lundi 23 décembre 2013

Beau Repaire : Jacques Higelin reçoit

Beau repaire, le nouveau CD de Jacques Higelin, est sorti le 1er avril 2013. Pour l’occasion, quatorze écrivains ont rédigé un texte s’inspirant d’une chanson de cet album. Nouvelles, poèmes où témoignages, chacun a eu les coudées franches pour rendre à sa façon hommage à celui que J.A. Bertrand surnomme « le grand Jacques ».

Le résultat est forcément varié, parfois inégal, mais respire l’admiration et la sincérité. Parmi mes textes préférés vous ne serez pas étonnés si je vous dis que celui de Valentine Goby mettant en scène les enfants de Manille (comme dans Méduses) m’est allé droit  au cœur. Excellentes aussi les nouvelles d’Olivier Adam, de Brigitte Giraud de Didier Daeninckx, de Sylvain Tesson et d’Agnès Desarthe. Touchants les témoignages de moments passés aux cotés du chanteur par Jérôme Garcin et Jacques Bertrand. Flamboyant le poème de Brigitte Fontaine, véritable « ode à Higelin ». Drôle la lettre pleine de mauvaise foi que lui adresse François Morel. Bref, les grands noms se bousculent (j’aurais pu aussi citer Tonino Benacquista, Arthur Dreyfus, Atiq Rahimi ou Nadine Trintignant) et la qualité est au rendez-vous.

La quatrième de couverture parle d’un « kaléidoscope littéraire » et je crois que c’est exactement ça. L’idéal pour souligner le coté touche à tout et lunaire d’un auteur compositeur qui traverse les décennies et les modes avec une classe et une simplicité dont beaucoup « d’artistes » actuels feraient bien de s’inspirer.

A noter pour finir que le recueil contient, en plus des textes, le CD Beau repaire. Un joli cadeau à glisser sous le sapin non ? Il est encore temps…

Beau Repaire : Jacques Higelin reçoit. Sony Music, 2013. 150 pages + 1 CD-audio. 25 euros.

samedi 21 décembre 2013

Nu dans le jardin d’Éden - Harry Crews

Prenez une ancienne mine de phosphate floridienne devenue une ville fantôme où tentent de survivre une douzaine de familles. Au cœur de cette petite communauté, placez Fatman, 280 kilos sur la balance, des « petits orteils roses aussi tendres que les tétons d’une vierge » et « un nombril aussi profond qu’une tasse de thé ». A ce « roi obèse » ajoutez Jester, ancien jockey d’un mètre dix traumatisé par un accident en course et qui depuis fait du cheval à bascule, Dolly, ex-reine de beauté voulant transformer la mine en bordel avec go-go danseuses, Lucy, échappée d’un Freak Show où elle fumait des cigarettes avec son vagin devant « une foule masculine qui passait son temps à lui demander d’essayer avec son trou du cul » ou encore Wes, au chômage depuis l’arrêt de l’exploitation du phosphate et qui passe ses journées à creuser un trou qu’il rebouche le soir venu. Mélangez bien le tout et vous vous retrouvez avec un récit peuplé de créatures aussi sauvages que misérables où le grotesque et le pathétique tiennent les premiers rôles.

Bienvenue chez les marginaux de l’Amérique profonde, ceux qu’Harry Crews savait mettre en scène comme personne. Publié en 1969, Nu dans le jardin d’Eden est son second roman et il était jusqu’alors inédit en France. L’auteur du cultissime « Chanteur de gospel » y déroule une partition déjantée dont personne ne sort grandi. Dans ce paradis perdu devenu un enfer pour tous, la méchanceté est une seconde nature et la cupidité une raison d’être. La narration alterne entre le passé des différents  protagonistes et le présent de la communauté. Le retour sur le parcours de chacun éclaire leurs attitudes et leurs actes. ll faut sans doute aimer cette ambiance crépusculaire peuplée d’affreux, sales et méchants pour apprécier toute la modernité d’un texte sans concession dont la fin d’une insoutenable cruauté laisse sans voix. Perso, je suis fan, totalement fan !

