vendredi 20 décembre 2013

Sisterhood of the World Bloggers Award

Ok, le titre de ce tag est complètement con. Surtout pour un homme, un vrai, un tatoué comme moi. Mais bon, Asphodèle m’a tagué et c’est la moindre des choses de répondre à ses questions.

Les règles du jeu :
1- Fournir un lien et remercier le blogueur qui vous a nominé pour ce prix.
2- Nommer à votre tour 10 blogs que vous choisirez.
3- Faites un lien vers ces blogs tout en laissant un message aux nominées afin qu’elle sachent qu’elles ont été choisies.
4- Répondez aux 10 questions suggérées.
5- Afficher le logo du prix sur votre blog.

Bon je zappe les étapes 2 et 3 parce qu’il ne doit plus rester grand monde de ma connaissance qui n’a pas été tagué et je passe directement aux 10 questions :

1. Votre couleur préférée ? Le noir, surtout pour mes slips. Toujours noirs mes slips (et toujours kangourou), c’est une tradition.

2. Votre animal de compagnie préféré ? Le chat, rien que le chat. Le nôtre aura bientôt 16 ans, il est maintenant aveugle et décati mais on l’aime toujours autant.

3. Votre boisson préférée ? Le café. Plein. Toute la journée. J’ai horreur du thé, c’est une boisson qui me donne envie de vomir rien qu’à l’odeur.

4. Lequel préférez-vous, Facebook ou Twitter ? Je n'utilise pas du tout Twitter et je commets quelques frasques régulières sur FB. C’est une blogueuse que je ne citerai pas mais qui se reconnaîtra qui m’a forcé à y aller. C’est un lien de plus par rapport au blog et ça m’amuse beaucoup.

5. Votre modèle préféré ? Je l’ai déjà dit, j’ai une admiration absolue pour Louise Michel, pour son parcours, son engagement et pour tout ce qu’elle représente.

6. Vous préférez recevoir ou donner des cadeaux ? Je donne beaucoup, tout le temps (pas pour rien que j’ai trois enfants). Blague à part je fais souvent des cadeaux mais je suis toujours comme un gosse quand on m’offre un présent auquel je ne m’attends pas.

7. Votre chiffre préféré ? Le 2 car je suis né un 22 (un 22 janvier, je dis ça au cas où, parce que l’air de rien la date approche^^)

8. Votre jour préféré ? J’aime bien le jour où il fait beau. Le jour où je me lève en forme et où je sais que rien de contraignant m’attends. C’est un jour tellement rare, c’est pour cela qu’il est si précieux.

9. Votre fleur préférée ? Le muguet.

10. Quelle est votre passion ? Aucune idée. Je ne suis pas certain de faire quoi que ce soit passionnément. Un jour peut-être…




jeudi 19 décembre 2013

Candy - Anne Loyer

Candy a 15 ans. Candy est enceinte. La rentrée en seconde lui a été fatale. Une mauvaise rencontre avec un mauvais garçon. Un moment d’égarement, une seule et unique fois aura suffi. Ne rien dire aux parents, se confier à Pamela, sa meilleure amie. Gynéco, planning familial, hôpital. « Je ne voulais pas être une fille-mère. Je ne voulais pas d’un ventre énorme. Je voulais continuer mes études. Je voulais être une fille de 15 ans. Une fille normale. Je voulais une deuxième chance. »

Le récit à la première personne alterne entre le présent de l’adolescente au moment où elle se trouve à l’hôpital avec le médecin et le retour sur les événements qui l’ont amenée dans cette situation effrayante. Vingt-sept chapitres en cinquante pages. C’est court et percutant, très rythmé. La voix de Candy résonne. Ses interrogations, ses peurs, sa honte frappent en plein cœur. Le regard méprisant d’une partie du corps médical irrite, l’attitude du garçon qui l’a mise enceinte agace au plus haut point. Heureusement, l’amitié XXL de Pamela panse les plaies et met du baume au cœur.

