Il y a quelques semaines je recevais d’une blogueuse que j’apprécie particulièrement un livre mystère. Un livre de poche, entièrement recouvert de papier. Impossible de lire le titre ni la 4ème de couverture. Impossible de connaître l’auteur. La page de titre (à l’intérieur du livre) était elle-même cachée sous les rabats de la couverture. Ce livre, d’après elle (et elle me connaît bien), je ne l’aurais jamais ouvert si je savais de quoi il parlait et qui l’avait écrit. Elle me proposait de lire les premières pages à l’aveugle pour le découvrir sans préjugés. J’ai fait mieux, je l’ai lu de la première à la dernière page sans jamais arracher le papier qui le recouvre. Et au moment où je rédige ce billet, je ne connais toujours pas son titre et son auteur. Quitte à jouer le jeu, autant le faire jusqu’au bout.
Ce roman, qui raconte l’histoire de Jean et Béatrice, est un roman épistolaire. Jean a vu Béatrice monter sur l’estrade lors d’un congrès sur l’enfance maltraitée. Bénévole dans une association qui accompagne les filles-mères souhaitant confier leur nouveau-né à l’adoption, elle est venue témoigner de son expérience. Sa prise de parole a électrisé le public. Sur un coup de tête, il a décidé de lui écrire. Quelques jours plus tard, elle lui a répondu.
Lui est psychiatre. C’est un vieux garçon, un ours dont la tanière se trouve dans le centre de la France. Elle est parisienne, mariée et a une fille de 18 ans, Camille. De lettres en lettres, ils vont s’ouvrir l’un à l’autre. Enfin, c’est surtout Béatrice qui se livre. Un mariage tout sauf heureux, un mari tyrannique qui la tient sous sa coupe depuis des années. Jean écoute, conseille, réconforte. Il devient le confident et peu à peu, bien plus. Dans une de leurs premières lettres, ils se sont engagés à ne jamais se rencontrer. Béatrice voudrait briser ce pacte, mais Jean refuse obstinément...
Avant de vous dire ce que j’ai pensé de ce roman, laissez-moi vous préciser à quel point j’ai vécu une expérience étrange. Se lancer dans un livre sans aucun indice permettant de l’identifier a quelque chose de déstabilisant. Privé de mes repères habituels (titre, auteur et 4ème de couv), je me suis senti un peu tout nu face au texte. Finalement, c’est plutôt une bonne chose et j’ai vraiment eu l’impression de défricher une terre vierge, non polluée par mes à priori sur l’écrivain ou les éventuels avis laissés par ceux qui l’auraient lu avant moi. Et je dois avouer que je me suis régalé des deux premiers tiers. Je me suis attaché à ces personnages qui se découvrent, à leurs échanges tout en retenu où le rapprochement se fait avec autant de lenteur que de certitudes, comme une évidence. Il y avait quelque chose de délicieux à découvrir l’évolution du ton de leur correspondance. Malheureusement le dernier tiers a quelque peu gâché mon plaisir. Les révélations qui tombent les unes après les autres sont vraiment « too much » et tirent selon moi artificiellement sur la corde sensible, c’est bien dommage.
Mais à la limite peu importe ma déception finale, ce fut une super expérience de lecture. Et puis l’air de rien, chère blogueuse, tu m’as ni plus ni moins fait plonger dans une bonne vieille romance et nul doute que si j’avais vu la couverture et le résumé avant de l’ouvrir je l’aurais placée tout en bas de ma pal. Bien sûr, avec un tel livre mystère, il faut jouer le jeu sinon ça n'a aucun intérêt mais en tout cas je suis partant pour renouveler l’opération dès que possible. A bon entendeur...
XXXXX de ?????? – 250 pages.
PS : si vous avez reconnu le roman dont je parle, n’hésitez pas à me le dire, je suis prêt à lever le mystère.
Edit du 17/02 à 22h00 : j'ai retiré le papier qui recouvrait le livre, je connais enfin son auteur et son titre. L'auteur ne me dit rien mais punaise, ce titre et cette photo de couverture m'auraient fait fuir si je les avais vus avant de l'ouvrir !!!!