Nu dans le jardin d’Éden d’Harry Crews. Sonatine, 2013. 235 pages. 19 euros.

vendredi 20 décembre 2013

Sisterhood of the World Bloggers Award

Ok, le titre de ce tag est complètement con. Surtout pour un homme, un vrai, un tatoué comme moi. Mais bon, Asphodèle m’a tagué et c’est la moindre des choses de répondre à ses questions.

Les règles du jeu :
1- Fournir un lien et remercier le blogueur qui vous a nominé pour ce prix.
2- Nommer à votre tour 10 blogs que vous choisirez.
3- Faites un lien vers ces blogs tout en laissant un message aux nominées afin qu’elle sachent qu’elles ont été choisies.
4- Répondez aux 10 questions suggérées.
5- Afficher le logo du prix sur votre blog.

Bon je zappe les étapes 2 et 3 parce qu’il ne doit plus rester grand monde de ma connaissance qui n’a pas été tagué et je passe directement aux 10 questions :

1. Votre couleur préférée ? Le noir, surtout pour mes slips. Toujours noirs mes slips (et toujours kangourou), c’est une tradition.

2. Votre animal de compagnie préféré ? Le chat, rien que le chat. Le nôtre aura bientôt 16 ans, il est maintenant aveugle et décati mais on l’aime toujours autant.

3. Votre boisson préférée ? Le café. Plein. Toute la journée. J’ai horreur du thé, c’est une boisson qui me donne envie de vomir rien qu’à l’odeur.

4. Lequel préférez-vous, Facebook ou Twitter ? Je n'utilise pas du tout Twitter et je commets quelques frasques régulières sur FB. C’est une blogueuse que je ne citerai pas mais qui se reconnaîtra qui m’a forcé à y aller. C’est un lien de plus par rapport au blog et ça m’amuse beaucoup.

5. Votre modèle préféré ? Je l’ai déjà dit, j’ai une admiration absolue pour Louise Michel, pour son parcours, son engagement et pour tout ce qu’elle représente.

6. Vous préférez recevoir ou donner des cadeaux ? Je donne beaucoup, tout le temps (pas pour rien que j’ai trois enfants). Blague à part je fais souvent des cadeaux mais je suis toujours comme un gosse quand on m’offre un présent auquel je ne m’attends pas.

7. Votre chiffre préféré ? Le 2 car je suis né un 22 (un 22 janvier, je dis ça au cas où, parce que l’air de rien la date approche^^)

8. Votre jour préféré ? J’aime bien le jour où il fait beau. Le jour où je me lève en forme et où je sais que rien de contraignant m’attends. C’est un jour tellement rare, c’est pour cela qu’il est si précieux.

9. Votre fleur préférée ? Le muguet.

10. Quelle est votre passion ? Aucune idée. Je ne suis pas certain de faire quoi que ce soit passionnément. Un jour peut-être…




jeudi 19 décembre 2013

Candy - Anne Loyer

Candy a 15 ans. Candy est enceinte. La rentrée en seconde lui a été fatale. Une mauvaise rencontre avec un mauvais garçon. Un moment d’égarement, une seule et unique fois aura suffi. Ne rien dire aux parents, se confier à Pamela, sa meilleure amie. Gynéco, planning familial, hôpital. « Je ne voulais pas être une fille-mère. Je ne voulais pas d’un ventre énorme. Je voulais continuer mes études. Je voulais être une fille de 15 ans. Une fille normale. Je voulais une deuxième chance. »

Le récit à la première personne alterne entre le présent de l’adolescente au moment où elle se trouve à l’hôpital avec le médecin et le retour sur les événements qui l’ont amenée dans cette situation effrayante. Vingt-sept chapitres en cinquante pages. C’est court et percutant, très rythmé. La voix de Candy résonne. Ses interrogations, ses peurs, sa honte frappent en plein cœur. Le regard méprisant d’une partie du corps médical irrite, l’attitude du garçon qui l’a mise enceinte agace au plus haut point. Heureusement, l’amitié XXL de Pamela panse les plaies et met du baume au cœur.