Mon seul bémol concerne l’image caricaturale du jeune homme qui l’a séduite. J’aurais aimé un poil plus de subtilité le concernant, j’ai la faiblesse de croire que la très grande majorité des lycéens d’aujourd’hui ne réagiraient pas comme des abrutis complets et décervelés dans de telles circonstances.

Un texte utile, important. La prise de position est claire mais l’avortement n’est pas ici présenté comme quelque chose d’anodin. Le traumatisme est réel, le questionnement de Candy après coup sonne juste. Une fois encore, un roman pour ados à lire et à faire lire.

« Seule sur mon lit d’hôpital. Seule avec cette douleur lancinante aux environs du bas ventre. Seule enfin. Sans l’inconnu qui me squattait les entrailles et dont je ne voulais pas. »

Candy d’Anne Loyer. Des ronds dans l’O, 2012. 54 pages. 6,90 euros. A partir de 13-14 ans.


Un petit livre ramené de Montreuil. Forcément c’est une lecture commune que je partage avec Noukette, comme un beau souvenir de cette journée. Un de plus.



mercredi 18 décembre 2013

Le silence de Lounès - Baru et Pierre Place

Saint-Nazaire aujourd‘hui. Les chantiers navals. La contestation sociale qui explose. Les ouvriers face aux CRS. Nouredine le kabyle et Gianni le fils d’immigrés italiens jouent les leaders syndicaux. Ces deux-là sont les meilleurs amis du monde. Ils ont grandi ensemble dans cette ville qu’ils connaissent comme leur poche. Gianni a même épousé Samia, la sœur de Nouredine.

Algérie, 1957. La sale guerre. Lounès, le père de Nouredine, est resté planqué pendant le conflit. Son fils devenu adulte ne lui pardonnera jamais sa lâcheté : « Putain, Gianni, tu te rends pas compte que ton père, lui, il a aidé le F.L.N., et le mien il a rien fait. Tout son pays se battait, et lui, il a pas remué le petit doigt. […] On leur a foutu une branlée, on les a mis dehors, et lui, la seule chose qu’il se dépêche de faire, c’est de venir ici continuer à faire l’esclave, et nous à vivre à plat ventre. »

Un récit à double entrée, bourré de flashbacks, qui demande beaucoup d’attention pour ne pas perdre le fil. On navigue constamment entre Saint-Nazaire et l’Algérie des années 50, on suit sans temps mort les protagonistes de l’enfance à l’âge adulte et tout s’enchaîne avec une fluidité qu’il n’est pas évident de déceler à la première lecture. Une narration exigeante mais qui vaut la peine d’être décortiquée avec soin parce qu’au final le scénario de Baru tient sacrément la route.

Pour ce qui est du dessin, je ne connaissais pas du tout Pierre Place mais je trouve son travail bluffant. Aussi à l’aise pour croquer un bistrot ou les grues des chantiers navals que pour ressusciter la lumière de l’Algérie en guerre, il propose de grandes cases où tout est réalisé en couleurs directes, c’est magnifique.

Un album sur la filiation, la transmission, les non-dits et les silences. Un album plein de fureur, de colère et de rage qui met en scène le monde ouvrier et les immigrés sans illusions. Il est ici question de guerres perdues et d’espoirs déçus, d’une forme de reproduction générationnelle de l’échec. C’est beau et tragique, c’est triste et pessimiste, ça remue. Une atmosphère rugueuse, un propos engagé, comme d’habitude avec Baru. Et comme d’habitude, ça me parle et ça me plait.

Le silence de Lounès de Baru et Pierre Place. Casterman, 2013. 144 pages. 20 euros.






mardi 17 décembre 2013

Le plus grand des voyages - Soufie

La vie comme un grand voyage à bicyclette. D’abord trouver le juste équilibre, puis se lancer. Rencontrer des personnes différentes, celles qui restent à vos cotés, celles qui ne font que passer, disparaissent, celles qui vous soutiennent, vous ralentissent, celles qui en profitent. Parfois on se demande pourquoi on roule, pourquoi on avance. Il arrive aussi que ça devienne trop dur, que l’on tombe, que ça fasse mal. Et puis un jour on est amoureux, on est plus seul sur la route. Quand le doute s’installe, on se souvient des jolies choses, de ces gens qui nous aiment, que l’on aime. Mais avec l’âge ans on pédale moins vite, on se dit que la fin du trajet approche et que l’on va bientôt descendre de sa monture. Peu importe, le voyage valait la peine et quelqu’un d’autre se servira bien du vélo, sans doute pour prendre une autre route, un autre chemin…

