve. Le train repart sans lui. Dans
le wagon qu’il occupait, le futur marié a laissé sa valise contenant le cadeau
pour Shigeko, un superbe œuf de jade. Commence alors pour Hisao un long chemin,
une course folle afin de retrouver cette satanée valise et son précieux
présent.
J’avais tellement aimé Un repas en hiver que je me régalais
d’avance de retrouver Hubert Mingarelli. Malheureusement, et ça me coute de
l’avouer, la magie n’a pas fonctionné. Il propose pourtant ici un joli roman
initiatique, une allégorie faisant de la soif un démon incontrôlable qui
engendre des souffrances tant physiques que psychiques. Les allers retours de
la narration entre le présent d’Hisao et son passé de soldat ayant participé à
la terrible bataille de la montagne de Peleliu donnent du souffle au récit.
Tout comme les nombreuses rencontres que fait le jeune homme au cours de son périple. La langue est belle : phrases
courtes, une pointe de poésie et de lyrisme venant chahuter un ton dans
l’ensemble très réaliste. Pourtant je suis resté à l’écart, incapable de
développer la moindre empathie pour Hisao. A vrai dire, je me suis ennuyé.
C’est terrible de devoir parfois reconnaître que l’on est passé à coté d’un
texte qui avait pourtant tout pour nous plaire, un texte dont la qualité est
indéniable.
Dommage, vraiment dommage. Mais on se retrouvera Mr Mingarelli,
je n’ai aucun doute là-dessus.
L’homme qui avait soif d’Hubert Mingarelli. Stock, 2014. 155
pages. 16 euros.