Mon seul bémol concerne l’image caricaturale du jeune homme qui l’a séduite. J’aurais aimé un poil plus de subtilité le concernant, j’ai la faiblesse de croire que la très grande majorité des lycéens d’aujourd’hui ne réagiraient pas comme des abrutis complets et décervelés dans de telles circonstances.

Un texte utile, important. La prise de position est claire mais l’avortement n’est pas ici présenté comme quelque chose d’anodin. Le traumatisme est réel, le questionnement de Candy après coup sonne juste. Une fois encore, un roman pour ados à lire et à faire lire.

« Seule sur mon lit d’hôpital. Seule avec cette douleur lancinante aux environs du bas ventre. Seule enfin. Sans l’inconnu qui me squattait les entrailles et dont je ne voulais pas. »

Candy d’Anne Loyer. Des ronds dans l’O, 2012. 54 pages. 6,90 euros. A partir de 13-14 ans.


Un petit livre ramené de Montreuil. Forcément c’est une lecture commune que je partage avec Noukette, comme un beau souvenir de cette journée. Un de plus.



mercredi 18 décembre 2013

Le silence de Lounès - Baru et Pierre Place

Saint-Nazaire aujourd‘hui. Les chantiers navals. La contestation sociale qui explose. Les ouvriers face aux CRS. Nouredine le kabyle et Gianni le fils d’immigrés italiens jouent les leaders syndicaux. Ces deux-là sont les meilleurs amis du monde. Ils ont grandi ensemble dans cette ville qu’ils connaissent comme leur poche. Gianni a même épousé Samia, la sœur de Nouredine.

Algérie, 1957. La sale guerre. Lounès, le père de Nouredine, est resté planqué pendant le conflit. Son fils devenu adulte ne lui pardonnera jamais sa lâcheté : « Putain, Gianni, tu te rends pas compte que ton père, lui, il a aidé le F.L.N., et le mien il a rien fait. Tout son pays se battait, et lui, il a pas remué le petit doigt. […] On leur a foutu une branlée, on les a mis dehors, et lui, la seule chose qu’il se dépêche de faire, c’est de venir ici continuer à faire l’esclave, et nous à vivre à plat ventre. »

Un récit à double entrée, bourré de flashbacks, qui demande beaucoup d’attention pour ne pas perdre le fil. On navigue constamment entre Saint-Nazaire et l’Algérie des années 50, on suit sans temps mort les protagonistes de l’enfance à l’âge adulte et tout s’enchaîne avec une fluidité qu’il n’est pas évident de déceler à la première lecture. Une narration exigeante mais qui vaut la peine d’être décortiquée avec soin parce qu’au final le scénario de Baru tient sacrément la route.

Pour ce qui est du dessin, je ne connaissais pas du tout Pierre Place mais je trouve son travail bluffant. Aussi à l’aise pour croquer un bistrot ou les grues des chantiers navals que pour ressusciter la lumière de l’Algérie en guerre, il propose de grandes cases où tout est réalisé en couleurs directes, c’est magnifique.

Un album sur la filiation, la transmission, les non-dits et les silences. Un album plein de fureur, de colère et de rage qui met en scène le monde ouvrier et les immigrés sans illusions. Il est ici question de guerres perdues et d’espoirs déçus, d’une forme de reproduction générationnelle de l’échec. C’est beau et tragique, c’est triste et pessimiste, ça remue. Une atmosphère rugueuse, un propos engagé, comme d’habitude avec Baru. Et comme d’habitude, ça me parle et ça me plait.