Qu’il est beau cet album, tellement évocateur. Ça ressemble à une vie, ça ressemble à la vie, ses joies, ses peines, ses douleurs, le temps qui passe. A peine quelques mots, des illustrations pleine page dans un format à l’italienne où les petits riens défilent. Pas certains que les enfants saisissent toute la subtilité du message, c’est un fait. Pour autant il serait dommage de les priver d’une jolie lecture à voix haute tant la musicalité du texte est agréable à écouter.

Un ouvrage tout en finesse et en sensibilité, qui sera sans doute perçu différemment d’une personne à l’autre. Le plus grand des voyages propose une allégorie de l’existence en quelques brefs moments. Plus qu’un brillant tour de force, c’est avant tout et surtout un tour de magie enchanteur.


Le plus grand des voyages de Soufie. Bilboquet, 2013. 32 pages. 13,50 euros. A partir de 5 ans.






dimanche 15 décembre 2013

Zelda la rouge - Martine Pouchain

Zelda a 16 ans et vit à Amiens avec sa grande sœur Julie dans la maison léguée par leur grand-mère. A 10 ans elle a été renversée par une voiture et a perdu l’usage de ses jambes. Depuis elle a tourné la page et a accepté sa condition « d’handi » mais sa sœur ne pense qu’à la venger et veut à tout prix retrouver le chauffard. Les filles partagent leur habitation avec la pétillante Kathy et l’ex-SDF Jojo. Un quotidien pas toujours simple mais où tout le monde se serre les coudes. Seulement, l’arrivée du charmant Baptiste va bousculer peu à peu l’harmonie de la colocation…

Un roman pour grands ados plein de peps et de fraîcheur. J’aime ces personnages tout en fêlures et en contradictions. L’ensemble est réaliste, moderne, pas cucul pour deux ronds. La narration alternant entre Zelda et Julie permet d’offrir les points de vue complémentaires des deux sœurs. Les dialogues sonnent juste, l’écriture à la première personne est proche d’une certaine forme d’oralité qui me plait beaucoup. Le sujet aurait pu faire pencher la balance vers le mélo tire-larmes mais l’auteur évite cet écueil avec brio.

Un texte qui se dévore d’une traite et dont on ressort vivifié. Et puis l’intrigue se déroule à Amiens, dans ma si chère Picardie natale. Le bonheur de retrouver des lieux que je connais parfaitement n’a fait qu’amplifier le plaisir de la lecture.  


Zelda la rouge de Martine Pouchain. Sarbacane, 2013. 245 pages. 14,90 euros. A partir de 13-14 ans.

L'avis de Gwenaelle

vendredi 13 décembre 2013

Tib et Tatoum T2 : Mon dinosaure a du talent - Bannister et Grimaldi

Depuis que Tib a trouvé le dinosaure Tatoum, sa vie a changé. Ces deux-là sont devenus les meilleurs amis du monde. Si au début les membres de son clan ne voulaient pas croire le jeune garçon et pensaient que le dinosaure n’était qu’un compagnon imaginaire, ils ont dû se rendre à l’évidence : il existe bel et bien. Craignant l’animal, les autres enfants n’en continuent pas moins de se moquer de Tib et de sa tâche de naissance autour de l’œil. Aussi, lorsque sa mère lui demande de ne plus fréquenter Tatoum (trop dangereux !) pour se rapprocher des camarades de son âge, le petit bonhomme se doute que les choses ne vont pas se passer sans encombre…

Une série jeunesse toujours aussi fraîche et colorée. Chaque gag peut se lire indépendamment mais les événements s’enchaînent et permettent au récit de progresser pour donner su sens à l’ensemble de l’histoire (un peu comme avec Les nombrils).Les relations difficiles entre Tib et les autres enfants abordent avec finesse la question de la discrimination et du rejet de l’autre.

Le trait de Bannister est simple, tout en rondeur, est proche de celui de Julien Neel (Lou !). La quasi absence de décor ne nuit pas au charme que dégage l’ensemble. Une série jeunesse drôle et intelligente aux personnages attachants, idéale pour les 8-10 ans.


Tib et Tatoum T2 : Mon dinosaure a du talent de Bannister et Grimaldi. Glénat, 2013. 48 pages. 10 euros.

jeudi 12 décembre 2013

Cher Père Noël...

Cher Père Noël,

je te le concède, je n’ai pas été plus sage cette année que les précédentes. En 2013, on m’a qualifié d’anarchiste (mon patron), de fouteur de merde (mon patron, encore, il m’aime beaucoup^^), de sale gosse (une blogueuse), de boulet (ma femme, mais là pour le coup je la comprends et je suis limite d’accord avec elle), de fils de p... (un commentateur mécontent sur ce blog) et d’autres diverses joyeusetés qui n’ont fait qu’effleurer le peu d’amour propre qui me reste. Pour autant j’estime avoir droit à un ou deux petits cadeaux de ta part parce que quand même, et tu le sais bien, je reste quelqu’un de foncièrement gentil. Alors voila, je t’ai dressé une petite liste, tu choisis ce que tu veux du moment que je trouve sous le sapin le coffret Gaston qui me fait tant envie. A bon entendeur…




Coffret intégrale Gaston : parce que Gaston, parce que cet objet magnifique reprend l’ensemble des gags de façon chronologique et parce que malgré son prix délirant, il me le faut absolument (oui c’est un pur caprice de gosse, et alors ?).

Amorostasia : parce qu’il a été présenté plusieurs fois ces dernières semaines par des personnes dont l’avis compte beaucoup pour moi et que j’ai très envie de le découvrir. 

Encore cinq minutes Maria : parce que Marilyne m’a dit de lire de la littérature argentine avant le salon du livre du mois de mars et que j’écoute toujours ce que me dit Marilyne. En plus ce titre-là me tente beaucoup beaucoup.

Compagnie K : parce que tout le monde en dit le plus grand bien, que je l’ai emprunté à la médiathèque et que j’ai dû le rendre sans l’avoir ouvert. 

Le dernier lapon : parce qu’il parait que je dois lire plus de polars et que celui-là collectionne les récompenses. En plus Hélène en a fait un coup de cœur et pour ce qui est des polars elle en connait un rayon.

Fantasmes : les copines de classe : parce qu’il me faut bien quelques munitions pour le rendez-vous de Stephie, parce que le titre m’interpelle et que je n’ai pas souvenir d’avoir eu des copines de classe comme celles que l’on voit sur la couverture. 

Journal d’un corps : parce que Mo’ et Valérie en ont fait un énorme coup de cœur et que quand elles s’y mettent toutes les deux j’ai envie de les suivre les yeux fermés.

Le lion et l’oiseau : parce que sans un album pour les petits cette liste n’aurait pas de sens et parce que Un autre endroit, mon fournisseur attitré de pépites jeunesse, l’a beaucoup aimé.

La fée carabine : parce que maintenant que j’ai mis un doigt dans l’engrenage de la saga Malaussène, je suis pris au piège.

Pendant que le roi de Prusse… : parce que Zidrou, parce que Noukette en a dit le plus grand bien (même si dès qu’elle parle de Zidrou elle perd toute objectivité) et parce que je suis persuadé que cette BD va me plaire. 

Red Devils : King King : parce que j’ai eu le malheur de prêter ce CD il y a fort longtemps et que je ne l’ai jamais revu depuis. Parce que ce live (enregistré en une seule prise dans un bar de Los Angeles par un groupe qui n’aura jamais signé le moindre album studio) est un moment d’anthologie et que je voudrais absolument le retrouver. 