Le silence de Lounès de Baru et Pierre Place. Casterman, 2013. 144 pages. 20 euros.






mardi 17 décembre 2013

Le plus grand des voyages - Soufie

La vie comme un grand voyage à bicyclette. D’abord trouver le juste équilibre, puis se lancer. Rencontrer des personnes différentes, celles qui restent à vos cotés, celles qui ne font que passer, disparaissent, celles qui vous soutiennent, vous ralentissent, celles qui en profitent. Parfois on se demande pourquoi on roule, pourquoi on avance. Il arrive aussi que ça devienne trop dur, que l’on tombe, que ça fasse mal. Et puis un jour on est amoureux, on est plus seul sur la route. Quand le doute s’installe, on se souvient des jolies choses, de ces gens qui nous aiment, que l’on aime. Mais avec l’âge ans on pédale moins vite, on se dit que la fin du trajet approche et que l’on va bientôt descendre de sa monture. Peu importe, le voyage valait la peine et quelqu’un d’autre se servira bien du vélo, sans doute pour prendre une autre route, un autre chemin…

Qu’il est beau cet album, tellement évocateur. Ça ressemble à une vie, ça ressemble à la vie, ses joies, ses peines, ses douleurs, le temps qui passe. A peine quelques mots, des illustrations pleine page dans un format à l’italienne où les petits riens défilent. Pas certains que les enfants saisissent toute la subtilité du message, c’est un fait. Pour autant il serait dommage de les priver d’une jolie lecture à voix haute tant la musicalité du texte est agréable à écouter.

Un ouvrage tout en finesse et en sensibilité, qui sera sans doute perçu différemment d’une personne à l’autre. Le plus grand des voyages propose une allégorie de l’existence en quelques brefs moments. Plus qu’un brillant tour de force, c’est avant tout et surtout un tour de magie enchanteur.


Le plus grand des voyages de Soufie. Bilboquet, 2013. 32 pages. 13,50 euros. A partir de 5 ans.






dimanche 15 décembre 2013

Zelda la rouge - Martine Pouchain

Zelda a 16 ans et vit à Amiens avec sa grande sœur Julie dans la maison léguée par leur grand-mère. A 10 ans elle a été renversée par une voiture et a perdu l’usage de ses jambes. Depuis elle a tourné la page et a accepté sa condition « d’handi » mais sa sœur ne pense qu’à la venger et veut à tout prix retrouver le chauffard. Les filles partagent leur habitation avec la pétillante Kathy et l’ex-SDF Jojo. Un quotidien pas toujours simple mais où tout le monde se serre les coudes. Seulement, l’arrivée du charmant Baptiste va bousculer peu à peu l’harmonie de la colocation…

Un roman pour grands ados plein de peps et de fraîcheur. J’aime ces personnages tout en fêlures et en contradictions. L’ensemble est réaliste, moderne, pas cucul pour deux ronds. La narration alternant entre Zelda et Julie permet d’offrir les points de vue complémentaires des deux sœurs. Les dialogues sonnent juste, l’écriture à la première personne est proche d’une certaine forme d’oralité qui me plait beaucoup. Le sujet aurait pu faire pencher la balance vers le mélo tire-larmes mais l’auteur évite cet écueil avec brio.

Un texte qui se dévore d’une traite et dont on ressort vivifié. Et puis l’intrigue se déroule à Amiens, dans ma si chère Picardie natale. Le bonheur de retrouver des lieux que je connais parfaitement n’a fait qu’amplifier le plaisir de la lecture.  


Zelda la rouge de Martine Pouchain. Sarbacane, 2013. 245 pages. 14,90 euros. A partir de 13-14 ans.