Qui touche à mon corps je le tue : parce qu’il est écrit que je vais dévorer tout la bibliographie de Valentine Goby.



mercredi 11 décembre 2013

Les gens normaux : paroles lesbiennes, gay, bi, trans

Dans ce recueil, il y a l’histoire de Philippe, qui a accompagné jusqu’au dernier jour son ami Bernard, emporté par le sida. Celle d’Astrid et Nolwenn, parties en Espagne pour une insémination artificielle. Farid, musulman, gay et opposé au mariage pour tous. Anne-Marie et Jean-Pierre, parents totalement déboussolés par le comportement de leur fille lesbienne avec laquelle ils sont en conflit permanent. Virginie, infirmière, qui peine à assumer son homosexualité sur son lieu de travail et est incapable de s’installer dans une relation durable. Momo, qui a dû fuir la guinée pour la France après avoir été surpris avec un homme par les siens et qui se sent toujours en danger. Marc, catholique pratiquant ne comprenant pas la volonté du pape d’interdire l’ordination des homosexuels pour combattre la pédophilie (« Je crois qu’il n’a pas compris ce que c’était que d’être homosexuel. Faire l’amalgame entre les deux… je ne comprends pas. »).

Dix témoignages en tout, recueillis par Hubert, auteur de bande dessinée (Miss pas touche) et lui-même homosexuel. L’idée de ce collectif émane de l’association BD Boum, créatrice du festival de Blois. Le but est ici d’aborder la question du genre au moyen d’entretiens menés auprès de la population LGBT (lesbiennes – gay – bi – trans) de l’agglomération tourangelle. Le résultat est saisissant de sincérité, chaque histoire explorant des vies entières et touchant à l'intime. Sida, mariage, adoption, difficulté à affirmer son homosexualité dans le cadre professionnel, relation aux parents ou à la religion, les thèmes traités sont aussi vastes que complexes. Cinq articles universitaires sont insérés entre les chapitres. Des éclairages théoriques ardus mais passionnants sur l’évolution du droit en matière d’homosexualité depuis 1810, la religion, l’homosexualité et l’homophobie ou encore la question de la transidentité. Ajoutez une somptueuse préface de Robert Badinter et en annexe le statut légal de l’homosexualité dans le monde pays par pays et vous obtenez une somme en tout point remarquable qui devrait permettre à plus d’un lecteur de dépasser clichés et préjugés à l’heure où l’hystérie anti-gay aura si tristement marqué cette année 2013.

Aux pinceaux j’ai eu le plaisir de retrouver Cyril Pedrosa, Alexis Dormal (Pico Bogue), Simon Hureau, Virginie Augustin et quelques autres dont je ne connaissais pas les travaux. Le résultat est graphiquement aussi riche que varié.

Un ouvrage important, essentiel même. A lire et à faire lire.

Les gens normaux : paroles lesbiennes, gay, bi, trans. Casterman, 2013. 228 pages. 16 euros.




mardi 10 décembre 2013

Au bonheur des ogres - Daniel Pennac

Benjamin Malaussène est un chef de tribu. Aîné d’une bande d’enfants dont la mère disparaît à chaque fois qu’elle tombe amoureuse, il est chargé de famille et occupe un emploi de bouc émissaire dans un grand magasin parisien. Son job consiste à désamorcer la colère des clients mécontents de leur achat en jouant les pleureuses. Sachant mieux que personne éveiller la compassion desdits clients qui finissent toujours par abandonner leur plainte, il représente une manne précieuse pour son employeur. Mais il possède un autre don, celui de s’attirer les ennuis et de se trouver au mauvais endroit au mauvais moment. C’est ainsi que la première bombe a explosé au rayon des jouets cinq minutes après son passage. La seconde, quinze jours plus tard, sous ses yeux. Il était là aussi pour l’explosion de la troisième. Des attentats ciblés, perpétrés au cœur du magasin et pour lesquels il fait figure de suspect idéal…

J’avoue que j’ai eu un peu de mal à adhérer à la narration. Ce mouvement permanent où tout est permis, sans organisation apparente, m’a beaucoup déstabilisé. Trop d’ellipses, trop de digressions, d’histoires dans l’histoire, d’effets trompe-l’œil mis en place pour piéger le lecteur et ne laisser aucune chance au raisonnement le plus rationnel. Un roman qui est comme une boîte à surprises dont chaque élément apparaît plus incongru que le précédent. La foultitude de personnages m’a aussi perturbé au départ. Difficile de savoir qui est qui tellement on saute de l’un à l’autre sans crier gare.