L'avis de Gwenaelle

vendredi 13 décembre 2013

Tib et Tatoum T2 : Mon dinosaure a du talent - Bannister et Grimaldi

Depuis que Tib a trouvé le dinosaure Tatoum, sa vie a changé. Ces deux-là sont devenus les meilleurs amis du monde. Si au début les membres de son clan ne voulaient pas croire le jeune garçon et pensaient que le dinosaure n’était qu’un compagnon imaginaire, ils ont dû se rendre à l’évidence : il existe bel et bien. Craignant l’animal, les autres enfants n’en continuent pas moins de se moquer de Tib et de sa tâche de naissance autour de l’œil. Aussi, lorsque sa mère lui demande de ne plus fréquenter Tatoum (trop dangereux !) pour se rapprocher des camarades de son âge, le petit bonhomme se doute que les choses ne vont pas se passer sans encombre…

Une série jeunesse toujours aussi fraîche et colorée. Chaque gag peut se lire indépendamment mais les événements s’enchaînent et permettent au récit de progresser pour donner su sens à l’ensemble de l’histoire (un peu comme avec Les nombrils).Les relations difficiles entre Tib et les autres enfants abordent avec finesse la question de la discrimination et du rejet de l’autre.

Le trait de Bannister est simple, tout en rondeur, est proche de celui de Julien Neel (Lou !). La quasi absence de décor ne nuit pas au charme que dégage l’ensemble. Une série jeunesse drôle et intelligente aux personnages attachants, idéale pour les 8-10 ans.


Tib et Tatoum T2 : Mon dinosaure a du talent de Bannister et Grimaldi. Glénat, 2013. 48 pages. 10 euros.

jeudi 12 décembre 2013

Cher Père Noël...

Cher Père Noël,

je te le concède, je n’ai pas été plus sage cette année que les précédentes. En 2013, on m’a qualifié d’anarchiste (mon patron), de fouteur de merde (mon patron, encore, il m’aime beaucoup^^), de sale gosse (une blogueuse), de boulet (ma femme, mais là pour le coup je la comprends et je suis limite d’accord avec elle), de fils de p... (un commentateur mécontent sur ce blog) et d’autres diverses joyeusetés qui n’ont fait qu’effleurer le peu d’amour propre qui me reste. Pour autant j’estime avoir droit à un ou deux petits cadeaux de ta part parce que quand même, et tu le sais bien, je reste quelqu’un de foncièrement gentil. Alors voila, je t’ai dressé une petite liste, tu choisis ce que tu veux du moment que je trouve sous le sapin le coffret Gaston qui me fait tant envie. A bon entendeur…




Coffret intégrale Gaston : parce que Gaston, parce que cet objet magnifique reprend l’ensemble des gags de façon chronologique et parce que malgré son prix délirant, il me le faut absolument (oui c’est un pur caprice de gosse, et alors ?).

Amorostasia : parce qu’il a été présenté plusieurs fois ces dernières semaines par des personnes dont l’avis compte beaucoup pour moi et que j’ai très envie de le découvrir. 

Encore cinq minutes Maria : parce que Marilyne m’a dit de lire de la littérature argentine avant le salon du livre du mois de mars et que j’écoute toujours ce que me dit Marilyne. En plus ce titre-là me tente beaucoup beaucoup.

Compagnie K : parce que tout le monde en dit le plus grand bien, que je l’ai emprunté à la médiathèque et que j’ai dû le rendre sans l’avoir ouvert. 

Le dernier lapon : parce qu’il parait que je dois lire plus de polars et que celui-là collectionne les récompenses. En plus Hélène en a fait un coup de cœur et pour ce qui est des polars elle en connait un rayon.

Fantasmes : les copines de classe : parce qu’il me faut bien quelques munitions pour le rendez-vous de Stephie, parce que le titre m’interpelle et que je n’ai pas souvenir d’avoir eu des copines de classe comme celles que l’on voit sur la couverture. 

Journal d’un corps : parce que Mo’ et Valérie en ont fait un énorme coup de cœur et que quand elles s’y mettent toutes les deux j’ai envie de les suivre les yeux fermés.

Le lion et l’oiseau : parce que sans un album pour les petits cette liste n’aurait pas de sens et parce que Un autre endroit, mon fournisseur attitré de pépites jeunesse, l’a beaucoup aimé.

La fée carabine : parce que maintenant que j’ai mis un doigt dans l’engrenage de la saga Malaussène, je suis pris au piège.

Pendant que le roi de Prusse… : parce que Zidrou, parce que Noukette en a dit le plus grand bien (même si dès qu’elle parle de Zidrou elle perd toute objectivité) et parce que je suis persuadé que cette BD va me plaire. 

Red Devils : King King : parce que j’ai eu le malheur de prêter ce CD il y a fort longtemps et que je ne l’ai jamais revu depuis. Parce que ce live (enregistré en une seule prise dans un bar de Los Angeles par un groupe qui n’aura jamais signé le moindre album studio) est un moment d’anthologie et que je voudrais absolument le retrouver. 

Qui touche à mon corps je le tue : parce qu’il est écrit que je vais dévorer tout la bibliographie de Valentine Goby.



mercredi 11 décembre 2013

Les gens normaux : paroles lesbiennes, gay, bi, trans

Dans ce recueil, il y a l’histoire de Philippe, qui a accompagné jusqu’au dernier jour son ami Bernard, emporté par le sida. Celle d’Astrid et Nolwenn, parties en Espagne pour une insémination artificielle. Farid, musulman, gay et opposé au mariage pour tous. Anne-Marie et Jean-Pierre, parents totalement déboussolés par le comportement de leur fille lesbienne avec laquelle ils sont en conflit permanent. Virginie, infirmière, qui peine à assumer son homosexualité sur son lieu de travail et est incapable de s’installer dans une relation durable. Momo, qui a dû fuir la guinée pour la France après avoir été surpris avec un homme par les siens et qui se sent toujours en danger. Marc, catholique pratiquant ne comprenant pas la volonté du pape d’interdire l’ordination des homosexuels pour combattre la pédophilie (« Je crois qu’il n’a pas compris ce que c’était que d’être homosexuel. Faire l’amalgame entre les deux… je ne comprends pas. »).

Dix témoignages en tout, recueillis par Hubert, auteur de bande dessinée (Miss pas touche) et lui-même homosexuel. L’idée de ce collectif émane de l’association BD Boum, créatrice du festival de Blois. Le but est ici d’aborder la question du genre au moyen d’entretiens menés auprès de la population LGBT (lesbiennes – gay – bi – trans) de l’agglomération tourangelle. Le résultat est saisissant de sincérité, chaque histoire explorant des vies entières et touchant à l'intime. Sida, mariage, adoption, difficulté à affirmer son homosexualité dans le cadre professionnel, relation aux parents ou à la religion, les thèmes traités sont aussi vastes que complexes. Cinq articles universitaires sont insérés entre les chapitres. Des éclairages théoriques ardus mais passionnants sur l’évolution du droit en matière d’homosexualité depuis 1810, la religion, l’homosexualité et l’homophobie ou encore la question de la transidentité. Ajoutez une somptueuse préface de Robert Badinter et en annexe le statut légal de l’homosexualité dans le monde pays par pays et vous obtenez une somme en tout point remarquable qui devrait permettre à plus d’un lecteur de dépasser clichés et préjugés à l’heure où l’hystérie anti-gay aura si tristement marqué cette année 2013.

Aux pinceaux j’ai eu le plaisir de retrouver Cyril Pedrosa, Alexis Dormal (Pico Bogue), Simon Hureau, Virginie Augustin et quelques autres dont je ne connaissais pas les travaux. Le résultat est graphiquement aussi riche que varié.

Un ouvrage important, essentiel même. A lire et à faire lire.

Les gens normaux : paroles lesbiennes, gay, bi, trans. Casterman, 2013. 228 pages. 16 euros.