Mais bon, peu à peu, j’ai commencé à y voir clair. Le rythme effréné ne m’a plus posé de problème. Et puis si les pistes et les intrigues semblent dans un premier temps se multiplier, les fils se resserrent peu à peu pour tisser un canevas dont l’évidence apparaît dans les dernières pages. J’ai aimé le regard distancié et souvent ironique que le narrateur porte sur les événements. Pennac fait preuve d’une réelle verve comique et n’hésite pas à mêler les registres de langue ce qui n’est pas pour me déplaire. Finalement, entre l’action trépidante, les situations cocasses et l’humour noir, j’ai fini par prendre un réel plaisir à naviguer à vue dans cet univers où le burlesque et le policier sont pour ainsi dire sur un pied d’égalité.

Résultat, alors que les prémices de cette lecture m’ont laissé entre agacement et perplexité, le récit des aventures de Benjamin et des siens a au bout du compte emporté mon adhésion et je ne serais pas contre l’idée de retrouver la tribu des Malaussène dans le second roman de la série.

Au bonheur des ogres de Daniel Pennac. Folio, 2013. 286 pages. 7,20 euros.


Une lecture commune que j’ai le plaisir de partager ave Florence, Marie et Véro.



lundi 9 décembre 2013

La quête d’Ewilan T1 : D’un monde à l’autre

Renversée par un camion, Camille est projetée dans un monde inconnu. Elle se retrouve au milieu d’un combat entre un chevalier et une affreuse créature. De retour chez elle, elle tente de comprendre ce qui lui est arrivé. Pensant avoir rêvé, elle doit se rendre à l’évidence, un étrange pouvoir lui permet d’accéder à cet univers parallèle. Un univers dans lequel elle va basculer à nouveau avec son ami Salim pour se lancer dans une quête dont elle va devenir l’élément central.

Je n’ai pas lu les romans de Pierre Bottero donc je n’ai aucun point de comparaison possible mais je trouve ce premier tome prometteur. Bon c’est un épisode d’introduction où l’intrigue se met en place et où l’on découvre petit à petit la complexité du monde dans lequel Camille et Salim  se retrouvent mais l’action est déjà très présente et laisse augurer d’une quête trépidante. J’avoue que je n’ai pas bien saisit toutes les subtilités de l’empire de Gwendalavir, notamment les pouvoirs des dessinateurs et le rôle exact des « sentinelles » mais je suppose que les choses vont s’éclaircir par la suite.

Graphiquement ce n’est pas un coup de cœur. Le trait est sympa mais manque un peu de caractère, je le trouve assez passe-partout et les couleurs sont dans l’ensemble trop criardes pour moi. Après c’est une question de goût, je ne doute pas que les enfants auxquels cet album s’adresse soient séduits par travail moderne et clairement inspiré de l’animation de Laurence Baldetti.

Une série jeunesse dynamique, pleine de rebondissements, dans un monde fantastique au bestiaire varié, avec une héroïne attachante à laquelle les jeunes lectrices pourront s’identifier, c’est autant d’ingrédients qui ont déjà fait leur preuve. La recette est classique et efficace,  reste à savoir si sur la durée la qualité restera au rendez-vous. A priori pas de souci puisque c’est une adaptation, les auteurs savent donc exactement comment leur histoire doit évoluer. Et puis Pépette n°1 a beaucoup aimé et me réclame déjà la suite, c’est un signe qui ne trompe pas.


La quête d’Ewilan T1 : D’un monde à l’autre de Lylian et Baldetti. Glénat, 2013. 64 pages. 14,95 euros.


Les avis de Choco ; Syl